Virus Mpox : une nouvelle urgence de santé publique de portée internationale qui doit nous interroger

Virus Mpox : une nouvelle urgence de santé publique de portée internationale qui doit nous interroger

Après une première flambée épidémique en 2022, la Mpox, aussi appelée « variole du singe », sévit à nouveau, obligeant l’OMS à déclencher une urgence de santé publique de portée internationale de manière à coordonner une coopération internationale. Qu’est-ce que la Mpox et quel est son potentiel épidémique ? Que nous dit la multiplication des zoonoses de nos pratiques ? Le point avec le Dr Anne Sénéquier, co-directrice de l’Observatoire de la santé mondiale de l’IRIS, pour qui la Mpox doit nous faire repenser notre approche sanitaire en la poussant sur une approche intégrée et transversale, propre au concept « One Health/Une santé ».

Qu’est-ce que la Mpox ?

Zoonose émergente, la Moox est provoquée par un virus à ADN du genre orthopoxvirus.   Son identification à Copenhague au Danemark en 1958 au sein d’un groupe de singe lui a valu son nom de « variole du singe », une appellation porteuse de fausses informations et à haut risque de stigmatisation, qui a poussé l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à en changer le nom pour « MPox » en 2022. Une nécessité d’autant plus pertinente que l’hôte naturel du virus MPox est en fait un rongeur de l’Afrique équatoriale : le rat de Gambie ou écureuils de forêt. À ce jour, le réservoir animal n’est pas encore formellement identifié, mais une analyse de l’ADN du virus a plutôt révélé des passages multiples chez différents animaux forestiers.

La Mpox provoque fièvre, éruptions cutanées au niveau du visage, mains, pieds, corps et régions génitales, ainsi que des maux de tête, des douleurs musculaires, le tout accompagné d’une fatigue importante. Bénigne dans la majorité des cas, on peut voir apparaitre des complications comme des surinfections cutanées ou des septicémies chez les personnes vulnérables (les personnes immunodéprimées, les femmes enceintes et les jeunes enfants).

La maladie peut se transmettre par voie cutanée, le peau à peau (par l’intermédiaire des pustules et croûtes), par voie sexuelle, et de manière indirecte via le contact de literie et/ou linges contaminés. La transmission aéroportée via les gouttelettes respiratoires d’une personne infectée est également possible.

Il existe deux types de virus Mpox : le clade 1 provenant du bassin du fleuve Congo en Afrique centrale est associé à des symptômes plus sévères (taux de mortalité pouvant aller jusqu’à 10%) et au mode de transmissions interhumaines plus efficace ; le clade 2 provenant d’Afrique de l’Ouest, avec un taux de mortalité plus faible (inférieur à 1%) et à la transmission interhumaine moins efficace.

Quel est le potentiel épidémique de la Mpox ?

En 2022, la flambée épidémique était portée par le clade 2b (un variant du clade 2), ce qui a permis, malgré la forte diffusion du virus, de maintenir un taux de létalité inférieur à 1%. Une épidémie qui avait déclenché une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) devant l’émergence de la pathologie dans 110 pays à travers le monde.

Cette année, cependant, le déclenchement de l’urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) porte bien sur la Mpox, mais sur un variant du clade 1 baptisé « Clade 1b ». Il est donc porteur d’une mortalité (5 à 10%) et d’une contagiosité supérieure à l’épidémie de 2022.

Détectée pour la première fois en 1970 chez l’humain, la Mpox est endémique (présente de manière constante) en République démocratique du Congo depuis une dizaine d’années. Depuis, le nombre de cas ne cesse d’augmenter chaque année. 2024 a marqué une augmentation de +160% par rapport à 2023, alors que nous ne sommes qu’en milieu d’année avec 15 600 cas et 537 décès.

Le Clade 1b est apparu en septembre 2023 au nord-Est de la RDC près de Goma, une région de gangrenée par les conflits depuis le milieu des années 90. On y trouve de nombreux camps de déplacés dans lequel le virus circule déjà.

Au mois de juillet, 90 cas de « Mpox clade 1b » ont été identifiés dans les 4 pays voisins : le Burundi, le Kenya, le Rwanda et l’Ouganda, tout en sachant que de nombreux autres cas sont probablement passés sous les radars de la détection épidémiologique. L’OMS a en conséquence déclenché l’urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) le 14 août dernier.

La déclaration de l’état d’urgence de santé publique de portée internationale (USPPI), permet de coordonner une coopération internationale afin de limiter l’étendue de l’épidémie le plus rapidement possible. Elle a pour objectif de rassembler les différents acteurs et partenaires (Gavi, Unicef, etc.) pour amplifier la réponse vaccinale, en facilitant administrativement et logistiquement le processus de mobilisation des stocks de vaccination. La vaccination contre la Mpox se fait aujourd’hui avec les stocks de vaccination contre la variole humaine, mais également avec un vaccin spécifique à la Mpox approuvé récemment. Une riposte dont le coût initial est estimé à 15 millions d’US$ par l’OMS.

Des cas viennent d’apparaître sur d’autres continents : un en Suède, un autre au Pakistan. Avec une période d’incubation de 5 à 21 jours, il est fort probable de voir apparaitre d’autres cas dans les jours et semaines à venir.

L’appartenance de la Mpox à la famille des orthopoxvirus est à la fois une chance et une difficulté supplémentaire.

Une chance parce que c’est un virus apparenté à l’« orthopoxvirus variola » (la variole) éradiqué en 1980 par une campagne mondiale de vaccination mené par l’OMS. Par conséquent les personnes ayant été vaccinées dans leur enfance contre la variole sont protégées. Ils bénéficient de ce que l’on appelle une immunité croisée : la vaccination contre la variole protège à 85% contre la Mpox, tout en maintenant un taux de reproduction inférieur à 1, ce qui a permis d’éviter jusqu’en 2022 une épidémie à grande échelle.

Mais c’est également une difficulté parce qu’on ne vaccine plus contre la variole depuis les années 1980 (au moment de son éradication). De fait, les personnes de moins de 40-50 ans ne sont pas vaccinées, ce qui entrave de manière évidente l’immunité collective des populations. Nous nous retrouvons au niveau mondial avec une immunité collective diminuée impliquant un potentiel épidémique augmenté.

C’est ce qui explique, entre autres, le nombre croissant de cas annuels en RDC ces dernières années.

Comment lutter contre la Mpox ? Pourquoi observe-t-on autant de zoonoses ces dernières années ? 

La fréquence des épidémies et leur impact dans les populations ne cessent d’augmenter ces dernières années. La Mpox a quitté la lisière des forêts tropicales pour s’étendre d’abord localement, puis jusqu’aux zones urbaines, d’où elles se sont catapultées dans le monde entier.

Depuis 2018, la Mpox s’est exportée depuis le Nigéria (plus grand foyer de population africain) vers le Royaume-Uni, Israël, les États-Unis et Singapour sans être en mesure de donner lieu à des clusters.

En 2022, une première épidémie mondiale avait nécessité de tirer la sonnette d’alarme : déclenchant une USPPI. Entre début 2022 et mi 2023 (fin de l’USPPI), quasi 90 000 cas ont été rapportés dont 147 décès. Nous voilà en 2024 avec un variant plus transmissible et plus virulent, jeté dans notre mondialisation devenue pathogène.

La Mpox est une zoonose, une maladie de la faune sauvage qui a su, à la faveur de l’augmentation des interactions avec l’homme, sauter la barrière de l’espèce.

Cette rencontre du monde sauvage et de notre humanité s’explique par la déforestation massive et la destruction de ces habitats. Un phénomène qui entraîne une perte de biodiversité déstructurant les dynamiques des communautés animales. Le changement d’usage des terres (agriculture dans les forêts à la recherche de terre fertile), l’urbanisation croissante et les conflits aggravent encore les risques de passage de virus de l’animal à l’humain.

Dans le cas de la Mpox, il nous faut superposer à cette dégradation des écosystèmes due aux activités humaines, une diminution de l’immunité croisée par l’arrêt de la vaccination contre la variole suite à son éradication.

On constate ainsi que se protéger des épidémies n’est pas qu’affaire de vaccination et déclaration d’USPPI. Quatre ans seulement après la première pandémie du 21e siècle, la menace que représente la Mpox doit nous faire repenser notre approche sanitaire en la poussant sur une approche intégrée et transversale, propre au concept « One Health/Une santé ».  Celui-ci met en évidence les liens qui unissent la santé humaine, la santé animale et la santé planétaire. Nous ne pouvons pas maintenir une bonne santé publique dans un monde aux écosystèmes dégradés.

Pour véritablement nous protéger des zoonoses (sujet récurrent du 21e siècle), il nous faut donc prendre soin de nos écosystèmes : limiter de la déforestation et de l’agriculture intensive en bordure de forêts ; changement d’usage des terres ; stopper l’urbanisation galopante en zone forestière ; limiter les conflits… vœux pieux mais n’oublions pas qu’ils permettent l’émergence et/ou recrudescence de pathologie (Polio, cholera, Mpox, etc.)

Il faut donc changer notre manière de faire, et veiller à ce que cela soit accompagné d’un changement de comportement/consommation qui sous-tend cette dégradation des écosystèmes. Un challenge qui peut paraître insurmontable, mais a-t-on vraiment le choix ?

À la manière du changement climatique qui s’impose à notre devoir de faire, la protection de nos écosystèmes devient tout aussi urgente.

L’urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) a été créée en 2005. Déclenchée pour la première fois en 2009, elle a été déclenchée 8 fois en 14 ans, avec une petite tendance à être de plus en plus fréquente : Grippe H1N, avril 2009 (continuant en 2010) ; poliovirus, mai 2014 (encore en cours) ; épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, août 2014 ; Zika, février 2016 ; épidémie d’Ebola en Kivu (RDC), juillet 2019 ; Covid-19, janvier 2020 ; Mpox (variole du singe), juillet 2022 ; nouvelle déclaration du Mpox, août 2024…

Un nouvel hôpital militaire sera bien implanté sur le camp militaire de Sainte-Marthe, à Marseille

Un nouvel hôpital militaire sera bien implanté sur le camp militaire de Sainte-Marthe, à Marseille

L’hôpital militaire Laveran

 

par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 18 juin 2024

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2024/06/17/hnia-24706.html


Lors de sa visite à Marseille, pour lancer l’acte II du plan “Marseille en grand “le président de la République, Emmanuel Macron, avait annoncé, le 27 juin 2023, plusieurs mesures concernant les hôpitaux de la ville, et notamment l’avenir de l’hôpital d’instruction des armées (HIA) Laveran, actuellement situé dans le 13e arrondissement. Un nouvel hôpital militaire sera effectivement implanté sur le camp militaire de Sainte-Marthe.

Ce nouvel hôpital, livrable à partir de 2031-2032, constituera le premier élément de la capacité hospitalière militaire rénovée. Conçu pour garantir une capacité opérationnelle résolument tournée vers la prise en charge d’afflux massifs de blessés et la projection opérationnelle de son personnel, il sera un élément essentiel du territoire de santé militaire et s’inscrit pleinement dans le territoire de santé civil des quartiers Nord de Marseille.

Cette nouvelle structure sera donc au service des militaires de la zone de défense Sud mais aussi de l’OTAN. L’hôpital militaire proposera également une offre de soins pour les Marseillais, notamment les habitants des quartiers Nord.

Le budget total pour ce nouvel hôpital est estimé à 300 millions d’euros.

Le 14 juin a été diffusé un avis n° 24-68917 pour la construction de cet hôpital national d’instruction des armées (HNIA); cet avis porte sur la mission d’assistance à maitrise d’ouvrage en commissionnement. Ce marché a pour objet l’assistance du maître d’ouvrage de la phase programme jusqu’à trois années après la réception des travaux pour la mission de commissionnement.

Le projet de HNIA

Le projet consiste à construire un nouvel hôpital national d’instruction des armées (HNIA) de classe 300 (lits ou places) dans les quartiers Nord de Marseille en remplacement de l’HIA Laveran. Ce projet regroupera différentes fonctions : soins, soutiens, restauration, stationnement, hébergement, instruction et crèche, pour une surface estimée à ce stade à 61 000 m² SDO et 3 ans de travaux.

Les ordres de grandeur des surfaces (SDO) envisagées sont d’environ 61 000 m² répartis comme suit
– Fonction Soins – Soutiens : 54 000 m² dont 14 000 m² pour le plateau médicotechnique y compris 14 blocs opératoires, 11 000 m² pour les hospitalisations conventionnelles, 12 000 m² pour les secteurs ambulatoires et autres soins et 17 000 m² pour la logistique, les locaux administratifs et techniques, etc.
– Fonction Restauration : 2 600 m²
– Fonction Hébergements non médicalisés : 1 500 m²
– Fonction Crèche : 1 200 m²
– Fonction formation : 1 600 m

Diên Biên Phù : décès à 99 ans de l’infirmière française Geneviève de Galard

Diên Biên Phù : décès à 99 ans de l’infirmière française Geneviève de Galard


Le président français, Emmanuel Macron, a salué vendredi 31 mai la mémoire de l’infirmière Geneviève de Galard, héroïne de la bataille de Diên Biên Phù qui scella en 1954 la présence coloniale française en Indochine, décédée jeudi à l’âge de 99 ans.

«L'Ange de Diên Biên Phù»

«L’ange de Diên Biên Phu nous a quittés. Infirmière militaire, Geneviève de Galard fit montre, aux pires heures de la guerre d’Indochine, d’un dévouement exemplaire du courage et des souffrances de 15 000 soldats français», a écrit le président sur X. Elle fut la seule femme présente dans l’enfer de Diên Biên Phù, qui tourna au fiasco pour l’armée française face au Viêt-Minh indépendantiste et communiste, devenant un cimetière à ciel ouvert pour 3 400 de ses soldats. Mené de mars à mai 1954, l’affrontement déboucha sur les Accords de Genève qui, en juillet 1954, scellèrent le départ des Français de cette colonie et coupèrent en deux le Vietnam.

Seule infirmière auprès des soldats 

Née à Paris le 13 avril 1925, Geneviève de Galard-Terraube a grandi dans une vieille famille aristocratique. Devenue infirmière, elle signe en 1953 un contrat de convoyeuse de l’air et se porte volontaire pour l’Indochine. L’un des avions d’évacuation sanitaire qu’elle convoyait fut détruit par des tirs en atterrissant à Diên Biên Phu le 28 mars 1954. Durant deux mois, elle demeure sur place, «seule infirmière dans cette nasse tropicale où quinze mille hommes luttaient et mouraient», relève l’Elysée dans un communiqué. La cuvette de Diên Biên Phù devient «l’épicentre du conflit (…) huis-clos de l’histoire sans autre issue qu’une défaite de plus en plus inéluctable», souligne la présidence.

«L’Ange de Diên Biên Phù»

Lorsque le camp retranché français tombe, en mai 1954, les 12 000 soldats français survivants sont faits prisonniers, et Geneviève de Galard rapatriée en France contre sa volonté. Elle s’y retrouve confrontée à une immense popularité. «Que je n’avais jamais ni voulue, ni recherchée. Je n’avais fait que mon devoir», dira-t-elle. Vêtue d’une tenue de parachutiste, elle fait la une des journaux, qui la surnomment «L’Ange de Diên Biên Phù», puis le tour du monde. L’héroïne de 29 ans remontera Broadway à New York sous une pluie de confettis. Sa vie durant, elle continuera à s’occuper des personnes handicapées, en particulier au centre de rééducation des Invalides.

M. Macron a adressé ses «condoléances émues» à son époux le colonel Jean de Heaulme, qu’elle avait épousé en 1956, et à tous les anciens combattants d’Indochine.

Évolution du soutien santé de la Légion étrangère parachutiste de 1948 à nos jours (2015)

Évolution du soutien santé de la Légion étrangère parachutiste de 1948 à nos jours (2015)


                                                                                            Crédit : 2e REP.

Le régiment médical reçoit ses premiers Griffon SAN

Le régiment médical reçoit ses premiers Griffon SAN

 

Deux Griffon SAN sont arrivés début avril au régiment médical de La Valbonne (Ain), actant l’entrée dans l’ère SCORPION d’une unité de l’armée de Terre unique en son genre.

Configurés pour l’évacuation médicale de l’avant, ces premiers Griffon « prennent la relève des mythiques VAB SAN », annonçait le RMED le 4 avril. Plus manoeuvrable, plus confortable, le Griffon SAN offre également une capacité de transport augmentée, une meilleure ergonomie et des moyens de monitoring et de médicalisation lourde, indique l’armée de Terre. 

Dotée d’une table de chargement mobile, la tranche arrière permet l’emport d’un blessé lourd intubé et d’un second blessé sur brancard, ou de quatre blessés légers sur brancard ou encore de deux blessés sur brancard et trois blessés assis. Hormis son matériel médical, la version SAN dispose des équipements communs à l’ensemble du parc de Griffon, dont un tourelleau téléopéré et la suite de systèmes de communication et de protection propres à l’environnement SCORPION. 

Bien que subordonné au commandement de la logistique des forces (COM LOG), le RMED conserve un lien direct avec un Service de santé des armées (SSA) pour lequel il arme et déploie les unités médicales opérationnelles (UMO). Ce SSA percevra 196 Griffon SAN d’ici à 2032 pour équiper ses équipes paramédicales et escouades d’évacuation sanitaire. De quoi entrevoir le retrait des derniers VAB SAN en 2029.

Le Griffon SAN sera à terme complété d’une version sanitaire du Serval véhicule de patrouille blindé. Le premier était qualifié en septembre 2022, le second un an plus tard. « Tardif par rapport au reste du programme SCORPION », le déploiement de ces matériels mériterait d’être accéléré, estimait l’an dernier le sénateur Dominique de Legge dans un rapport d’information sur le SSA. 

Cette accélération du renforcement de la composante terrestre du soutien médical « est d’autant plus indispensable qu’elle constitue la modalité préférentielle d’évacuation dans un contexte de haute intensité », relevait alors le sénateur LR. 

Crédits image : RMED

Au Sahel, opération rime de nouveau avec externalisation

Au Sahel, opération rime de nouveau avec externalisation


Le ministère des Armées cherche à doter ses forces présentes au Tchad d’une capacité de récupération et d’évacuation médicale héliportée, lancement d’une consultation à la clef. 

Un millier de militaires français sont toujours à pied d’oeuvre au Sahel, tous basés au Tchad après les retraits successifs du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Un contingent aux moyens aériens limités et auprès duquel sera donc peut-être affrété un hélicoptère chargé de conduire des missions de récupération de personnel isolé en zone permissive et d’évacuation médicale (MEDEVAC).

Les besoins exprimés ? Une aptitude à opérer dans un rayon de 800 km à vide ou de 400 km avec une charge de 1 tonne. De quoi, dans le premier cas, couvrir l’essentiel d’un pays grand comme deux fois la France métropolitaine au départ de N’Djamena. Mais aussi un appui disponible 24/7 pour une alerte fixée à une heure, délai éventuellement réduit à 30 minute sur décision de la force. L’appareil devra pouvoir opérer à partir de terrains sommaires non reconnus. 

Conduite par le Service du commissariat des armées (SCA), la procédure n’en est qu’à une phase de consultation mais pourrait déboucher sur la notification d’un accord-cadre au troisième trimestre 2024. Montant maximal estimé de l’opération : plus de 18 M€ par an pour 800 heures de vol, ou 127 M€ pour les sept années que pourrait durer le marché. 

Ce type de service, l’Agence européenne de défense (AED) en propose un similaire depuis 2019. La Belgique, l’Allemagne, l’Autriche, la République tchèque, les Pays-Bas et la Facilité européenne de paix (FEP) sont bénéficiaires du dernier contrat AIRMEDEVAC signé l’an dernier pour 140 M€, mais pas la France. Les deux premiers y ont eu recours à une centaine de reprise entre 2020 et 2023 lors de leurs déploiements au Niger. 

Moins médiatisée que sous l’ère Barkhane, la présence française au Sahel se poursuit au travers du partenariat militaire opérationnel construit avec l’armée tchadienne. Début mars, les FFS et leurs partenaires locaux ont conduit l’exercice BODOLEX, manoeuvre entamée avec la projection par air d’un poste de commandement tactique et d’un sous-groupement tactique interarmes dans la zone de Faya-Lagueau, dans le nord du pays. 

Crédits image : EMACOM

23 véhicules Griffon et 22 véhicules Jaguar livrés en 2023

23 véhicules Griffon et 22 véhicules Jaguar livrés en 2023

par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 6 février 2024

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


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Petit point de production.

Le groupement momentané d’entreprises (GME) engin blindé multi rôles (EBMR), composé de Nexter, Thales et Arquus, a livré, l’an dernier, 123 véhicules Griffon et 22 véhicules Jaguar à la Direction générale de l’armement (DGA).

Le GME EBMR a notamment assuré en 2023 les premières présentations de Griffon Sanitaire (SAN) destinés au Service de santé des Armées. Dix exemplaires de cette version, qualifiée en 2022, seront livrés aux forces au cours du premier trimestre.

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Par ailleurs, la DGA a qualifié, le 16 juin 2023, la version Véhicule d’Observation d’Artillerie (VOA) du Griffon et le 3e régiment d’artillerie de marine (3e RAMa) a perçu ses premiers exemplaires. Le Griffon VOA remplace le VAB OBS. Une quinzaine d’exemplaires ont été livrés.

Ces livraisons portent le total des véhicules livrés depuis 2019 à 575 Griffon et 60 Jaguar.

Pourquoi un hélicoptère français a été transporté en Guyane dans un avion de transport militaire belge ?

Pourquoi un hélicoptère français a été transporté en Guyane dans un avion de transport militaire belge ?

par Gaétan Powis – Air & Cosmos – publié le 04 décembre 2023

https://air-cosmos.com/article/pourquoi-un-helicoptere-francais-a-ete-transporte-en-guyane-dans-un-avion-de-transport-militaire-belge-68025


Un hélicoptère Puma de l’Armée de l’Air et de l’Espace a été transporté depuis Paris vers la Guyane française dans la soute d’un avion de transport A400M de la Composante air belge. Si cela peut paraitre étrange, ce n’est pas la première fois qu’un Puma de l’AAE était transporté en Guyane via un avion de transport étranger. La réponse se trouve dans une coopération européenne des moyens de transport aériens militaires : l’EATC.


Un transport belge vers la Guyane

Le 20 novembre dernier, l’avion de transport A400M CT-04 de la Composante aérienne belge décollait de sa base de Melsbroek (Bruxelles, Belgique). L’appareil s’est alors dirigé sur Paris, et plus précisément, sur la base aérienne 107 de Villacoublay (Paris, France). Après un arrêt de quatre heure, l’avion de transport a redécollé vers les Canaries, avant de filer vers la Guyane français en Amérique du Sud. L’avion belge est utilisé au profit de l’Armée de l’Air et de l’Espace car il transporte un hélicoptère de transport moyen SA.330 Puma de l’AAE, chargé dans l’avion à Villacoublay. 

Utilisé au sein de l’escadron d’hélicoptères outre-mer (EHOM 68), cet hélicoptère assure notamment des missions de protection du centre spatial guyanais, de soutien à la lutte contre l’orpaillage illégal ou encore de secours aux populations.

 

 

Après un arrêt à Villacoublay pour charger le Puma, l'A400M belge se dirige vers le Sud avant de se rendre en Guyane.
Après un arrêt à Villacoublay pour charger le Puma, l’A400M belge se dirige vers le Sud avant de se rendre en Guyane. © Air&Cosmos, ADS-B

Pourquoi un A400M belge ?

Depuis le 27 novembre 2023, l’Armée de l’Air et de l’Espace détient une flotte de 22 A400M. L’un de ces appareils pouvait être utilisé pour effectuer ce transport mais les besoins de transport aérien des Forces armées françaises ne permettait probablement pas le déploiement d’un Atlas français en Guyane et ce, durant trois jours. Une option existe : le Commandement européen du transport aérien (European Air Transport Command, EATC). Créé en 2010, ce commandement a pour objectif d’augmenter l’efficacité du transport aérien militaire et du ravitaillement en vol. Au total, 7 pays participent à cette initiative européenne, regroupant plus de 150 appareils de transport :

  • l’Allemagne
  • la Belgique
  • l’Espagne
  • la France
  • l’Italie
  • le Luxembourg
  • les Pays-Bas
  • En plus des appareils des forces aériennes des pays participants, l’EATC peut aussi utiliser les A330 MRTT de la Multinational MRTT Unit (MMU).

Gagnant-gagnant

Ainsi, lorsqu’un pays émet un besoin, l’EATC peut connaitre les appareils disponibles en fonction des besoins du pays demandeur. Par exemple, en décembre 2018, un avion de transport tactique A400M de la Luftwaffe transportait déjà un autre Puma de l’AAE vers la Guyane française. Cette coopération franco-allemande, via l’EATC, était un véritable pari gagnant pour les deux pays, l’Allemagne devant justement transporter une délégation officielle en Argentine. Inutile de préciser l’utilité de l’EATC lors d’opérations de grande envergure. Le vol d’un avion de transport tactique A400M ou C-130 Hercules chargé de fret en palettes peut alors être optimisé avec une armée d’un État partenaire en ajoutant du fret supplémentaire ou même des personnels sur les sièges. L’idée est la même pour les avions ravitailleurs, avec la possibilité de planifier des ravitaillements alors qu’un ravitailleur était déjà mobilisé mais avec un potentiel d’utilisation faible.

Dernier point tout aussi important de l’EATC : l’évacuation médicale. Ce commandement comprend le Centre de contrôle d’évacuation aéromédicale (Aeromedical Evacuation Control Center). Celui-ci regroupe des médecins et infirmiers de vol qui analysent les demandes d’évacuation de patients afin de sélectionner l’appareil le plus adéquat en fonction de la pathologie de ce dernier. En près de 13 ans d’existence, l’EATC a ainsi transporté par moins de 15.000 patients, issus de 74 pays différents, en ce compris un grand nombre d’évacuation durant la pandémie de COVID et plus récemment, pas moins de 300 patients transportés depuis le début de l’invasion de l’Ukraine.

Décembre 2018 : arrivée en Guyane d'un hélicoptère Puma de l'AAE à bord d'un A400M de la Luftwaffe.
Décembre 2018 : arrivée en Guyane d’un hélicoptère Puma de l’AAE à bord d’un A400M de la Luftwaffe. © EATC

Des “antennes de chirurgie avancée” déployées au profit des blessés de Gaza?

Des “antennes de chirurgie avancée” déployées au profit des blessés de Gaza?

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 3 novembre 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


Dans l’entretien qu’il a accordé jeudi soir à France Info, le ministre des Armées a déclaré que “nous serons en mesure aussi peut-être de déployer des éléments de notre médecine militaire” (photo EMA). Et Sébastien Lecornu d’ajouter que “le service de santé des armées dispose d’antennes de chirurgie avancée, par exemple, avec une bonne expertise des blessures de guerre. C’est autant d’objets de moyens que la France met sur la table”.

Antennes de chirurgie avancée?

Le ministre parlait-il de “l’antenne de réanimation et de chirurgie de sauvetage (ARCS)”?
Déployable en trois heures, l’ARCS dispose de 48 heures d’autonomie pour son matériel de santé et offre une capacité de prise en charge de 16 blessés. Elle remplace progressivement l’ACA (Antenne chirurgicale aérotransportable, rôle 2 Otan).
Comme l’expliquait le SSA en 2022, “l’ARCS est complémentaire du poste médical opérationnel de niveau 1, mais également des soins effectués sur le terrain. Son effectif est de 12 militaires, dont trois chirurgiens pour chaque partie du corps (tête et cou, viscéral digestif, orthopédique), d’un médecin anesthésiste-réanimateur, deux infirmiers anesthésistes, deux infirmiers de bloc opératoire et quatre infirmiers de soins généraux. Un sous-officier administratif appuie également le dispositif. Déployée sous quatre tentes de 200 m² au total, dont l’ergonomie a été étudiée et l’espace optimisé afin de faciliter les déplacements, l’ARCS dispose d’une zone de triage, d’une zone de mise en condition du blessé, d’un bloc opératoire et d’une zone de réanimation”.

Ou bien parlait-il de l’EMR (élément militaire de réanimation) déployé à Mulhouse pendant la pandémie (voir mon post de 2020)?
L’EMR-SSA est une structure médicale modulaire sous tente, armée par du personnel médical des armées, et dont la capacité est de 30 lits de réanimation. L’EMA expliquait en mars 2020 que “l’EMR (élément militaire de réanimation) est constitué à partir d’éléments habituellement maintenus en réserve pour déployer des antennes médico-chirurgicales en opérations extérieures, pour des actes de soins de chirurgie de combat lourds nécessitant une configuration particulière. La mise en place de cet EMR consiste à reconfigurer la structure afin de l’adapter au besoin spécifique du COVID-19 (réanimation, ventilation).”

ESCRIM?

La France dispose de plusieurs types de structures médicales projetables. Outre celles des Armées, il existe aussi celle de la Sécurité civile: l’élément de sécurité civile rapide d’intervention médicale (ESCRIM). Sa plus récente intervention a eu lieu en Libye, en septembre, et avant en Turquie, en février 2023.
Aérotransportable, cet équipement est déployé dans le cadre des missions internationales de secours d’urgence à la suite de catastrophes naturelles, technologiques ou sociales. “Autonome sur le lieu de sa projection, il développe une activité médicochirurgicale et obstétricale dans une structure de 1000 m² de tentes pour une durée de 2 à 8 semaines“, précise la Sécurité civile. Soixante quinze personnes servent dans cette structure: médecins, pharmaciens, infirmiers, auxiliaires sanitaires et logisticiens. 

Le MEAE aux manettes.

Quelle que soit la structure qui sera éventuellement déployée, c’est le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères qui est à la manoeuvre initiale puisqu’il faut négocier avec un pays d’accueil l’arrivée de ces moyens et les modalités de leurs missions. Le MEAE est en contact avec l’Egypte sur le sujet global de l’aide française à Gaza. Déjà deux avions ont acheminé de l’aide et d’autres vont suivre. Si le déploiement d’antennes médicales est décidé après un feu vert égyptien, les Armées et éventuellement l’Intérieur mobiliseront leurs moyens comme prestataires de services.

Tchad. Attaqué, un militaire français se défend et tue un soldat tchadien qu’il soignait

Tchad. Attaqué, un militaire français se défend et tue un soldat tchadien qu’il soignait

Un infirmier militaire français a tué, mardi 5 septembre 2023, un soldat tchadien, dans une base des forces françaises, au Tchad. Il aurait répliqué suite à l’attaque soudaine du soldat, initialement venu pour se faire soigner.

L’infirmier agressé a sorti son arme à feu et a tiré sur le soldat tchadien.
                          L’infirmier agressé a sorti son arme à feu et a tiré sur le soldat tchadien. | DAPHNÉ BENOIT / AFP

Le soldat tchadien, venu pour qu’on lui prodigue des soins à la base militaire de l’armée française, « a pris un scalpel et a blessé un infirmier militaire français », a expliqué à nos confrères de l’AFP le général Ali Maïde Kebir, gouverneur de la région du Borkou. L’infirmier a donc fait usage de son arme à feu en tirant sur son agresseur. Celui-ci est décédé des suites de ces tirs.

Manifestation des habitants de Faya près de la base

« On ne connaît pas les raisons de l’attaque. L’infirmier a reçu trois coups de scalpel au thorax, à la tête et au cou, mais son état est stabilisé », a confirmé, sous couvert de l’anonymat, un responsable des Forces françaises au Sahel basées à N’Djamena mais qui disposent d’une base à Faya-Largeau abritant 40 militaires. Il assure que l’infirmier avait « dû se défendre ».

Une enquête est en cours entre les armées tchadienne et française pour déterminer les circonstances de « l’incident », selon le général Maïde Kebir. Le gouverneur a indiqué que la mort du soldat tchadien a provoqué une manifestation d’une partie de la population de Faya, devant l’entrée de la base. La foule a tenté d’y pénétrer, « sans succès », avant de se disperser « à la tombée de la nuit ».