« La seule armée taillée pour la haute intensité » : comment la Pologne devient la première armée d’Europe

« La seule armée taillée pour la haute intensité » : comment la Pologne devient la première armée d’Europe

Avec près de 5 % de son PIB consacré à la défense et des milliers de commandes de chars, lance-roquettes et avions de combat, Varsovie devient le géant militaire de l’Europe sur le segment terrestre. Mais cette montée en puissance va se heurter à quelques écueils.

La Pologne, première armée d’Europe ? Il y a dix ans, le simple énoncé aurait fait sourire le microcosme de la défense. En ce début d’année, plus personne ne rit. Depuis 2014, le budget de défense polonais a triplé, à 44,2 milliards d’euros en 2025, selon les chiffres du gouvernement. Il dépasse désormais celui de l’Italie et n’est plus devancé, au sein de l’UE, que par l’Allemagne et la France. Et la part du PIB consacrée aux armées est passée de 1,88 % en 2014 à 4,7 % en 2025, le chiffre le plus élevé de tous les pays de l’Otan, Etats-Unis compris. Quant aux effectifs militaires, ils ont plus que doublé en dix ans : avec plus de 216 000 soldats, l’armée polonaise devance désormais son homologue française (204 000).

La Pologne ne fait pas mystère de ses ambitions. « Aujourd’hui, nous construisons l’armée la plus moderne d’Europe, expliquait le premier ministre Donald Tusk en septembre lors d’un déplacement à Gdansk, dans le nord du pays. La Pologne réalise un effort extraordinaire pour développer ses capacités de défense. Le monde entier commence à s’en apercevoir. » Varsovie veut désormais atteindre un effectif de 300 000 militaires à l’horizon 2035, dont 250 000 soldats d’active et 50 000 soldats rattachés aux forces de défense territoriale (opérations défensives, contre-insurrection, gestion de crise…).

Cette montée en puissance, inédite en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, est en train de bousculer les équilibres traditionnels. « La Pologne sera la première armée terrestre et aéroterrestre à la fin de la décennie, avec une puissance de feu unique en Europe », résume Léo Péria-Peigné, auteur, avec Amélie Zima, d’un rapport du think tank Ifri publié le 5 février, intitulé « Pologne, première armée d’Europe en 2035 ? ».

40 fois plus de lance-roquettes que la France

Pour mener à bien cet objectif, Varsovie a multiplié les contrats d’armement ces dernières années. Le pays a commandé un millier de chars sud-coréens K2 (dont 380 fermes), 366 chars américains Abrams, mais aussi 672 obusiers coréens K9 Thunder et environ un millier de lance-roquettes multiples (Himars américain, K239 Chunmoo sud-coréen). « L’objectif est de construire une dissuasion conventionnelle crédible pour pallier l’absence de dissuasion nucléaire indépendante face une Russie plus agressive que jamais », résument Léo Péria-Peigné et Amélie Zima dans leur note.

L’armée française de demain : spécialisation ou conscription ?

L’armée française de demain : spécialisation ou conscription ?

par Martin Anne – Revue Conflits – publié le 1er février 2025

https://www.revueconflits.com/larmee-francaise-de-demain-specialisation-ou-conscription/


Alors que les conflits récents rappellent l’importance des stratégies classiques de terrain, l’armée française entame une mutation profonde pour répondre aux défis de la guerre moderne. Entre la numérisation des systèmes, la montée en puissance des spécialistes et la nécessité de s’intégrer dans des alliances multinationales, les forces terrestres réinventent leur organisation tout en restant attachées à des tactiques éprouvées. Ce paradoxe reflète une constante : si les technologies évoluent, la nature de la guerre, elle, demeure.

L’armée française a hésité longtemps entre un modèle reposant sur la conscription, et un autre bâti sur la professionnalisation. Lorsque de Gaulle publia Vers l’armée de métier (1934), l’état-major et les politiques ont encore en tête la défaite de 1870, quand l’armée était professionnelle, et la victoire de 1918, où la demande d’immenses réserves d’hommes avait imposé la conscription. De l’apparition de la bombe nucléaire naquit la création d’une de force d’action rapide professionnelle au sein de l’armée de conscription jusqu’à la fin de la guerre froide. C’est avec Jacques Chirac et l’abolition du service militaire que la professionnalisation est devenue le modèle de l’armée française. Devant les besoins techniques de la guerre moderne, la multiplication des réservistes ne pourra pas changer ce modèle.

Martin Anne

Une armée de terre en transformation

La modification profonde de l’organisation de l’armée de terre, qui bascule du modèle « au contact » à « l’armée de terre de combat », vise à répondre aux transformations induites par la multiplication des outils numériques. Cette réforme repose sur trois grands axes : une logique d’employabilité des unités, une décentralisation du commandement et une présence accrue de spécialistes au sein des forces terrestres. L’objectif est de répondre aux défis posés par la numérisation, qui exige des profils plus techniques.

La numérisation a refondu les systèmes informatiques et de communication des unités de combat. Désormais, chaque unité est équipée de serveurs informatiques intégrés à leur système de communication radio. Ces systèmes permettent d’obtenir des informations telles que la position GPS, la quantité de munitions tirées et de transmettre des ordres numériques. Le concept de combat collaboratif, développé par Thales, renforcera encore ces capacités en automatisant la transmission de données tactiques grâce à l’intelligence artificielle. Les opérateurs chargés de gérer ces systèmes devront posséder des compétences avancées en informatique pour paramétrer et exploiter ces technologies complexes.

Le renseignement tactique a également gagné en importance. Autrefois concentrés dans deux régiments spécialisés, les moyens de renseignement en images (drones) et en électronique (interception d’émissions électromagnétiques) étaient déployés sur les théâtres d’opérations pour appuyer les groupements tactiques. Désormais, les régiments d’infanterie intégreront des capacités de guerre électronique, tandis que l’utilisation de drones sera généralisée à l’ensemble des armes. Les régiments spécialisés subsistent néanmoins, pour répondre aux besoins en renseignement opératif et stratégique. Cette évolution, réalisée à effectif constant, entraîne une substitution progressive des combattants d’infanterie traditionnels par des spécialistes du renseignement. La mise en œuvre de ces équipements complexes nécessitera également des soldats mieux formés techniquement.

Cependant, l’augmentation des outils de renseignement et de communication entraîne une multiplication des réseaux, et donc des failles potentielles en matière de sécurité. Si le chiffrement des communications est une pratique ancienne, illustrée par des exemples tels que la machine Enigma ou les Windtalkers navajos, les réseaux numériques modernes exigent des solutions de protection toujours plus avancées. La cyberguerre est devenue un enjeu clé, impliquant des actions visant à couper les réseaux de communication ennemis et à accéder à leurs données sensibles. Pour y faire face, l’armée de terre a créé un bataillon cyber, regroupant des unités spécialisées. Cette évolution s’inscrit dans un contexte où les effectifs globaux restent constants, ce qui accroît mécaniquement la proportion de spécialistes dans les rangs.

Ainsi, le nombre de spécialistes augmentera fortement dans l’armée de terre pour relever ces défis technologiques. Intuitivement, on pourrait en conclure que les clés de la victoire résident désormais dans des opérations ciblées, comme la prise de contrôle des réseaux informatiques ennemis, plutôt que dans la conquête traditionnelle de territoires. Pourtant, les conflits récents en Ukraine et au Proche-Orient démontrent que la conquête physique reste un élément central des affrontements.

Des fondamentaux qui demeurent

Dans le conflit ukrainien, le contrôle du terrain demeure un objectif politique central. Vladimir Poutine, en 2014, déclarait que « la Crimée et Sébastopol sont rentrés au port », affirmant ainsi ses visées territoriales. Reflétant l’assertion de Clausewitz selon laquelle « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens », la conquête du terrain constitue l’objectif militaire principal de ce conflit. Celle-ci s’appuie sur le déploiement de troupes au sol, suivant des tactiques classiques.

Par exemple, l’offensive ukrainienne vers Koursk a été menée par des brigades mécanisées dont l’organisation reste comparable à celle de la Deuxième Guerre mondiale. Les chars de bataille y jouent toujours un rôle central, en perçant le front ennemi pour permettre à l’infanterie de progresser. Les appuis en génie et artillerie conservent leur fonction traditionnelle : préparer le terrain en vue de sa prise. Ainsi, un général ukrainien pourrait aujourd’hui, à l’instar du maréchal de Lattre de Tassigny, déclarer au sujet de l’une de ses brigades mécanisées : « C’était mon élément de décision. » La rupture du front, obtenue par une concentration de moyens blindés dans une zone favorable, reste une méthode privilégiée pour remporter la victoire.

Dans cette organisation conventionnelle, les technologies dites « de rupture » sont intégrées au sein des brigades, mais leur utilisation demeure confiée à des unités spécialisées. Ces technologies participent au nouveau combat interarmes sans pour autant remplacer les équipements traditionnels. Par exemple, le drone ne remplace pas le char, comme le char avait autrefois remplacé le cheval. La guerre moderne ne peut donc être menée exclusivement derrière un écran : elle reste un affrontement terrestre, où la quantité d’hommes engagés demeure un facteur clé pour obtenir l’avantage. Une armée négligeant ce rapport de force risquerait rapidement d’être surpassée. En Europe, les armées prises individuellement ne disposent pas des effectifs suffisants pour répondre à ces exigences, à l’exception notable de l’armée américaine, qui combine haute technologie et armée de masse.

La réserve : une alternative à l’armée permanente

Les guerres au Proche-Orient et en Ukraine, bien que différentes — asymétrique pour l’une, symétrique pour l’autre —, ont toutes deux nécessité la mobilisation de réservistes. Tsahal, l’Ukraine et la Russie peuvent compter sur des centaines de milliers de réservistes ayant récemment effectué leur service militaire. Ces derniers possèdent les qualifications nécessaires pour utiliser du matériel moderne, permettant d’augmenter rapidement et efficacement les effectifs des armées régulières.

En comparaison, les forces opérationnelles terrestres françaises comptent 77 000 soldats, et l’armée de terre 120 000, avec 25 000 réservistes. Ces chiffres soulignent les limites du modèle d’une armée réduite. Pour y remédier, la nouvelle loi de programmation militaire (LPM) prévoit une augmentation significative de la réserve opérationnelle, visant le recrutement d’un réserviste pour deux soldats d’active. L’objectif est d’atteindre 100 000 réservistes d’ici 2030.

Cependant, ce modèle présente des faiblesses. Les réservistes français, formés comme généralistes, ne reçoivent pas de formation spécialisée. Par exemple, un réserviste d’un régiment de cavalerie peut remplacer un collègue d’un régiment de transmissions, mais aucun des deux n’atteint le niveau de compétence de son homologue d’active. Contrairement à Tsahal, où les réservistes peuvent être mobilisés pour opérer des chars Merkava, les réservistes français ne sont pas qualifiés pour utiliser les Leclerc. Ce déficit de spécialisation, combiné à la complexité croissante des équipements, allongerait le délai de mobilisation des unités de réserve en cas de conflit.

La doctrine actuelle exclut l’emploi des réservistes dans des missions de combat face à une armée moderne. Leur rôle se limiterait à des missions sur le territoire national, tandis que l’active serait déployée en opération. Ainsi, en cas de guerre, l’armée conventionnelle française ne pourrait compter que sur ses effectifs permanents.

Face à ces défis, la France mise sur son intégration dans des alliances multinationales, seule solution pour compenser le manque d’effectifs. Dans son modèle actuel et futur, l’armée française doit accepter sa dépendance envers ses alliés pour garantir une capacité d’intervention suffisante en cas de conflit.

Une armée numérisée aux tactiques traditionnelles

L’armée française reste attachée à son modèle « d’armée complète », qui vise à maintenir un éventail complet de capacités militaires. Ce modèle est adapté aux effectifs qui lui sont alloués, mais il permettrait également de transmettre, conserver et développer ses savoir-faire si une augmentation rapide des effectifs devenait nécessaire. En revanche, un manque d’adaptation risquerait de conduire à ce que l’on appelle le syndrome de la « guerre de retard », où une armée nombreuse et expérimentée, mais utilisant des technologies et des méthodes dépassées, se verrait surpassée par une force plus jeune et agile, équipée des dernières avancées technologiques.

Bien que les nouvelles technologies aient modifié certains aspects de la micro-tactique et contribué à dissiper le « brouillard de la guerre » en offrant une meilleure visibilité des situations, elles n’ont pas transformé la nature même du conflit. Le champ de bataille en 2024 reste marqué par la présence de chenilles de chars, de tranchées et de troupes massées aux frontières. Ainsi, malgré l’introduction massive de composants électroniques dans les équipements militaires, les éléments fondamentaux de la guerre demeurent inchangés.

Les conditions d’une future politique sahélienne

Les conditions d’une future politique sahélienne

Soldats français de l’opération Barkhane en patrouille avec des soldats maliens imbamogoye(Mali) avril 2016 Pascal Guyot/AFP
Editorial de Bernard Lugan publié en janvier 2025

Au Sahel où le retrait français a laissé le champ libre aux GAT (Groupes armés terroristes), la situation est désormais hors contrôle. Face aux massacres de civils les armées locales sont totalement dépassées quand elles ne sont pas complices. Quant aux mercenaires russes, ce n’est pas en multipliant les crimes de guerre qu’ils pourront faire croire aux populations qu’ils sont animés de la « parcelle d’amour » qui était si chère à Lyautey et aux grands coloniaux français…
Il faut bien voir que la catastrophe actuelle résulte de deux principales erreurs de diagnostic faites par les décideurs parisiens : 
1) Avoir cautionné la cuistrerie de ceux de leurs « experts » officiels qui qualifiaient systématiquement de jihadiste tout bandit armé ou même tout porteur d’arme
Alors que nous étions face à un « cocktail » de revendications ethniques, sociales et politiques opportunément habillées du voile religieux, et que le trafic était devenu le poumon économique de populations subissant les effets d’une désertification accélérée par la démographie. D’où la jonction entre trafic et islamisme, le premier se faisant dans la bulle sécurisée par le second.
2) Avoir ignoré les constantes ethno-historico-politiques régionales. 
Un tel refus obstiné de prendre en compte les réalités ethniques s’explique à la fois par l’idéologie et par l’ignorance. Avec pour conséquence que des solutions aussi hors sol que simplistes ont été plaquées sur la complexe, mouvante et subtile alchimie humaine sahélienne. 
En effet, dans ces immensités où le jihadisme surinfecte de vieilles plaies ethno-historiques, présenter comme solution un processus électoral est une farce tragique car il n’aboutit qu’à un sondage ethnique grandeur nature. Quant au discours convenu prônant la nécessité de combler le « déficit de développement » ou encore la « bonne gouvernance », il relève du charlatanisme politique… 
En 2025, si, après avoir été honteusement « éjectée » du Sahel à la suite de l’accumulation des erreurs commises par Emmanuel Macron, la France décidait d’y revenir, ses dirigeants devraient alors bien réfléchir. Ils ne devraient en effet plus voir la question régionale à travers le prisme des idéologies européo-centrées, des automatismes contemporains et des « singularités » LGBT. 
Tout au contraire, il s’agirait pour eux de replacer les évènement dans leur contexte historique régional à travers cette longue durée qui, seule, permet de comprendre qu’ils sont liés à un passé toujours prégnant et qui conditionne largement les choix des uns et des autres. 
Pour le comprendre, on se reportera à mon livre Histoire du Sahel des origines à nos jours.

Le Tchad veut un désengagement militaire français beaucoup plus rapide (actualisé)

Le Tchad veut un désengagement militaire français beaucoup plus rapide (actualisé)

Au Tchad, où la campagne électorale pour les élections législatives et locales prévues le 29 décembre bat son plein, les autorités veulent accélérer le départ des forces françaises.

Selon mon confrère Franck Alexandre, de RFI, des sources proches du gouvernement français indiquent que Paris a bien reçu, jeudi soir 19 décembre, une demande pour un départ de tous les soldats français avant le 31 janvier prochain. Information que RFI a pu confirmer côté tchadien.

« La négociation est toujours en cours », assurent les militaires français cités par mon confrère. Les discussions seraient « techniques, mais se passent bien », précisent-ils. Même son de cloche apparemment à Ndjamena où l’on insiste sur la qualité du partenariat. « La situation n’a rien à voir avec les pays de l’AES », souligne une source proche des autorités tchadiennes, ajoutant qu’un premier calendrier de retrait s’étalant jusqu’en mars a été refusé, car jugé trop long.

« On veut montrer que le désengagement est bien en cours », ont déclaré de hauts responsables militaires français qui confirment aussi que les relèves prévues ont été annulées et le matériel des unités arrivantes a été rappelé en métropole. D’où le départ le 10 décembre du détachement chasse dont les Mirage 2000 stationnaient sur la base aérienne de Ndjamena. D’où aussi l’évacuation en cours des emprises françaises de Faya-Largeau (50 soldats) et d’Abéché (une centaine d’hommes). Deux bases lointaines, à dix jours de piste.

Il faudra ensuite s’occuper du camp Kossei.

Après les redéploiements français du Sahel (du Mali en particulier), les forces françaises ont éprouvé leurs procédures et maîtrisent les étapes des sorties de théâtre. Ce qui ne signifie pas que ce type d’opération est sans risques et sans surprises.

Une partie de matériel prendra certainement la route maritime pour regagner la métropole. Des ports du Cameroun pourraient être utilisés. A moins que les infrastructures portuaires de la Guinée Equatoriale, notamment le port de Bata, ne puissent aussi servir pour ce transit.

Actualisation
Ce vendredi, « 120 soldats français ont décollé de l’aéroport militaire de N’Djamena à bord d’un Airbus A330 Phoenix MRTT, à destination de la France », selon un communiqué publié sur la page Facebook du ministère tchadien des Armées. Interrogée par l’AFP à Paris, l’armée française n’a pas commenté cette annonce. Mais des photos du départ de ces soldats circulent sur les réseaux sociaux:

 

Zone Militaire vous souhaite un joyeux Noël 2024

Zone Militaire vous souhaite un joyeux Noël 2024


En ce jour particulier qui devrait être celui de la paix, de la fraternité et du partage, que vous soyez en famille, en opération, de permanence, seuls ou avec vos frères d’armes, Zone Militaire vous souhaite un joyeux Noël 2024.

Chaque année, il est d’usage d’accompagner ce court message de Noël par un poème. Cette fois, ce sera un texte du commandant Antoine de Saint-Exupéry, tiré de son ouvrage « Citadelle ».

Mais j’ai bâti à l’heure de la garde mes sentinelles. Et il est quelqu’un, ici, pour manger. Leur repas est bien autre chose que soins accordés au bétail pour accroissement du tour du ventre. Il est communion dans le pain du soir des sentinelles. Et certes chacune l’ignore.

Cependant de même que le blé du pain, à travers eux, se fera vigilance et regard sur la ville, il se trouve que la vigilance et le regard qui embrasse la ville, à travers eux, se fait religion du pain. Ce n’est pas le même pain qui est mangé. Si tu désires les lire dans leur secret qu’ils ignorent eux-mêmes, va les surprendre au quartier réservé, quand ils courtisent les femmes. Ils leur disent :

« J’étais là, sur le rempart, j’ai entendu siffler trois balles à mon oreille. Je suis demeuré droit, n’ayant point peur. »

Et ils plantent dans le pain leurs dents avec orgueil. Et toi, stupide, qui écoutes les mots tu confonds avec une vantardise de soudard la pudeur de l’amour. Car si le soldat raconte ainsi l’heure de ronde c’est bien moins pour se faire grandiose que pour se complaire dans un sentiment qu’il ne peut dire. Il ne sait pas s’avouer à lui-même l’amour de la ville. Il mourra pour un dieu dont il ne sait dire le nom. Il s’est déjà donné à lui, mais il exige de toi que tu l’ignores. Il exige de soi-même cette ignorance.

Il lui paraît humiliant de paraître dupe de grands mots. Faute de savoir se formuler il refuse par instinct de se soumettre à ton ironie son dieu fragile. De même qu’à sa propre ironie. Et tu vois mes soldats jouer les matamores et les soudards – et se complaire à ton erreur – pour goûter quelque part, au fond d’eux-mêmes, et comme en fraude, le goût merveilleux du don à l’amour.

Et si la fille leur dit : « Beaucoup d’entre vous – et c’est bien dur – mourront en guerre… », tu les entends approuver bruyamment. Mais ils approuvent par des grognements et des jurons. Cependant elle éveille en eux le plaisir secret d’être reconnus. Ils sont ceux qui mourront d’amour.

Et si tu parles d’amour, alors ils te riront au nez ! Tu les prends pour des dupes dont on tire le sang avec des phrases de couleur ! Courageux, oui, par vanité ! Ils jouent les matamores par pudeur de l’amour. Ainsi ont-ils raison car il arrive que tu les voudrais dupes.

Tu te sers de l’amour de la ville pour les convier au sauvetage de tes greniers. Se moquent bien de tes greniers vulgaires. Te feront croire par mépris pour toi qu’ils affrontent la mort par vanité. Tu ne conçois point véritablement l’amour de la ville. Ils le savent de toi le repu. Sauveront la ville avec amour, sans te le dire, et injurieusement, puisque tes greniers logent dans la ville, ils te jetteront comme un os au chien, tes greniers sauvés.

Illustration : Légion étrangère

Réorganiser la mission Sentinelle

Réorganiser la mission Sentinelle

Soldats en armes de l’Armée de terre en mission de surveillance dans le quartier des affaires de Paris La Défense dans le cadre de l’Opération sentinelle. Au fond, l’Arc de Triomphe.//MASTAR_MASTAR1220002/Credit:M.ASTAR/SIPA/1707151231

 

par Martin Anne – Revue Conflits – publié le 9 décembre 2024

https://www.revueconflits.com/reorganiser-la-mission-sentinelle/


Le 4 novembre 2015 Jean Yves le Drian alors ministre de la Défense s’adresse à des soldats de la toute jeune opération Sentinelle et déclare « Notre engagement s’inscrit dans la durée, aussi longtemps que cette situation l’exigera ». Neuf ans plus tard, le CEMA devant la représentation nationale rajoute « Nous continuons à adapter notre posture sur le territoire national, dans le cadre de l’opération Sentinelle. »

Cette opération qui implique 10 000 hommes (sur le terrain ou en alerte) est la plus consommatrice en soldats des 30 dernières années. Elle formate et rythme le quotidien des unités et rares sont les soldats qui n’y ont jamais participé. Pourtant, en 2022, la cour des comptes dans sa recommandation n°2 du document S-2022-1439 Opération Sentinelle conseille de « transférer la mission sentinelle aux forces de sécurité intérieures (FSI) ». Cette recommandation s’appuie sur deux observations la première étant que les résultats obtenus par cette opération sont difficilement quantifiables, la seconde que les soldats n’atteignent plus leurs 90 jours de préparation opérationnelle depuis 2015.

Néanmoins, le climat géopolitique actuel et les attentats encore réguliers en Europe rendent difficilement justifiable devant l’opinion publique l’arrêt de cette opération et aucune déclaration publique de responsable politique ne va dans le sens de la recommandation de la cour des comptes. Ainsi, l’opération devrait se poursuivre.

L’armée française en opération extérieure chez elle

Les unités de Sentinelle sont issues d’une génération de force, comme le modèle « au contact » (datant de 2015) le permettait. Ce sont donc des unités de circonstance qui partent dans des zones éloignées de leurs casernes. Ces unités de combat terrestre issues de l’ensemble des spécialités de l’armée de terre sont constituées pour deux mois sans provenir nécessairement de la même grande unité (brigade ou division). Cette méthode avait déjà permis la constitution d’unités lors de l’opération Serval en 2013.

Les patrouilles sur place sont coordonnées par un état-major tactique constitué par l’ensemble des cellules permettant le commandement d’unités en opération extérieure. Le chef de la compagnie déployée est sous les ordres d’un chef de circonstance, à l’image de ce qui se pratiquait lors de l’opération Barkhane.  Ainsi, la structure hiérarchique est identique à celle utilisée habituellement en opérations.

Le régime de quartier libre est aussi assez strict, un soldat ne peut pas s’absenter plus de trois jours et uniquement pour des raisons impérieuses. Il est fréquemment autorisé par le commandement sur place de faire venir sa famille 24 heures, mais cela reste soumis à une autorisation. Il est donc habituel que les soldats passent 2 mois loin de leurs proches sans possibilité de s’absenter. La vie de famille des militaires de Sentinelle en est fortement impactée comme celle de leurs camarades en mission à l’étranger.

Le départ en mission Sentinelle s’apparente de fait par la durée et l’organisation à une projection sur un théâtre d’opération extérieure. Ainsi, les sacrifices personnels consentis sont semblables. Ces absences régulières, longues et pour réaliser une mission monotone rendent difficile la fidélisation des soldats.

Ainsi, les résultats obtenus dans la lutte antiterroriste sont difficilement quantifiables et les conséquences négatives en termes d’entraînement et de fidélisation sont observable facilement. Pour ces trois raisons, une réorganisation de cette mission est nécessaire.

La régionalisation de Sentinelle

Le format actuel de projection provoque des absences longues du foyer et rend difficile la conciliation entre la vie personnelle et la vie professionnelle. Il est néanmoins nécessaire pour des raisons opérationnelles, cette présence prolongée permettant de maitriser l’environnement. Les centres villes, les gares et les cibles potentielles sont tous différents, il faut plusieurs semaines de présence pour s’approprier le terrain et ses contraintes.

Cette méconnaissance du terrain est toutefois provoquée par l’absence de zone attitrée à une unité. En effet, les régions de déploiement sont désignées en fonction de la disponibilité des unités. Les zones changent donc régulièrement et les soldats patrouillent rarement au même endroit de mission en mission.

De 2013 à 2023, les opérations extérieures ont suivi la même logique. L’ensemble des unités de l’armée de terre étaient susceptible de servir sur l’ensemble des théâtres. Désormais, les missions à l’étranger sont réparties en fonction du type de brigade et chacune d’entre elle est envoyée sur son type de théâtre.

L’opération Sentinelle pourrait suivre le même chemin. En effet, cette opération compte actuellement six zones de déploiement avec un effectif variable en fonction de l’importance de la région. L’Île de France contient ainsi un effectif bien plus important que les autres : plus de la moitié des militaires sont prévus pour cette région. Cette régionalisation confierait à chaque brigade une zone déterminée qui deviendrait son théâtre d’opération intérieure.

Cette organisation possèderait plusieurs avantages, tout d’abord la répétition des missions au même endroit permettrait une réelle connaissance de la zone à protéger tout en permettant de se l’approprier sur plusieurs missions. Ensuite le lien avec les FSI serait renforcé. En effet, la répétition des échanges et des patrouilles au long des mandats améliorerait la connaissance mutuelle et fluidifierait les interactions. On obtiendrait ainsi une plus grande efficacité opérationnelle.

De plus, cela renforcerait l’intégration des soldats au sein de la population locale. Les échanges réguliers avec les commerçants locaux, les associations sportives et les écoles provoqueraient la création d’histoires personnelles. Les échanges seraient prolongés sur plusieurs mandats et seraient réalisés par les mêmes personnes. Le lien armée-nation en sortirait renforcé.

La plus-value de réaliser des mandats de deux mois s’en retrouverait ainsi réduite. On raccourcirait alors de plus de moitié la durée des mandats, mais ils devront revenir plus régulièrement. L’impact sur la vie des familles serait alors semblable à celui d’une formation ou d’un exercice. La monotonie de la mission en deviendrait aussi plus supportable.

En adoptant cette organisation, l’armée de terre poursuivrait ses missions de « protection, dissuasion et réassurance » de la population française tout en limitant les conséquences négatives sur la fidélisation.

Un attrait supplémentaire pour la réserve opérationnelle

La transformation actuelle de l’armée de terre a pour objectif de doubler l’effectif de la réserve opérationnelle. De plus, des unités territoriales de réserves sont en création avec la constitution de bataillons de réserves. Ceux-ci seront rattachés à une zone géographique. Si l’idée de régionalisation exprimée ci-dessus était mise en application, les bataillons de réserve, à l’image des brigades, devraient être affectés à une zone Sentinelle de manière permanente. En effet, la mission Sentinelle emploie de nombreux réservistes et l’attrait opérationnel de la réserve s’incarne au travers de cette mission. De plus, les réservistes s’engagent généralement dans les régiments proches de chez eux. Si la zone Sentinelle correspondait à la zone d’implantation des différentes brigades, alors les réservistes participeraient à la protection de leur région. La perspective de participer à la protection de l’école de son enfance ou au clocher de son village aurait sans doute un effet positif sur l’attractivité de la réserve en rendant plus concrète la mission.

Des objectifs de missions

Si ces perspectives apporteraient des améliorations dans le domaine de la fidélisation et de l’attractivité, la monotonie de cette mission resterait forte. Les événements demandant à la force Sentinelle d’intervenir en mettant en œuvre ses savoir-faire militaires demeurent heureusement rares. Une certaine lassitude se fait ainsi sentir au sein de la troupe en fin de déploiement.

Pourtant l’armée française patrouille dans certaines régions de France avec des missions différentes ou supplémentaire à « protéger, dissuader, rassurer ». En Guyane, la mission Harpie utilise des patrouilles de l’armée de terre pour lutter contre les orpailleurs et combattre les trafics d’or et la pollution des sols.

De plus, une partie de la frontière avec l’Italie est également surveillée en coordination avec les forces de sécurité par l’armée de terre pour lutter contre l’immigration clandestine. Cette mission dans les Alpes est l’embryon de la force frontière appelée à se généraliser selon les déclarations du ministère de l’Intérieur.

Ces deux missions reposent sur l’interaction entre les FSI et les forces armées. En effet, un officier de police judiciaire (OPJ) est présent lors des patrouilles évoquées ci-dessus. Le groupe de combat terrestre (patrouille Sentinelle) intégrant un OPJ serait une unité mobile et bien équipée. Elle permettra d’effectuer plus de surveillances et de contrôles dans les zones difficiles.

Un récent sondage indique que 70% des Français sont favorables à la participation de l’armée à la lutte contre le narcotrafic. L’armée de terre a déjà démontré son utilité dans la lutte contre différents trafics, notamment dans les zones difficiles d’accès où la rusticité du soldat se révèle être un atout. Si des objectifs de cet ordre étaient fixés aux patrouilles de Sentinelle, il est certain que la monotonie de cette mission s’en trouverait diminuée.

Conclusion

L’opération Sentinelle opère sur le territoire français depuis bientôt dix ans, cette mission s’est inscrite dans le quotidien des habitants et les hommes en armes passent comme des ombres aux abords des gares et des terrasses des cafés. Les moyens financiers conséquents engagés (plus de 3 milliards d’euros selon la Cour des comptes) doivent contribuer à renforcer l’armée de terre sans diminuer sa capacité d’entraînement ni son taux de renouvellement de contrat. Si ces moyens sont loin d’être gaspillés et que les hommes de Sentinelle ont déjà permis d’éviter le pire, une réorganisation de son dispositif qui correspondait à l’urgence de 2015 devrait être engagée.

Corée du Sud: l’institution militaire plongée dans les convulsions politiques post-loi martiale

Corée du Sud: l’institution militaire plongée dans les convulsions politiques post-loi martiale

Des soldats devant les bâtiments de l’Assemblée mardi soir. Photo by Jung Yeon-je / AFP

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a créé la surprise en proclamant mardi la loi martiale, avant de la retirer quelques heures plus tard sous la pression des parlementaires et d’une foule de manifestants. Yoon a dit avoir proclamé la loi martiale « pour protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes et éliminer les éléments hostiles à l’État ».

En ce qui concerne l’armée sud-coréenne, principale partie prenante de la loi martiale d’urgence, que retenir des événements de mardi soir?

D’abord, l’alignement des chefs militaires sur la décision présidentielle. Cet alignement a débouché sur la proclamation d’un décret en six points du nouveau commandant de la loi martiale, le chef des armées, général Park An-su. Ce décret interdisait les activités et les partis politiques, la « fausse propagande », les grèves et les « rassemblements qui incitent à l’agitation sociale ». Yoon s’est entouré d’hommes à sa botte et à nommé des proches dans toute l’infrastructure sécuritaires (armées et renseignement). Mais, comme l’écrivait en septembre l’ancien patron des forces spéciales sud-coréennes, le général Chun in-bum, « pour qu’un coup d’état ou une loi martial réussisse, il faudra plus que des nominations de hauts gradés; ça exigera la complicité de l’institution militaire dans son ensemble et une opinion publique passive ». Et c’est bien ce qui a manqué mardi soir.

Ensuite, l’entrée (plutôt compliquée) des commandos sud-coréen dans un des bâtiments du Parlement, comme le montre cette vidéo où l’on voit le personnel et vraisemblablement des élus s’opposer à la progression des soldats:

Des hélicoptères ont déposé des troupes dans l’enceinte du Parlement, selon des images de vidéosurveillance diffusées mercredi. D’autres soldats, obéissant aux ordres du chef d’état-major conjoint (Joint Chiefs of Staff JCS), l’amiral Kim Myung-soo, ont escaladé les clôtures de l’enceinte gouvernementale après minuit. Quelque 300 militaires ont pris part à cette action au Parlement dont 230 ont été héliportés en 24 rotations. Mais numériquement, ils ont été vite débordés par la foule des opposants.

Enfin, un constat encourageant: les militaires ont fait preuve de retenue et il ne semble, en ce mercredi matin, qu’aucun débordement/dérapages par les forces de l’ordre n’ait été recensé. On a connu (malheureusement) des militaires sud-coréens ayant la main beaucoup plus lourde, comme en 1980 lors de la précédente et dernière en date proclamation de la loi martiale (officiellement 230 morts). D’ailleurs, des photos des soldats à l’Assemblée montrent qu’ils étaient équipés de munitions d’entrainement (voir le chargeur bleu du militaire à droite de la photo):

Photo by YONHAP / AFP

Et maintenant?

Le Joint Chiefs of Staff JCS a, peu après l’annonce de l’imposition de la loi martiale, rassuré les Américains, précisant que les troupes engagées ne venaient pas de la zone frontalière avec la Corée du Nord et que la sécurité du territoire était bien assurée.

A moyen terme, les forces armées sud-coréennes risquent de se retrouver plongées dans les convulsions politiques post-loi martiale, convulsions exacerbées par la « complicité » du ministre de la Défense de Yoon, Kim Yong Hyun, la complaisance de certains chefs militaires et l’assaut très médiatisé mené par des unités contre l’Assemblée nationale.

« Cette situation laissera des séquelles durables dans les relations civiles et militaires délicates de la Corée du Sud. Mais le risque sécuritaire immédiat concerne la défense extérieure, en particulier compte tenu des incertitudes probables autour du commandement et du contrôle militaires au lendemain de la loi martiale. Cela va évidemment inquiéter les États-Unis, allié de la Corée du Sud par traité, et les forces américaines en Corée », estime Euan Graham, un analyste de l’ASPI (Australian Strategic Policy Institute).

Le maillage territorial : colonne vertébrale de la BITD française

04/12/2024

https://aassdn.org/amicale/le-maillage-territorial_colonne-vertebrale-de-la-bitd-francaise/


Pour s’adapter aux bouleversements géopolitiques, la France a dévoilé une nouvelle feuille de route pour son industrie de défense. L’augmentation de la production, la refonte des normes et le développement de pôles d’excellence régionaux sont au cœur de cette stratégie. 

Commentaire AASSDN : L’industrie de Défense française s’articule autour de 9 grands groupes (Thalès, Dassault, Safran, Naval Group, Airbus, KNDS1, MBDA, TechnicAtome, Arquus), reliés à environ 4 000 sous-traitants (ETI,  PME, TPE, laboratoires et centres de recherche). Ce réseau d’entreprises est un atout majeur pour assurer à la France sa souveraineté dans le domaine de la Défense . En outre, ce réseau lui fournit  des outils lui permettant de nouer des partenariats stratégiques avec des pays qui souhaitent ne pas être totalement dépendants de tel ou telle grande puissance (Etats-Unis ou Chine notamment ) tout en disposant de matériels de la meilleure qualité.

Par ailleurs, c’est un atout pour notre économie tant par les exportations qu’elle réalise (la France est 2e ou 3e exportateur mondial selon les années) que par le fait que l’essentiel des armements est produit en France.
Notons que les centres de recherche et les processus de fabrication de certains équipements de haute technologie, sont particulièrement visés par les Services de nos compétiteurs. C’est pourquoi la France se doit de maintenir, voire renforcer son excellence scientifique et d’assurer la meilleure protection contre les ingérences étrangères.

1 En 2015, les sociétés Nexter et Krauss Maffei Wegmann (KMW), respectivement systémier intégrateur du Leclerc et du Leopard, se sont regroupées au sein de KNDS afin de devenir le leader européen de la défense terrestre.

Le 24 octobre 2024, sur le site Maîtrise NRBC de la Direction générale de l’Armement à Vert-le-Petit, le Ministre des Armées Sébastien Lecornu a dressé la feuille de route que tâchera de suivre l’industrie de défense nationale pour les années à suivre. Un mot d’ordre : relancer « l’esprit pionnier ». Une question se pose alors : quelles sont les forces qui motivent la transformation de la base industrielle et technologique de défense (BITD), et comment y parvenir ?

Sommaire [masquer]

  • Impulsions et transformations
  • L’Île-de-France : l’excellence terrestre, spatiale et électronique
  • L’Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine : le cœur de l’aéronautique
  • La région Provence-Alpes-Côte d’Azur : territoire de l’Aéronavale
  • La Bretagne et la Normandie pour la puissance navale 
  • Des industriels étatiques en recherche d’efficacité
  • L’humain et la formation : moteurs de développement

Impulsions et transformations

D’abord, la priorité est d’augmenter les cadences de production. Depuis février 2022, l’industrie de défense française se prépare à l’éventualité de passer en économie de guerre, avec des mesures concrètes prises par certains des principaux groupes français. Dans cette optique, MBDA a annoncé son intention de produire 40 missiles Mistral-3 par mois à l’horizon 2025, ce qui revient à doubler sa production mensuelle actuelle. De son côté, la DGA apporte une nouvelle forme de support aux entreprises du secteur, avec la création de la Direction de l’industrie de Défense.

L’Île-de-France : l’excellence terrestre, spatiale et électronique

La région parisienne est spécialisée dans les questions spatiales, électroniques et terrestres.  Le plateau de Versailles-Satory est le lieu d’implantation de plusieurs grandes entreprises à la réputation mondiale comme KNDS France (ex-Nexter), Arquus mais aussi des institutions étatiques comme la Section Technique de l’Armée de Terre. Utilisé dès l’entre-deux-guerres comme terrain d’entraînement militaire, le plateau de Satory sera de plus en plus utilisé à partir des années 1960-1970. Le plateau se transforme en 2020 avec la création de nouvelles pistes d’essais destinées aux besoins de R&D de l’Armée de terre et plus généralement de l’industrie de défense française. La région francilienne n’est pas en reste dans le domaine de l’électronique, notamment par le nombre important de clusters et des laboratoires innovants, à l’image de Paris Saclay et de l’École Polytechnique. Le secteur spatial est quant à lui représenté par Ariane Groupe, Thalès, Airbus Defence and Space et Aresia.

L’Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine : le cœur de l’aéronautique

L’aéronautique est particulièrement bien développée en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine, régions qui abritent de nombreux sites et entreprises majeurs, comme Dassault Aviation à Mérignac et Biarritz, ou encore Safran et Airbus Defence & Space à Toulouse. Cette concentration géographique est également le fruit d’une histoire riche. En effet, la création en 1915 du Centre d’Instruction des Spécialistes de l’Aviation à Bordeaux, ainsi que l’établissement de nombreuses bases aériennes dans la région, ont contribué à l’ancrage historique des industriels de l’aéronautique dans cette partie de la France.

La région Provence-Alpes-Côte d’Azur : territoire de l’Aéronavale

L’industrie aéronavale est très présente en PACA, avec des entreprises comme Dassault Aviation à Istres, Airbus Helicopters à Marignane et Naval Group à Ollioules. Cette présence s’explique par le fait que le premier hydroaéroplane a été conçu localement, créant un environnement propice au développement de ce secteur. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, une partie des avions de chasse et des hydravions y a été produite. Post-1945, plusieurs entreprises se sont installées dans la région, notamment la Société Nationale de Constructions Aéronautiques du Sud-Est. Aujourd’hui, la région demeure un endroit clé dans la production et la construction d’armement et d’équipements aéronavals, tout en développant régulièrement la recherche et l’innovation.

La Bretagne et la Normandie pour la puissance navale 

Autre pôle d’excellence, les régions bretonne et normande se sont spécialisées dans l’industrie navale, avec des implantations du géant Naval Group à Brest, Lorient, Nantes-Indrets et Cherbourg. L’entreprise emploie plus de 3 000 salariés en région normande, notamment sur le site de Cherbourg.

Cependant, cette territorialité se manifeste également en dehors des principaux pôles. Par exemple, on peut citer Eurenco, spécialiste des poudres et des explosifs, à Bergerac, ainsi que les différents sites de MBDA à Selles-Saint-Denis et à Bourges, sans oublier le site historique de production de KDNS France à Roanne. En plus de dynamiser économiquement des régions parfois en marge, cette territorialité pourrait être renforcée pour constituer une véritable force de production, notamment grâce à l’implantation d’un réseau de réservistes de la DGA.

Des industriels étatiques en recherche d’efficacité

Si les grands maîtres d’œuvre industriels privés sont répartis sur tout le territoire français, c’est également le cas des institutions de l’État chargées des questions d’armement et de sa maintenance. Dispersées dans toutes les régions de France, les industriels d’État sont des exemples du maillage territorial des services publics de l’armement : la Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres, le Service de la maintenance industrielle terrestre à Versailles ainsi que les 12ème, 13ème et 14ème base de soutien du matériel, le Service de Soutien de la Flotte à Paris, Brest et Toulon, mais aussi la Direction de la Maintenance aéronautique, qui est implantée sur 17 sites différents à travers la France. La DGA est elle aussi répartie sur des centres d’expertises et d’essais dans diverses régions.

Le 2 octobre 2024 paraît le rapport d’information n°4, par la Commission des finances, à propos du maintien en condition opérationnelle des équipements militaires. Cette étude a révélé que, malgré des efforts conséquents, le maintien en condition opérationnelle ne répond pas aux besoins actuels. Les problèmes concernant la disponibilité des matériels et le coût élevé des contrats de maintenance sont trop importants. En outre, il est question de repenser la stratégie de maintenance de l’armement français, en impliquant de façon plus directe les TPE-PME françaises. Il est par ailleurs fait mention de la possibilité de ré-internaliser une partie de la maintenance militaire, ce qui sous-entend de renforcer le maillage territorial de la maintenance. La question de l’état des recrutements a également été mentionnée, notamment la fidélisation et la formation des personnels de la maintenance militaire et du secteur de l’armement en général.

L’humain et la formation : moteurs de développement

Si la voie royale pour devenir ingénieur de l’armement reste Polytechnique et l’École nationale supérieure de techniques avancées, les concours restent ouverts à tous les diplômés d’écoles d’ingénieurs. En dehors des grands corps d’ingénieurs, les universités proposant des maîtrises « Défense et Sécurité » ou des cursus d’intelligence économique intéressent de plus en plus à la fois les entreprises, mais aussi les services de la DGA.

Du point de vue opérationnel, il est tout à fait possible de développer et de renforcer l’intérêt du monde ouvrier et technique pour l’industrie de défense. MBDA et Naval Group l’ont fait, avec respectivement 2 600 et 4 500 recrutements au cours des dernières années. Pour accélérer cette capacité à recruter, il faut également offrir plus de visibilité aux entreprises et aux institutions. Uniquement au travers de la filière de la maintenance en condition opérationnelle, 25 formations certifiantes sont ainsi proposées par le ministère des Armées et des Anciens combattants, dont plusieurs bacs professionnels et un certain nombre de BTS. En renforçant le lien Armée-Nation, voir même BITD-Nation, ainsi que la formation à tous les échelons de la BITD, la France participe à donc sa souveraineté. Ainsi, le secteur de l’armement doit se réformer, recruter et impulser si il veut retrouver son esprit « pionnier ».

La Cour des compte se penche sur les ventes du patrimoine immobilier du ministère des Armées

La Cour des compte se penche sur les ventes du patrimoine immobilier du ministère des Armées

Même si, comme le regrette la Cour des comptes, « les services de l’État ont adopté un positionnement discutable, accordant des dérogations contraires aux dispositions légales et aux engagements contractuels, et faisant preuve d’une inertie générant des retards », la Cour vient de publier un bilan des cessions immobilières réalisées depuis 2008 par le ministère des Armées.

Le patrimoine immobilier du ministère des Armées est l’un des plus importants de l’État avec près de 25 millions de m² de surface utile brute, soit 26 % de celui de l’État et 3,1 millions de m² de bureaux, soit 18 % de la surface de bureaux de l’Etat. Constitué pour répondre à des besoins très divers, ce patrimoine se caractérise par une grande hétérogénéité : espaces d’entraînement, casernes, bases aériennes, infrastructures portuaires, industrielles ou logistiques, logements, immeubles de bureaux, de formation ou d’enseignement, lieux de mémoire. En 2020, sa valeur nette comptable s’élevait à 17 Mds€, soit un quart de celle du parc immobilier contrôlé par l’État.

Avec la dissolution de nombreuses unités à partir de 2008, la réorganisation des fonctions de soutien et la rationalisation des implantations, les restructurations alors engagées ont conduit à libérer beaucoup d’emprises. Entre 2006 et 2022, le montant total des cessions du ministère des Armées s’est élevé à 2 Md€ (dont 1 Md€ pour 16 biens situés à Paris), soit 25 % des ventes de l’État, avec deux années très importantes (2009 et 2019), représentant plus de 65 % du montant total pour l’État. Douze biens du ministère des armées (dix d’entre eux sont situés en Île-de-France), vendus pour au moins 20 M€ chacun, représentent un produit de 1,2 Md€, soit 60 % du montant total des cessions depuis 2006.

Les montants des ventes sont marqués par une très forte dispersion du prix des biens cédés. Entre 2006 et 2022, un quart des ventes du ministère des armées est inférieur à 1 400 € (entre 20 € et 13 154 €, selon les années), la moitié à 50 000 € (entre 17 902 € et 130 300 € selon les années) et les trois quarts à moins de 367 000 € (entre 140 275 € et 628 500 €, selon les années).

Par ailleurs, le montant moyen annuel varie fortement selon les régions, comme en témoigne le tableau ci-dessous (chiffres de la période 2006-2022).

Le prix moyen de vente au m², peu élevé au niveau national (22 €), est donc très variable selon les régions. Il est le plus élevé en Île-de-France (171,7€ du m²), tandis que plusieurs régions se distinguent par un prix moyen très bas (Hauts-de-France, 4,8 € ; Grand-Est, 5,7 € ; Centre-Val-de-Loire, 7,5 € ; Bourgogne-France-Comté, 8,2€ ; Occitanie, 10,7 € et Auvergne-Rhône-Alpes, 11,7 €). L’écart entre le prix au m² de l’évaluation et celui de la vente est très important pour certaines régions (Hauts-de-France – 41 % ; Grand-Est – 43 % ; Normandie – 78 % ; Centre-Val-de-Loire – 46 % ; DOM-COM-TOM – 91 %).

Des problèmes d’organisation

Au-delà de ces chiffres, l’avis de la Cour porte:
– sur les études passées auprès de prestataires extérieurs dont un grand nombre n’ont pas été suivies d’effets, tandis que d’autres se sont avérées inutiles ,
– sur les modalités de vente des biens immobilier du ministère des Armées
– et sur l’organisation du ministère en matière immobilière, organisation « confuse et inefficace », qui n’est plus adaptée.

En 2023, une réforme a permis d’améliorer la lisibilité de l’organisation et de ses actions. Cette nouvelle organisation, plus cohérente, ne constitue toutefois qu’une étape dans un processus plus global, puisque la direction des territoires, de l’immobilier et de l’environnement (DTIE) du ministère des Armées a lancé en novembre 2023 un chantier de modernisation de la fonction immobilière, s’inscrivant dans les orientations gouvernementales et celles qui sont portées par la nouvelle loi de programmation militaire 2024-2030.

Des recommandations 

Recommandation n° 1. (SGA) Recenser régulièrement les biens inutiles et les remettre au service des domaines pour en assurer la cession.
Recommandation n° 2. (SGA et DIE) Mettre en place les outils permettant d’identifier a posteriori l’ensemble des coûts grevant une cession et de disposer à terme d’une évaluation a priori pour chaque projet de valorisation immobilière.
Recommandation n° 3. (DGFiP) Recouvrer les compléments de prix exigés et exigibles au titre des cessions à l’euro symbolique de la caserne Ferrié à Laval et de la citadelle d’Arras.
Recommandation n° 4. (DGFiP, DDT) Tirer les conséquences du non-respect par les acquéreurs de la caserne Beaumont-Chauveau à Tours de leurs engagements au titre du dispositif de décote « Duflot ».
Recommandation n° 5. (DGFiP, DTIE, DIE) Mettre en place un suivi particulier et formalisé pour le contrôle de l’application des clauses sauvegardant les intérêts de l’État.
Recommandation n° 6. (SGA, EMA) Définir une stratégie pour la valorisation des actifs immobiliers du ministère (biens potentiellement frappés d’inutilité, déclarés inutiles, remis au domaine …) et définir à l’échelon ministériel un programme de valorisation pour les 5 ou 10 prochaines années.

Le rapport de la Cour est à consulter ici.

L’Ukraine envoie de force des civils au front : la France pourrait-elle enrôler aussi en cas de guerre ?

L’Ukraine envoie de force des civils au front : la France pourrait-elle enrôler aussi en cas de guerre ?

En Ukraine, la mobilisation générale se dessine. Et en France, si l’armée professionnelle ne suffit plus, pourriez-vous aller sur le front ?

En Ukraine, des soldats volontaires sont amenés à un centre de soin, du retour du front.
En Ukraine, des soldats volontaires sont amenés à un centre de soin, du retour du front. (©DIEGO FEDELE / AFP)

1 000 et deux nuit dans la guerre. Le 24 février 2022, la Russie envahissait son voisin ukrainien avec des avions de chasse rutilants, des chars d’assauts pétaradants et une armée professionnelle préparée. En face, dans l’urgence, la nation de Volodymyr Zelensky organisait la riposte avec des moyens américains et européens flambants neufs.

Près de trois ans plus tard, c’est l’usure et l’horreur du conflit qui dominent les esprits. Des milliers de civils ukrainiens sont morts, plus de six millions se sont exilés. Le conflit a fait fondre la population du pays d’un quart. Et le bilan des pertes militaires demeure inconnu.

Qu’importe, les volontaires ne suffisent plus à abreuver le front en hommes. Depuis quelques mois, la nation jaune et bleue oblige les citoyens à embrasser l’uniforme de l’armée, au point d’enrôler de force des civils, comme l’ont montré plusieurs vidéos, comme ici sur BFM. En France, dans une situation de guerre, l’État pourrait-il, lui aussi, nous enrôler ?

Aux armes, (tous les) citoyens ? 

En cas de conflit armé dans lequel la France serait impliquée, l’État pourrait donner l’ordre à une partie de sa population de s’engager dans l’armée. « En pratique, le pouvoir en place pourrait abroger la loi de suspension du service national », détaille Annie Crépin, historienne, spécialiste d’histoire militaire et maîtresse de conférences honoraire de l’université d’Artois, à actu.fr. Cette loi du 28 octobre 1997, souhaitée par Jacques Chirac, annonçait la fin du service miliaire obligatoire.

La mobilisation générale, ça n’existe plus. Mais avec cette abrogation, la France (qui, comme l’Ukraine, ne pourrait se suffire de son armée professionnelle pour mener la guerre) envisagerait de compter sur les citoyens. « Après avoir épuisé tous les volontaires et les réservistes, l’État serait enjoint de puiser dans la population. »

Qui serait concerné ? L’âge, le genre et d’autres conditions seraient encore à définir. Les plus fragiles pourraient-ils se retrouver sur le front ? Les femmes ? Si l’on se fie aux conditions d’accès au service militaire volontaire (SMV), tous les jeunes Français, dès 18 ans, est-il écrit sur le site du gouvernement, pourraient être enrôlés dans l’armée. Et ce, jusqu’à 35 ans.

« Les personnes considérées comme pas assez en formes, les plus âgés et d’autres cas seraient sans doute réformés », tempère tout de même Annie Crépin. Autrement dit, si vous êtes majeur, que vous avez la trentaine ou moins, que vous ne présentez aucune comorbidité, vous pourriez vous retrouver avec une arme à la main.

Brève histoire du service militaire

La conscription, appelée aujourd’hui service milliaire obligatoire, a vu le jour sous le directoire en 1789 avec la loi Jourdan-Delbre. Tous les citoyens âgés de 20 à 25 ans pouvaient servir dans l’armée. Au fil des régimes, la conscription s’est allégée. D’abord en termes de durée, puis de devoir, avant d’être définitivement suspendue en 1997.

Ouf, une (petite) armée existe

Autre paramètre à prendre en compte, avant de vous envoyer au front, comme Candide face aux Bulgares : la France possède une armée régulière. Ce sont les forces opérationnelles qui seront mobilisées les premières, en cas de guerre sur le territoire.

C’est-à-dire, comme le rappelle un rapport parlementaire portant sur le budget 2022 de la Défense, 77 000 hommes de l’armée de terre, 34 000 de la marine et 40 000 de l’armée de l’air et de l’espace. Des troupes professionnelles, avec environ 5 000 réservistes en renfort.

Outre ces prêts, au total, l’armée française, toutes armes, tous métiers confondus, comprenait 269 055 équivalents temps pleins. Trois quarts de ces temps pleins (76,5 %) sont occupés par des militaires, les autres, des civils au service de l’armée.

Côté matériel, la France possède, selon les derniers chiffres disponibles, 222 chars Leclerc, 6 200 blindés à roues et approximativement 3 800 autres véhicules de combat. Avec ceci, 211 avions de combat, 45 avions de chasse et une cinquantaine d’avions de surveillance, sans oublier les neuf sous-marins et un porte-avions. Bref, la France a, en théorie, de quoi se défendre en cas de conflit.

Cependant, pour combien de temps ? Sur le long terme, cette armée professionnelle suffirait-elle pour tenir les fronts, attaquer l’ennemi, ou encore défendre la population ? « L’armée française est une armée américaine en version bonsaï », rappelait sur France Info, Jean-Dominique Merchet, journaliste, spécialiste des questions militaires et stratégiques.

Qui sait recharger un FAMAS ?

Depuis la suspension du service militaire, en 1997, plus personne n’est formé aux maniements des armes, ni à ce que c’est vraiment, une guerre. Avec tout ce qu’elle comporte d’horreur, de froideur et de cynisme. Envoyer un citoyen en première ligne, la fleur fusil, serait considéré comme une hérésie.

« C’est un vrai problème, si on en arrive là », reprend l’historienne, avant d’ajouter : « La Première Guerre mondiale s’est gagnée avec les réservistes. »

Avant de puiser parmi les civils, il existe en effet une réserve militaire constituée de deux composantes. Une réserve citoyenne défense et sécurité (des volontaires agréés par l’armée en raison de leurs compétences et de leur expérience) et une réserve opérationnelle.

En somme, des réservistes avec ou sans expérience militaire, âgés de 17 à 35 ans, qui se sont engagés sur la base du volontariat pour soulager les armées environ 25 jours par an en moyenne, indique le ministère des Armées.

Au total, près de 140 000 personnes sont théoriquement mobilisables, dont 40 000 volontaires de la réserve opérationnelle, peut-on lire sous la plume de Jean de Monicault dans la Revue de Défense Nationale, parue en 2021. Ça en fait du monde, avant de demander aux boulangers, plombiers et banquiers de France de prendre les armes. Mais les chiffres paraissent ridicules face aux 4,5 millions de Français appelés sous les drapeaux en 1939 lors de la Seconde Guerre mondiale.

Évidemment, ces scénarios paraissent improbables. La France, avec 31 autres pays, est membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN). L’article 5 de cette organisation dispose que si un pays est victime d’une attaque armée, chaque membre de l’Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque dirigée contre l’ensemble des membres, peut-on lire sur son site.

Le scénario pourrait devenir envisageable, le jour où la France, pour des raisons politiques, se retrouverait sans l’OTAN, isolée du reste du monde.