Au Sahel, opération rime de nouveau avec externalisation

Au Sahel, opération rime de nouveau avec externalisation


Le ministère des Armées cherche à doter ses forces présentes au Tchad d’une capacité de récupération et d’évacuation médicale héliportée, lancement d’une consultation à la clef. 

Un millier de militaires français sont toujours à pied d’oeuvre au Sahel, tous basés au Tchad après les retraits successifs du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Un contingent aux moyens aériens limités et auprès duquel sera donc peut-être affrété un hélicoptère chargé de conduire des missions de récupération de personnel isolé en zone permissive et d’évacuation médicale (MEDEVAC).

Les besoins exprimés ? Une aptitude à opérer dans un rayon de 800 km à vide ou de 400 km avec une charge de 1 tonne. De quoi, dans le premier cas, couvrir l’essentiel d’un pays grand comme deux fois la France métropolitaine au départ de N’Djamena. Mais aussi un appui disponible 24/7 pour une alerte fixée à une heure, délai éventuellement réduit à 30 minute sur décision de la force. L’appareil devra pouvoir opérer à partir de terrains sommaires non reconnus. 

Conduite par le Service du commissariat des armées (SCA), la procédure n’en est qu’à une phase de consultation mais pourrait déboucher sur la notification d’un accord-cadre au troisième trimestre 2024. Montant maximal estimé de l’opération : plus de 18 M€ par an pour 800 heures de vol, ou 127 M€ pour les sept années que pourrait durer le marché. 

Ce type de service, l’Agence européenne de défense (AED) en propose un similaire depuis 2019. La Belgique, l’Allemagne, l’Autriche, la République tchèque, les Pays-Bas et la Facilité européenne de paix (FEP) sont bénéficiaires du dernier contrat AIRMEDEVAC signé l’an dernier pour 140 M€, mais pas la France. Les deux premiers y ont eu recours à une centaine de reprise entre 2020 et 2023 lors de leurs déploiements au Niger. 

Moins médiatisée que sous l’ère Barkhane, la présence française au Sahel se poursuit au travers du partenariat militaire opérationnel construit avec l’armée tchadienne. Début mars, les FFS et leurs partenaires locaux ont conduit l’exercice BODOLEX, manoeuvre entamée avec la projection par air d’un poste de commandement tactique et d’un sous-groupement tactique interarmes dans la zone de Faya-Lagueau, dans le nord du pays. 

Crédits image : EMACOM

Orion: quand l’externalisation n’est plus un vilain mot

Orion: quand l’externalisation n’est plus un vilain mot

 

par Philippe Chapleau – Ligne de défense – publié le 3 février 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


HEMEX Orion (voir mon post), le grand exercice militaire de 2023, vise à “entraîner les armées françaises dans un cadre interarmées et multinational, sur un scénario pouvant aller jusqu’à la haute intensité, qui implique une coordination multi-milieux et multi-champs avec l’ensemble des domaines émergents (influence, supériorité informationnelle, cyber…)”.

Orion va intégrer des entreprises privées qui ont contribué à son élaboration ou qui prendront part à son déroulement. Ces externalisations restent limitées mais elles méritent d’être signalées.

Ainsi, la phase 3 d’HEMEX Orion porte sur les “travaux civilo-militaires“. Cette phase, qui aura lieu de la mi-mars à la fin mars, s’articule autour de 5 thèmes:
1) soutien civil à l’engagement des armées via des acteurs publics et privés,
2) droit et normes: les contraintes,
3) RH et réserves,
4) rétroaction sécuritaire sur le territoire national,
4) communication et lutte informationnelle. 

Le thème 1 est indiscutablement lié au concept d’externalisation. Il reconnaît la nécessité d’un soutien civil aux armées engagées dans l’exercice mais aussi, dans une perspective plus large, dans toute opération qu’elle soit de haute intensité ou pas. Ce soutien, comme l’a bien rappelé un général de la division Emploi des forces lors d’un briefing de 2022, concerne l’apport des acteurs publics et privés. Ces derniers disposent d’équipements et offrent des prestations que ce soit dans le transport, le stockage, l’énergie, la restauration, le logement, le génie civil et même l’assistance médicale. Et, comme en témoignent de nombreux posts sur ce blog, de nombreuses armées ne rechignent pas à utiliser ces capacités… 

ORION, d’autres externalisations

Pour l’élaboration du scénario, le ministère français des Armées a fait appel à une société canadienne, Calian, qui fournit “des solutions de simulation et d’entraînement pour les forces armées” et qui est “spécialisée dans la simulation de situations de haute intensité”. Calian est donc à ce titre une ESSD: une entreprise de services de sécurité et de défense.

Une société française, Crisotech (filiale de Deveryware), a été retenue, quant à elle, pour l’animation de l’environnement opérationnel dans les phases 3 et 4 d’Orion. Sa GREY CELL, composée d’une douzaine d’experts, sera chargée de “simuler les organisations gouvernementales d’Arnland”, pays qui va donc être attaqué et en partie envahi, ce qui provoquera des mouvements de réfugiés, des déplacés et des prisonniers de guerre. 
Crisotech animera aussi l’exercice AsterX 2023 (le premier date de 2021) qui se tiendra en parallèle d’Orion et qui contribuera de nouveau à l’entraînement du commandement de l’Espace.

Enfin, lors de la phase 2, l’exercice verra la participation d’une force adverse (FORAD), armée par des unités françaises et alliées, dimensionnée en conséquence. L’ESSD ARES (ex-SDTS) sera engagée avec ses avions lors de cette phase d’actions aéronavales en Méditerranée.  ARES fournira des plastrons.

La log à la peine.

De récents déboires en Roumanie (voir mon post) ont démontré le manque de moyens des forces armées en matière de restauration, hébergement etc. Comment va-t-on accueillir, nourrir, loger, les milliers de soldats déployés dans l’est de la France en particulier? Pour les logisticiens et le Commissariat, c’est un casse-tête dont certains cadres n’hésitent pas à faire part. Le COM LOG pourrait ainsi envisager de sous-traiter certaines fonctions de transport (carburant entre autres).

Le Commissariat des Armées dévoile la nouvelle chaussure de combat « zone tempérée »

Le Commissariat des Armées dévoile la nouvelle chaussure de combat « zone tempérée »

http://www.opex360.com/2022/10/09/le-commissariat-des-armees-devoile-la-nouvelle-chaussure-de-combat-zone-temperee/


 

Plus de trois ans après, dans le dernier numéro de son magazine interne « Soutenir », le Commissariat des Armées a dévoilé le nouveau modèle de chaussure de combat que son centre interarmées du soutien équipements [CIEC] a retenu pour la « zone tempérées ».

Ainsi, selon la description qui en est faite, le modèle retenu est « totalement étanche et particulièrement robuste », tout en promettant un « confort renforcé ». En outre, il est « adapté l’aéro-cordage et au saut en parachute » ainsi qu’aux marches quotidiennes de plus de dix kilomètres et à celles, « exceptionnelles », de cinquante kilomètres.

L’accent a été mis sur le confort « thermique » puisque, explique le Commissariat des Armées, le but est et de « garder le pied au sec, même après une journée passée sur des terrains humides, boueux ou enneigés », voire de « dépasser les 72 heures de port ininterrompues, en cas de nécessité opérationnelle ».

Ces chaussures de combat pour milieu tempéré, au coloris « coyote », seront distribuées par Haix [60%] et Meindl [40%]. En tout cas, elles ne s’inspirent pas du « Brodequin de marche à jambière attenante » [ou Rangers], qui ont disparu du paquetage à partir de 2008… En revanche, pour la Marine nationale, le CIEC est revenu aux sources en relançant la production des « mythiques mi-bottes » du marin.

« Entre tradition et modernité, le logo d’origine a été conservé afin de respecter la symbolique, tout en améliorant les qualités techniques et ergonomiques du modèle, pour que la mi-botte soit conforme aux exigences des armées », explique Soutenir.

Ces mi-bottes seront fabriquées à la main, par un maître bottier, au sein de la société « Le Chameau« . « Tous les personnels embarqués sur des bâtiments de surface pourront les percevoir », précise le Commissariat des Armées.