Face à la menace russe, l’armée de terre française muscle sa logistique

Face à la menace russe, l’armée de terre française muscle sa logistique

L’armée de terre va participer à plusieurs exercices d’envergure sur le flanc est de l’Europe. La France veut montrer à ses alliés ses capacités de projection.

Par Clément Machecourt – Le Point –

https://www.lepoint.fr/monde/face-a-la-menace-russe-l-armee-de-terre-francaise-muscle-sa-logistique-10-10-2024-2572354_24.php


 

Rentrée studieuse pour l’armée de terre française. Son chef d’état-major (Cemat), le général Pierre Schill, a dressé, vendredi 4 octobre à Lille, les grandes lignes du programme qui attend les quelque 130 000 soldats français dans les mois et les années à venir. Le lieu n’a pas été choisi au hasard. C’est dans la ville du Nord que se trouve le Commandement Terre Europe (CTE) et le Commandement de la Force et des opérations terrestres (CFOT). Deux états-majors qui regardent désormais en grande partie vers l’est de l’Europe.

Un engagement important de nos forces est devenu une hypothèse crédible, a prévenu le général Schill, avec une « menace russe présente pour les années à venir à l’est de notre continent ». L’armée française doit être prête à la fois à intervenir « ce soir » tout en préparant les engagements du futur. La LPM de 2024-2030 et ses 413 milliards d’euros pour les armées, permet d’envoyer un premier message de volonté aux alliés et pays compétiteurs de la France.

Une brigade déployée en dix jours

Expérience du combat, force morale présente, polyvalence… Le Cemat a listé les différents points forts de l’armée de terre, qui doit maintenant gagner en réactivité et passer à une autre échelle d’engagement et de projection de force. Dans le cadre de l’exercice Dacian Spring, c’est une brigade interarmes (7 000 à 8 000 soldats) « bonne de guerre », c’est-à-dire tout de suite apte au combat et capable de tenir dans la durée, qui sera déployée en 10 jours sur le sol roumain en avril 2025.

Cela représente un effort logistique conséquent, avec 1 500 conteneurs qui, mis bout à bout, forme un convoi ferroviaire long de neuf kilomètres. « Un jour de combat, c’est une consommation de 80 conteneurs, dont 20 rien que pour les munitions », détaille le Général Guillot, adjoint au CTE.

En 2022, sept jours seulement après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la France avait déployé le Sparhead Battalion de la force de réaction rapide de l’Otan en Roumanie, composée de 500 Français et 300 Belges. Une vingtaine de rotations d’Antonov 124, plus gros avion du monde, trois de KC130 et trois d’A330 MRTT avaient été nécessaires. Depuis, 2 500 militaires de la mission Aigle sont relevés tous les quatre mois, et 500 véhicules par an. Une année de logistique représente 36 vols pour transporter le personnel, 10 vols, 35 trains et 25 convois routiers pour le fret.

L’importance du fret ferroviaire

Un transport multimodal qui, malgré la menace russe, connaît encore quelques ratés. À l’image de contrôles douaniers tatillons de la part d’un pays voisin de la France, obligeant, pour une histoire de tampon mal placée, à faire descendre un char Leclerc de son wagon porte-char. L’Union européenne a investi 1,7 milliard d’euros dans la création d’un « Schengen militaire », pour permettre le déplacement rapide de troupes d’ouest en est sans les tracasseries administratives de chaque pays traversé.

En Roumanie, c’était un pont trop fragile qui imposait il y a peu encore les convois blindés français à faire un détour de plusieurs heures avant d’atteindre leur base. Signe de l’importance d’un bon réseau ferroviaire, la Finlande, arrivée dans l’Otan en 2023, songe à remplacer l’écartement russe de 1 520 mm d’une de ses voies de chemin de fer pour passer à un écartement standard de 1 453 mm.

Pikne, Diodore, Hedgehog, le cahier d’exercices chargé de l’armée française

Au-delà de l’échéance de Dacian Spring, d’autres exercices vont ponctuer le calendrier déjà chargé de l’armée française, afin de travailler l’interopérabilité avec ses alliés. Le nord de la mer Baltique sera, en décembre 2024, le théâtre de l’exercice Pikne mené au côté des forces britanniques et estoniennes. Des tirs interarmes, commandés depuis des PC en France, seront effectués sur terre, mais également depuis des frégates et des avions en appui air-sol.

Mars 2025, l’exercice Diodore devra démonter les capacités du Commandement des actions dans la profondeur et du renseignement (Capr). Créé en 2024, il vise à mener des actions dans la profondeur de l’ennemi au niveau corps d’armée ou division entre 30 et 500 km. En avril, l’exercice Hedgehog en Estonie enverra un autre bataillon français dans le cadre de la mission lynx. Enfin, en juin, Warfighter, entraînera la 1ʳᵉ division française au côté d’un corps d’armée américain. Mis bout à bout, ces exercices envoient des signaux stratégiques à la Russie, visant à la dissuader d’aller plus en avant contre l’est de l’Europe. Pour « gagner la guerre avant la guerre », l’armée française espère pouvoir déployer une division (environ 25 000 soldats) en 30 jours en Europe de l’Est dès 2027.

Cour des comptes : La disponibilité des aéronefs militaires s’améliore… mais pas assez au vu des moyens engagés

Cour des comptes : La disponibilité des aéronefs militaires s’améliore… mais pas assez au vu des moyens engagés


En 2018, la disponibilité de certaines flottes d’aéronefs étant encore très insuffisante au regard des contraintes et de l’activité opérationnelle, le ministère des Armées prit le taureau par les cornes en lançant une vaste réforme du Maintien en condition opérationnelle Aéronautique [MCO Aéro], sur la base des recommandations faites par l’ingénieur général hors classe de l’armement Christian Chabbert.

L’une des mesures prises consista à remplacer la Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques du ministère de la Défense [SIMMAD] par la Direction de la Maintenance aéronautiques [DMAé]. Placé sous l’autorité directe du chef d’état-major des armées [CEMA], cet organisme est désormais chargé d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies en matière de MCO Aéro, afin d’accroître la disponibilité des aéronefs à un coût maîtrisé.

Pour cela, la DMAé a entrepris de simplifier le MCO en confiant tous les marchés relatifs à la maintenance d’un flotte d’aéronefs à un prestataire unique tout en lui assignant des objectifs de disponibilité, dans le cadre de contrats dits « verticalisés ».

Cette réforme a-t-elle produit les effets escomptés ? Les chiffres relatifs à la disponibilité technique des aéronefs étant désormais confidentiels, comme, d’ailleurs, les indicateurs sur l’activité des forces que l’on pouvait trouver dans les « bleus budgétaires » [c’est-à-dire les projets annuels de performance], il est compliqué de se faire une idée.

À moins de se contenter de quelques ordres de grandeur concernant certaines flottes. Ainsi, l’an passé, le général Stéphane Mille, alors chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [CEMAAE] avait confié, lors d’une audition parlementaire, que la disponibilité de l’aviation de chasse [Rafale et Mirage 2000] avait « globalement » augmenté de 3 % en 2023 tandis que celle des autres flottes [avions de transport, hélicoptères et drones] accusait une « légère baisse ».

Dans un référé publié ce 10 septembre, et bien que n’étant pas autorisée à rendre publics les taux de disponibilité des aéronefs, la Cour des comptes a donné un aperçu des résultats obtenus par le ministère des Armées en matière de MCO Aéro entre 2018 et 2023.

Ainsi, si elle dit avoir « observé à l’occasion de son contrôle une amélioration de la performance du MCO aéronautique, qui se traduit par une meilleure disponibilité de plusieurs flottes stratégiques d’aéronefs depuis 2018 », la Cour des comptes estime cependant que ces progrès, « réalisés au prix d’un accroissement significatif des moyens budgétaires » [4,7 milliards d’euros en 2022, ndlr], sont « insuffisants au regard des besoins opérationnels » étant donné que les volumes d’heures de vol et les indicateurs de performances des documents budgétaires » demeurent encore, « chaque année, en deçà des objectifs fixés par les armées ».

L’enquête menée par la Cour des comptes ne remet pas en cause les contrats verticalisés. En revanche, elle souligne qu’il existe des « marges de progrès importantes en matière de productivité et de compétitivité » au sein du Service industriel de l’aéronautique [SIAé].

Rattaché à l’armée de l’Air & de l’Espace, le SIAé est le « garant de l’autonomie de la France sur le MCO Aéronautique », en apportant une « logique de performance industrielle grâce à des méthodes innovantes », explique le ministère des Armées.

Certes, les Cour des comptes reconnaît que le SIAé a engagé des actions afin d’améliorer sa performance… Pour autant, poursuit-elle, « ses ateliers restent souvent engorgés par les flottes d’aéronefs les plus problématiques ». Et d’ajouter : « La production stagne depuis 2018 malgré l’augmentation des effectifs » tandis qu’il « n’existe pas d’indicateur fiable permettant de mesurer [sa] productivité. En outre, « peu de synergies ont été développées entre ses cinq ateliers [*], dont les pratiques restent hétérogènes ».

Selon le ministère des Armées, le SIAé emploie 5000 personnes [dont 83 % de personnels civils] et recrute plus de 400 opérateurs, techniciens et ingénieures tous les ans.

Parmi les mesures qu’elle préconise, la Cour des comptes soutient que la « transformation » du SIAé doit se poursuivre en prenant modèle sur « la réorganisation et les évolutions managériales menées à bien dans les centres d’essais de la DGA », lesquels « sont notamment parvenus à mutualiser leurs fonctions support et augmenter leurs heures productives ».

Par ailleurs, la Cour des comptes a également évoqué les difficultés du projet BRASIDAS. Confié en 2018 par la Direction générale de l’armement [DGA] à Sopra Steria, il doit permettre de réunir toutes les informations sur les activités de maintenance sur les différentes flottes d’aéronefs au sein d’un seul système d’informations [il en existait alors plus de 80]. Un audit de ce projet est d’ailleurs actuellement mené par le Contrôle général des armées.

« La Cour a constaté que la réalisation de la première étape de BRASIDAS accusait déjà un retard de deux ans par rapport au calendrier initial et se heurtait à des difficultés importantes, notamment liées à la reprise des données de certaines flottes et à la maturité du principal composant technique de la solution », lit-on dans le référé. Aussi recommande-t-elle de tirer toutes les conséquences sur la conduite de ce projet une fois que l’audit dont il fait l’objet sera terminé.

[*] Ateliers industriels de l’aéronautique [AIA]

Des hauts gradés de l’armée seront jugés à partir du 9 septembre pour favoritisme et corruption

Des hauts gradés de l’armée seront jugés à partir du 9 septembre pour favoritisme et corruption

L’affaire avait été détaillée notamment par Radio France et Disclose : des militaires et leur prestataire vont être jugés dès lundi.

Par AFP – Paris – Normandie –

https://www.paris-normandie.fr/id557116/article/2024-09-07/des-hauts-grades-de-larmee-seront-juges-partir-du-9-septembre-pour-favoritisme


Plusieurs hauts gradés de l’armée française et un de ses principaux sous-traitants pour la logistique des opérations extérieures (Opex) doivent être jugés à partir de lundi 9 septembre 2024 devant le tribunal correctionnel de Paris pour des soupçons de corruption et de favoritisme.

Parmi les prévenus figurent huit militaires, au premier rang desquels l’ancien chef d’état-major du Centre du soutien des opérations et des acheminements (CSOA), le colonel Philippe Rives, qui doit comparaître pour favoritisme, corruption passive, violation du secret professionnel et prise illégale d’intérêts.

Un ancien commandant du CSOA, le général Philippe Boussard, un lieutenant-colonel du Commandement des opérations spéciales (COS), Christophe Marie, et le président de la société International Chartering Systems (ICS), Philippe de Jonquières, seront également sur le banc des prévenus.

Ils sont soupçonnés, à des degrés divers, d’avoir participé dans les années 2010 à une opération ayant permis à ICS – qui comparaît comme personne morale – d’être favorisée dans l’attribution de plusieurs marchés de logistique, notamment concernant le transport aérien, pour des Opex de l’armée française.

Des contrats se chiffrant en centaines de millions d’euros

L’histoire a démarré en 2016 par un rapport de la Cour des comptes étudiant les Opex françaises, dont leur logistique. Faute de solution tricolore, entre des Transall vieillissants ou des A400M à la livraison retardée, l’armée française a eu régulièrement recours aux « très gros porteurs russes ou ukrainiens », notamment des Antonov 124, « une ressource rare au niveau mondial », comme le rappelaient les magistrats de la rue Cambon.

Comment ? Principalement via deux prestataires extérieurs, l’agence de soutien de l’Otan Salis et le logisticien privé ICS, vieux compagnon de route de l’armée française, pour des contrats se chiffrant en centaines de millions d’euros.

Outre des doutes sur leur avantage stratégique, la Cour des comptes s’interrogeait sur le surcoût des prestations offertes par ICS par rapport à celles de Salis.

Il n’est pas possible de « comparer directement » les deux, avait répondu en mars 2018 le ministère des Armées. La Cour des comptes a finalement signalé à la justice ces faits, comme l’armée un peu plus tard, donnant lieu à une enquête, révélée par le journal Le Monde et ouverte début 2017 par le Parquet national financier (PNF).

Les gendarmes de la section de recherches de Paris ont perquisitionné en octobre de la même année le CSOA à Vélizy-Villacoublay (Yvelines) et les locaux d’ICS à Paris.

L’enquête, riche de 8.000 pages selon une source proche du dossier, a abouti, selon des révélations en 2018 de la cellule investigation de Radio France, à la découverte d’échanges soutenus entre plusieurs haut gradés et les responsables d’ICS à des moments-clés de passation de marchés.

Les investigations ont également mis au jour plusieurs manipulations potentielles qui auraient permis à la société d’être mieux notée dans les processus d’attribution.

Procès jusqu’au 25 septembre

Selon une note de synthèse du PNF de juillet 2022 dont l’AFP a eu connaissance, le colonel Philippe Rives, par exemple, est soupçonné d’avoir rédigé, entre février et décembre 2015, « une fiche interne favorable à ICS » ou transmis des informations stratégiques au président de la société, Philippe de Jonquières, en échange de son embauche future comme directeur général adjoint d’ICS.

Philippe Broussard est suspecté de favoritisme, en ce qu’il aurait contribué à ce qu’ICS soit « privilégiée » dans l’attribution des missions, « pour un surcoût minimum estimé de 16,3 millions d’euros ».

En novembre 2017, après l’ouverture de l’enquête pénale, l’armée française n’a pas reconduit le marché qui la liait à ICS sur le marché du fret des opérations extérieures.

En marge de ce dossier, trois journalistes de Radio France et de Disclose qui avaient enquêté sur l’affaire ont été entendus en décembre 2022, en audition libre, par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), pour des soupçons d’atteinte au secret de la défense nationale.

Le procès est prévu jusqu’au 25 septembre.

Trois Supercarriers se rencontrent dans l’Atlantique : une opération colossale

Trois Supercarriers se rencontrent dans l’Atlantique : une opération colossale

Dans l’Atlantique, trois supercarriers américains ont mené une opération logistique majeure, transférant une énorme quantité de munitions entre les navires. Découvrez les détails de cette manœuvre technique et stratégique unique.

Par Laurène Meghe – armees.com – publié le 2 septembre 2024

Trois Supercarriers Se Rencontrent Dans Latlantique
Image du jour – Trois Supercarriers se rencontrent dans l’Atlantique : une opération colossale – © Armees.com

 

Le 22 août dernier, une rencontre exceptionnelle s’est déroulée en plein océan Atlantique. Trois supercarriers américains, l’USS Dwight D. Eisenhower, l’USS Harry S. Truman, et l’USS Gerald R. Ford, se sont rejoints pour une opération logistique de grande envergure : le transfert de 1 360 tonnes de munitions. Voici les détails techniques et stratégiques d’une manœuvre sans précédent qui a mobilisé des centaines de marins et des tonnes de matériel.

En bref :

  • Trois supercarriers américains, l’USS Dwight D. Eisenhower, l’USS Harry S. Truman et l’USS Gerald R. Ford, ont effectué une manœuvre logistique complexe en Atlantique.
  • 1 360 tonnes de munitions ont été transférées grâce à 1 764 livraisons par hélicoptères MH-60S Seahawk, avec un accent particulier sur la sécurité.
  • L’opération a impliqué une coordination minutieuse entre les navires, soulignant la capacité de l’US Navy à gérer des opérations complexes en mer.
  • L’exercice a démontré la puissance de projection de la flotte américaine, renforçant la suprématie des supercarriers sur les océans.
  • Cette rencontre stratégique a permis de tester les limites de l’équipement et des équipages, avec un accent particulier sur la sécurité et l’efficacité opérationnelle.

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Un ballet aérien précis et risqué

L’opération de transfert s’est étalée du 22 au 30 août et a nécessité l’utilisation intensive de hélicoptères MH-60S Seahawk pour effectuer pas moins de 1 764 livraisons de munitions entre les navires. Les escadrons impliqués incluaient les « Tridents » de HSC-9, les « Dragon-Slayers » de HSC-11, et les « Dusty Dogs » de HSC-7 pour le transfert des munitions du Dwight D. Eisenhower au USNS William McLean. Cette phase critique a mis l’accent sur la sécurité, avec des briefings réguliers pour garantir que chaque mouvement d’équipement lourd et d’explosifs se déroule sans accroc.

Le Maître principal aviation ordonnancier Jerome Ruffins, en charge du département des armements, a déclaré : « Nous déplaçons beaucoup de matériel lourd et d’explosifs, donc la sécurité est primordiale ». Les officiers, sous-officiers et premiers maîtres patrouillaient constamment sur le pont d’envol, dans le hangar et dans les magasins pour s’assurer que les protocoles de sécurité étaient respectés.

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Une coordination militaire de haut niveau

Commander Kent Davis, responsable du département des armements sur l’USS Dwight D. Eisenhower et surnommé « Gun Boss », a salué l’effort collectif nécessaire pour mener à bien cette mission : « C’était un énorme effort pour toute l’équipe de se rassembler et de faire en sorte que cela se produise ». Les marins ont travaillé jour et nuit pour s’assurer que chaque transfert se déroule en toute sécurité, en renforçant les protocoles de sécurité et la formation des équipages.

L’opération a comporté deux types de ravitaillements : le « Vertical Replenishment » (VERTREP) et le « Connected Replenishment » (CONREP), permettant de mener à bien ces 1 764 transferts en toute sécurité et efficacité. L’importance de l’opération a été soulignée par le Chef aviation ordonnancier Alexis Armstrong, qui a comparé ces transferts à un événement sportif majeur : « Les déchargements et chargements, c’est comme notre Super Bowl ».

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Un exercice stratégique en haute mer

Cette rencontre de supercarriers ne s’est pas limitée à une simple démonstration de force logistique ; elle a également servi de terrain d’entraînement stratégique pour l’US Navy. En pleine mer, loin des bases terrestres, les équipages ont dû faire preuve d’une excellente coordination et d’une adaptation rapide aux imprévus, démontrant ainsi leur capacité à opérer dans des environnements exigeants.
Le succès de cette opération souligne non seulement la compétence des équipages, mais aussi la puissance de projection de la flotte américaine. Ces exercices sont essentiels pour maintenir l’efficacité opérationnelle et tester les limites des équipements et du personnel.

Ce rassemblement de supercarriers, appuyé par le navire de transport sec USNS William McLean, met en lumière la puissance maritime des États-Unis et leur capacité à mener des opérations à grande échelle. Une démonstration de force qui réaffirme la suprématie américaine sur les océans du globe.

Source officielle : https://www.navy.mil/Press-Office/News-Stories/Article/3891375/bombs-away-ike-completes-tri-carrier-ammo-off-load/


Laurène Meghe

Rédactrice spécialisée en économie et défense armées. Je couvre également les domaines des enjeux industriels et politique, y compris les relations entre les entreprises et leurs partenaires financiers.

L’Armée de demain : 1 000 cibles touchées en moins d’une heure

L’Armée de demain : 1 000 cibles touchées en moins d’une heure

Par Paolo Garoscio -armees.com – publié le 22 août 2024

L’Armée de demain : 1000 cibles touchées en moins d’une heure

Le domaine militaire est en perpétuelle évolution, cherchant constamment à optimiser l’efficacité des opérations sur le terrain. L’une des plus récentes innovations qui fait couler beaucoup d’encre est le nouveau système développé par l’armée américaine, capable de toucher jusqu’à 1 000 cibles par heure. Ce développement marque un tournant décisif dans les capacités militaires modernes, ouvrant la voie à des opérations plus précises, rapides, et moins dépendantes de larges contingents humains.

Un nouveau système de ciblage

Le système en question est le fruit de plusieurs années de recherche et d’expérimentations menées par le XVIIIe Corps aéroporté, une unité d’élite qui commande notamment la 82e division aéroportée, la 10e division de montagne et la 101e division aéroportée. Ce projet, initialement nommé Scarlet Dragon, a débuté en 2020 et a depuis connu au moins dix itérations, avec des améliorations constantes apportées à chaque étape.

L’innovation clé de ce système repose sur le Maven Smart System, une combinaison de capteurs et de logiciels utilisant l’intelligence artificielle (IA) et le machine learning pour analyser rapidement un champ de bataille, identifier des cibles et les frapper avec une précision inégalée. En effet, lors des premières expérimentations, le processus de ciblage numérique prenait jusqu’à 743 minutes, soit plus de 12 heures. Aujourd’hui, grâce à l’évolution du système, ce même processus peut être accompli en moins d’une minute. Cette réduction drastique du temps de réponse est cruciale pour les opérations militaires modernes, où la rapidité d’action est souvent déterminante.

Applications stratégique et logistique

Le système Maven ne se limite pas au simple ciblage. Il ouvre également de nouvelles perspectives pour la gestion logistique des opérations militaires. En exploitant les capacités de l’IA, les commandants peuvent obtenir une vue d’ensemble globale de leurs chaînes d’approvisionnement et simuler différents scénarios pour anticiper l’impact des besoins logistiques sur les opérations. Cette approche permet non seulement de rationaliser les processus mais aussi de minimiser les erreurs humaines, souvent coûteuses en temps et en ressources.

L’un des aspects les plus remarquables de ce système est sa capacité à gérer un volume de travail immense avec un effectif réduit. Là où l’opération Iraqi Freedom nécessitait plus de 2 000 membres du personnel pour couvrir une vaste zone et de nombreuses cibles en 2003, le système actuel parvient à gérer une charge de travail similaire avec seulement 20 soldats. Cette réduction impressionnante démontre l’efficacité et la précision de ce nouveau système, faisant du XVIIIe Corps aéroporté l’unité la plus avancée en matière de ciblage militaire.

Le développement du système Maven n’est pas encore terminé. De nouvelles expérimentations sont prévues pour les mois et années à venir, avec notamment une démonstration à grande échelle dans le Pacifique lors de l’exercice Yama Sakura en 2026, un exercice conjoint américano-japonais. Ce système pourrait bien devenir un standard pour les opérations militaires de demain, offrant une flexibilité et une rapidité d’exécution sans précédent. Les implications de cette technologie vont bien au-delà du champ de bataille. Elles touchent également à la manière dont l’armée envisage ses opérations futures, tant en termes de logistique que de stratégie. Le Maven Smart System pourrait bien redéfinir la guerre moderne, rendant les opérations plus autonomes et les forces armées plus résilientes face à des défis toujours plus complexes.

Fincantieri a posé la quille du troisième Bâtiment ravitailleur de forces destiné à la Marine nationale

Fincantieri a posé la quille du troisième Bâtiment ravitailleur de forces destiné à la Marine nationale


Lancé en 2019 par la notification d’un contrat de 1,7 milliard d’euros par l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement [OCCAr] aux Chantiers de l’Altantique et à Naval Group, le programme FLOTLOG [Flotte Logistique], qui vise à remplacer les Bâtiments de commandement et de ravitaillement [BCR, classe Durance] de la Marine nationale, se poursuit à un rythme soutenu.

Pour rappel, FLOTLOG s’inscrit dans le programme franco-italien LSS [Logistic Support Ship], mené pour le compte de la Direction générale de l’armement [DGA] et la Direzione degli Armamenti Navali [NAVARM]. Il repose sur le pétrolier-ravitailleur A5335 Vulcano, conçu par Fincantieri.

Ainsi, livré en 2023 à la Marine nationale, le premier Bâtiment ravitailleur de forces [BRF], le « Jacques Chevallier », a déjà effectué plus de 100 ravitaillements à la mer. Il attend désormais d’être officiellement admis au service actif.

Quant au second, BRF « Jacques Stosskopf », il a fait l’objet d’une première cérémonie militaire en avril dernier, avec la remise de son fanion, ce qui marque la création de son équipage d’armement. Il doit être mis à l’eau d’ici la fin de cette année, soit un peu plus de deux ans après celle du premier navire de la série.

Enfin, la construction du BRF « Émile Bertin » a d’ores et déjà commencé. Après avoir découpé la première tôle, en décembre dernier, Fincantieri a annoncé, cette semaine, que la quille de la section avant de ce futur navire avait été posée lors d’une cérémonie organisée à Castellammare di Stabia [Italie].

« Le projet LSS, caractérisé par un très haut niveau d’innovation, rend les unités extrêmement flexibles dans différents profils d’utilisation, avec un haut degré d’efficacité. Grâce au programme FLOTLOG, nous embarquons des produits technologiquement avancés conçus pour assurer la défense et la sécurité de nos eaux », a fait valoir l’industriel italien, via le réseau social X.

Comme pour les deux précédents navires du programme FLOTLOG, la partie avant de l’Émile Bertin sera ensuite transférée à Saint-Nazaire, les Chantiers navals de l’Atlantique étant chargés de l’assembler à la partie arrière qu’ils auront construite. La Marine nationale devrait prendre possession de son troisième BRF en 2027. Quant à la quatrième unité prévue [le « Gustave Zédé »], elle ne sera pas livrée avant 2031.

D’une longueur de 194 mètres pour une largeur de 24 mètres et un déplacement de 31’000 tonnes en charge [16’000 tonnes à vide], le BRF a une capacité d’emport de 1500 tonnes de fret et de 13’000 m³ de carburants. Doté d’une double coque [contrairement aux BCR actuels…], il dispose d’une passerelle de navigation à 360°, de quatre mâts de ravitaillement polyvalents lui permettant le soutien simultané de deux navires et d’une plateforme aéronautique. Enfin, il est armé de deux systèmes RAPIDFire de 40 mm.

Photo : Chantiers de l’Atlantique

Selon la SIMMT, le parc « hors ligne » des véhicules en dotation au sein des forces françaises a été divisé par deux

Selon la SIMMT, le parc « hors ligne » des véhicules en dotation au sein des forces françaises a été divisé par deux

https://www.opex360.com/2024/08/05/selon-la-simmt-le-parc-hors-ligne-des-vehicules-en-dotation-au-sein-des-forces-francaises-a-ete-divise-par-deux/


En 2006, l’armée de Terre mit en place une « Politique d’emploi et de gestion des parcs » [PEGP] afin d’optimiser l’utilisation de ses véhicules tout en rationalisant leur Maintien en condition opérationnelle [MCO] afin de trouver des marges de manœuvre budgétaires. Ce modèle était organisé selon quatre « pôles », à savoir « Entraînement », « Alerte », « Service permanent » et « Gestion », ce dernier concernant l’ensemble des matériels nécessitant des réparations ou devant subir un entretien programmé.

Puis, dans le cadre du plan stratégique « Au contact » élaboré par le général Jean-Pierre Bosser, alors chef d’état-major de l’armée de Terre, il fut décidé de procéder autrement avec la « politique de gestion des parcs au contact » [PAC], l’idée étant d’augmenter la dotation des régiments afin de faciliter leur préparation opérationnelle.

Désormais, il existe deux « familles » de parcs : le Parc en exploitation opérationnelle [PEO] et le Parc en immobilisation technique [PIT]. Connaître de la taille du second par rapport au premier permettrait d’avoir une idée de la disponibilité technique [DT] des matériels de l’armée de Terre, et partant, de son activité.

Or, cette donnée n’est plus publique et ne figure même plus dans les documents budgétaires publiés par le ministère de l’Économie et des Finances, comme les rapports annuels de performances ou encore les projets annuels de performances. Aussi, il est désormais impossible de vérifier si les mesures prises pour améliorer le MCO ont produit des effets.

Ayant passé quatre années à la tête de la Structure Intégrée du Maintien en condition opérationnelle des Matériels Terrestres [SIMMT], chargée de l’entretien de l’ensemble des véhicules du ministère des Armées, le général Christian Jouslin de Noray vient de donner quelques indications, à l’heure où il doit passer le relais au général Richard Ohnet.

« La maintenance terrestre répond aujourd’hui avec brio aux attentes des armées, directions et services. Pourtant les vents contraires ne l’ont pas épargnée. Elle a notamment dû affronter la crise sanitaire, la dégradation des flux mondiaux d’approvisionnement, le retrait du Sahel et la guerre en Ukraine », a d’abord tenu à rappeler le général Jouslin de Noray, dans un message diffusé le 1er août.

Malgré ces difficultés, les « résultats obtenus sont éloquents », a-t-il continué. Au point que, selon lui, la « disponibilité technique permet à nos forces de s’entraîner et de s’engager en opérations, à bon niveau et à coût maîtrisé », avec notamment un « parc hors ligne » qui a été « divisé par deux ». Faut-il comprendre que les véhicules passent désormais moins de temps en réparation que par le passé ?

Plusieurs raisons peuvent expliquer ce résultat. Ainsi, pour la seule armée de Terre, la mise en service progressive des véhicules issus du programme SCORPION [blindés multirôles Griffon et Serval, engin blindé de reconnaissance et de combat Jaguar] ainsi que le remplacement du véhicule léger tout-terrain P4 par l’ACMAT VT4 en font partie. La fin des opérations au Sahel, très éprouvantes pour les matériels, également.

Mais à ces éléments conjoncturels s’ajoutent des considérations structurelles. Ainsi, le général Jouslin de Noray a mis en avant la « transformation numérique » de la SIMMT, avec l’entrée en service et la « modularisation » du système d’information « SIMAT », décrit comme étant un « véritable système d’armes du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres [MCO-T] ». Utilisé par les trois armées, il permet de connaître, en temps réel, l’état du parc, la disponibilité technique des matériels et de suivre l’évolution des réparations de ceux qui sont immobilisés.

« Nous disposons d’un des seuls systèmes d’information de l’État interfacé avec les systèmes d’information logistique de l’industrie privée. SIMAT finances a été développé de manière exemplaire, en moins d’un an. Des robots assistants administratifs nous appuient désormais et nous soulagent de nombreuses tâches chronophages », a souligné le général Jouslin de Noray.

« La numérisation des ateliers est aujourd’hui une réalité », s’est-il en outre félicité, en citant les apports de l’intelligence artificielle [avec, par exemple, le projet RORA – Reconnaissance d’Objet Rapide par intelligence] ainsi que ceux de la maintenance prédictive. « L’impression 3D [polymère et métallique], après avoir été résolument apprivoisée, tant dans ses aspects technologiques qu’organisationnels, passe actuellement à l’échelle », a-t-il relevé.

Par ailleurs, la SIMMT a également revu ses stratégies en matière de soutien, afin de « répondre au nouveau contrat opérationnel de nos armées », ce qui s’est traduit par la notification de « marchés novateurs et audacieux », censés engendrer « des gains de disponibilité et d’économies », a précisé son désormais ancien directeur central. Un effort a aussi été fait en matière de simplification des procédures et « l’ingénierie de la chaîne approvisionnement » a pris « un nouvel essor pour enclencher la constitution des stocks nécessaires », a-t-il conclu.

Aviation : Le ravitailleur KC-46 de Boeing présente un nouveau défaut majeur

Aviation : Le ravitailleur KC-46 de Boeing présente un nouveau défaut majeur

Par Paolo Garoscio – Armées.com –  Publié le 1er août 2024

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L’Armée de l’Air américaine et le géant industrielle Boeing ont dévoilé une nouvelle lacune dans l’avion-citerne KC-46, un composant majeur de la capacité de ravitaillement aérien aux États-Unis.

Cette déficience, qui s’ajoute à une série croissante de problèmes de conception à haut risque, affecte le système de pompe à carburant de l’appareil et provoque par la suite des dommages aux conduits du système d’air.

Cette défaillance a été classée comme une déficience de Catégorie 1, ce qui implique un degré de risque élevé et impose des restrictions opérationnelles à l’aéronef ou à l’opérateur. Le problème a été découvert au début du printemps lorsque Boeing a observé les dommages résultant des vibrations de la pompe à carburant du KC-46 sur les conduits d’air de son système de saignée.

Boeing, chargée de la construction de l’avion-citerne, a pris des mesures immédiates pour réparer les conduits d’air endommagés. L’entreprise teste actuellement une solution temporaire à ce problème, selon Kevin Stamey, le directeur du programme de l’Armée de l’Air pour les aéronefs de mobilité et d’entraînement. En fonction des résultats de ce test, une rectification de conception plus permanente sera probablement mise en œuvre, pouvant entraîner une diminution de la gravité du problème, comme il a été rapporté lors d’une récente conférence de presse à l’occasion de l’événement Life Cycle Industry Day de l’Armée de l’Air à Dayton, Ohio.

Stamey a également indiqué que « La solution est conçue pour minimiser les dommages causés par les vibrations. » À ce jour, sept déficiences de Catégorie 1 ont été enregistrées, dont trois sont sur le point d’être résolues. Parmi celles-ci figure le système de vision à distance (RVS) du ravitailleur, un système de caméra spécialement conçu pour assister les opérateurs du ravitailleur dans le ravitaillement des avions récepteurs. La version redessinée par Boeing, baptisée RVS 2.0, qui résout les problèmes d’imagerie de son prédécesseur, est prévue pour une mise en service en 2026.

Un autre problème de conception significatif concerne l’actionneur à bras du ravitailleur, essentiel pour ravitailler en toute sécurité l’avion A-10. L’entreprise a achevé la fabrication d’un prototype pour le matériel requis et a commencé à le tester en laboratoire en mai dernier.

Boeing a indubitablement payé un lourd prix pour ces défauts de conception – pas moins de 7 milliards de dollars en frais liés aux problèmes de conception et de production du KC-46. Mais l’entreprise reste optimiste. Comme le fait justement remarquer Stamey : « [Boeing] se penche en avant lorsqu’ils ont une échappée de qualité. Ils ont ajouté des inspecteurs sur la ligne et ils y sont très sensibles. »

Cette saga reflète une étape importante dans la vie d’un actif majeur de la défense qui promet de jouer un rôle crucial dans la préservation de la supériorité aérienne des États-Unis dans les décennies à venir. Elle souligne les complexités inhérentes à la construction et à la gestion de la technologie militaire moderne, ainsi que l’engagement de Boeing à corriger les insuffisances pour garantir la fiabilité et la faisabilité de l’avion-citerne KC-46.


Paolo Garoscio
Journaliste chez EconomieMatin. Ex-Chef de Projet chez TEMA (Groupe ATC), Ex-Clubic. Diplômé de Philosophie logique et de sciences du langage (Master LoPhiSC de l’Université Paris IV Sorbonne) et de LLCE Italien.

Les armées françaises à la recherche de 7000 nouveaux camions logistiques

Les armées françaises à la recherche de 7000 nouveaux camions logistiques

– Forces opérations Blog – publié le

Après les camions-citernes, place aux camions logistiques. L’acquisition de jusqu’à 7000 nouveaux véhicules est désormais dans le collimateur des armées françaises, lancement d’une autre compétition à la clef. 

Le ministère des Armées semble avoir mis sur les rails ce qui semble être le coeur du programme à effet majeur « flotte logistique et tactique terrestre » (FTLT). Trois mois après l’attribution d’un premier incrément à Arquus, il s’agit cette fois de renouveler le segment des porteurs de charge utile 6 tonnes (PL6T).

Selon l’appel d’offres publié hier, un maximum de 7000 véhicules tout terrain protégés ou non pourraient être livrés en plusieurs versions au travers d’un marché notifié par la Direction générale de l’armement (DGA) pour un peu plus de 12 ans. Hormis le développement des porteurs, ce dernier comprendra deux tranches relatives à la constitution du système de soutien et au soutien proprement dit du parc. Le volet financier n’est pas détaillé.

Le sujet FTLT, ce sont plus de 2080 camions potentiellement livrés d’ici à 2030 toutes versions confondues et jusqu’à 9466 à horizon 2035. Une tranche de 75 M€ est prévue cette année en autorisations d’engagement pour acter principalement la première commande du deuxième incrément, celui portant notamment sur des porteurs polyvalents de l’avant « dédiés au transport de systèmes d’armes et de ressources pondéreuses ».

Cette nouvelle étape confirme à son tour l’approche incrémentale finalement privilégiée afin de « s’adapter à l’évolution du besoin capacitaire, de la menace, du vieillissement du parc en service et l’arrivée des nouvelles technologies ». Plutôt que de miser sur un opérateur unique, chaque incrément sera donc l’objet d’une mise en concurrence dédiée.

Au vu des volumes pressentis, la DGA accorde une attention particulière à la robustesse financière et industrielle des potentiels candidats. Pour espérer être retenu, il faudra démontrer un chiffre d’affaires d’au minimum 600 M€ sur les trois dernières années et une capacité de production annuelle de 1000 camions. Pour certains comme Arquus, il s’agira donc de s’allier. Désormais intégré dans le groupe belge John Cockerill, le champion national a en effet enregistré un résultat inférieur au seuil exigé au cours des derniers exercices.

Attendu de longue date, FTLT permettra de renouveler des capacités dont l’obsolescence et les limites auront été démontrées l’an dernier lors de l’exercice majeur ORION. Densifier la flotte et renforcer sa mise sous blindage, voilà l’une des recommandations inscrites dans un récent rapport parlementaire relatif aux leçons d’ORION et auxquelles cet appel d’offres tentera justement de répondre.

Crédits image : EMA

L’armée de Terre se dote d’un « Commandement de l’Appui et de la Logistique de Théâtre »

L’armée de Terre se dote d’un « Commandement de l’Appui et de la Logistique de Théâtre »


Selon son nouveau plan stratégique, élaboré en 2023, l’armée de Terre entend se doter de quatre commandements « Alpha », qui, placés sous l’autorité du Commandement des forces terrestres [CFOT], sont censés représenter les « artères vitales qui irriguent la stratégie militaire » et assurer une « cohésion sans faille au sein des forces armées ».

Ainsi, depuis le début de cette année, le Commandement des Actions Spéciales Terre [CAST], le Commandement des Actions dans la Profondeur et du Renseignement [CAPR] et le Commandement de l’Appui Terrestre Numérique et Cyber [CATNC] ont vu le jour. Il ne manquait plus que le quatrième, à savoir le Commandement de l’Appui et de la Logistique de Théâtre [CALT]. Or, celui-ci a officiellement été créé le 1er juillet, à l’occasion d’une prise d’armes organisée à Lille.

Comme le dit l’adage militaire, « les amateurs s’intéressent à la stratégie, les professionnels parlent de logistique ». D’où l’importance de ce nouveau commandement, d’autant plus que l’exercice interarmées de préparation à la haute intensité Orion a mis en lumière quelques insuffisances dans ce domaine.

« Nous avons été alertés sur le fait que dans le domaine terrestre, la profondeur logistique, à travers notamment la question du dimensionnement et de la modernisation de la flotte de camions tactiques, constitue également un point d’attention important », ont ainsi récemment relevé les ex-députés Benoît Bordat et Michaël Taverne, dans un rapport sur le retour d’expérience [RETEX] de l’exercice Orion.

En outre, le Maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres [MCO-T] doit également faire face à des défis majeurs, faute, pour le moment, de pouvoir s’appuyer sur une « épaisseur logistique » suffisante.

« Il n’est pas d’armée qui combatte bien sans une logistique calibrée à son besoin », a d’ailleurs souligné le général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], via LinkedIn. Aussi, le CALT « a la mission de la préparer à cette tâche essentielle ».

Pour cela, ce quatrième commandement « Alpha » s’appuiera sur trois brigades, à savoir la B.LOG [logistique, qui réunit les unités du train et le Régiment médical], la BMAI [maintenance, qui regroupe notamment les six régiments du matériel] et la BGEN [génie]. Selon les explications données par le général Schill, en opérations, « sa responsabilité s’étendra sur la zone arrière de la division dans des domaines aussi variés que le mouvement-ravitaillement, le maintien en condition opérationnelle du matériel terrestre, le soutien santé, le soutien du combattant, le soutien au stationnement de la force, etc. »

« La modernité de l’armée de Terre impose de disposer d’une logistique robuste, renforcée et performante. Or, depuis une trentaine d’années, celle-ci a longtemps été construite selon une logique de corps expéditionnaires ramassés aux moyens logistiques et de soutien parfois comptés et dispersés », a fait valoir le CEMAT. Aussi, la transformation qu’il a initiée « appelle à un rééquilibrage profond en faveur de nos armes de soutien ». Pour lui, cette évolution est « indispensable » pour pouvoir déployer durablement sur un théâtre extérieur un corps d’armée d’ici 2030.