Le RAID UNOR Anjou, 24 heures d’immersion d’étudiants aux côtés de la Garde Nationale

Le RAID UNOR Anjou, 24 heures d’immersion d’étudiants aux côtés de la Garde Nationale

 

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 2 novembre 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


J’ai eu l’occasion de signaler le raid UNOR ANJOU, des 28 et 29 octobre, raid ouvert aux étudiants des grandes écoles et universités (lire mon post ici).  Malgré la météo adverse, des étudiants des établissements d’enseignements supérieurs, des réservistes de l’Ecole du Génie, du CDEC, de l’UNOR Anjou, de l’AOR 85 et quelques participants individuels, se sont rencontrés pour le 10e RAID UNOR Anjou (photos Igor Flaud).

Cette activité était organisée dans le cadre des Journées Nationales des Réserves. 

Le lieutenant-colonel (R) Ludovic, directeur de l’exercice, s’est félicité du succès de ce raid qui en est à sa 10e édition : “Lorsque j’ai créé le 1er RAID en 2013, qui partait aussi d’Angers, il s’agissait surtout de maintenir en condition opérationnelle des réservistes peu employés et de conserver leur motivation et savoir-faire. Depuis les attentats de 2015, nous avons vu de plus en plus de jeunes participer à cette activité de découverte. Cette année est inversement proportionnelle, à la première édition, nous comptons 10% de réservistes et 90% de civils principalement étudiants.” 

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Le RAID en chiffre :
– 11 écoles du supérieur et universités.
– 40% de filles.
– 500 h de préparation
– 24h d’épreuves.
– 17 km parcouru entre Angers et Brain-sur-l’Authion, de jour et de nuit.
– 10 épreuves : tir de précision, parcours d’obstacles naturels, parcours de confiance, parcours de combat survie et secourisme, lancé de grenades inertes, orientation d’artillerie, renseignement, camouflage, tactique militaire et communication.
– Durant 24h sous la pluie. 1 nuit dehors pour les commandos. 1 nuit en intérieur pour la catégorie Découverte.
– 16 000 euros de budget

Les réservistes se mettent au vert dans l’Allier et dans le Loir-et-Cher

Les réservistes se mettent au vert dans l’Allier et dans le Loir-et-Cher

par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 28 octobre 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


L’édition 2023 des Journées nationales du réserviste (JNR) ont commencé le 14 octobre et dureront jusqu’au 14 novembre 2023. Dans ce cadre plusieurs exercices ont été organisés. 

VULCAIN.
Du 30 octobre au 2 novembre, 300 réservistes (issus du 28e régiment de transmissions d’Issoire, du 24e régiment d’infanterie de Paris, du 92e régiment d’infanterie de Clermont-Ferrand, du 126e régiment d’infanterie de Brive-la-Gaillarde, du 1er régiment d’hélicoptères de combat de Phalsbourg, du 3e régiment d’hélicoptères de combat d’Étain et du 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau) seront déployés dans le cadre de l’exercice Vulcain dans le département de l’Allier (03).

Durant quatre jours, sept unités de réserve s’entraîneront sous le commandement de la 4e brigade d’aérocombat à conduire une opération sur le territoire national, en appui des autres moyens de l’État (gendarmes, pompiers, préfecture).

VEZINET II
L’armée de Terre organise Vezinet II dans le département du Loir-et-Cher du samedi 28 octobre 2023 au vendredi 3 novembre. Cet exercice est organisé par l’état-major de la 2e brigade blindée et réunira les réservistes des différents régiments de la brigade.

L’exercice commencera réellement le 29 octobre à 12h dans les environs de Vendôme. Les militaires se déplaceront en direction de Blois où ils seront présents le 1er novembre de 9h à 12h pour rencontrer la population civile. L’exercice prendra fin à proximité de Romorantin le 2 novembre. L’exercice Vezinet II fait suite à l’exercice ORION qui s’est déroulé au début de l’année 2023.

Il s’agit pour la réserve de la 2e brigade blindée de s’entraîner aux fondamentaux opérationnels, dans le but d’agir en synergie avec les militaires d’active. Près de 260 militaires réserve vont s’entraîner dans une thématique de combat tournée vers la guerre de haute intensité. Pour mener à bien cette manœuvre, une soixantaine de véhicules sera employée, dont une douzaine de véhicules blindés légers (VBL).

La crise s’invite dans les réflexions sur la réserve opérationnelle

La crise s’invite dans les réflexions sur la réserve opérationnelle

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Priorité parmi d’autres de la prochaine loi de programmation militaire, l’objectif de doublement de la réserve opérationnelle devra néanmoins compiler avec un contexte économique dégradé, explique le ministère des Armées en réponse à une question parlementaire. 

L’économie française plie mais ne rompt pas. Si la Banque de France table maintenant sur une croissance de 0,6% en 2023, la production industrielle s’est rétractée en début d’année. La volatilité financière et bancaire, ensuite, vient s’ajouter à des tensions socio-économiques dont l’impact reste difficile à déterminer. Quelques exemples d’indicateurs défavorables qui pourraient peser sur l’ambition ministérielle de disposer de « 100 000 réservistes pour une armée d’active de 200 000 hommes ». 

« Face à la dégradation de la situation économique à laquelle la France est confrontée depuis plusieurs mois, il convient de veiller à ce que l’effort de défense soit pleinement compatible avec l’activité des entreprises, notamment celles qui emploient des réservistes militaires », indique le ministère des Armées dans une réponse écrite à la députée PLR Karine Lebon.

En principe, entreprises et pouvoirs publics sont dans l’obligation de libérer leurs salariés-réservistes entre cinq et huit jours par an selon les cas. Voire, jusqu’à 30 jours si l’employeur l’autorise. « La réalité est toutefois plus nuancée », indiquait le ministère des Armées à l’automne dernier. Certaines entreprises renâclent à rendre disponibles les bras et cerveaux dont elles ont besoin pour maintenir leur activité. Parvenir à dédoubler le volume de réservistes sera donc un véritable défi au vu du contexte économique. Et l’équation est d’autant plus complexe pour une filière défense a qui il est désormais demandé de produire plus et plus vite. 

Un groupe de travail a été mis en place en novembre dernier « afin que tous les points de vue puissent être pris en compte et que le ministère des Armées dispose d’une vision exhaustive ». Six réunions se sont tenues jusqu’en février, auxquelles ont notamment participé « des parlementaires et des représentants du patronat et des organisations syndicales ». 

Plusieurs pistes ont été étudiées non seulement pour inciter et fidéliser le réserviste, mais aussi pour « récompenser » les employeurs facilitant l’accès à la réserve pour leurs salariés. Les conclusions et propositions qui en sont ressorties sont désormais « en cours d’analyse » en vue de « de déterminer celles qui seront retenues dans la future loi de programmation militaire ». Une LPM 2024-2030 qui sera soumise d’ici peu à l’aval gouvernemental puis présentée à la représentation nationale.

Crédits image : Garde nationale

Général Gaspari : “la Garde nationale doit relever l’objectif du doublement de la réserve”

Général Gaspari : “la Garde nationale doit relever l’objectif du doublement de la réserve”


Le général Louis-Mathieu Gaspari a ouvert ces rencontres (Photo GN)

 

À la tête de la Garde nationale depuis le mois d’août et du conseil supérieur de la réserve militaire (CSRM), le général de division Louis Mathieu Gaspari livre sa première interview depuis sa prise de fonctions. L’officier de Gendarmerie qui a succédé à une générale de l’Armée de l’air et de l’espace, fait le point sur les enjeux de ce grand service du ministère des Armées et du ministère de l’Intérieur, chargé des rayonnement et de la montée en puissance des réserves militaires des armées, de la Gendarmerie et de la Police nationale. À terme, la Garde nationale devrait rassembler 180000 hommes.

 

LVDG : la Garde nationale a été créée en 2016 à la suite des attentats. Où en est-elle aujourd’hui? A-t-elle atteint ses objectifs ? À combien estimez-vous le nombre de réservistes opérationnels actuellement dans les Armées et la Gendarmerie?

Général Louis-Mathieu Gaspari : vous avez raison de rappeler que la Garde nationale a été créée en 2016 pour répondre au désir d’engagement de la jeunesse qui souhaitait se rendre utile pour son pays après la vague d’attentats terroristes de 2015 et 2016.

6 ans après sa création, la Garde nationale compte 77 000 réservistes appartenant au ministère des Armées et au ministère de l’Intérieur. 7 000 d’entre eux sont employés quotidiennement sur le territoire national, en métropole ou en outremer, pour renforcer la sécurité de nos concitoyens et assurer la protection de notre territoire. 

Par ailleurs, près de 30% des réservistes de la Garde nationale sont des jeunes de moins de 30 ans. 1 sur 2 est un actif et le taux de féminisation dépasse les 20%.

Il me semble important d’indiquer à vos lecteurs que près de 40% de ces réservistes sont des Gendarmes. 

Un constat d’évidence s’impose : la Garde nationale est en constante évolution.

D’une part, sa visibilité et sa notoriété augmentent chaque jour, sous l’effet de la politique partenariale conduite auprès des entreprises, mais aussi des établissements d’enseignement supérieur ainsi que des collectivités territoriales. Elle se traduit très concrètement par la signature de conventions de partenariat qui facilitent l’employabilité des réservistes au service des forces armées, de la Gendarmerie nationale et de la Police nationale. 

J’observe d’autre part, avec beaucoup de satisfaction, que la Garde nationale est régulièrement engagée pour faire face à l’enchaînement ininterrompu de crises que notre pays traverse depuis 2015. J’évoquais tout à l’heure les attentats terroristes. Je fais également référence à la tempête Irma qui a dévasté Saint-Martin en 2017, mais aussi à la crise sociale des Gilets Jaunes en 2018, à la crise sanitaire de la COVID – 19 en 2020 et plus récemment aux crises climatiques et environnementales (épisodes caniculaires et feux de forêt). A chaque fois, la réserve opérationnelle a pris toute sa part dans la gestion de ces crises.

Compte tenu de ces éléments, la Garde nationale est aujourd’hui indispensable pour faire face à toutes ces crises qui présentent la caractéristique de ne plus seulement s’enchaîner mais de superposer les unes aux autres. La Garde nationale s’affirme donc comme un outil de résilience qui renforce indéniablement, par ses actions, la cohésion nationale et contribue au rehaussement des forces morales de la Nation.

Votre première question me permet enfin de saluer et de remercier les 77 000 réservistes qui composent la Garde nationale, de leur engagement que je sais total et résolu au service de notre pays.

LVDG : vous êtes secrétaire général de la Garde nationale depuis le 1er août, quels sont les enjeux pour la Garde nationale ?

Général Louis-Mathieu Gaspari : l’enjeu principal pour la Garde nationale est de relever le défi du doublement de la réserve, fixé par le président de la République dans son discours aux armées le 13 juillet.

Cette montée en puissance concerne aussi la Gendarmerie nationale et la Police nationale. En effet, les réserves opérationnelles des deux forces de sécurité intérieure doivent passer respectivement à 50 000 et à 30 000 réservistes comme Emmanuel Macron l’a annoncé lors de la clôture du Beauvau de la sécurité à Roubaix le 14 septembre 2021. 

A terme, la Garde nationale devrait donc compter près de 180 000 réservistes opérationnels. Cet objectif ne pourra être atteint que si l’on transforme la Garde nationale, qui arrive déjà en 2022 à la fin d’un premier cycle. Il s’agit en quelque sorte de construire une “Garde nationale 2.0” pour être au rendez-vous de l’objectif assigné par le président de la République.

Telle est mon ambition pour la Garde nationale. J’y consacre toute mon énergie avec l’ensemble du secrétariat général que j’ai la chance et l’honneur de diriger depuis le 1er août 2022.

LVDG : vous êtes également secrétaire général du Conseil supérieur de la réserve militaire, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette entité ?

Général Louis-Mathieu Gaspari : le code de la défense dispose que le Conseil supérieur de la réserve militaire (CSRM) est le lieu de consultation et d’échange sur toute question d’ordre général relative à la réserve militaire et au statut des réservistes. Plus précisément, le CSRM, présidé par le ministre des Armées, participe à la réflexion sur le rôle des réserves militaires au service de la défense et de la sécurité nationales et contribue à la promotion de l’esprit de défense et au développement du lien entre la nation et ses forces armées.

Comme vous l’avez rappelé, le secrétaire général de la Garde nationale est également secrétaire général du CSRM.

Le CSRM se réunit au moins une fois par an et émet des avis ou des recommandations sur toutes les questions inscrites à l’ordre du jour de ses réunions. 

Pour prendre une image que vos lecteurs comprendront aisément, le CSRM est un peu le Conseil de la fonction militaire de la Gendarmerie (CFMG) des réservistes.

LVDG : quel est le but des Journées nationales du réserviste ?

Général Louis-Mathieu Gaspari : les Journées nationales du réserviste (JNR) ont pour but de valoriser et de mieux faire connaître l’engagement au sein de la réserve. Les JNR sont en quelque sorte la fête des réservistes qui sont mis à l’honneur partout en France pendant un mois ! Les réservistes sont des citoyens qui ont décidé de donner de leur temps pour servir leur pays en complément de leurs études ou de leur vie professionnelle. Un tel engagement mérite toute notre reconnaissance !

Cette année, le thème des JNR était “Réservistes au cœur des territoires”.

L’édition 2022 des JNR a été lancée par les Rencontres de la Garde nationale qui se sont déroulées à la Cité internationale universitaire de Paris (CIUP) le 14 octobre dernier.

Sur le même sujet : Le thème “réservistes au cœur des territoires”au cœur des Rencontres de la Garde nationale

Entre le 15 octobre et le 15 novembre 2022, ce sont près de 200 événements qui ont été organisés sur tout le territoire métropolitain et ultramarin, en liaison avec l’Éducation nationale, les entreprises, les collectivités territoriales qui emploient des réservistes, ainsi que les associations de réservistes. Ils ont pris la forme, par exemple, de conférences, de stands de présentation de la Garde nationale, de rallyes citoyens, de démonstrations de savoir-faire et de compétences détenus par des réservistes ! Souvent, des entreprises du secteur privé demandent à leurs salariés-réservistes de présenter leur démarche d’engagement et leurs missions à leurs collègues. Ces activités remportent, à chaque fois, un grand succès et suscitent de plus en plus de vocations.

Les JNR ont été clôturées, le 15 novembre, par une cérémonie de ravivage de la Flamme sous l’Arc de Triomphe.

À l’occasion de plusieurs déplacements dans les territoires, j’ai pu mesurer que l’engagement au sein de la réserve suscitait toujours beaucoup d’engouement et d’admiration. J’ai pu constater que la Jeunesse manifestait toujours sa volonté de donner de son temps et d’être utile à son pays. Elle sait que la Garde nationale est une réponse à son désir d’engagement ! 

LVDG : les entreprises favorisent-elles davantage les activités de leurs réservistes? Où y a-t-il encore du travail de sensibilisation à effectuer ?

Général Louis-Mathieu Gaspari : il est encore parfois difficile pour les réservistes de s’absenter de leur emploi civil au profit de leur emploi militaire, et ce avec le regard bienveillant de leur employeur. Faciliter cette démarche nécessite un travail de terrain constant destiné à faciliter l’employabilité des réservistes. Le Secrétariat général de la Garde nationale (SGGN) s’y emploie chaque jour, c’est même l’une de ses missions principales.

Aujourd’hui, plus de 900 conventions de partenariat ont été signées. Elles définissent le nombre de jours accordés par l’employeur civil pour du temps de réserve, décident du maintien de tout ou partie du salaire du réserviste pendant ses périodes de réserve et fixent le délai de préavis. Certains employeurs accordent, chaque année, jusqu’à 30 jours, voire plus, à leurs salariés-réservistes pour rejoindre leurs unités, bases ou régiments du ministère des Armées ou les forces de sécurité intérieure. En contrepartie, ils bénéficient du label “Partenaire de la défense” et d’exonération fiscale.

L’objectif est de créer un cercle vertueux “armées-employeurs-réservistes” dans lequel chacun se retrouve gagnant tout en contribuant significativement à l’esprit de défense du pays, socle indispensable à une cohésion nationale renforcée. 

PARIS : Journées nationales des réservistes 2022, 14 et 15 octobre

PARIS : Journées nationales des réservistes 2022, 14 et 15 octobre

 


Placées sous le thème « Réservistes au cœur des territoires », l’édition 2022 des journées nationales des réservistes (JNR) se tiendra du 14 octobre au 15 novembre 2022 et se déploiera autour de trois étapes.

Les Rencontres de la Garde nationale

Les JNR seront lancées par les Rencontres de la Garde nationale (RGN) qui se dérouleront, le 14 octobre (9h15 – 16h), à la Cité internationale universitaire de Paris (CIUP – 17, boulevard Jourdan dans le 14e arrondissement), lieu symbolique permettant à la garde nationale d’aller notamment à la rencontre de la jeunesse qui constitue sa cible prioritaire en terme d’engagement.
Au moment où le président de la République a affiché une nouvelle ambition pour la réserve et la jeunesse dans son discours aux Armées le 13 juillet dernier, les RGN seront une journée de synthèse et de réflexion qui prendra la forme d’un colloque interactif construit en partenariat avec les Jeunes IHEDN. Comprenant 3 tables rondes, cet événement portera un regard, à la fois concret et prospectif, sur l’engagement des réservistes au sein des territoires. Il permettra notamment d’expliquer en quoi les réservistes sont des acteurs de la résilience et de la cohésion nationale et en quoi ils contribuent à accroître les forces morales de la Nation.
Des hautes personnalités (élus, chercheurs, professeurs des universités, chefs d’entreprise et leurs réservistes, experts militaires français et étrangers) viendront définir la notion de territoire et partager leurs expériences tout en contribuant aux réflexions relatives à la résilience et à la cohésion nationale. Environ 300 personnes prendront place dans l’Espace Adenauer de la CIUP. Les RGN seront animées par M. Frédéric de Lanouvelle.

Programme :

8h45 : Accueil des invités
9h15 : Ouverture des Rencontres de la garde nationale
9h40 : Table ronde n° 1 « Approche plurielle des territoires »
Pourquoi les territoires sont-ils devenus un objet de préoccupation pour les pouvoirs publics ? A travers une approche historique, géographique, démographique, sociologique et politique, les intervenants présenteront la réalité des territoires, au sein desquels les réservistes de la Garde nationale inscrivent aujourd’hui leur action.
11h : Table ronde n° 2 « Réservistes, acteurs de la résilience et de la cohésion nationale »
Des réservistes de la Garde nationale témoigneront de leur engagement concret lors de crises récentes. En quoi ces réservistes sont-ils des acteurs de la résilience et de la cohésion nationale ? En quoi permettent-ils d’accroître les forces morales de notre pays ?
12h15 : Cocktail déjeunatoire.
13h45 : Keynote « Menaces et enjeux pour les territoires »
Cette intervention analysera les risques potentiels auxquels les territoires seront exposés demain.
14h : Table ronde n°3 « Regards croisés sur des modèles étrangers de réserves » Des experts français et internationaux présenteront plusieurs modèles de réserves existant à l’étranger.
15h – 16h : Clôture des Rencontres de la garde nationale

Les territoires mobilisés à l’occasion des JNR

De très nombreux événements seront organisés, entre le 15 octobre et le 15 novembre, partout en France par les 10 composantes de la garde nationale (les armées, directions et services du ministère des armées et les forces de sécurité intérieure relevant du ministère de l’intérieur) afin de valoriser et de mieux faire connaître l’engagement au sein de la réserve. Ces activités seront organisées en liaison avec l’éducation nationale, les entreprises et les collectivités territoriales qui emploient des réservistes, ainsi que les associations de réservistes.

Retrouvez tous les événements planifiés sur https://garde-nationale.gouv.fr/les-evenements-jnr2022-sur-le-territoire-national

Le ravivage de la Flamme du Soldat inconnu

Les JNR seront clôturées par une cérémonie de ravivage de la Flamme sous l’Arc de Triomphe le 15 novembre à 18H30.

La Garde nationale

Créée en 2016 pour répondre au désir d’engagement de la Jeunesse à la suite des attentats terroristes de 2016 et placée sous la double tutelle du ministre des Armées et du ministre de l’Intérieur, la Garde nationale rassemble près de 77 000 réservistes opérationnels des Armées, directions et services, de la Gendarmerie nationale et de la Police nationale. 7 000 femmes et hommes sont employés au quotidien sur le terrain et participent activement à la sécurité de la population et de la protection des territoires.

La Garde nationale répond à trois objectifs :

Renforcer l’efficacité de l’action des forces armées ;
Faciliter l’élan d’engagement volontaire des citoyens, celui de la jeunesse en particulier ;
Développer l’esprit de résilience et renforcer la cohésion nationale.

La campagne de la Journée nationale du réserviste 2020

La campagne de la Journée nationale du réserviste 2020

Par le lieutenant-colonel (h) Jean-Marc Noegelen – publié le 9 février 2021

Face à un contexte difficile de situation sanitaire grave comportant des contraintes superposées, la campagne J.N.R. 2020, programmée entre le 10 octobre et le 12 novembre, s’est déroulée néanmoins avec un succès relatif.

Le thème proposé par les autorités « Fiers d’être réservistes et fiers de nos réservistes » correspondait bien à notre promotion de la réserve pour nos armées.

3 trois types d’activités étaient retenus par les responsables nationaux de la J.N.R. :

  • Interventions en établissements scolaires,
  • Journées de présentation en unités,
  • Interventions en entreprises.

Il s’agissait donc pour les intervenants interarmées du Gard de construire une nouvelle approche de la campagne en raison notamment des nominations récentes des responsables locaux en la matière :

  • Le lieutenant-colonel David Mazel entrait en fonctions de chef de la Délégation militaire départementale le 1er août 2020,
  • Monsieur Philippe Maheux, nouveau Directeur académique des services de l’Education nationale du Gard, avait été nommé le 1er juin 2020,
  • Le capitaine de corvette ® Pascal Anselme prenait en charge la coordination des actions à mener pour les trois armées en succédant au lieutenant-colonel (h) Jean-Marc Noegelen.

Le temps était donc compté pour la mise en place départementale de la campagne raccourcie de surcroit par les vacances scolaires de la Toussaint.

A cet effet, une réunion d’information eut lieu le 18 septembre à la D.M.D. afin de définir les axes d’interventions des  autorités citées plus haut :

  • Programmation du calendrier,
  • Présentation des séances dans les établissements scolaires.

Puis ce fut rapidement la phase des prises de contacts avec les proviseurs et chefs d’établissements visés (36 lycées). Il s’avérait alors nécessaire de recourir à une prolongation de la période définie en raison des contraintes sanitaires et des obligations de plannings des services de l’Education nationale du Gard.

Toutes ces démarches de préparation aboutirent à une programmation d’interventions auprès de 17 établissements et permirent le démarrage de l’opération dès le 13 octobre.

 

Comme les années précédentes, les représentants des armées étaient prêts à s’engager   dans cette action de rayonnement :

  • Le chef de la D.M.D.,
  • L’A.D.O.R.A.C., par son président,
  • l’A.N.O.R.A.A., par son président régional en zone Sud et membre du Secteur Gard-Lozère, et  par le trésorier du Secteur, 
  • L’adjoint au COMAR de Marseille, responsable des Préparations militaires Marine en Languedoc,
  • Les officiers adjoints réserves du 503èmeT., du 4ème R .Mat, du 1er R.E.G., du 2ème R.E.I.
  • Le directeur de la Préparation militaire marine du Gard et 10 stagiaires de la promotion 2020-2021.

Le bilan de la campagne, impacté par la conjoncture,  n’a pas permis  d’atteindre les objectifs, et a abouti aux  résultats suivants :

  • 19 réunions d’information tenues par un chef d’équipe assisté d’intervenants d’une durée d’une heure en moyenne avec :
  • Présentation de l’équipe,
  • Projection d’un diaporama de 20 minutes « La Garde nationale » et « le monde des réserves » avec courtes vidéos illustratives,
  • Témoignages de réservistes et de professeurs réservistes,
  • Réponses aux questions des élèves,
  • Entretiens particuliers avec les jeunes intéressés par un méfier de la Défense,
  • Distributions de documents et flyers « Réserves dans le Gard ».

      – Près de 1000  personnes rencontrées dont 979 élèves,

      – 41 proviseurs et chefs d’établissements et professeurs présents,

      – 1 militaire d’active, 20 réservistes opérationnels, 3 réservistes citoyens, 2 associations (A.N.O.R.A.A. et A.D.O.R.A.C.) intervenants,

  • 223 contacts sérieux ont été pris avec les lycéens. Parmi eux, 108 se déclaraient intéressés par la réserve militaire ou un engagement dans les armées  suivant la répartition :
  • Terre + Légion : 50 %,
  • AIR : 10 %,
  • Marine : 20 %
  • Service de santé : 1 %,
  • Gendarmerie : 8 %,
  • Réserves en général : 11 %.

Une campagne difficile marquée par la situation délicate  vécue (pandémie, terrorisme,….).

L’implication des unités, des réservistes, des associations, du D.A.S.E.N., n’aura pas résolu les obstacles rencontrés (période prescrite très courte et mal située dans le calendrier scolaire, priorités des établissements). Un besoin de souplesse d’action (meilleur créneau début/fin d’année) est ressenti par toutes les parties.

Malgré de nombreuses contraintes,  la campagne J.N.R. 2020 a été réalisée avec une complicité naturelle qui démontre le lien étroit existant entre les armées, la Nation et l’Education nationale du département du Gard.

 

 

 

Réserve: ce qui a changé depuis deux ans et l’arrivée du général Olivier Kim

Le général Olivier Kim, commandant des réserves de la Gendarmerie, à la rencontre des réservistes en formation au camp de Beynes (Yvelines). (Photo: JMT/L’Essor)

Réserve: ce qui a changé depuis deux ans et l’arrivée du général Olivier Kim

Depuis la nomination du général Olivier Kim à la tête du commandement des réserves de la Gendarmerie en 2018, plusieurs modifications ont eu lieu, notamment dans la gestion des réservistes et leur équipement. Tour d’horizon de ces évolutions.

Le général Olivier Kim commande les réserves depuis le 1er aout (Photo Major Fabrice Balsamo/Gendarmerie Nationale)
Le général Olivier Kim commande les réserves depuis le 1er aout 2018. (Photo: Mjr F.Balsamo/Gendarmerie)

Les retards de règlement de solde sont souvent verbalisés par les réservistes des armées. Pour ceux de la Gendarmerie, désormais, la solde tombe –comme pour l’active– le mois suivant. C’est une des quelques évolutions majeures qui sont intervenues ces deux dernières années depuis que le général de division Olivier Kim a pris les rênes du commandement des réserves de l’Arme. C’est aussi un évident facteur de fidélisation, même si, dans les faits, le nombre de jours n’est en moyenne que des 15 à 20 par an.

 

Changement évident aussi pour la protection balistique. “C’est la même que pour l’active, constate Olivier Kim, et elle est individuelle. Alors qu’il y a deux ans, les gendarmes (de réserve) se servaient dans une dotation collective”. Deux ans plus tard, on imagine les dégâts éventuels qu’aurait provoqué cette dotation collective en pleine crise de la Covid-19…

L’armement, un des derniers points différenciant gendarmes d’active et de réserve

Un des rares points différenciant la réserve et l’active est l’armement. Ce dernier pouvait être disparate suivant les départements il y a quelques années encore. Une situation générant des problèmes logistiques et d’interopérabilité. Aujourd’hui, les réservistes ne disposent plus (pour ceux qui y avaient été formés) du pistolet Sig 20-22 réglementaire. Ils bénéficient tous de l’ancien modèle, le PA Mas-G1. Ceux que nous avons croisé en formation initiale (PMG), à Beynes en juillet, s’entraînaient d’ailleurs avec cette arme. Mais dans une version légèrement modifiée permettant de tirer avec des balles “FX” plastiques.

La protection sociale du réserviste a également été améliorée en concertation avec les mutuelles présentes sur le marché (Unéo, Tégo, SRPGN, Mutuelle de l’Intérieur). La connaissance des réservistes a été perfectionnée en faisant appel à un vrai système d’information des ressources humaines (SIRH) qui peut prendre en compte certaines spécificités.

Drone: faire appel à des réservistes télépilotes

Les télépilotes de drones dans le civil peuvent rendre de bons services dans la réserve. “Même s’ils serviront d’abord en sécurité publique générale”, comme la plupart des réservistes, avant d’être potentiellement orienté vers l’unité du groupement (ou de la gendarmerie spécialisée) qui dispose de drone(s). Cela ne dispense évidemment pas l’active de disposer de ses propres télépilotes. Ces derniers sont plus à même de répondre à des interventions qui se déclenchent au débotté. Par contre, sur des missions planifiées très à l’avance (surveillance de grands évènements par exemple), c’est parfaitement gérable avec des réservistes qui ont pour eux une grosse expérience du vol, ce qui ne nuit pas à la sécurité des vols et à la dextérité.

Absorber les coups de chauds

La Gendarmerie a bien compris tous les atouts incarnés par la réserve. Particulièrement durant ses “coups de chauds traditionnels” comme le Tour de France (décalé cette année en septembre), mais aussi les contestations sociales des trois dernières années. Sans compter un épuisement de certaines formations d’active. La présence d’une réserve disponible permet une forme de régénération et d’alléger parfois les semaines des gendarmes départementaux, premiers bénéficiaires de la réserve.

Les réservistes seront au cœur des grands évènements institutionnels à venir. Parmi eux, la coupe du monde de Rugby en 2023, et évidemment, les Jeux olympiques, l’année suivante. De quoi inciter à poursuivre la progression qualitative et quantitative de la réserve, des 30.000 actuels vers une cible non formellement émise, mais sans doute de 40.000.

Avant de l’atteindre, une autre évolution majeure va concerner la réserve, avec la possibilité de servir hors de France, notamment pour des missions de formation. Mais sans doute pas dans des missions trop exposées, comme la mission de mentoring au Mali, et encore moins celle d’escorte (TEASS). Ce projet devait déboucher au printemps, ce qui a évidemment été contrarié par la crise sanitaire de la Covid-19.

Réserviste à l’École de guerre

Réserviste à l’École de guerre

par le Commandant (R) Jimmy Patrick Platof – Cahier de la pensée mili-Terre –

S’inspirant du modèle canadien, même non transposable fidèlement à la France, l’auteur de cet article fait un vibrant plaidoyer de l’intégration d’officiers de réserve à l’École de Guerre. En effet, à l’heure où nombre de réservistes de tout grade et toute spécialité servent déjà régulièrement dans les armées françaises, y compris en opérations, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout de la logique du cursus de formation militaire? Si vis pacem, para bellum, une divise pour tous……

Oui, cela existe, mais pas en France! La devise de l’ESORSEM est «Si vis pacem, para bellum». Il serait donc tout à fait logique qu’après avoir préparé les réservistes à faire la guerre, on les envoie, pour reprendre les mots de l’Amiral Guillaud, chef d’état-major des armées, «dans une école pour penser la guerre, une école pour comprendre la guerre, une école pour apprendre la guerre» [1].Nous allons voir que le Canada s’est orienté dans cette voie, veillant ainsi à l’intégration de ses réservistes dans les forces armées jusqu’au plus haut niveau. Le programme canadien peut être dispensé à la fois aux officiers canadiens présents sur site et aux autres officiers, par le biais d’internet et de l’enseignement à distance. Il est aussi empreint des caractéristiques de la société canadienne que sont son histoire, son bilinguisme, son multiculturalisme.

 

Le Programme de commandement et d’état-major par apprentissage à distance

L’École de guerre pour les réservistes canadiens se nomme «Programme de commandement et d’état-major interarmées par apprentissage à distance» ou PCEMI-AD; il est organisé par le Collège des forces canadiennes à Toronto. Il s’agit d’un programme d’éducation aux niveaux opérationnel et stratégique. Sa méthodologie d’enseignement a été reconnue pour sa rigueur intellectuelle et académique. Cette évaluation réalisée par l’Ontario Council of Graduate Studies a ouvert la voie à une équivalence de mastère, laquelle est désormais décernée par le Collège militaire royal du Canada (CMR) à Kingston, Ontario. Le contenu, axé sur la profession des armes, constitue l’effort principal du PCEMI dans la mesure où il est d’abord et avant tout un programme de formation professionnelle militaire destiné à préparer les officiers supérieurs à servir dans des opérations complexes au niveau de théâtre et au niveau stratégique.

Ce programme a pour objectif de préparer des officiers supérieurs à occuper des postes de commandement ou d’état-major dans un environnement opérationnel contemporain, dans l’éventail complet des opérations, à l’échelle nationale et internationale. Ce programme s’étend sur deux années d’études. La première année comprend les unités de valeurs «leadership et éthique», «commandement et gestion», «guerre et société», «planification opérationnelle interarmées de base», et un séjour de deux semaines sur place. La deuxième année inclut la «sécurité nationale et affaires étrangères», la «capacité des composantes», la «planification opérationnelle interarmées avancée», ainsi qu’un séjour de deux semaines sur place. Les officiers de réserve doivent finir la première année du programme pour participer à la deuxième année. Il leur est possible de recevoir un diplôme avec la qualification «Réserve» à l’issue de la première année. Les stagiaires peuvent enfin, en même temps que leur deuxième année, préparer un Master of Defense Studies (mastère 2 en études de la défense) basé sur un projet de recherche.

Le pré-requis pour être admis à ce programme consiste à participer à une période bloquée d’environ trois semaines au CMR, qui correspond au stage d’été à l’École militaire réalisé à l’issue du concours ORSEM.

Le format de l’apprentissage à distance est conçu pour préserver l’essence du programme en résidence, qui comprend une série d’activités d’apprentissage interactives de type séminaire. Comme le succès d’une activité de type séminaire dépend des contributions des participants et de leur interaction, le PCEMI AD met l’accent sur une participation constante et sérieuse des stagiaires au moyen du forum de discussion sur le site MDNApprentissage. Les stagiaires doivent donc se connecter à MDNApprentissage plusieurs fois par semaine et lire les nouvelles communications de l’instructeur et du directeur des études tout aussi souvent. L’idée est d’encourager un dialogue efficace et réfléchi où les stagiaires, instructeurs et directeur des études prennent la responsabilité de contribuer à la discussion et de faire en sorte qu’elle soit animée et continue. Le problème du décalage horaire (- 6 heures) oblige à se caler sur l’heure nord-américaine. Néanmoins, pour un Européen, le temps fort des discussions correspond à la période après les heures de travail (19h-0h30). Pour faire une comparaison avec une scolarité de type mastère effectuée habituellement en résidence dans une université, la somme de travail est sensiblement la même, ce qui implique que le choix d’entamer ce type d’études ne doit pas se faire à la légère.

 

Bilinguisme et histoire

Les gens férus d’histoire, et j’en fais partie, ne seront pas en reste dans cette formation. Outre l’étude des deux grands conflits mondiaux du XXème siècle dans leur ensemble, on découvrira aussi l’histoire de l’Empire britannique, la guerre des Boers, la guerre russo-japonaise, la guerre du Pacifique contre les Japonais, etc.

Le bilinguisme est un autre attrait de cette formation. Il est à l’image de la société canadienne. Le français est inscrit dans la loi constitutionnelle canadienne, et tout officier canadien doit être bilingue sous peine d’être bloqué au grade de commandant. La scolarité est bilingue, mais la documentation anglophone est nettement plus riche. Le fait de parler couramment l’anglais – et c’est mon cas car je suis traducteur-interprète de profession – m’a permis d’être intégré dans des groupes bilingues tantôt francophones, tantôt anglophones.

 

Multiculturalisme et style de commandement

Alors que j’arrive bientôt au terme de la première année et que je vais commencer l’UV sur la planification opérationnelle interarmées, les bénéfices qu’un officier de réserve peut retirer d’une telle scolarité sont variés et sont liés à la caractéristique du Canada, à savoir un État anglo-saxon avec une minorité linguistique francophone et où le multiculturalisme est présent.

Il est très frappant de voir l’accent mis sur les rapports entre la morale, l’éthique et le métier de soldat, que les canadiens appellent  «la profession des armes». La réflexion est d’abord théorique, car la sociologie militaire, sur les traces de Samuel Huntington et de son ouvrage «Le soldat et l’État», de 1957, est un domaine de recherche très en vogue au Canada et aux États-Unis. Elle est ensuite pratique avec l’analyse de cas concrets. Des exemples sont pris dans l’histoire, comme les massacres qui eurent lieu lors de la guerre des Boers (1899-1901), guerre à laquelle participèrent quelque 8.300 Canadiens au titre de la contribution à l’Empire britannique. De plus, dans une tradition très anglo-saxonne, on n’hésite pas à aborder des cas récents et épineux, comme le problème de la torture à Abu Ghraib qui a éclaboussé l’armée américaine, ou les graves incidents (indiscipline, actes délictueux, crimes de guerre) du fait de l’Armée canadienne lors de son déploiement en Somalie au début des années 90. Une telle attitude objective et courageuse vis-à-vis du passé me semble tout à fait sensée, car aucune armée n’est à l’abri de ce genre d’écueils, quels que soient le niveau de développement du pays d’où elle est originaire ou les individus qui la composent.

L’autre aspect fascinant de cette scolarité est le travail effectué par chaque stagiaire pour découvrir, puis définir les facettes de son style de commandement.

Après avoir fait la synthèse des théories, des modèles et des cadres de prise de décisions indépendantes conformes aux règles morales ou éthiques, l’élève réalise une étude sur son propre style à partir de ses expériences personnelles. Si l’on veut produire des chefs, des leaders performants, cet exercice est riche d’enseignements. Il est démontré que la grande majorité des personnes abordent diverses situations en adoptant un style privilégié ou une approche principale. Par exemple, elles ont toutes tendance à opter pour un style de leadership, une approche de résolution des différends, ou un style ou une méthode de prise de décisions données. Elles peuvent également se tourner vers une approche de repli lorsqu’elles réalisent que l’approche principale ne donne pas les résultats escomptés.

Néanmoins, l’approche privilégiée ne conviendra manifestement pas à toutes les situations. Lorsqu’on dispose d’une approche de rechange, cela offre certes une certaine souplesse, mais il se peut qu’on ne l’applique pas avec autant d’aisance. Évidemment, il se peut aussi que l’approche de rechange ne convienne pas non plus à la situation. Par conséquent, malgré cette souplesse, lorsqu’on a épuisé ses recours, on commence parfois à manquer d’aisance et à devenir rigide. Le cas échéant, on se replie le plus souvent vers les solutions que l’on maîtrise le mieux… ce qui entraîne un retour à son approche principale. C’est particulièrement le cas dans les situations de grand stress, où les délais sont courts et où l’on ne dispose pas de toute l’information nécessaire.

On acquiert une façon de faire selon sa nature profonde et au fil de son expérience. On entend par expérience l’apprentissage par l’expérience de même que par des études faites et des formations suivies. Toutefois, on est rarement conscient de sa façon de faire. En règle générale, on voit quelles méthodes fonctionnent dans certaines situations, puis on tente de les reproduire dans d’autres. C’est ainsi qu’on essaie souvent de faire entrer un cube dans un trou rond, avec les résultats que l’on connaît.

Si souplesse signifie capacité de fléchir sans casser, et adaptabilité signifie capacité d’altérer ou de changer quelque chose pour le renouveler ou le rendre différent, alors cette dernière constitue peut-être une qualité de chef davantage globale et souhaitable. La prise de conscience de soi compte parmi les principaux moyens permettant de développer l’adaptabilité de son leadership. Lorsqu’on est conscient de ses chemins préférés pour aborder diverses situations, on comprend mieux comment et quand s’adapter. Du coup, on prend davantage conscience de la façon dont les autres perçoivent et abordent ces situations.

La prise de décision morale se fait rarement sans considération d’autres facteurs. Ainsi, on prend les décisions d’ordre moral en suivant une démarche qui sera le plus souvent dissimulée ou cachée derrière d’autres approches. Toutefois, il est utile de distinguer sa façon d’aborder la prise de décision d’ordre moral. Cela permet de mieux comprendre les atouts et lacunes, sur le plan moral, de son processus décisionnel, et de mettre en lumière les situations où il conviendrait davantage d’opter pour d’autres approches. Lorsqu’on est conscient des façons dont les décisions d’ordre moral sont prises, on saisit plus facilement la façon dont les autres perçoivent certaines situations qui soulèvent souvent les passions. En effet, en saisissant la perception qu’ont les autres et leur façon de faire, il est plus facile de trouver des terrains d’entente et d’accroître sa capacité, en tant que leader, à influencer les autres de manière positive.

L’indicateur de préférence morale est un outil simple, mais efficace, qui permet de définir le cadre moral général que vous privilégiez. Lorsqu’on sait quel cadre on préfère, on est en mesure de mieux comprendre les atouts et les lacunes de son approche privilégiée et d’élaborer des stratégies en conséquence. Cela permet également d’améliorer sa capacité à cerner et à comprendre le cadre de raisonnement moral qu’adoptent les autres. Comprendre son cadre et le point de vue des autres facilite considérablement la communication avec ces derniers et l’efficacité de son propre leadership.

La caractéristique multiculturelle canadienne trouve également son expression dans l’étude de la complexité culturelle dans des contextes internationaux, pour donner aux stagiaires une perspective pour comprendre les éléments de la culture et l’incidence des dimensions culturelles sur le leadership dans un cadre international. On procède à l’analyse du leadership en fonction de perspectives culturelles, de théories et de modèles pertinents. Les points importants traités et élaborés pendant l’activité comprennent les différentes perspectives sur la culture telles que présentées à travers les disciplines de l’anthropologie, de la sociologie et de la psychologie, la manière dont les différences culturelles influencent le comportement et l’efficacité des leaders, l’importance de comprendre la perception de soi et sa propre perspective culturelle, la compréhension des valeurs et de l’identité, en particulier dans les contextes interculturels. Le travail des stagiaires consiste alors à aborder ce qu’implique l’approche européenne ou anglo-saxonne pour ce qui a trait au leadership au sein des groupes culturels «Asie du Sud» ou «Afrique Sub-saharienne» pour découvrir en quoi certaines facettes de l’approche de chaque stagiaire en matière de leadership pourraient être moins efficace quand il travaille avec des collègues qui appartiennent à ces deux groupes culturels comparativement à des collègues américains ou européens. On reste dans cette perspective de cerner son propre style de leadership pour le perfectionner.

 

Perspective française?

Quoique séduisant, le modèle de la réserve canadienne et son École de guerre me semblent néanmoins difficilement transposables en France pour des raisons culturelles et économiques. À cela s’ajoute la composition de l’armée canadienne, qui compte environ 70.000 militaires d’active et 30.000 réservistes, montrant ainsi le poids important de la réserve (30% environ).

L’École de guerre a pour but d’apprendre aux officiers supérieurs à penser, mais surtout à penser la guerre. En France se pose la difficulté pour un officier de réserve d’acquérir une expérience et une expertise opérationnelle comparables à celle d’un officier d’active. Mon cas reste exceptionnel, car j’ai participé à de nombreuses opérations extérieures dont deux dans ma spécialité, à savoir le renseignement, et une dans un commandement opérationnel sur le théâtre libanais. Je comprends tout à fait la réticence des militaires d’active à envisager des réservistes à l’École de guerre puisque ces derniers n’ont pas l’expérience opérationnelle requise. Ne pas accepter cette restriction serait perdre de vue le but final de cette école – la guerre – pour n’en faire qu’une énième école supérieure ou créer une école de guerre artificielle et dévalorisée pour les réservistes. On voit poindre l’obstacle culturel, à savoir la place réelle de la réserve opérationnelle auprès de l’armée d’active. Une comparaison s’impose avec l’armée canadienne. Sans entrer dans le détail, je citerai deux faits. Au début des années 2000, les forces canadiennes, en pleine restructuration, ont appelé près de 5.000 réservistes pour occuper, à temps plein, des positions normalement dévolues à des militaires d’actives pour entraîner les recrues, administrer l’armée et gérer toutes les activités. Durant la campagne d’Afghanistan, qui fut réellement la première «guerre» où le Canada fut impliqué alors qu’il s’était jusqu’alors spécialisé dans les opérations de maintien de la paix, il y eut près de 600 réservistes pour 2.500 Canadiens sur le terrain, soit 20% de l’effectif. Cela s’est traduit concrètement par le fait que la majorité des réservistes avec lesquels je participe à cette scolarité a effectué un ou plusieurs séjours en Afghanistan. Avec un tel niveau d’intégration entre la réserve et l’active, la différence «eux et nous» s’estompe d’elle-même. Une telle évolution implique, bien sûr, l’acceptation par l’ensemble du corps social (l’armée d’active, les réservistes, les politiques et l’opinion publique) des risques mortels encourus par les réservistes. Je doute que nous soyons prêts à une telle révolution des mentalités, alors que le douloureux souvenir du conflit algérien est, si ce n’est implicitement, encore vivace dans toutes les mémoires.

Une autre différence culturelle réside dans l’intégration parfaite de cette scolarité dans le système universitaire canadien, en l’occurrence l’université de Toronto. On retrouve la même collaboration étroite entre le monde universitaire et l’armée dans d’autres pays anglo-saxons, comme la Grande-Bretagne où l’école de langues des forces armées britanniques dépend de l’université de Westminster pour la formation linguistique et les examens.

Ma réponse ne serait pas complète si je n’abordais pas le problème financier. Vous n’ignorez pas que les grands pays industrialisés traversent une grave crise économique systémique. Le Canada, quoique d’une manière atténuée, n’y échappe pas. Le gouvernement canadien envisage également une réduction de son budget militaire, notamment avec le retrait programmé d’Afghanistan. Compte tenu du fait que la majorité des réservistes à temps plein retournent à leurs activités civiles (et l’activité économique au Canada le permet), la réserve absorbe relativement bien les restrictions budgétaires, avec une augmentation du budget consacré à la formation. L’accent est ainsi mis sur la transmission, par les réservistes déployés, de toute l’expérience opérationnelle qu’ils ont acquise afin de former la relève[2].

Pour conclure, il semblerait qu’un changement de mentalité en France, qui consacrerait le mouvement d’intégration des réservistes au sein de l’active initié depuis quelques années avec la création de la réserve opérationnelle, pourrait permettre à l’institution militaire de donner toute sa place à sa composante réserve, une place similaire à l’option choisie par les forces armées canadiennes. Sans aller jusqu’à l’option retenue par l’armée américaine, qui vient d’autoriser le général commandant la Garde nationale (des réservistes) à siéger au sein du comité des chefs d’état-major (l’équivalent de l’EMA) au même titre que les autres chefs d’état-major, il est tout à fait raisonnable d’imaginer des officiers de réserve français à l’École de guerre. Mais la société française, notamment les politiques, les grands argentiers et l’opinion publique, est-elle prête et le veut-elle réellement?

[1] Penser, comprendre et apprendre la guerre, TIM n°222, mars 2011, pp. 50-51.

[2] Leading through transition, entretien du Général Walt Natynczyk, chef d’état-major des armées canadiennes, avec le magazine Vanguard Canada.com http://www.vanguardcanada.com/LeadingThroughTransitionNatynczyk

 

Un exercice en terrain libre va mobiliser 450 réservistes opérationnels de l’armée de Terre

Un exercice en terrain libre va mobiliser 450 réservistes opérationnels de l’armée de Terre

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