La Marine nationale peut commencer à utiliser son premier drone de surface dédié à la guerre des mines

La Marine nationale peut commencer à utiliser son premier drone de surface dédié à la guerre des mines


Confié à Thales en 2015, dans le cadre d’une coopération avec le Royaume-Uni placée sous l’égide de l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement [OCCAr], le Maritime Mine Counter Measures [MMCM] doit permettre d’identifier et de neutraliser des mines grâce à un drone de surface [USV] qui, doté d’un sonar remorqué, est associé à un robot téléopéré [ROV] et à trois drones sous-marins [AUV].

Cet ensemble repose sur le système de mission M-CUB ainsi que sur le logiciel MiMap, capable d’analyser en temps réel les données collectées par le sonar grâce à un algorithme d’intelligence artificielle [IA]. Enfin, il est mis en œuvre à partir d’un centre d’opérations léger, appelé e-POC [pour expeditionary-Portable Operations Center], censé permettre de mener des missions de lutte anti-mines avec des USV depuis « n’importe quel théâtre d’opérations ».

En décembre, après la livraison de deux prototypes/démonstrateurs à la France et au Royaume-Uni, l’OCCAr a fait savoir que Thales venait de remettre un premier drone de surface à la Direction générale de l’armement [DGA]. Ce que cette dernière a confirmé, ce 21 janvier.

« La livraison de ce drone constitue une première étape avant l’atteinte d’une véritable capacité opérationnelle en fin d’année 2025. Dans cette perspective, ce drone sera associé à cinq drones de surface supplémentaires, constituant ainsi la première capacité de systèmes autonomes de surface de la Marine nationale », a en effet indiqué la DGA, via un communiqué.

Mais elle a donné une autre précision : ce drone de surface « a passé avec succès sa mise en condition de navigation [MECNAV] le 16 janvier ». En clair, il est autorisé à naviguer en « mode inhabité / téléopéré, et, partant, à débuter sa « première phase de montée en compétence exploratoire ».

Pour rappel, lors de la dernière édition du salon Euronaval, en novembre, la DGA a annoncé l’acquisition de huit drones sous-marins autonomes de nouvelle génération A18-M auprès d’Exail. Une option pour huit exemplaires de plus a été posée. Ces engins doivent être équipés de la dernière version du sonar à ouverture synthétique SAMDIS [Synthetic Aperture Mine Detection and Imaging System] développé par Thales.

Le SAMDIS 600 permet d’obtenir des images à partir d’angles multiples en une seule passe. Associé au logiciel MiMap, il « offre des probabilités de détection et de classification exceptionnellement élevées, avec des performances supérieures qui permettent d’accélérer le tempo et d’augmenter l’efficacité des opérations de la Marine », assure l’industriel.

Le MMCM est l’un des quatre piliers du programme SLAM-F [Système de lutte anti-mines marines futur], qui vise à renouveler l’ensemble des moyens de la Marine nationale dédiés à la lutte contre les mines. Il prévoit l’acquisition de Bâtiments bases des plongeurs démineurs de nouvelle génération [BBPD NG], de Bâtiments de guerre des mines [BGDM] et du Système d’exploitation des données de guerre des mines [SEDGM].

Mistral AI devient un nouvel atout technologique pour l’armée française

Mistral AI devient un nouvel atout technologique pour l’armée française

Après le missile Mistral et le navire Mistral, place à l’IA

Source : James Rhodes + Montage Numerama
L’armée française pourra dorénavant compter sur l’expertise de Mistral AI dans l’intelligence artificielle. Le ministre Sébastien Lecornu a annoncé un rapprochement entre l’agence de défense dédiée à l’IA et la startup. Un mouvement qui reflète une tendance de fond.

Rapprocher l’une des startups en intelligence artificielle les plus en vues dans l’Hexagone avec la défense française. Voilà l’ambition évoquée par Sébastien Lecornu, ministre des Armées, à l’occasion de son passage le 19 janvier 2025 dans l’émission Soft Power, sur France Culture, en mentionnant le partenariat noué avec Mistral AI.

En l’espèce, « Mistral va travailler avec l’Agence ministérielle de l’IA de défense », ou AMIAD, a dévoilé Sébastien Lecornu. Selon lui, il serait « stupide » de « doublonner les éléments de recherche ». Il faut pouvoir compter sur son savoir-faire et par ailleurs renforcer les efforts de l’AMIAD et ses 115 spécialistes.

Sébastien Lecornu
Sébastien Lecornu à l’École Polytechnique, en 2022. // Source : Ecole polytechnique

En somme, il faut s’appuyer sur les entreprises en pointe dans ces domaines de la même manière que le ministère le fait dans l’aviation (avec Dassault), la marine (Naval Group) ou l’électronique et l’aérospatial (Thales), car, a fait savoir le ministre, la souveraineté technologique ne se trouve pas qu’au sein des administrations de l’État.

Face à ces fleurons de la défense, Mistral AI est une entreprise bien jeune — elle a été fondée au printemps 2023 — et surtout beaucoup plus modeste. Elle est bien loin des milliers, voire des dizaines de milliers de collaborateurs chez les géants de la défense. Même chose pour KNDS, Safran, Airbus ou bien MBDA.

La montée en puissance de l’IA dans la défense

Mais ce rapprochement entre Mistral AI et le ministère traduit l’importance croissante de l’intelligence artificielle dans les activités de défense. Les usages ne manquent pas : accélérer l’étude d’une carte prise par un satellite, délester un militaire de certaines tâches, automatiser des processus, traiter des données en grand nombre, etc.

L’enjeu de l’IA a d’ailleurs été souligné par Sébastien Lecornu en mars 2024. Lors d’un discours sur le site de l’École polytechnique, le ministre plaidait pour que les armées prennent « le virage » de l’IA et prévenait que la France se devait de la « maîtriser souverainement ces technologies pour ne pas dépendre des autres puissances ».

« Le saut technologique que représente l’intelligence artificielle est sans doute celui qui révolutionnera la manière de faire la guerre. Ou même, plus important encore, de l’éviter comme l’atome en son temps », avait-il ajouté. Deux mois plus tard, l’AMIAD était lancé, tandis que la commande d’un supercalculateur top secret pour de l’IA militaire était passée.

Rafale
Aujourd’hui, le développement des prochaines évolutions du Rafale se pense aussi à travers l’IA. // Source : Bernardo Fernandez copado

Ce supercalculateur, attendu pour septembre 2025, est construit par le tandem Orange / Hewlett-Packard, et bardé de processeurs graphiques fournis par Nvidia — « pratiquement mille GPU de dernière génération », a fait valoir le ministre sur France Culture. Le tout, sur des installations qui seront classifiées.

Selon Sébastien Lecornu, ces infrastructures vont aussi offrir aux sociétés un espace plus sécurisé, ce qui éviterait les serveurs mal ou pas protégés, et, par ailleurs, limiterait les risques d’espionnage industriel. Et pour l’armée, il y a aussi un petit gain financier, le ministre évoquant des recettes obtenues grâce à un accès payant à cette solution.

Les détails du rapprochement entre Mistral et le ministère restent toutefois très vagues. Jusqu’à présent, la startup s’est surtout illustrée en matière d’IA générative, en fabriquant ses propres grands modèles de langage ainsi qu’un chatbot — Le Chat — pour répondre par écrit à des questions qu’on lui pose

Désinformation : comment les récits étrangers pénètrent en France

Désinformation : comment les récits étrangers pénètrent en France

Dans une étude dévoilée fin novembre en partenariat avec l’IHEDN, la Fondation Descartes s’intéresse aux effets en France de la désinformation étrangère concernant les conflits. Une démarche inédite et riche d’enseignements, notamment sur la crise Chine-Taïwan et les tensions entre la France et le Mali.

« Aujourd’hui, on en sait beaucoup sur les mécanismes des ingérences informationnelles, mais on en sait beaucoup moins sur leurs effets » : cette réflexion de Laurent Cordonier, docteur en sciences sociales et directeur de la recherche de la Fondation Descartes, au début de son intervention à l’École militaire le 26 novembre, pointe une zone grise du débat actuel sur la désinformation.

C’est donc ce qui a présidé à l’étude annuelle de cette fondation vouée à l’analyse de la désinformation, intitulée « Pénétration en France des récits étrangers sur les conflits contemporains » et présentée ce jour-là lors d’un colloque en partenariat avec l’IHEDN.

Le choix du sujet vient d’un constat simple : « Les parties prenantes à un conflit international élaborent systématiquement un récit visant à légitimer leur implication dans le conflit ainsi que les actions qu’elles y conduisent. » Partant de là, « quels facteurs influencent la sensibilité aux différents récits ? », demande Laurent Cordonier.

Pour répondre à cette question, le chercheur s’est d’abord entretenu avec « des acteurs de l’information internationale ainsi qu’avec des spécialistes des relations internationales et des phénomènes de désinformation et d’ingérences informationnelles étrangères : journalistes, membres de services de l’État chargés de la vigilance et de la protection contre les ingérences numériques étrangères, officiers généraux des forces armées françaises, diplomates français, chercheurs au sein d’instituts de recherche stratégiques et géopolitiques français et européens ».

LES 18-49 ANS PLUS SENSIBLES AUX RÉCITS RUSSE, DU HAMAS, MALIEN ET CHINOIS

Après ce travail préparatoire, il a choisi de se focaliser sur les perceptions par l’opinion publique française des différents récits concernant quatre conflits ou tensions contemporains : guerre Russie-Ukraine, conflit Hamas-Israël, « tensions entre la junte malienne et la France concernant les opérations Serval et Barkhane » et crise Chine-Taïwan. Il a ensuite élaboré un questionnaire reprenant « trois éléments centraux » des récits des deux protagonistes de chaque conflit ou tension, auquel ont répondu en août dernier 4000 personnes « composant un panel représentatif de la population française métropolitaine majeure ».

Ces « éléments centraux » (les affirmations principales) des différents récits ont été identifiés en collaboration avec des chercheurs de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM) et du centre Géopolitique de la Datasphère de l’Université Paris 8 (GEODE). L’étude d’opinion datant du mois d’août, Laurent Cordonier précise qu’il n’est « pas exclu que la manière dont les Français perçoivent certains de ces récits ait pu quelque peu évoluer depuis ».

Sur une centaine de pages, l’étude montre que la sensibilité à l’un ou l’autre des récits est « en moyenne » liée à différents facteurs, comme l’opinion politique ou l’âge : « Les 65 ans et plus (et plus largement, les retraités) se montrent en moyenne plus sensibles que le reste de la population aux récits ukrainien, israélien, français et taïwanais, tandis qu’ils sont globalement moins sensibles que les autres aux récits russe, du Hamas, malien et chinois. L’inverse est vrai pour toutes les tranches d’âge de 18 à 49 ans. »

MÉDIAS PROFESSIONNELS OU RÉSEAUX SOCIAUX : INFLUENCE INVERSE

Un facteur précis semble « particulièrement influencer la sensibilité des Français » : le fait qu’ils s’informent auprès de médias professionnels ou, à l’inverse, sur les réseaux sociaux :

« À profil identique, une fréquence élevée d’information sur l’actualité internationale et géopolitique via les médias nationaux ou régionaux constitue un facteur de sensibilité accrue aux récits ukrainien, israélien, français et taïwanais, alors que c’est un facteur de moindre sensibilité aux récits russe, du Hamas, malien et chinois. À l’inverse, toujours à profil identique, des fréquences élevées d’information sur l’actualité internationale et géopolitique via les réseaux sociaux, YouTube et les messageries instantanées sont des facteurs de sensibilité accrue aux récits russe, du Hamas, malien et chinois. »

En revanche, aucun profil sociodémographique n’a pu être « clairement » associé à une sensibilité ou à une autre. Cependant, « plus le niveau de revenus du foyer des répondants est élevé plus, en moyenne, ces derniers se révèlent sensibles aux récits ukrainien, israélien, français et taïwanais, et moins ils le sont aux récits russe, du Hamas, malien et chinois ». La corrélation avec d’autres facteurs a aussi été étudiée, comme la culture géopolitique, la confiance en l’État et en la communauté scientifique ou la perception du changement climatique et des vaccins.

Selon l’étude, « une majorité de la population (62,1%) estime que les attaques informationnelles russes et chinoises qui ciblent la France représentent un danger pour notre pays et sa démocratie. » Mais ces récits ont peu d’effet, et « les manipulations de l’information russes et chinoises échouent (jusqu’ici, du moins) à faire basculer l’opinion publique française en faveur des récits qu’elles promeuvent sur la guerre en Ukraine et sur le statut de Taïwan ». 

ÉVALUER L’IMPACT DE LA DÉSINFORMATION, « UNE QUESTION DE PREMIÈRE IMPORTANCE »

En conclusion, la Fondation Descartes appelle à une meilleure étude des effets de la désinformation, comme l’écrit Laurent Cordonier :

« L’évaluation de la nature et de l’ampleur des conséquences des ingérences informationnelles étrangères sur la population française est une question de première importance. En effet, sans disposer d’une telle évaluation, qui fait aujourd’hui largement défaut, il est impossible de calibrer correctement la réponse des pouvoirs publics et des acteurs de l’information à ces opérations de manipulation. Sous-réagir exposerait le pays à un risque de déstabilisation.

Surréagir, par exemple en adoptant des mesures restreignant trop sévèrement la liberté d’expression en ligne ou en invisibilisant totalement dans les médias certains points de vue sur l’actualité internationale, reviendrait à abîmer la vie démocratique en cherchant à la protéger. Il appartient donc aux autorités et aux acteurs concernés de la société civile d’encourager et de soutenir la recherche scientifique sur les effets des ingérences informationnelles étrangères. »

Alors que les conflits Russie-Ukraine et Israël-Hamas sont très médiatisés, l’IHEDN a sélectionné quelques enseignements de l’étude concernant les deux autres, moins traités dans le débat public. Pour chaque conflit, « les éléments de récit des deux camps étaient présentés aux répondants dans un même bloc de questions comportant six items (à savoir, les trois éléments de récit de l’un des camps et les trois éléments de récit de l’autre camp). Au sein d’un bloc, les éléments de récit des deux camps étaient soumis aux répondants dans un ordre aléatoire ».

CHINE-TAÏWAN : LES FRANÇAIS « PEU SENSIBLES AU RÉCIT CHINOIS »

Cette partie de l’étude analyse la pénétration en France des récits élaborés par les protagonistes de la crise entre la Chine et Taïwan au sujet du statut de Taïwan.

Les questions étaient précédées de cette introduction : « Aujourd’hui, Taïwan est de fait un État séparé de la Chine continentale, doté de ses propres institutions. La Chine revendique cependant Taïwan comme l’une de ses provinces et n’exclut pas de recourir à la force pour y affirmer son autorité.

Nous allons vous présenter des affirmations qui reflètent différents points de vue sur cette crise. Merci d’indiquer à quel point, personnellement, vous êtes d’accord ou non avec chacune de ces affirmations. »

Les trois éléments centraux du récit chinois sont :

  • En soutenant le gouvernement de Taïwan, les États-Unis et d’autres puissances occidentales interviennent de manière illégitime dans les affaires intérieures chinoises.
  • Taïwan est historiquement chinoise et constitue une partie intégrante du territoire chinois.
  • Seul le gouvernement chinois est légitime pour décider de l’avenir de Taïwan.

Pour le récit taïwanais, ce sont :

  • C’est au peuple taïwanais, et non pas au gouvernement chinois, de décider librement et démocratiquement de l’avenir de Taïwan.
  • Taïwan étant une démocratie, son autonomie face à la Chine est essentielle pour la défense des valeurs démocratiques en Asie et dans le monde.
  • Taïwan n’ayant jamais été sous l’autorité du Parti communiste chinois, lorsque la Chine parle de « réunification » entre Taïwan et la Chine, c’est en réalité une unification par la force qu’elle envisage.

Comme pour chacun des autres conflits, les résultats varient selon les éléments de récit soumis aux répondants. Mais, en moyenne, les Français se montrent « peu sensibles au récit chinois » et « très sensibles au récit taïwanais ».

En matière d’opinion politique, « les répondants proches de l’extrême gauche et, dans une moindre mesure, de l’extrême droite sont en moyenne plus sensibles au récit chinois sur le statut de Taïwan que le reste du panel. Les répondants proches des écologistes, de la gauche, de la droite et, surtout, du centre se montrent au contraire plus sensibles que les autres au récit taïwanais ».

FRANCE-MALI : LES FRANÇAIS « DE PEU À MOYENNEMENT SENSIBLES » AU RÉCIT MALIEN

Dans cette partie, il s’agit d’évaluer la pénétration chez les Français des récits élaborés par les protagonistes des tensions entre la junte malienne et la France au sujet de l’interprétation des buts et résultats des opérations Serval et Barkhane (opérations militaires conduites par la France dans la région du Sahel de 2013 à 2022).

Voici comment les questions ont été introduites : « La région du Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) est depuis longtemps touchée par une crise sécuritaire causée par des terroristes djihadistes. De 2013 à 2022, la France, ainsi que d’autres pays étrangers, interviennent militairement dans la région. Depuis, la France a progressivement retiré ses troupes du Sahel.

Nous allons vous présenter des affirmations qui reflètent différents points de vue sur cette crise. Merci d’indiquer à quel point, personnellement, vous êtes d’accord ou non avec chacune de ces affirmations. »

Les trois éléments centraux du récit de la junte malienne sont :

  • Les interventions militaires françaises au Sahel de 2013 à 2022 n’ont jamais permis de faire reculer le terrorisme djihadiste dans la région.
  • Les interventions militaires françaises au Sahel constituent une forme de néocolonialisme : leur vrai objectif était de préserver les intérêts et l’influence de la France dans la région du Sahel, sans se soucier de l’intérêt des populations locales.
  • En 2021, la France a abandonné le Mali à son sort, sans concertation préalable, ce qui a contraint le Mali à se tourner vers la Russie pour assurer sa sécurité.

Ceux du récit français sont :

  • Le but des interventions militaires françaises au Sahel qui ont débuté en 2013-2014 était d’aider les pays de la région dans leur lutte contre le terrorisme djihadiste.
  • Les interventions militaires françaises au Sahel qui ont débuté en 2013-2014 ont été réalisées en appui des armées légitimes des pays du Sahel.
  • Les interventions militaires françaises au Sahel qui ont débuté en 2013-2014 ont été réalisées à la demande des chefs d’État des pays du Sahel.

Là encore, les résultats varient pour chaque élément, mais en moyenne, les Français se montrent « de peu à moyennement sensibles au récit de la junte malienne » et « assez sensibles au récit français ».

Concernant leurs opinions politiques, « les répondants proches de l’extrême gauche se montrent en moyenne plus sensibles au récit malien que le reste des personnes interrogées. À l’inverse, les répondants proches de la gauche, de la droite et, plus encore, du centre sont en moyenne davantage sensibles que les autres au récit français ».

L’Allemagne fait la découverte de l’année dans l’informatique quantique qui va lui donner une longueur d’avance sur ses concurrents

L’Allemagne fait la découverte de l’année dans l’informatique quantique qui va lui donner une longueur d’avance sur ses concurrents


L'Allemagne fait la découverte de l'année dans l'informatique quantique qui va lui donner une longueur d'avance sur ses concurrents
L’Allemagne fait la découverte de l’année dans l’informatique quantique qui va lui donner une longueur d’avance sur ses concurrents

 

Des chercheurs allemands mettent à jour l’entrelacement de la lumière et du son dans le monde quantique.

Les chercheurs de l’Institut Max-Planck pour la Science de la Lumière (MPL) ont mis au point une méthode novatrice permettant d’entrelacer des photons optiques (particules de lumière) avec des phonons (quasi-particules représentant des ondes sonores). Cette réalisation ouvre de nouvelles perspectives pour l’élaboration de systèmes hybrides en communication et en calcul quantique, marquant un tournant potentiel dans la façon dont nous pourrions manipuler et utiliser les informations quantiques.

Les allemands écrivent un nouveau chapitre dans l’histoire de l’entrelacement quantique

L’entrelacement quantique, ce lien étrange qui permet à des particules de rester connectées quelles que soient les distances les séparant, a traditionnellement été réalisé entre des particules de même nature, comme des photons avec des photons. Toutefois, l’innovation de MPL introduit la possibilité d’entrelacer des types de particules fondamentalement différents, une avancée qui pourrait transformer les technologies de l’information quantique.

Mécanisme de l’entrelacement optoacoustique

Le processus proposé par l’équipe du MPL repose sur la diffusion Brillouin, un phénomène où les photons interagissent avec les vibrations des atomes ou molécules dans un matériau, générant des phonons. Cette interaction entraîne un changement de fréquence de la lumière, qui varie en fonction du mouvement des phonons. Contrairement aux systèmes optomécaniques classiques, cette méthode offre une nouvelle façon de coupler la lumière et le son à un niveau fondamental, permettant de créer des paires entrelacées stables, moins sensibles aux fluctuations de température.

Avantages et potentiel de l’entrelacement hybride

L’entrelacement de photons et de phonons présente plusieurs avantages significatifs. D’une part, il est résilient et adapté pour fonctionner à des températures beaucoup plus élevées que celles requises par les méthodes traditionnelles, réduisant ainsi la dépendance à des équipements coûteux et complexes comme les réfrigérateurs à dilution. D’autre part, cette approche hybride ouvre la porte à des applications dans des domaines variés allant de la communication quantique sécurisée à la computation, en passant par la métrologie quantique et la téléportation quantique.

Implications et applications futures

Les capacités de cette nouvelle technique à manipuler et à contrôler les interactions entre la lumière et le son à un niveau quantique ont le potentiel de révolutionner notre compréhension et notre exploitation des propriétés quantiques des matériaux. En particulier, cela pourrait significativement avancer notre capacité à stocker, à traiter et à transmettre des informations de manière plus efficace et plus sécurisée.

Cet article explore les implications profondes de la nouvelle technique d’entrelacement de la lumière et du son via la diffusion Brillouin, en soulignant son potentiel révolutionnaire pour avancer dans la compréhension et l’utilisation des phénomènes quantiques. En connectant des mondes aussi différents que ceux des photons et des phonons, cette percée scientifique ouvre des portes vers des applications innovantes qui pourraient un jour redéfinir notre approche des technologies de l’information et de la communication, tout en renforçant les bases de la télécommunication quantique et du traitement de l’information.

Source : Max Planck Institute

La France construit le plus puissant supercalculateur classifié dédié à l’IA en Europe

La France construit le plus puissant supercalculateur classifié dédié à l’IA en Europe

Big data top secret

Les choses se précisent en France pour ce qui est de l’IA militaire. Le ministère des Armées a choisi le tandem Hewlett-Packard Entreprise/Orange pour fabriquer un supercalculateur de pointe. Celui-ci devra posséder la plus importante capacité de calcul classifiée dédiée à l’intelligence artificielle d’Europe.

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, l’avait souligné ce printemps : la France ne doit « pas dépendre des autres puissances » pour l’accès à certaines technologies de pointe ayant des perspectives militaires. Cela inclut le calcul de haute performance que les superordinateurs effectuent, et l’intelligence artificielle (IA), en plein boom.

Opérationnel fin 2025

À l’époque, il était question de commander un supercalculateur pour une livraison en 2025. La machine, était-il alors indiqué, serait en mesure de traiter des données classifiées (secret défense) et sur de l’IA militaire. Mais, sécurité nationale oblige, les caractéristiques exactes du projet demeurent confidentielles.

Si les contours restent encore globalement flous, le ministère des Armées en a dit un peu plus le 24 octobre. Il a confirmé d’abord le calendrier de mise en place de ce superordinateur, qui débutera son travail à l’automne 2025, et sera pleinement opérationnel avant 2026. Quant à son constructeur, il s’agira du binôme Hewlett Packard Enterprise/Orange.

armée supercalculateur IA
Une IA qui aidera à structurer la défense française de demain. // Source : Numerama avec Midjourney

Surtout, on sait désormais que cette future machine a l’ambition d’être « le plus puissant supercalculateur classifié dédié à l’IA en Europe ». Un podium que l’appareil revendique, bien que le domaine dans lequel il évolue est par nature opaque. Les superordinateurs de ce type sont aussi sous le sceau du secret, ce qui limite les comparaisons.

Actuellement, le superordinateur le plus puissant en Europe se trouve en Finlande — pour ce qui est, en tout cas, de la plus puissante machine dont les caractéristiques sont publiques. Il se trouve dans le top 5 mondial, a plus de 2,7 millions de cœurs. Le plus puissant du top atteint environ quatre fois sa puissance réelle maximale.

Une machine qui sera toujours hors ligne

Compte tenu de la sensibilité de l’installation, il est prévu de ne jamais le connecter à Internet, afin d’éviter tout risque de compromission à distance, par une opération de piratage. Il est aussi prévu de n’autoriser que des citoyens français habilités au secret de la défense nationale pour assurer sa maintenance, là aussi pour éviter une compromission interne.

Une fois en place, l’armée française pourra y accéder afin de traiter des données confidentielles de manière souveraine. Il est aussi prévu que des entreprises de défense puissent y accéder. On peut imaginer que des groupes spécialisés comme MBDA, Thales, Naval Group, Safran et Dassault Aviation aient un intérêt pour ce matériel.

Rafale 2
L’évolution future du Rafale pourrait bénéfiicer de cette installation. // Source : NATO

Le succès de Hewlett Packard Enterprise/Orange fait toutefois une victime : Atos. Le géant français de l’informatique de service, qui traverse une grave crise depuis quelques années, était aussi en lice pour ce marché. Mais, dans une phrase, et sans le citer nommément, M. Lecornu a laissé entendre que sa proposition était « anormalement faible ».

Reste, enfin, une dernière réalité : si le tandem HPE/Orange implique au moins une société française, pour un projet de souveraineté, les composants clés qui seront dans ce supercalculateur seront, eux, américains. Il est prévu d’équiper l’appareil de puces Nvidia. Cruel rappel que sur certains secteurs critiques, l’Europe n’est pas au rendez-vous.

Supercalculateur pour l’IA militaire : le ministère des Armées choisit le tandem Hewlett-Packard et Orange

Supercalculateur pour l’IA militaire : le ministère des Armées choisit le tandem Hewlett-Packard et Orange

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu avait parlé mi-octobre de «deux réponses très différentes (...) sur le délai, sur le prix, sur la performance et sur le staff qui [était] mis».
Le ministre des Armées Sébastien Lecornu avait parlé mi-octobre de «deux réponses très différentes (…) sur le délai, sur le prix, sur la performance et sur le staff qui [était] mis».  Stephanie Lecocq / REUTERS

L’offre de l’américain et du géant français des télécoms a été préférée à celle du groupe informatique tricolore Atos

Atos a raté le coche. Le ministère des Armée va acquérir un supercalculateur pour son agence dédiée à l’intelligence artificielle (Amiad) auprès de l’américain Hewlett-Packard allié à Orange, un tandem préféré au groupe informatique français Atos, a-t-on appris jeudi de source proche du dossier. Le contrat, d’un montant non précisé dans l’immédiat, a été notifié mercredi, selon cette source, confirmant une information de La Tribune. Évoquant mi-octobre l’appel d’offres alors en cours devant les députés de la commission de la Défense, le ministre des Armées Sébastien Lecornu avait parlé de «deux réponses très différentes (…) sur le délai, sur le prix, sur la performance et sur le staff qui [était] mis». L’une des deux offres lui semblait notamment «anormalement faible et ce n’est pas parce qu'[on parle de] souveraineté qu’il faut que ce soit faible», avait-il esquissé.

Ce marché perdu par Atos, groupe français en pleine restructuration et qui avait repris l’activité de supercalculateurs hérités de Bull, ne constitue pas pour autant un accroc à la souveraineté que recherche la France dans ses programmes militaires, avait-il déminé par anticipation.  «En matière d’intelligence artificielle, il n’y a pas de souveraineté pour l’instant», avait-il affirmé, rappelant que les processeurs GPU destinés à l’intelligence artificielle étaient tous produits par des entreprises américaines, en premier lieu Nvidia, et que les deux compétiteurs iraient «de toute façon s’approvisionner à la même source de GPU». «Ce qui peut nous faire décrocher en matière de souveraineté, c’est de ne pas disposer très vite d’un supercalculateur», selon le ministre. D’autant que ce supercalculateur n’aura une espérance de vie que de «deux à trois ans», selon le délégué général pour l’armement Emmanuel Chiva.

«J’ai demandé au ministère de regarder aussi comment une entreprise française aussi importante [qu’Atos] doit monter très vite en compétence pour conquérir notre souveraineté en la matière, d’autant plus parce que ce ministère est grand client d’Atos par ailleurs, donc il n’y a pas de défiance vis-à-vis d’Atos», avait ajouté Sébastien Lecornu. Ce supercalculateur classifié équipera l’Agence ministérielle de l’intelligence artificielle de défense (Amid), un organisme créé en mars et doté de 300 millions d’euros par an pour développer et intégrer l’IA dans les équipements militaires.

Insensible au brouillage, le système de navigation français révolutionnaire VISION tient ses promesses

Insensible au brouillage, le système de navigation français révolutionnaire VISION tient ses promesses


Pour se passer d’un système de géolocalisation par satellite [GPS], dont les signaux sont susceptibles d’être brouillés par des dispositifs de guerre électronique, un aéronef [ou un navire] utilise une centrale de navigation inertielle, dont la précision tend à diminuer au fil du temps [d’où la nécessité de la « recaler »]. En 2016, pour y remédier, la Direction générale de l’armement [DGA] a lancé le projet Vision.

Confié à Safran Electronics & Defense ainsi qu’à Sodern, il consiste à associer une centrale de navigation inertielle à un viseur stellaire [ou viseur d’étoiles], comme en utilise le missile balistique mer-sol stratégique M-51.

Utilisé par les engins spatiaux, un viseur stellaire mesure les coordonnées d’une ou de plusieurs étoiles avant de les communiquer à un calculateur afin de déterminer avec une extrême précision [de l’ordre de la seconde d’arc, soit 0,000277778 degré] une trajectoire ou une position par comparaison avec les éphémérides des corps célestes enregistrées dans une base de données. Le problème est que, sur terre, un tel système ne fonctionne que pendant la nuit et par temps clair… Aussi, le défi du projet Vision est de faire en sorte de pouvoir l’utiliser durant le jour.

Pour cela, Safran a mis au point une centrale inertielle à « Gyroscope Résonnant Hémisphérique » qui constitue déjà, selon l’Agence de l’innovation de défense [AID], une « rupture technologique ».

De son côté, Sodern a développé un nouveau viseur stellaire intégrant « des traitements d’images et des technologies innovantes » afin de détecter et d’identifier des étoiles pendant le jour. « Cela permet de fournir une mesure corrigeant la position de la centrale inertielle, et cela même en pleine journée », explique l’AID.

En 2021, le ministère des Armées avait évoqué des « résultats prometteurs » à l’issue d’une première phase d’essais, réalisés sur le banc CIRE de DGA Maîtrise de l’information [DGA MI] ainsi qu’au Pic du Midi, avec le concours du Centre national de la recherche scientifique [CNRS]. « La capacité du démonstrateur à poursuivre de 4 à 5 étoiles à différents endroits de la voute céleste, de jour comme de nuit, a été démontrée », avait alors souligné l’AID.

Quant aux essais en vol, ils devaient être réalisés à bord d’un avion ATR42 du Service des Avions Français Instrumentés pour la Recherche en Environnement [SAFIRE].

La seconde phase des essais de ce démonstrateur vient de se terminer. Là encore, ces tests réalisés tant au sol qu’en vol, ont été « couronnés de succès » et ont permis de « valider la performance de navigation du système », a fait savoir l’AID, ce 23 octobre. « De nombreuses étoiles ont été accrochées et poursuivies de manière fine par le démonstrateur, permettant d’obtenir une estimation de position de l’avion de l’ordre de quelques centaines de mètres, tout au long de la trajectoire de vol », a-t-elle ajouté, avant d’annoncer le lancement d’un avant-projet « d’équipement embarquable à bord d’aéronefs ».

Plus largement, ce nouveau système de navigation aura vocation à équiper les chasseurs-bombardiers, les avions de transport, les drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] ainsi que les navires et, à plus long terme, les missiles.

Thales démontre sa capacité à déployer des essaims de drones à un niveau d’autonomie inégalé grâce à l’IA

Thales démontre sa capacité à déployer des essaims de drones à un niveau d’autonomie inégalé grâce à l’IA


C’est un fait établi, les drones offrent des avantages considérables sur les théâtres d’opérations. Ils présentent encore deux limites : un mode d’emploi impliquant un pilotage par un opérateur dédié dans la majorité des cas, et la nécessité d’une liaison de données sécurisée et résistante durant toute la durée de la mission. Lors de la Journée de Démonstrations d’Essaims de drones de Contact (JDEC), Thales et ses partenaires ont dévoilé leurs dernières avancées visant à apporter des réponses à ces contraintes afin de permettre des opérations en essaims adaptées aux besoins militaires. Au cœur de cette journée : le démonstrateur COHESION de la solution d’essaim Thales qui permet d’atteindre un niveau d’autonomie inégalé grâce à l’IA et à l’usage d’agents intelligents.

L’architecture système de COHESION permet aux opérateurs d’ajuster le niveau d’autonomie de leurs essaims de drones pour l’adapter aux besoins des forces à différentes phases de leurs missions. Ces essaims de drones apportent une flexibilité inégalée en milieu contesté, où l’usage de la guerre électronique affecte les communications et le service GNSS. L’autonomie conférée aux drones et à l’essaim dispense de la nécessité d’une liaison de données permanente avec une station de contrôle. Les drones sont capables de percevoir et d’analyser leur environnement, de partager entre eux des informations sur les cibles, d’analyser l’intention de l’ennemi mais aussi de mettre en œuvre des tactiques collaboratives et d’optimiser leur trajectoire, augmentant leur résilience ainsi que l’efficacité des forces. Il favorisent l’accélération de la boucle OODA1 et la transparence du champ de bataille.

Cette innovation démultiplie les capacités des forces sans augmenter la charge cognitive des opérateurs qui restent maitres des décisions les plus critiques. L’apport d’une IA de confiance cybersécurisée qui garde l’opérateur dans la boucle garantit la permanence et la sécurité de la supervision humaine, en conformité avec les principes du TrUE AI2 de Thales.

« Notre fierté est de proposer des solutions innovantes tout en restant alignés sur des valeurs éthiques fortes. À la fois démontrables, applicables, incrémentales et déployables, nos solutions permettent de démultiplier les capacités des forces sans accroitre la charge cognitive des opérateurs, et en les maintenant au centre des décisions. » indique Hervé Dammann, Directeur général Adjoint, Systèmes Terrestres et Aériens de Thales.

En tant que systémier et intégrateur, Thales a développé son offre Drone Warfare pour accélérer l’interopérabilité avec diverses plateformes et systèmes terrestres, aéroterrestres, aériennes et navales. Le Groupe participe par ailleurs à un écosystème industriel et technologique français dans le domaine des drones de contact.

  • Thales est aussi fabricant de drones comme l’illustre son implication dans le programme SMDR (Système de Mini-Drones de Reconnaissance) de l’armée de Terre française avec son produit Spy’Ranger 330.
  • Avec l’acquisition d’Aeromapper en 2024, Thales a élargi son portefeuille de produits avec la Munition TéléOpérée (MTO) TOUTATIS et la gamme Noctua (drones d’observation)
  • Enfin, en juin 2023, Thales a lancé l’offre OpenDRobotics, une solution fédérant les capacités robotiques, les drones aéroterrestres et les moyens conventionnels de l’armée de Terre, grâce à l’IA, dans un système de mission centré sur l’humain.

Thales accélère dans le domaine de l’IA avec la création en mars 2024 de cortAIx, l’accélérateur d’IA de confiance de Thales dans les systèmes critiques. cortAIx vise à intégrer et industrialiser à court terme les outils de développement d’IA pour fournir aux forces armées des solutions d’optimisation d’analyse des données issues des capteurs et de prises de décisions, tout en y intégrant les contraintes spécifiques liées aux environnements critiques comme la cybersécurité, l’embarquabilité ou encore la frugalité.


  1. La boucle OODA (Observer, Orienter, Décider, Agir)
  2. Transparent AIUnderstandable AIEthical AI

M. Lecornu dénonce les manœuvres autour de l’appel d’offres sur le futur supercalculateur dédié à l’IA de défense

M. Lecornu dénonce les manœuvres autour de l’appel d’offres sur le futur supercalculateur dédié à l’IA de défense

https://www.opex360.com/2024/10/15/m-lecornu-denonce-les-manoeuvres-autour-de-lappel-doffres-sur-le-futur-supercalculateur-dedie-a-lia-de-defense/


Le ministère des Armées s’est très vite intéressé au potentiel de l’intelligence artificielle [IA] pour la conduite de ses opérations. D’où les programmes Artemis IA [ARchitecture de Traitement et d’Exploitation Massive de l’Information multi-Sources] et TORNADE [Traitement Optique et Radar par Neurones Artificiels via Détecteur] ou encore les études MMT [Man-Machine-Teaming] et HYPERION [pour le combat terrestre]. En outre, il a défini un cadre éthique pour l’usage de cette technologie

Mais il s’agit désormais d’aller plus loin, la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 précisant que les armées devront être en mesure de « traiter de façon autonome le flux de données apporté par les capteurs dont elles disposent  » et de consolider leur « capacité d’appréciation des situations stratégiques et tactiques ». D’autres applications sont envisagées, en particulier dans le domaine de la robotique et dans celui du Maintien en condition opérationnelle [MCO].

À cette fin, en mars dernier, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé la création de l’Agence ministérielle de l’intelligence artificielle de défense [AMIAD], censée être le pendant de la Direction des application militaires [DAM] du Commissariat à l’énergie atomique et des énergies renouvelables [CEA], laquelle est dédiée à la dissuasion nucléaire.

La mission de l’AMIAD sera de « conceptualiser, voire fabriquer, l’intelligence artificielle dans les grands programmes militaires, actuels comme futurs ». Et, pour cela, à l’instar de la DAM/CEA, elle disposera de son propre supercalculateur « classifié » qui permettra de tester l’IA embarquée dans les systèmes d’armes. En outre, il pourra être utilisé par les industriels de la défense, sans « crainte d’espionnage ». En clair, il ne sera évidemment pas question de la « brancher » à un réseau.

Devant être le plus puissant d’Europe en matière d’IA de défense, ce supercalculateur doit être mis en service en 2025. Aussi, sans attendre, il a fait l’objet d’un appel d’offres, dont le montant est compris entre 200 et 300 millions d’euros. Deux industriels se sont manifestés : Hewlett Packard [associé à Orange] et Atos.

À noter que, pour une très grande part, ce contrat profitera à l’industriel qui fournira les processeurs de type NPU [Neural Processing Unit]. Et comme l’américain Nvidia occupe une position dominante sur le marché [88 %], il y a tout lieu de penser qu’il en sera le grand bénéficiaire.

Quoi qu’il en soit, ces derniers jours, plusieurs sources ont indiqué que l’offre du tandem Hewlett Packard / Orange avait les faveurs de la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information, chargée d’instruire ce dossier. Et cela alors que, bien que très affaibli, Atos semblait avoir les meilleures cartes en main pour s’imposer.

Mais les jeux sont loin d’être faits. C’est ce qu’a en effet expliqué M. Lecornu, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 14 octobre. « Le marché est toujours en cours. Et comme tous les marchés publics toujours en cours, il faut faire preuve de prudence », a-t-il dit, avant de dénoncer certaines manœuvres autour de cette procédure.

« Pour être direct, j’invite les parlementaires à la plus grande des prudences, notamment sur toutes les approches de lobbies divers et variés puisque j’ai été frappé de voir une agitation parisienne importante sur ce sujet. Et en général, cette agitation n’est pas gratuite », a lancé le ministre.

« Les entreprises font bien ce qu’elles veulent avec leur argent pour toucher en influence les différents décideurs mais lorsqu’on parle de la mise en concurrence sur des sommes importantes, sur des marchés publics en cours, je pense que, collectivement, il nous faut faire attention. Pour être transparent, il y a des approches du ministère qui, pour moi, interrogent », a poursuivi M. Lecornu

Quoi qu’il en soit, si le marché de ce supercalculateur n’a pas été attribué, c’est que les deux offres reçues interrogent. Selon le ministre, l’une est « anormalement faible » [l’impératif de « souveraineté » n’est pas une excuse, a-t-il suggéré]. Quant à la seconde, elle « pose la question » de savoir si elle « n’est pas anormalement forte » par rapport à la première.

Et « quand je dis que les deux réponses sont très différentes, elles le sont sur les délais, le prix, la performance et le ‘staff’ qui est mis. Quiconque ayant fait une CAO [commission d’appel d’offres, ndlr] dans une mairie, un département voit bien ce que cela peut vouloir dire », a dit le ministre.

Aussi, pour tirer les choses au clair, M. Lecornu a dit avoir saisi le Contrôle général des armées [CGA] pour qu’il « reprenne l’ensemble de la procédure du marché », tant sur la forme que sur le fond. Il doit rendre ses conclusions dans dix ou quinze jours.

Photo : Naval Group

États-Unis : le Pentagone va sécuriser des millions de microprocesseurs

États-Unis : le Pentagone va sécuriser des millions de microprocesseurs

Dans l’armée moderne, les microprocesseurs sont partout. Pourtant, la production de ces puces électroniques reste en flux tendu.

Par Cédric Bonnefoy – armees.com – Publié le 17 septembre 2024

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États-Unis : le Pentagone va sécuriser des millions de microprocesseurs – © Armees.com

 

Les microprocesseurs sont omniprésents dans l’armée moderne. Cependant, produire ces composants électroniques demeure sous pression constante. Pour sécuriser le stock américain, le Pentagone lance un vaste programme de sécurisation.

Aux États-Unis, le Pentagone entend sécuriser des microprocesseurs

Le Pentagone vient de débloquer 3 milliards de dollars pour un programme stratégique visant à sécuriser l’approvisionnement en microprocesseurs. Cette initiative est perçue comme vitale pour renforcer la sécurité nationale des États-Unis. En s’appuyant sur le CHIPS and Science Act, une législation clé adoptée en 2022, ce financement massif met en lumière l’importance croissante de la microélectronique dans le domaine de la défense. L’objectif est clair : réduire la dépendance américaine envers les pays étrangers, notamment la Chine et Taïwan. Mais surtout, établir une base industrielle solide pour produire des semi-conducteurs de pointe sur le territoire américain.

Ce plan, supervisé par le département du Commerce en collaboration avec le département de la Défense (DoD), fait partie d’une série d’initiatives du programme Secure Enclave. Ce programme, en lien avec la loi CHIPS, s’inscrit dans un contexte de tensions internationales croissantes, notamment avec la Chine, principal fournisseur de microprocesseurs pour les États-Unis. Il reflète également la volonté de l’administration Biden de relocaliser la production de ces composants critiques pour la sécurité nationale et économique.

Une initiative portée par Intel

Sous la direction du Pentagone, Intel Corp, l’un des leaders mondiaux dans le domaine des microprocesseurs, a été choisi pour jouer un rôle clé dans ce projet. La firme américaine, qui possède des sites de production en Arizona, au Nouveau-Mexique, en Ohio et en Oregon, bénéficiera d’une partie de ce financement pour améliorer ses capacités de production et répondre aux besoins militaires spécifiques en microélectronique.

En effet, les microprocesseurs ne sont pas seulement utilisés dans les produits de consommation courante comme les smartphones ou les véhicules électriques. Mais ils jouent également un rôle crucial dans les systèmes de défense, notamment dans les avions de combat comme les F-35. En relocalisant la production et en investissant massivement dans des installations nationales, le gouvernement américain cherche à atténuer ce risque et à garantir que les forces armées auront toujours accès à ces technologies critiques.


Cédric Bonnefoy est journaliste en local à la radio. À côté, il collabore depuis 2022 avec Économie Matin.