L’armée française face à la guerre du futur : sommes-nous prêts ?

L’armée française face à la guerre du futur : sommes-nous prêts ?

Soldats armes de l »’armee de terre en mission de surveillance dans le quartier des affaires de Paris La Defense dans le cadre de l »’Operation sentinelle. Au fond, l »’Arc de Triomphe.//MASTAR_MASTAR1220002/Credit:M.ASTAR/SIPA/1707151231

par Laurent Vilaine* – Revue Conflits – publié le 15 avril 2025


La France est une puissance militaire crédible et reconnue. Mais son armée ne pourrait pas résister longtemps à un conflit de haute intensité. Dans le contexte actuel – retour de la guerre en Europe, affaiblissement de l’OTAN, imprévisibilité de l’administration Trump –, Paris a décidé d’accroître significativement ses dépenses de défense.

 *ESDES – UCLy (Lyon Catholic University)


L’invasion de l’Ukraine par la Russie, en février 2022, nous a rappelé que la paix n’est pas une situation normale, même après tant de décennies de paix sur le continent. Par ailleurs, le retour à la Maison Blanche de Donald Trump en janvier 2025 apparaît comme le possible début d’un renversement d’alliances : d’alliés ancrés dans l’OTAN, les États-Unis semblent s’être rétrogradés au statut de simple partenaire de l’Europe. A minima, la posture de Trump réduit de facto le caractère dissuasif de l’OTAN, la Russie n’étant plus persuadée que Washington, protecteur de l’Europe depuis 1945 soit prêt, le cas échéant, à s’engager militairement pour la défense du Vieux Continent.

Dans ce contexte, la défense française ne peut plus demeurer immobile et l’exécutif français doit pleinement prendre en compte la nouvelle situation géopolitique et la nouvelle donne opérationnelle (guerre de haute intensité sur le territoire européen) sur un plan national, mais également sur un plan européen. Entre atouts évidents mais aussi lacunes structurelles et nécessité d’une plus grande autonomie face à l’affaiblissement de l’OTAN, où en est réellement notre appareil militaire ?

Un modèle d’armée complet et une force crédible

La France reste une puissance militaire reconnue en Europe, avec une armée dotée d’un large spectre de capacités.

Contrairement à certains pays qui ont fait le choix de spécialiser leurs forces, la France conserve un modèle d’armée complet, comprenant une force nucléaire avec une capacité de dissuasion stratégique océanique (sous-marins nucléaires lanceurs d’engins), aérienne et aéronavale ; une armée de terre expérimentée, capable d’opérer en milieux complexes et maîtrisant la coopération interarmes (infanterie, blindée, artillerie) et interarmées (notamment entre l’armée de terre et l’aviation) ; une marine puissante, avec un porte-avions (le Charles-de-Gaulle) ; une flotte de sous-marins d’attaque et des frégates modernes ; et une force aérienne réactive, capable d’opérer rapidement grâce aux Rafale, aux drones et à une logistique de projection éprouvée.

Enfin, l’armée française est la seule armée en Europe à disposer d’une expérience opérationnelle quasi continue. Ces trente dernières années, l’engagement de la France en Bosnie, au Kosovo, dans le cadre des opérations au Sahel (Barkhane), ou encore en Syrie, a permis de roder les unités aux opérations extérieures (OPEX). Ce vécu leur donne une incomparable capacité d’adaptation face à des environnements hostiles

Des budgets en hausse, mais des défis financiers majeurs

Pour autant, au regard de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, et face au spectre de nouvelles attaques que le régime de Moscou pourrait lancer une fois son appareil militaire reconstitué dans les années à venir, les capacités de l’armée française demeurent insuffisantes.

En réponse aux nouvelles menaces, la France a adopté, le 13 juillet 2023, une loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 qui prévoit un budget de 413 milliards d’euros sur sept ans. Il s’agit d’un effort notable visant à moderniser les forces armées françaises et à garantir leur résilience face aux conflits de haute intensité.

Cette LPM est l’expression d’une augmentation significative des dépenses militaires : elle annonce une hausse progressive du budget annuel de la défense, qui atteindra 69 milliards d’euros en 2030, contre environ 44 milliards d’euros en 2022. L’objectif est de renforcer trois axes majeurs.

Premièrement, la guerre en Ukraine a fait apparaître une évidence : la France ne dispose pas de stocks de munitions suffisants pour tenir une confrontation de haute intensité au-delà de quelques jours. La LPM prévoit donc une augmentation des stocks de munitions conventionnelles, incluant les obus de 155 mm. La modernisation de l’artillerie se poursuit avec l’achat de nouveaux canons Caesar qui sont, par ailleurs, un véritable succès à l’exportation, compte tenu de leur précision extraordinaire, largement médiatisée depuis 2022. Les capacités de guerre électronique incluant des outils de brouillage seront elles aussi renforcées pour contrer les nouvelles menaces.

Deuxièmement, la LPM prévoit également une augmentation de la disponibilité des équipements, des infrastructures et de l’entraînement des forces. Cela inclut le maintien des chars Leclerc modernisés et une amélioration de l’entraînement des troupes, avec un accroissement des exercices interarmées et interalliés.

L’innovation technologique et la modernisation de la dissuasion sont également un pan important de la dernière LPM. Cette dernière prévoit le développement, conjointement avec l’Allemagne du Système de combat aérien du futur (Scaf) – un système d’armes aériennes interconnectées pour remplacer le Rafale –, ainsi que le renforcement, dont le caractère indispensable est devenu évident avec la guerre en Ukraine, de la flotte de drones de combat et de surveillance, qui intégrera des systèmes autonomes avancés.

En outre, le programme de sous-marins nucléaires de nouvelle génération se poursuit, de même que le développement du nouveau missile intercontinental M51.3, garantissant la crédibilité de la dissuasion française.

Un effort encore insuffisant pour une autonomie complète

La montée en puissance de l’armée française est réelle, mais plus qualitative que quantitative. L’augmentation du volume d’unités, de chars et d’avions de combat n’est pas encore à l’ordre du jour, alors que les armées polonaise et allemande, elles, se sont clairement donné cet objectif.

En outre, plusieurs défis majeurs demeurent. Même en cas de volonté de montée en capacités, ce que le président Macron a laissé sous-entendre quand il a récemment évoqué une augmentation significative de notre part du PIB consacrée à la défense, la capacité industrielle à répondre aux besoins pose question.

Notre outil industriel doit être adapté pour produire plus d’armes et de munitions : plusieurs années seront nécessaires pour augmenter notre capacité de manière substantielle. En outre, la France n’est pas souveraine en matière de composants critiques (technologies numériques et semi-conducteurs). Autre fragilité industrielle : les divergences entre États membres au sujet de projets communs comme le Scaf et le char du futur franco-allemand MGCS, ce qui ralentit leur mise en œuvre. En effet, les industriels rencontrent des difficultés à converger sur un schéma d’allocation des briques du projet selon une logique de répartition par nationalités.

L’incertitude sur l’engagement des États-Unis

Historiquement, la France a toujours défendu une position de relative indépendance vis-à-vis de l’OTAN. Mais avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, la question de la crédibilité de l’OTAN devient encore plus pressante.

Le président américain a déjà déclaré que les États-Unis ne garantiraient plus automatiquement la défense des pays européens en cas d’agression et laissé entendre que ces derniers devaient assumer seuls leur défense, sous peine de ne plus bénéficier du parapluie militaire américain, les exhortant à consacrer plus de 5 % de leur PIB à la défense. Un niveau qu’aucun pays, y compris la Pologne et les États-Unis eux-mêmes, n’est parvenu à atteindre.

Parallèlement, l’attitude conciliante de Donald Trump vis-à-vis de Vladimir Poutine inquiète particulièrement les États d’Europe centrale et orientale, qui comptaient jusqu’ici sur l’OTAN pour leur protection.

La France, l’Europe et l’industrie de défense

La France et l’Europe peuvent-elles se défendre seules ?

La seule modernisation et la montée capacitaire de quelques armées européennes (française, allemande, polonaise…) en ordre dispersé ne peut suffire. Face à cette situation, une montée en puissance de la coopération militaire européenne devient impérative.

Dans cette optique, plusieurs axes de renforcement sont envisagés. Il apparaît nécessaire d’accélérer l’intégration des armées européennes en renforçant les coopérations bilatérales et en multipliant les exercices communs ; et de développer des fonds de défense mutualisés, pour permettre aux États européens d’investir ensemble dans des équipements stratégiques, comme l’a proposé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Ces politiques seraient de nature à établir une politique d’armement plus intégrée afin d’éviter la dispersion des programmes militaires et de garantir une meilleure interopérabilité des forces. La France, par son poids militaire, doit jouer un rôle central dans cette vision, mais elle ne pourra porter seule l’autonomie stratégique européenne. Des partenaires comme l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne devront également prendre leurs responsabilités pour bâtir une défense commune efficace.

Il reste que face à ce besoin d’autonomie stratégique, des interrogations demeurent : certains pays ne seront-ils pas tentés d’amadouer Donald Trump en lui promettant d’acheter davantage de matériels américains ?

De nombreux pays européens sont déjà dépendants des États-Unis en matière d’armement, en termes d’achat de matériel, d’utilisation et de maintenance. Cette dépendance va durer. Néanmoins, pour les achats futurs, ces pays devront s’interroger sur la viabilité d’une telle dépendance.

Une bonne nouvelle dans toute cette incertitude : le futur chancelier allemand Friedrich Merz semble se rapprocher des positions du président Macron en faveur d’une souveraineté européenne en matière de défense.

Un tournant stratégique à ne pas manquer

La France reste une puissance militaire crédible, avec des forces bien entraînées et un appareil technologique avancé. Mais l’armée française serait incapable de résister plus de quelques jours à un conflit de haute intensité. Avec une OTAN affaiblie et une politique américaine pour le moins agressive vis-à-vis du Vieux Continent, la France et l’Europe doivent impérativement renforcer leurs capacités militaires propres, autant sur le plan qualitatif que quantitatif. L’augmentation du budget de la défense, que l’on peut constater dans plusieurs pays européens, est un bon signe de la prise de conscience nécessaire à une telle évolution. Cependant, il sera nécessaire d’aller plus loin pour garantir une autonomie stratégique réelle, quand bien même des choix budgétaires douloureux devront être opérés.

L’armée française est-elle prête ? Elle l’est pour des engagements limités et rapides, mais elle doit accélérer sa transformation, en concertation étroite avec ses partenaires européens, pour garantir sa souveraineté en cas de conflit majeur.

La proposition du ministre français de la défense de porter à terme le budget de la défense à 100 milliards d’euros par an est un signal fort.


Laurent Vilaine, Docteur en sciences de gestion, ancien officier, enseignant en géopolitique à ESDES Business School, ESDES – UCLy (Lyon Catholic University)

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Le gouvernement indien approuve l’achat de Rafale Marine F4 pour 6,6 milliards d’euros

Le gouvernement indien approuve l’achat de Rafale Marine F4 pour 6,6 milliards d’euros

https://www.opex360.com/2025/04/10/le-gouvernement-indien-approuve-lachat-de-rafale-marine-f4-pour-66-milliards-deuros/


Lancé en 2017 par l’Indian Navy, le programme MRCBF [Multi Role Carrier Borne Fighters] visait initialement à acquérir cinquante-sept avions de combat multirôles embarqués pouvant être mis en œuvre aussi bien depuis un porte-avions en configuration STOBAR [avec tremplin, ndlr] que CATOBAR [catapultes et brins d’arrêt]. L’objectif était de remplacer les MiG-29K de conception russe en raison de leur taux d’attrition élevé et des difficultés pour assurer leur maintien en condition opérationnelle [MCO].

Si Saab tenta sa chance en dévoilant une version navalisée du JAS-39 Gripen, la compétition se joua entre le F/A-18 Super Hornet de Boeing et le Rafale Marine [RFM] de Dassault Aviation. Les essais effectués à la base navale INS Hansa, à Goa, tournèrent à l’avantage du second. Dans la même temps, l’Indian Navy revit ses ambitions à la baisse, le nombre d’appareils devant être acquis ayant été réduit à 26 unités.

En juillet 2023, à l’occasion de sa venue à Paris en tant qu’invité d’honneur du défilé du 14 juillet, le Premier ministre indien, Narendra Modi, confirma le choix du Rafale M.

Restait alors à entamer les négociations contractuelles et, surtout, passer une à une les différentes étapes du processus d’achat indien, plusieurs comités devant émettre un avis avant l’approbation finale.

En mars dernier, le site Indian Defence News a avancé que les négociations intergouvernementales étaient finalisées. Il ne manquait plus alors qu’un ultime feu vert, celui du gouvernement. Feu vert que ce dernier vient de donner, via son Comité du Cabinet sur la Sécurité [CCS], présidé par M. Modi.

« L’approbation par le CCS de l’accord intergouvernemental constitue la dernière étape. Il attend désormais sa conclusion officielle. Il devrait être signé lors de la visite du ministre français de la Défense en Inde, probablement plus tard ce mois-ci », a en effet rapporté l’agence de presse indienne ANI, le 9 avril.

Dans le détail, cet accord porte sur l’acquisition de vingt-deux Rafale M et de quatre Rafale B [biplaces] pour la formation et l’entraînement des pilotes de la marine indienne. Son montant s’élève à environ 6,6 milliards d’euros.

A priori, et comme l’avait indiqué le quotidien Economic Times, il comprendrait des options pour intégrer des armes de conception indienne, comme le missile air-air Astra, ainsi que des modifications et des équipements connexes propres à l’Indian Navy.

Enfin, la livraison des avions devrait débuter trois ans et demi après la signature du contrat, lequel prévoit aussi la fourniture de missiles air-air à longue portée Meteor, de missiles antinavires Exocet ainsi qu’un soutien logistique basé sur la performance.

UE. Quel chemin pour conquérir notre autonomie stratégique numérique ? Trump un électrochoc salutaire !

UE. Quel chemin pour conquérir notre autonomie stratégique numérique ? Trump un électrochoc salutaire !

Par Arnaud Coustillere* – Diploweb – publié le 5 avril 2025 

https://www.diploweb.com/UE-Quel-chemin-pour-conquerir-notre-autonomie-strategique-numerique.html


*Vice-amiral d’escadre (2S) Arnaud Coustillière. Président du « Pôle d’Excellence Cyber »
CEO de Str@t Algo Conseil. Senior Advisor « Cyber & Digital ». Operating Partner “TIKEAU Capital”. Ancien COMCYBER 2011/17 et DGNUM 2017/20 au Ministère des Armées.

La route sera longue, mais l’électrochoc de la prise de pouvoir par le président Trump et de son écosystème a le mérite de nous montrer que le monde d’avant est terminé ; que celui de demain parait surtout marqué par l’incertitude, les rapports de force et les volontés de domination.

L’Europe est seule et doit reprendre en main son destin. Cela passe aussi et de façon très importante par la défense militaire, la puissance économique et le numérique qui irrigue aujourd’hui tous les pans de nos sociétés. Que chacun soit à la hauteur de ses responsabilités.

LA RECOMPOSITION géopolitique majeure qui s’opère actuellement autour du conflit en Ukraine nous démontre que l’autonomie stratégique numérique n’est plus simplement une ambition économique, mais une nécessité absolue pour l’indépendance et l’autonomie de décision de nos nations. Le monde dans lequel nous vivons est marqué par l’intensification des cyberattaques, l’ingérence étrangère et la dépendance technologique.

La France et l’Europe doivent prendre leur destin numérique en main, sous peine de s’installer définitivement dans une forme d’asservissement et de disparition progressive de leurs modèles de société. Imprégné de technologie, le sujet est aujourd’hui beaucoup plus sociétal et politique que technique. Il convient donc de le placer à ce niveau de décision et de gouvernance, celui de l’État et de notre représentation nationale et européenne, mais aussi des entreprises clientes du numérique. Ce n’est plus en premier lieu un sujet d’expert technique.

Depuis 2018 le thème de la souveraineté numérique est devenu « politique » du fait de nos dépendances à nos « partenaires-concurrents » que sont nos alliés américains et des enjeux autour de la captation des données ; chaque pays, chaque bloc, défendant de plus en plus ouvertement ses propres intérêts en utilisant le droit comme forme d’ingérence extraterritoriale.

UE. Quel chemin pour conquérir notre autonomie stratégique numérique ? Trump un électrochoc salutaire !
Arnaud Coustillière
Vice-amiral d’escadre (2S).

2018/2025 a été le temps de la prise de conscience et de la fin de la naïveté…… Mais que faire à présent ?

Nous étions partenaires, alliés mais concurrents, ce n’est pas nouveau, le président François Mitterrand le déclarait déjà ; nous nous retrouvions cependant autour de valeurs communes. La souveraineté numérique semblait davantage une affaire économique que géopolitique, bien que les problématiques des données, notamment personnelles et de santé, posaient question et étaient l’objet de tractations difficiles entre l’Europe et les États-Unis.

Heureusement de nombreuses initiatives nationales et européennes ont été lancées dès cette période, tant dans le cadre de France 2030, des actions de l’ANSSI, des certifications SecnumCloud ou encore EUCS, des clouds souverains et de confiance, de la Loi « SREN » visant à sécuriser et réguler l’espace numérique en France, du combat courageux de plusieurs députés et sénateurs, du réseau des Campus Cyber, des travaux du Cigref …

Elles sont restées dans une logique de coopération, souvent subie, avec les grands acteurs non européens, sans oser en repenser le modèle relationnel, car il y avait plus d’intérêt à utiliser leurs systèmes parfaitement performants, qu’à partir sur d’autres voies très risquées, mais l’évolution vers le cloud, l’IA et le fait de confier ses données à un partenaire « non de confiance » posent de plus en plus question.

Le numérique dans toutes ses composantes est, et sera de plus en plus un terrain de compétition, de contestation et d’affrontement, tant commercial et culturel que stratégique.

Même si les actions offensives restent en deçà d’un certain seuil de violence, elles sont une réalité. De nombreux États en conduisent comme le montre régulièrement l’agence VIGINUM, elles cherchent à saper insidieusement la confiance dans l’État, le fonctionnement de la Nation et sa cohésion. Depuis une dizaine d’années, la désinformation est orchestrée avec des attaques techniques via des campagnes hybrides habilement conduites et planifiées. L’IA est plus récemment devenue un moyen et une arme pour fausser les perceptions des populations, rendant stratégique le sujet de son encadrement et de sa régulation.

La réélection du président Donald Trump en novembre 2024 marque une rupture à plusieurs niveaux

Rupture tout d’abord dans la méthode par rapport à l’administration précédente qui œuvrait avec certaines formes pour conforter sa suprématie d’empire numérique et sa « mainmise » sur l’espace numérique européen. Brutalité, surprise, hyperactivité, incertitude, mais aussi emprise sur les médias américains….

Rupture dans les soutiens : les GAFA [1] se sont ralliés très rapidement et très fortement aux discours et actions du mouvement MAGA [2], mus par l’appât des gains financiers grâce à un monde de l’Internet débridé où les données peuvent être captées sans contrainte, l’IA développée sans contre-pouvoir ou régulation, ou encore par une vision d’un monde futuriste porté par quelques grands patrons de la Silicon Valley. On parle même de « techno droite » comme nouveau courant idéologique mêlant les utopies libertariennes et les valeurs conservatrices.

Rupture majeure dans les alliances où le président Trump casse en quelques jours et quasiment seul le système des relations internationales et des alliances issues du siècle précédent, renvoyant à la politique américaine « Big Stick Policy » du tout début du XXème siècle.

Dans ce contexte, tout peut se produire… L’ennemi d’hier parait être devenu le nouvel ami ou du moins un partenaire comme les autres.

Un agent d’influence russe serait-il à la Maison Blanche comme la presse semble s’en faire l’écho ? L’Amérique est-elle en train de devenir, elle aussi, une autocratie qui tourne le dos à toutes les valeurs qui ont construit la relation transatlantique ? La question impensable il y a encore quelques semaines, est aujourd’hui sur la table.

Nous sommes face à un monde d’incertitudes !

Quid d’un décret présidentiel mettant à disposition de l’administration américaine les données des Européens, des sociétés, ou des organisations hébergées chez les GAFA ?

Quid d’une mise sous séquestre ou prise en otage des données de nos entreprises placées chez ces mêmes GAFA, juridiquement validée en droit américain ?

L’hébergement des données en France ou en Europe chez un GAFA les met de fait sous juridiction des Etats-Unis. C’est également vrai pour les données techniques confiées aux prestataires cyber de service américains issues des capteurs déployés et exploités dans le Cloud, et encore plus pour tout ce qui concerne les métadonnées et les algorithmes.

On le sait ! En l’absence d’infrastructure, de technologie et de services performants européens, il n’y a pas vraiment d’alternatives, et c’est bien cela qu’il faut collectivement bâtir progressivement afin de disposer d’une offre complémentaire, à un juste niveau technologique.

C’est ce point qui doit changer rapidement ; une voie existe, comme le montre les différentes initiatives autour des clouds de confiance/souverain, mais qui doivent passer à l’échelle au travers d’une nouvelle relation avec les grands GAFA. Une sorte de New deal entre une « Europe unie » – États et organisations représentatives des clients, comme CIGREF, NUMEUM, MEDEF, CGPME, Clubs de Directeur des Systèmes d’Information (DSI) [3]… et des sociétés privées de droit américain qui doivent s’adapter et adapter leurs infrastructures. Ce sont, in fine, les entreprises (Comex) et les DSI qui disposent du pouvoir de passer ou pas un contrat, et de peser sur leurs fournisseurs. Il faut donc s’appuyer sur eux et en faire des acteurs clef de ces démarches par de actions collectives.

Parmi les Européens employés par ces sociétés, nombre d’entre-eux se sentent de plus en plus mal à l’aise, mais ils peuvent aussi avoir un rôle en interne pour expliquer qu’un tel comportement de voyou n’est pas créateur de confiance et de stabilité. L’incertitude est mauvaise pour les affaires à moyen terme. Loin de les considérer comme des parias, il vaut mieux échanger avec eux et les associer pour en faire des « passeurs », il existe assez d’associations pour que ce sujet soit mis sur la table sans tabou.

Faire face

Premièrement, il y a aujourd’hui urgence à se préparer face à l’incertitude entretenue par la nouvelle administration américaine !

Déjà à court terme démarrons par le plus sensible qu’est déjà le besoin de se protéger et de se défendre de façon autonome, puis se mettre en sécurité juridique – déjà les sauvegardes – les données les plus importantes, et de sauvegarder sous cadre juridique européen tout ce qui peut l’être ; SECNUMCLOUD [4] bien sûr pour ce qui mérite de l’être et plusieurs initiatives de Clouds souverains sont ou seront bientôt disponibles. En cyber, il y a des solutions européennes performantes qui méritent de pouvoir passer à l’échelle.

Ensuite, un changement de paradigme pour les DSI… A-t-on besoin partout d’innovation ou de facilités de développement, qui font recourir aux « Market Places », très performantes mais non européennes pour avoir un « time to market » le plus rapide possible ? Les outils sont extraordinaires mais en a-t ’on réellement besoin partout ? Pour les domaines sensibles, ne peut-on pas penser à des systèmes plus « à façon » hébergés sur une infrastructure européenne ?

Il faut rester maître des « données sensibles » mais aussi des « algorithmes qui modélisent les savoir- faire et les modes de fonctionnement spécifiques des organisations, là où se trouvent les plus-values et la valeur qui font le « cœur stratégique » des organisations ».

Revisitons déjà tous les contrats en cours dont souvent les tarifs explosent (Broadcom/Vmware par exemple ou encore les différents avis régulièrement émis par le CIGREF).

Certains le font ! Il faut que tous les DSI s’en saisissent. Ce sont eux qui définissent l’architecture et le recours aux prestataires ; ils ont un pouvoir de décision.

Si l’infrastructure n’est pas encore passée à l’échelle ; les initiatives Secnumcloud et EUCS+ sont en cours avec des opérateurs français lancés dans l’aventure : OVH, S3NS, SCALEWAY, NUMSPOT, OUTSCALE, BLEU, OODRIVE et autres…

Des mesures à prendre en urgence, puis un long chemin restera à parcourir pour regagner le terrain informatique abandonné aux acteurs non européens, là où nos intérêts stratégiques et les données de nos citoyens le nécessitent.

Cette rupture est voulue et provoquée par notre partenaire américain. Il renoue avec le début de la Pax America post 1914 ; il tourne le dos à une partie de son histoire et de ses valeurs. Elle ne doit pas être vécue comme un traumatisme uniquement négatif mais comme un formidable défi à relever, une opportunité à saisir, pour lesquels la France a un rôle majeur à jouer, seule et avec ses partenaires les plus proches en Europe.

Un tournant de son histoire à ne pas ou à ne plus rater.

Souvenons-nous de Suez en 1956 ! Les Français et les Britanniques ont été sommés, du fait d’un accord entre les Etats-Unis et l’URSS, de stopper leurs opérations. Cela a été le point de départ de la constitution de la Force de Dissuasion par le général de Gaulle dans l’objectif de « Retrouver notre autonomie stratégique pour défendre nos intérêts nationaux ».

Le rapport « Nora-Minc » sur l’Informatisation de la Société Française datant de 1977 avait déjà anticipé beaucoup de choses, mais que d’échecs et de démissions collectives depuis face à l’émergence de l’hégémonie américaine.

Le général de Gaulle a su mobiliser les forces vives de la Nation et créer la Force de dissuasion en une dizaine d’années.

Les États et industriels ont su s’entendre et s’allier pour créer dans les années 1970 le consortium Airbus.

Plus récemment la Nation s’est retrouvée autour de la reconstruction de la cathédrale Notre Dame. L’État a su agir aux cotés des entreprises privées et d’acteurs nombreux, le tout avec un leadership original confié à un général, domaine bien éloigné de son parcours de carrière.

Des atouts à mobiliser

Si nous avons su créer une dynamique pour restaurer une architecture vielle de 800 ans, ne peut-on imaginer comment initier et entrainer une dynamique européenne pour bâtir une infrastructure numérique autonome avec des partenaires respectueux de la liberté et de la dignité des citoyens ?

Nous disposons de beaucoup d’atouts et d’énergies à libérer. La France a été à l’initiative de l’Appel de Paris en 2019 et plus récemment du Sommet de l’IA où le monde numérique a pu montrer sa diversité et son dynamisme, pas seulement états-uniens…

Il s’agit à présent de prendre son destin numérique en main et de ne plus subir. Ce n’est pas simple, même très compliqué mais la France doit se mettre au cœur de la dynamique européenne pour l’entrainer. Rassembler autour d’elle, l’Allemagne, les pays d’Europe du nord, l’Italie, l’Espagne…. Les acteurs et entrepreneurs de toute nation convaincue de cette évolution pour transformer une faiblesse en force.

L’État ne doit pas vouloir agir seul, ce doit être une action conjointe entre politiques et fonctionnaires, mais aussi et surtout avec les représentants des entreprises consommatrices et leurs DSI (Cigref, Club Décision DSI…).

Une force vive au cœur de la vie économique et politique apte à suivre un leader pour entrainer l’Europe dans cette voie.

La France dispose des atouts qu’il faut pour se positionner en catalyseur, source d’inspiration et leader. Nous avons les écoles et les compétences de haut niveau ; cyber, IA, innovation et recherche très dynamiques, French Tech, Business France, de dispositifs d’accompagnement comme France 2030 et de levées de fond.

Les compétences, la créativité et les entrepreneurs sont également là, mais il manque un marché « domestique », français et européen, d’une taille suffisante pour leur permettre de s’épanouir et de se développer, pour passer à l’échelle…

C’est l’une des étapes les plus importantes et essentielles, voire clef. Au-delà de toutes les aides et accompagnement, il faut créer un marché européen du numérique favorable aux acteurs européens et à des partenaires choisis exclusivement sous droit européen, sur la base de relations équilibrées comme on peut le voir dans les démarches de Cloud de confiance, ou encore lors de l’IA Summit.

Coca Cola est bien une société américaine, mais elle produit en France. McDonald’s est bien américain mais sa matière première est produite en Europe…. Ce sont des images éloignées du numérique, mais il faut aussi que les GAFA comprennent que leur attitude est devenue insupportable et que cela finira par nuire à leurs affaires, tant en Europe que dans le reste du monde

Il ne faut pas oublier non plus que l’espace numérique est l’espace stratégique d’affrontement où les États se confrontent en premier, restant sous le seuil de l’agression armée, combinant des actions d’ingérence, de désinformation, de propagande, ou encore des actions plus techniques pour perturber, saboter voire détruire. Saper la force morale des populations, faire perdre confiance dans l’État et ses institutions, désorganiser la société et les armées avant l’attaque, ou encore gagner sans combattre, le summum de l’Art de la Guerre (Sun Tzu).

Le réarmement européen source de nombreuses déclarations comporte lui aussi tout un champ numérique très dual qui commence chez nos industries, institutions et organisations…

L’autonomie en cybersécurité ne se limite pas à une question technique : c’est enjeu politique, un impératif de souveraineté, de compétitivité et de stabilité sociale.

Dans ce contexte, le Pôle d’Excellence Cyber est pleinement engagé à jouer un rôle clef dans la structuration de l’écosystème français et européen, centré sur le régalien européen et aligné avec les politiques du ministère des Armées, de l’ANSSI, des institutions européennes, et de partenaires européens. Sans attendre davantage, un groupe de travail sera lancé pour débattre de ce sujet avec nos membres.

Cette réflexion rend compte d’un tournant nécessitant une vision affirmée et des actions concrètes pour renforcer notre autonomie stratégique.

Quatre grandes initiatives pourraient être envisagées

Lancer une dynamique nationale « État/Représentation nationale/Entreprises » à effet d’entrainement européen pour coordonner et suivre au plus haut niveau des États l’ensemble des actions concrètes à mener sans plus tarder. Un véritable plan d’action 2025/2027 est à construire, ainsi qu’une dynamique large soumise à une gouvernance globale regroupant l’ensemble du numérique (cyber, data, cloud, IA, quantique…) et associant en premier lieu les entreprises « consommatrices » et pas simplement les grands groupes. La France a su le faire pour les JO 2024 !

Promouvoir à la fois les offres souveraines et de confiance, mais lancer un échange entre les acteurs « français » et les GAFA pour faire comprendre que la situation actuelle est intenable et sera « perdant-perdant « comme semble le montrer les récentes évolutions de la bourse américaine. Faire des affaires ne veut pas dire écraser ou prendre son client en otage….

La Revue Stratégique 2025 lancée par le Président de la République pourrait constituer le premier réceptacle pour ses premiers travaux.

Conduire des États généraux du numérique avec l’ensemble des partenaires pour définir le plan 2027/2032, inspiré des méthodologies utilisées pour les Livres blancs sur la Défense et la Sécurité nationale. La France dispose du SGDSN rodé à ce type d’exercice.

Élargir les travaux de France 2030 en allant au-delà des seuls projets techniques. Favoriser la montée en gamme de marchés « domestiques » accessibles aux offres issues de groupements d’entreprises européennes, faciliter l’accès à des marchés (gouvernement, OIV…) d’une taille importante.

Lancer une sensibilisation et concertations avec les associations de DSI d’entreprises de toutes tailles, les éditeurs et les entreprises de services numériques ESN. Grands groupes mais aussi et surtout ETI/PME qui ont besoin de davantage de conseils et des SI moins complexes, mieux adaptés dans un premier temps à des offres de services européennes.

La route sera longue, mais l’électrochoc de la prise de pouvoir par le président Trump et de son écosystème, a le mérite de nous montrer que le monde d’avant est terminé ; que celui de demain parait surtout marqué par l’incertitude, les rapports de force et les volontés de domination.

L’Europe est seule et doit reprendre en main son destin. Cela passe aussi et de façon très importante par la défense militaire, la puissance économique et le numérique qui irrigue aujourd’hui tous les pans de nos sociétés.

Là où il y a une volonté, il y a un chemin…

Copyright Mars 2025-Coustillière/Pôle d’Excellence Cyber


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[1] NDLR. GAFA : Google, Apple, Facebook, Amazon

[2] NDLR. MAGA : Make America Great Again. Littéralement « Rendre l’Amérique à nouveau grande », soit : « Rendre sa grandeur à l’Amérique », abrégé MAGA, est un slogan de campagne utilisé par des personnalités politiques des États-Unis, dont D. Trump.

[3] NDLR. Un Directeur des Systèmes d’Information (DSI) a pour missions de définir la stratégie informatique. Le DSI est chargé d’élaborer et de mettre en œuvre la stratégie informatique de l’entreprise, alignée sur les objectifs commerciaux. Cela inclut la planification des investissements technologiques et l’identification des opportunités d’innovation.

[4] NDLR. SECNUMCLOUD :« En tant qu’autorité nationale en matière de sécurité et de défense des systèmes d’information, l’ANSSI accorde des Visas de sécurité ANSSI à des solutions, produits ou services qui démontrent un niveau élevé de sécurité et de confiance. Dans le cadre de cette démarche, l’agence a élaboré en 2016 le référentiel SecNumCloud pour permettre la qualification de prestataires de services d’informatique en nuage, dit cloud. Son objectif : promouvoir, enrichir et améliorer l’offre de prestataires de cloud à destination des entités publiques et privées souhaitant externaliser, auprès de prestataires de confiance, l’hébergement de leurs données, applications ou systèmes d’information. » Source : https://cyber.gouv.fr/

La France va-t-elle coopérer avec l’Italie pour se procurer au moins deux croiseurs lourds DDX ?

La France va-t-elle coopérer avec l’Italie pour se procurer au moins deux croiseurs lourds DDX ?

https://www.opex360.com/2025/04/06/la-france-va-t-elle-cooperer-avec-litalie-pour-se-procurer-au-moins-deux-croiseurs-lourds-ddx/


Si l’on s’en tient à la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, la Marine nationale disposera, à l’horizon 2035, de quinze frégates dites de premier rang, à savoir huit frégates multimissions [FREMM et FREMM-DA], deux frégates de défense aérienne [FDA] et cinq frégates de défense et d’intervention [FDI], auxquelles s’ajouteront six sous-marins nucléaires d’attaque [SNA] de type Suffren, six patrouilleurs outre-mer [POM], dix patrouilleurs hauturiers [sept ont été commandés] et six corvettes aux capacités militaires accrues par rapport aux actuelles frégates de surveillance.

Lors de ses dernières interventions médiatiques, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a déclaré que ce format était insuffisant au regard de la situation sécuritaire actuelle et à venir. Aussi a-t-il a évoqué l’ajout possible de trois navires de premier rang supplémentaires.

Par ailleurs, dans une réponse à une question écrite posée par la députée Nathalie Da Conceicao Carvalho, le ministère des Armées a confirmé que l’armement des frégates de défense et d’intervention, insuffisant car résultant de choix faits « en adéquation avec les besoins militaires et les ressources financières allouées », allait être renforcé.

« Des mesures conservatoires ont été prises pour faire évoluer les frégates dans le temps et s’adapter à l’évolution des menaces et du contexte opérationnel. Les missions récentes confirment ce besoin et les évolutions visées pour renforcer l’armement des frégates », a-t-il en effet avancé.

Pour rappel, les FDI commandées auprès de Naval Group ne disposent que de seize cellules Sylver A50 pour tirer des missiles surface-air ASTER 30, de huit missiles antinavires Exocet MM40 Block 3C, d’une tourelle de 76 mm, de deux canons téléopérés de 20 mm et de deux doubles tubes lance-torpilles.

Quoi qu’il en soit, dans sa question, Mme Da Conceicao Carvalho a demandé au ministère des Armées s’il envisageait de nouer une coopération avec l’Italie en vue de se procurer deux, voire quatre, exemplaires du « super-destroyer DDX », un navire actuellement en phase de conception chez Fincantieri.

Selon les derniers développements de ce programme, le DDX doit afficher un déplacement de 14 500 tonnes [ce qui le rapproche d’un « croiseur lourd »]. Doté d’un radar puissant de type bi-bande à faces fixes fonctionnant en bande X et S, il disposera de 80 cellules de lancement vertical [48 Sylver A50 et 32 ​​A70] lui permettant notamment d’emporter des missiles intercepteurs Aster 15 et 30B1 NT ainsi que des missiles de croisière.

A priori, l’éventualité d’une coopération avec l’Italie autour de ce nouveau type de navire n’est pas totalement écartée par le ministère des Armées, alors qu’elle avait été catégoriquement exclue selon des informations de Mer & Marine publiées en 2020. « Les marins, qui vont déjà devoir ferrailler pour obtenir les crédits nécessaires aux projets déjà initiés, ne voient quant à eux aucun intérêt à se lancer dans le projet DDX », avait avancé le site spécialisé, à l’époque. Mais les temps ont changé… et la conception du futur « cacciatorpediniere » de la marine italienne aussi.

« Pour la majorité des programmes d’armement, les coopérations européennes sont recherchées et encouragées. Dans le domaine naval, l’Italie et la France entretiennent un partenariat étroit, notamment au sein de la société Naviris [la coentreprise de Naval Group et de Fincantieri, ndlr] », a-t-il d’abord rappelé, en citant les programme FREMM, FDA, BRF [Bâtiment ravitailleurs de force] ainsi que le développement des missiles Aster.

« Cette coopération trouve son prolongement et sa finalité en opérations comme lors d’entraînements de haut niveau permettant d’approfondir l’interopérabilité, faire progresser les capacités d’engagement conjoint et renforcer l’autonomie stratégique européenne. Le traité du Quirinal offre ainsi des perspectives pour renforcer davantage ce partenariat », a poursuivi le ministère, avant de souligner qu’il était en train de conduire « un travail d’évaluation et de chiffrage de l’accélération de notre réarmement et du renforcement de nos capacités » et que la « trame des frégates en fait évidemment partie ».

En matière de défense, le Traité du Quirinal indique que la France et l’Italie « développent leur coopération dans le domaine du renforcement des capacités d’intérêt mutuel, en particulier en ce qui concerne la conception, le développement, la production et le soutien en service, afin d’améliorer l’efficacité et la compétitivité de leurs systèmes industriels respectifs et de contribuer au développement et à l’approfondissement de la base industrielle et technologique de défense européenne ».

Et la feuille de route qui l’accompagne parle « d’intensifier la collaboration déjà existante dans le secteur naval, des systèmes de missiles et des munitions de nouvelle technologie ».

Thales et l’armée française : un contrat militaire qui durera au moins 10 ans

Thales et l’armée française : un contrat militaire qui durera au moins 10 ans

L’armée française franchit un cap décisif dans sa préparation aux conflits futurs. En confiant à Thales un contrat logistique de dix ans, les forces armées optent pour une stratégie intégrée, réactive et durable, taillée pour les enjeux d’aujourd’hui comme ceux de demain.

par Jade Blachier – armees.com – Publié le
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thales-larmee-francaise-contrat-militaire-durera-10-ans | Armees.com

L’armée française franchit un cap décisif dans sa préparation aux conflits futurs. En confiant à Thales un contrat logistique de dix ans, les forces armées optent pour une stratégie intégrée, réactive et durable, taillée pour les enjeux d’aujourd’hui comme ceux de demain.

Le 26 mars 2025, Thales s’est vu confier par la SIMMT — la Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres — un contrat d’envergure baptisé « ABSOLU ». D’une durée de dix ans, cet accord marque un tournant majeur dans la façon dont les forces françaises gèrent leur soutien logistique. En concentrant en un seul dispositif ce qui relevait jusqu’ici de plusieurs dizaines de contrats dispersés, l’armée entend gagner en efficacité, en rapidité et en résilience.

Un contrat stratégique pour transformer le soutien des armées

Le contrat ABSOLU, acronyme d’« Adaptation de Bout en bout du Soutien Opérationnel et de la Logistique Uniformisée », n’est pas un contrat de plus. Il constitue une réforme en profondeur du soutien aux équipements terrestres. L’idée est simple : rassembler près de trente contrats jusque-là gérés séparément en un dispositif unique, piloté par Thales. Une centralisation qui permet non seulement de simplifier les processus administratifs, mais surtout de rationaliser toute la chaîne de maintenance, du diagnostic à la remise en service.

Ce choix de cohérence est stratégique. Il répond à un constat partagé au sein des armées : face à l’intensification des menaces et à la complexité croissante des théâtres d’opérations, il devient impératif d’avoir des équipements disponibles rapidement, en état de marche, avec une capacité de projection renforcée. Le contrat ABSOLU permet précisément d’accélérer les cycles de réparation et de garantir une meilleure disponibilité opérationnelle des matériels.

Pourquoi Thales a été choisi : une expertise au service des forces

Si Thales a été retenu pour piloter ce contrat, ce n’est pas par hasard. Le groupe dispose d’un savoir-faire industriel éprouvé, d’une implantation nationale solide et d’une connaissance fine des besoins des armées françaises. En matière de soutien, Thales n’est pas un novice. Mais avec ABSOLU, le groupe passe à la vitesse supérieure.

L’industriel s’engage à mettre en place une organisation réactive et évolutive : création d’un centre de décision commun avec les autorités militaires pour fluidifier les arbitrages, sécurisation de stocks critiques sur plusieurs sites pour éviter les ruptures, et recours massif à la science des données pour anticiper les besoins en maintenance avant même qu’ils ne se manifestent sur le terrain.

C’est aussi un engagement fort pour la montée en puissance. En cas de crise ou de conflit de haute intensité, Thales s’engage à doubler ses capacités logistiques pour soutenir un volume de matériels bien supérieur à la normale, sans dégradation du service.

Ce que couvre le contrat : radios, réseaux et simulation

Le périmètre couvert par ABSOLU est aussi vaste que stratégique. Il inclut, dès son lancement, les postes radios de quatrième génération PR4G, essentiels pour les communications tactiques. Il englobe également les systèmes de radiocommunications longue portée Melchior, utilisés pour les échanges inter-théâtres. Enfin, il prend en charge les stations du programme ASTRIDE (Accès par satellite et par transmission hertzienne au réseau de zone), qui constituent le cœur du commandement déployé des forces françaises en opération.

À terme, le contrat a vocation à s’étendre à l’ensemble des équipements terrestres fournis par Thales, y compris les simulateurs de combat. Cela permettra une homogénéisation du suivi, une continuité logistique renforcée et une vision unifiée de l’état des parcs.

Une nouvelle arme logistique : l’économie circulaire militaire

L’un des aspects les plus novateurs du contrat réside dans l’intégration de l’économie circulaire au cœur du dispositif. Thales ne se contente pas de réparer. Le groupe développe des capacités de réutilisation des composants, de recyclage des matériaux critiques et de tri systématique des équipements en fin de cycle. Objectif : prolonger la durée de vie des systèmes, sécuriser les approvisionnements en matières rares et réduire l’empreinte écologique des opérations de soutien.

Concrètement, cela veut dire qu’une carte électronique révisée ou un châssis récupéré pourra être remis dans le circuit sans attendre une pièce neuve. Cela permet à la fois de gagner du temps, de faire des économies et de préserver les ressources. Une approche pragmatique et moderne, en phase avec les nouvelles contraintes de soutenabilité et les réalités des chaînes logistiques mondiales.

L’armée de Terre cherche sa nouvelle dépanneuse blindée

L’armée de Terre cherche sa nouvelle dépanneuse blindée

– Forces opérations Blog – publié le

L’armée de Terre cherche une nouvelle dépanneuse blindée. Jusqu’à 150 exemplaires pourraient être acquis via une compétition engagée hier par la Direction générale de l’armement (DGA). 

Derrière cette mise en concurrence, des « engins lourds de dépannage (ELD) destinés au dépannage de véhicules tactiques au profit des armées ». À commencer par les Serval, Jaguar et Griffon de la famille SCORPION, des engins à roues de 17 à 25 tonnes progressivement livrés à l’armée de Terre. 

Cet ELD sera composé d’un camion doté d’une cabine blindée, d’une grue et d’une fonction de levage avec lesquelles il pourra extraire et récupérer les véhicules SCORPION au contact sur route ou hors route tout en contribuant aux opérations de maintenance. 

La cible envisagée par ce futur accord-cadre conclu pour une durée de cinq ans ? Quelque 150 ELD, dont 20 en tranche ferme. Les cinq premiers seront livrés au maximum 18 mois après la notification du contrat. Les 15 suivants sont attendus dans les six mois qui suivront ce lot initial. L’envergure de l’investissement n’est pas connue. 

L’annonce devrait intéresser au moins un acteur français : SOFRAME. Cette filiale du groupe Lohr aurait plusieurs cartes à jouer. D’une part, un porteur poids lourd de dépannage (PPLD) développé avec Iveco et en service dans l’armée de Terre. D’autre part, un Protected Recovery Vehicle (PRV) acquis en 2019 par la Composante Terre belge. Suivre cette voie, ce serait donc renforcer l’interopérabilité matérielle engagée avec un partenaire stratégique. 

Crédits image : SOFRAME

Le char Leclerc XLR sera doté d’une intelligence artificielle pour détecter et identifier les cibles

Le char Leclerc XLR sera doté d’une intelligence artificielle pour détecter et identifier les cibles


Le 28 janvier, la Direction générale de l’armement a fait savoir qu’elle venait de notifier à KNDS France un contrat portant sur la modernisation de 100 chars Leclerc supplémentaires, ceux-ci devant être portés au standard XLR. Pour rappel, l’armée de Terre devra en aligner 160 exemplaires en 2030 et 200 en 2035.

Cette opération vise à doter le Leclerc de l’ensemble des équipements nécessaires au combat collaboratif [Système d’information du combat SCORPION, radio CONTACT], d’un tourelleau téléopéré de 7,62 mm, d’un brouilleur BARAGE pour renforcer sa protection contre les engins explosifs improvisés [EEI ou IED].

En outre, il s’agit également d’améliorer sa conduite de tir, grâce à des viseurs « PASEO », fournis par Safran Electronics & Defense. Seulement, les premiers Leclerc XLR remis à l’armée de Terre [34 l’avaient été au 10 décembre 2024] ne disposent pas de cette fonctionnalité… puisque celle-ci ne sera pas disponible avant 2028.

Le contrat relatif à l’intégration des viseurs PASEO a été attribué à KNDS France et à Safran Electronics & Defense par la DGA en février 2024.

« Ces viseurs sont les deux systèmes d’observation et d’engagement principaux du char Leclerc qui permettent à l’équipage de détecter, d’identifier et de cibler un objectif à plusieurs kilomètres avant de l’engager », avaient alors expliqué les deux industriels. Et d’ajouter que l’objectif était de « numériser le cœur optronique du système d’arme du char » afin d’accroître le « flux de données » et de « fournir des images de très haute qualité dans toutes les conditions ».

Cela étant, en juin de la même année, à l’occasion du salon de l’armement aéroterrestre EuroSatory, Safran dévoila sa solution d’intelligence artificielle ACE [pour « Advanced Cognitive Engine »], celle-ci devant être intégrée à l’ensemble de ses produits, dont les viseurs PASEO.

« ACE permet notamment d’augmenter les capacités de détection, de classification et d’identification des cibles en corrigeant les effets générés par les conditions environnementales comme la turbulence atmosphérique ou la faible luminosité », avait expliqué l’industriel.

Et de préciser que « d’autres fonctions telles que le suivi avancé de pistes ou la détection d’objets d’intérêts aideront les utilisateurs à accomplir leurs missions en allégeant leur charge cognitive ».

Cette avancée a conduit la DGA à notifier un autre contrat au groupement momentané d’entreprises MODVIS, formé par KNDS France et Safran.

« Le GME Modernisation des Viseurs du char Leclerc rénové [MODVIS] vient d’être notifié par la DGA de l’intégration de fonctions avancées d’Observation au Viseur Chef », a en effet annoncé KNDS France, le 28 mars, via les réseaux sociaux X et LinkedIn.

« S’appuyant sur l’Intelligence Artificielle de Safran Electronics & Defense, ces dernières améliorent significativement les capacités de surveillance, de détection et de classification de cibles », a-t-il poursuivi, avant de rappeler que le GME MODVIS a « pour objectif d’améliorer la performance des viseurs du char [viseur Tireur et viseur Chef], notamment en remplaçant le viseur Chef par un viseur PASEO ».

Avec quelles nouvelles armes la France prépare son effort de défense ?

Avec quelles nouvelles armes la France prépare son effort de défense ?

L’effort de défense pour l’Armée française se traduit par des commandes de matériels militaires plus importantes et adaptés aux conflits actuels.

par Frédéric Delmonte – mesinfos.fr – publié le

https://mesinfos.fr/avec-quelles-nouvelles-armes-la-france-prepare-son-effort-de-defense-219056.html

@Dassault Aviation - Dassault Aviation travaille sur un drone de combat, qui sera furtif et accompagnera en mission le Rafale. Du combat collaboratif.

@Dassault Aviation – Dassault Aviation travaille sur un drone de combat, qui sera furtif et accompagnera en mission le Rafale. Du combat collaboratif.

L’effort de défense de la France passe par des commandes d’équipements militaires pour moderniser l’arsenal des nos armées et surtout le renforcer. L’objectif est de mettre à niveau les capacités militaires de la France dans le cadre d’un conflit de haute intensité, qui nécessiterait des réserves importantes de munitions et un nombre plus conséquent d’armes et de véhicules militaires.

Si cette question des capacités de défense de la France est revenue sur le devant de la scène politique ces dernières semaines, à la suite des évolutions géopolitiques à la suite de l’élection de Donald Trump, elle se posait déjà bien avant l’attaque de la Russie contre l’Ukraine.

Pour comprendre quels sont les besoins en armes, munitions et hommes des armées françaises et quelle est sa doctrine, il se faut d’abord se pencher sur les Lois de programmation militaires. Parce qu’au delà des discours politiques de circonstance, protéger la France et les Français, c’est planifier .

 

2019-2025. Une Loi de programmation militaire dans un contexte de terrorisme

Cet effort, dans la mise à niveau des capacités de défense et d’intervention des armées françaises, s’est  concrétisé par la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025. Votée en 2018 elle a permis de réparer et moderniser nos armées après des décennies de coupes budgétaires.

Cette dernière a été élaborée dans un contexte géopolitiques plus belliqueux, marqué par le retour des attentats contre la France. L’objectif est d’engager 10 000 soldats sur le territoire national, dans le cadre de l’opération Sentinelle est d’accélérer les actions offensives contre Daech en Irak et en Syrie. A cette période aussi, les stratèges militaires regardent aussi les actions des séparatistes Russes du côté du Donbass et de la Crimée.

2024-2030. Une LPM pour envisager un conflit de haute intensité.

Cette politique de réarmement de la France s’est poursuivie avec la LPM 2024-2030 qui a été adoptée en 2022 avec un objectif fort : organiser nos armées face aux nouvelles menaces. Cette dernière loi LPM a pris en compte la nouvelle réalité sécuritaire, notamment avec la guerre en Ukraine et les tensions avec la Russie, la situation en Afrique, ou dans le Pacifique avec les prétentions territoriales de la Chine. Il s’agit de muscler les troupes françaises et de les préparer à la haute intensité face à un adversaire aussi puissant, voir plus puissant.

« Notre armée, je la compare à un bonsaï, à une armée américaine en version bonsaï. C’est-à-dire que nous avons, comme les Etats-Unis, une armée qui sait tout faire. Sauf que comme nous ne sommes pas les États-Unis, nous l’avons en petit. En version bonsaï. C’est efficace, ça marche, mais ça ne permet pas de faire les choses pendant longtemps et ça ne permet pas de faire les choses de manière massive » analysait sur France Info Jean-Dominique Merchet, journaliste, spécialiste des questions militaires et stratégiques.

La France entend renforcer sa dissuasion, notamment nucléaire

Avec cette LPM 2024-2030, « les commandes de 2023, et plus spécifiquement celles de décembre 2023 sont destinées à renouveler et moderniser les capacités des forces armées dans tous les domaines : aérien, terrestre, naval et spatial » rappelle le ministère de la Défense. La dernière PLM entend « maintenir la crédibilité de notre dissuasion » en renforçant « la résilience sur le territoire national, notamment les Outre-mer, et l’affirmation de notre souveraineté ».

Cette PLM prend en compte l’hypothèse qu’un « conflit de haute intensité ne peut plus être exclue« .

La dissuasion passe par un effort important dans le renouvellement des équipements nucléaires. Une grosse partie des 413 milliards, atour de 60%, va partir dans la modernisation des armes nucléaires, mais aussi des porteurs de cette arme, comme les Rafales ou les sous-marins.

Financer et préparer l’effort de guerre

Pour poursuivre cet « effort de guerre » comme l’a présenté Emmanuel Macron, la France cherche des financements. Le ministre de l’Economie, Éric Lombard, a appelé les investisseurs privés à soutenir l’industrie de défense, soulignant l’importance stratégique et économique du secteur. L’Etat réfléchit également à un placement citoyen pour financer les nouvelles armes de la France.

Concrètement, quels sont les équipements militaires commandés par les armées françaises à la base industrielle et technologique de défense ? Cette BITD regroupe entre 2 000 et 4 000 entreprises. Parce que l’objectif est également d’acheter des armes produites en France, ou en Europe. mesinfos.fr a essayé de faire un état des lieux des nouvelles armes qui arrivent dans nos casernes.

Des véhicules blindés légers et modernes pour l’Armée de terre

La guerre de haute intensité qui se joue entre la Russie et l’Ukraine rappelle la nécessité de disposer d’un nombre plus important de véhicules militaires à aligner sur une ligne de front étendue. Des véhicules adaptés aux nouveaux besoins et menaces, comme les drones. 

@Armée de Terre – le Jaguar est un engin blindé de l’Armée de terre.

La France est engagée depuis quelques années dans un programme de remplacement de ses véhicules blindés légers. C’est le cas avec le Griffon qui remplace progressivement les 2 700 véhicules de l’avant blindés (VAB). 1 872 Griffon sont livrés depuis 2019 souligne le ministère de la Défense.

En compléments, 35 EBRC Jaguar vont être livrés en 2024, soit 95 depuis 2021. 103 VBMR-L Serval seront livrés également en 2024, soit 292 depuis 2022.

@Armée de terre – La France dispose de plus de 600 VBCI.

La France dispose également de plus de 600 VBCI, livrés entre 2015 et 2018. Ce véhicule blindé à roues 8×8 « doit pouvoir être engagé, de nuit comme de jour, sous la menace des armes d’infanterie ou d’artillerie, en ambiance NBC tout en assurant la capacité à durer au personnel embarqué » détaille l’Armée de terre.

Du lourd avec la modernisation des chars de combat Leclerc

La France dispose de 241 chars Leclerc en service, mais seulement 147 chars sont disponibles. Ces chars, mis en service au début des années quatre-vingt-dix est vieillissant.

@Armée de terre – Le char Leclerc est modernisé pour répondre aux nouveaux enjeux militaires.

Plus d’un millions d’euros d’investissement dans la modernisation du char Leclerc qui arrive au milieu de sa vie. La Direction générale de l’armement (DGA) a validé en 2024 la rénovation de 100 chars Leclerc (XLR), portant à 200 le nombre de chars rénovés commandés. Les travaux de rénovation sont réalisés sur le site de l’industriel KNDS France à Roanne.

L’artillerie passe par plus de canon Caesar

Plus que la poudre, le canon Caesar a fait parler de lui dans le cadre de sa livraison aux forces armées ukrainiennes. Pour remplacer ses équipements et les compléter, 109 canons Caesar nouvelle génération sont commandés au profit de l’Armée de terre.

@Ministère de la défense – Les qualités du canon Caesar ont fait leurs preuves en Ukraine.

Pour répondre à cette demande, les cadences de la chaîne de production des Caesar, fabriqué par KNDS à Roanne, ont augmenté pour passer à 6 Caesar par mois. Il faut 15 mois pour fabriquer ce canon contre 30 auparavant.

En complément, 54 mortiers embarqués pour l’appui au contact ont été commandés entre 2025 et 2028

Des camions pour transporter des armes et du carburant

La logistique des armées françaises fait aussi partie des priorités. Ainsi, l’Armée de terre va bénéficier de 165 camions citernes de nouvelle génération à partir de 2027 et de 1 110 camions logistique de 6 tonnes à partir de 2028.

Des munitions pour éviter à l’Armée française de tirer à blanc

Avoir des canons et des chars mais pas suffisamment de munitions ? Alors que les Russes tirent autour de 10 000 obus par jour en Ukraine, la France est au défi de renforcer ses stocks.

Cela passe par plusieurs commandes : 260 millions d’euros de commandes de missiles anti-char ont été valisés entre 2022 et 2025, 75 millions d’euros d’investissements en défense sol-air ont été injectés depuis 2022, 750 millions d’euros de minutions d’artillerie ont aussi été validés depuis 2022…

L’Armée de l’air et de l’espace complète sa flotte de Rafale

Fin décembre 2023, la Direction générale de l’armement (DGA) a notifié à Dassault Aviation une commande de 42 avions de combat Rafale, dite « tranche 5 » à destination de l’armée de l’Air et de l’Espace.

© Shutterstock – Dassault Aviation espère livrer 25 Rafale en 2025.

La nécessité de renforcer l’Armée de l’air a été soulignée par Emmanuel Macron, lors de la visite de la base aérienne de Luxeuil-les-Bains, au sujet de la dissuasion nucléaire de la France.

En complément, 47 Mirages 2000D ont été rénovés en 2024.

Ces commandes de l’Armée françaises ou d’armées étrangères dopent les résultats de Dassault Aviation. En 2021, l’armée de l’Air et de l’Espace comptait 211 avions de chasse du groupe Dassault, les Rafale et Mirage 2000.

Des hélicoptères NH90 pour les forces spéciales

Les forces spéciales des l’Armée de terre font pouvoir être projetées sur des théâtres d’opération par 18 hélicoptères NH90 de plus. L’hélicoptère effectue des missions de transport tactique de troupes et de matériel ainsi que des évacuations sanitaires. 

@Ministère de l’intérieur – Le NH90 en version marine.

« Avec le retrait progressif des PUMA, les NH90 Caïman TTH constituent désormais la principale flotte d’hélicoptères de manœuvre et d’assaut des forces, aux côtés des Cougar rénovés et des Caracal, avec 63 appareils en service au sein de l’armée de Terre et 27 au sein de la Marine nationale » rappelle le ministère de la Défense.

Des hélicoptères en renfort des Gendarmes et des pompiers

La Direction générale de l’armenent A a passé commande en janvier 2024 de 42 hélicoptères H145-D3 FR auprès d’Airbus Helicopters pour les forces de Gendarmerie et les secours, comme les pompiers. Le contrat prévoit une option pour 22 hélicoptères supplémentaires pour la DGGN. Ces nouveaux hélicoptères amélioreront l’efficacité et la sécurité des missions d’assistance aux personnes, de sécurité publique et d’appui aux forces de l’ordre.

Drones, missiles… Le danger vient du ciel

@Ministère de la défense – Un fusil Nerod de lutte contre les drônes.

La Direction générale de l’armement a commandé, en décembre 2024, de nouveaux systèmes de défense surface-air et de lutte anti-drones au profit des trois armées. « D’un montant global de l’ordre de 600 M€, ces commandes s’inscrivent dans le cadre de la Loi de programmation militaire 2024-2030 qui prévoit de renforcer et moderniser les capacités des forces dans ces domaines stratégiques » rappelle le ministère de la Défense.*

Concrètement la défense sol-air de la France va passer de 8 systèmes SAMP Manba à 12 pour 2035, de 2 VL MICA à 16 en 2029, puis 24 en 2035. En 2035, 18 systèmes bi-couche basés sur le couple SAMP NG et VL MICA seront en service. La lutte anti-drone s’étoffe avec l’arrivée de 3 nouveaux systèmes laser en 2024 et un quatrième en 2025 et 4 systèmes PARADE en 2026.

Ravitailleurs, avions espions, satellites, la flotte de l’Armée de l’air et de l’espace s’étoffe

En 2026 une troisième avion léger de surveillance va entrer en service. A l’horizon 2026-2027, la France va tester deux démonstrateurs de satellites patrouilleurs-guetteurs pour protéger les moyens spatiaux de la France.

Adjudant D.THERBY – Une image aérienne du 1er terminal militaire de la base aérienne 125 d’Istres.

Pour améliorer la projetions de ses avions l’Armée de l’air et de l’espace va compter sur 15 nouveaux exemplaires de l’A330 MRTT Phénix qui est un avion ravitailleurs. Ils sont notamment basés à la BA 125d’Istres qui devient le premier terminal militaire de France. Cette année, la flotte des 24 avions de transports va recevoir un nouveau A400M Atlas pour arriver à 37 appareils en 2030.

Un plan pour le futur porte-avion français et un chantier à Toulon

L’arme la plus imposante des armées françaises reste le porte-avions de nouvelle génération [PA NG] que la France va commander pour remplacer à terme le porte avion Charles-de-Gaulle. « L’année 2025 sera celle de la passation de commande du porte-avions de nouvelle génération » a confirmé Sébastien Lecornu, le ministre de la Défense.

@D. R – Le futur porte-avions de la Marine nationale sera plus imposant que le Charles-de-Gaulle.

Difficile d’avoir un budget exact, mais l’investissement prévu devrait s’élever à « une dizaine de milliards d’euros« , selon Cols Bleus, le magazine de la Marine nationale. La construction du futur porte-avions sera réalisée par la MO-Porte-avions, la coentreprise créée par Naval Group, les Chantiers de l’Atlantique et TechnicAtome.

@K. Sarrazin – La base navale de Toulon est en chantier pour accueillir le futur porte-avions.

D’une capacité de déplacement de 80 000 tonnes, sa longueur sera de 310 mètres. Pour accueillir ce géant des mers, la base navale de Toulon a déjà lancé un chantier colossal. Elle va construire des quais et un bassin dédié au futur navire amiral de la Marine nationale.

Des sous-marins de nouvelle génération dans la Marine

La Marine nationale renouvelle sa flotte de sous-marins nucléaire.

Elle va notamment bénéficier d’ici 2030 de six SNA, ou sous-marin nucléaire d’attaque de nouvelle génération, dite de classe Suffren, pour remplacer ceux de classe Rubis. Deux SNA ont rejoint la flotte et la base navale de Toulon et un est en test en Méditerranée. Les trois autres vont être mis en service dans les cinq prochaines années.

@Marine Nationale – Un nouveau SNA dans le port militaire de Toulon.

La construction du sous-marin nucléaire lanceur d’engins de nouvelle génération a également débuté, selon le ministère des Armées. Il s’agit du premier des quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de troisième génération, appelés à incarner à partir de 2035 la composante océanique de la force de dissuasion nucléaire française.

Des Frégates Bleu Blanc Rouge en renfort sur les mers du globe

Cinq Frégates de défense et d’intervention vont compléter la flotte de la Marine nationale. Il en aurait fallu plus pour assurer une présence de la Marine nationale dans toutes les mers du globe où la France a des intérêts. Mais à plus de 600 millions d’euros l’unité, la facture s’élève vite… Trois premières seront livrées entre 2025 et 2029. Il s’agit de Frégates de classe Amiral Ronarc’h qui sont construite à Lorient par Naval Group.

@Naval Group – Les nouvelles Frégates de la Marine nationale seront fabriquées à Lorient.

« Les FDI sont des navires de haute mer polyvalents, endurants et capables d’opérer, seuls ou au sein d’une force navale, dans tous les domaines de lutte : antinavire, anti-aérien, anti-sous-marin, contre les menaces asymétriques et capable de projeter des forces spéciales » détaille Naval Group.

Ces Frégates de nouvelle génération seront protégées contre les attaques cyber et elles seront « les premières frégates à bénéficier à bord d’une architecture numérique qui leur permettra de s’adapter en continu aux évolutions technologiques et opérationnelles« .

De nouveaux patrouilleurs hauturiers

En 2023 la DGA a commandé à Naval Group sept patrouilleurs hauturiers pour la Marine Nationale, pour un total de 900 millions d’euros. « Les patrouilleurs combleront le déficit de bâtiments de second rang et seront déployés à Brest, Toulon et Cherbourg. Adaptés à un environnement maritime hostile, ils disposeront d’une capacité de traitement de l’information avancée et pourront opérer des hélicoptères ou des drones » précise le ministère de la Défense.

@Naval Group – La Marine française doit se doter de nouveaux patrouilleurs hauturiers.

« En conformité avec la LPM 2024-2030, dix patrouilleurs seront en service d’ici 2035, avec une première livraison prévue en 2026, pour remplacer les patrouilleurs de haute mer et de service public existants » ajoute ce dernier.

Des drones militaires pour compléter l’arsenal sur terre, en mer et dans les airs

Le conflit entre la Russie et l’Ukraine met en première ligne l’usage intensif des drones. Les armées françaises entendent être à la page de ces nouvelles armes. Dernièrement un exercice militaire s’est tenu au large de Toulon avec la Marine nationale et la participation d’industriels. L’objectif était de tester une opération avec l’usage de drones en mer et dans le ciel. Dernièrement la Marine nationale a acheté à Thales et Exail huit drones sous-marins autonomes de nouvelle génération, avec une option pour acquérir huit drones supplémentaires.

@MBDA – Le NX70 un drone militaire d’observation fabriqués prés d’Aix-en-Provence.

Les drones sont aussi utilisés pour faire du renseignement, comme le NX70 capable d’observer de jour comme de nuit. Ces drones sont fabriqués par Novadem, prés d’Aix-en-Provence.

Le génie militaire utilise également des drones, comme le Minirogen, qui permet de déconstruire à terre des obstacles ou cibles à distance. L’Armée de terre emploie aussi un drone avion de reconnaissance, le SDT Patroller. Sa mise en œuvre est assurée exclusivement par le 61e régiment d’artillerie, régiment de recherche par imagerie des forces terrestres.

Pour préparer la guerre du futur, Dassault Aviation travaille sur un drone de combat aérien furtif capable d’assurer une mission en même temps que le Rafale. On parle là de combat collaboratif…

Une base industrielle de défense transatlantique ? Deux analyses contrastées

Une base industrielle de défense transatlantique ? Deux analyses contrastées

Études – IFRI – publication du
par Jonathan CAVERLEY – Ethan B. KAPSTEIN – Élie TENENBAUM – Léo PÉRIA-PEIGNÉ

Couv Focus Transat

L’évolution du paysage de la coopération mondiale en matière de défense met la relation transatlantique au défi. Alors que les tensions géopolitiques augmentent et que l’environnement de menaces devient plus complexe, la capacité de l’Europe à assurer au mieux sa sécurité tout en maintenant sa relation avec les États-Unis est devenue primordiale. Ce Focus stratégique offre deux points de vue contrastés sur la dynamique des relations industrielles de défense entre les États-Unis et l’Europe, en soulignant les défis et les opportunités qui attendent les deux parties.

Drapeau des États-Unis et drapeau de l'UE
Drapeau des États-Unis et drapeau de l’UE © Shutterstock.com

L’évolution du paysage de la coopération mondiale en matière de défense met la relation transatlantique au défi. Alors que les tensions géopolitiques augmentent et que l’environnement de menaces devient plus complexe, la capacité de l’Europe à assurer au mieux sa sécurité tout en maintenant sa relation avec les États-Unis est devenue primordiale. Ce Focus stratégique offre deux points de vue contrastés sur la dynamique des relations industrielles de défense entre les États-Unis et l’Europe, en soulignant les défis et les opportunités qui attendent les deux parties.

Le premier texte, rédigé par Jonathan Caverley et Ethan Kapstein, expose une analyse qui souligne les limites de l’autonomie stratégique européenne en matière de défense. Ils affirment qu’en dépit de l’augmentation des dépenses de défense et d’initiatives telles que le rapport Draghi, l’Europe reste fortement dépendante des États-Unis en matière de technologie militaire avancée et de capacités industrielles. Ils suggèrent que l’Europe devrait accepter un statut de partenaire junior au sein de l’Alliance transatlantique et tirer parti de la supériorité technologique des États-Unis pour renforcer ses propres capacités de défense. Selon eux, cette approche permettrait à l’Europe de bénéficier des systèmes de défense les plus avancés tout en reconnaissant les réalités économiques et industrielles qui limitent sa capacité à atteindre une autonomie totale.

Dans le second texte, Élie Tenenbaum et Léo Péria-Peigné remettent en question les études trop pessimistes sur l’industrie européenne de la défense. Ils soulignent les succès et les avancées technologiques des entreprises européennes de défense, affirmant que l’Europe a le potentiel pour devenir un acteur important sur le marché mondial de la défense. E. Tenenbaum et L. Péria-Peigné remettent en question la fiabilité des approvisionnements américains en matière de défense, évoquant les retards de production, les limitations opérationnelles et les contrôles stricts des exportations. Ils plaident pour un partenariat transatlantique plus équilibré, où l’Europe peut affirmer ses capacités industrielles et son autonomie stratégique tout en continuant à coopérer avec les États-Unis.

Au final, ces deux analyses, écrites par des chercheurs américains et européens, s’inscrivent dans le débat de plus en plus vif sur la coopération transatlantique en matière de défense. Ils explorent les tensions entre le besoin d’autonomie stratégique de l’Europe et les avantages de l’exploitation des forces technologiques et industrielles des États-Unis. Alors que l’Europe est confrontée au défi d’assurer sa sécurité dans un monde de plus en plus incertain, ces perspectives offrent un éclairage précieux sur l’avenir des relations industrielles de défense entre les États-Unis et l’Europe.


Cette étude est disponible :

en français : IFRI – Une base industrielle de défense transatlantique – Deux points de vue contrastés 2025

en anglais.

Spatial Militaire français : Attention au déclassement

Spatial Militaire français : Attention au déclassement

par André Rougé* – Revue Conflits – publié le 27 mars 2025

*André Rougé, au nom du groupe défense des Horaces.

https://www.revueconflits.com/spatial-militaire-francais-attention-au-declassement/

La France veut se doter d’une stratégie spatiale nationale. Il y a urgence tant le pays risque le déclassement

François Bayrou a annoncé jeudi 6 mars le lancement d’une mission gouvernementale afin d’établir d’ici à juin une « stratégie spatiale nationale » devant permettre à la France de « rester une puissance de premier rang mondial ».

Cette mission n’est pas inutile, tant le secteur spatial français a souffert des deux révolutions spatiales portées par SpaceX : les lanceurs, dits réutilisables, et la constellation télécom en orbite basse Starlink. La viabilité économique du programme Ariane 6 est désormais fortement remise en cause à moyen terme et malgré les 18 lancements commerciaux signés avec Amazon, Arianespace reste une société commerciale déficitaire. Les autres pays européens n’ont pas souhaité contribuer à la viabilité du lanceur européen et l’Allemagne développe même un lanceur concurrent d’Ariane 6.

Le Commandement de l’Espace pousse vers un changement de stratégie, mais il se heurte au conservatisme de la DGA et des industriels TAS et ADS.

Outre le développement du programme Ariane 6, la France a beaucoup investi dans l’accès à l’Espace : 5 programmes de micro-lanceurs (dont la viabilité technologique et commerciale reste hypothétique), 2 démonstrateurs de lanceurs réutilisables et 5 nouveaux pas de tirs en Guyane. L’urgence est désormais clairement de passer de systèmes à deux ou trois satellites – télécoms, observation ou écoute- à des systèmes de constellations de plusieurs dizaines de satellites. Les grandes puissances spatiales militaires (USA, Chine, Russie) possèdent toutes des constellations qui leur assurent une revisite importante des zones d’intérêt pour les satellites de renseignement et une couverture beaucoup plus large pour les satellites de télécom. Par ailleurs, nos satellites militaires sont aujourd’hui de « big juicy target » et la perte de l’un d’entre eux a des conséquences majeures. Les constellations permettent donc d’assurer la redondance du service, une meilleure revisite et complexifient les actes hostiles. Le Commandement de l’Espace pousse vers ce changement de stratégie, mais il se heurte au conservatisme de la DGA et des industriels TAS et ADS. L’État devrait pour le moins exiger, en contrepartie, qu’ils aient la capacité de répondre aux nouveaux besoins des forces, et ce à des prix raisonnables.

Aujourd’hui les satellites militaires et civils français et européens dépendent des données américaines pour assurer leur sécurité en orbite

L’augmentation du nombre de satellites de renseignement optique et écoute doit s’accompagner d’une montée en puissance de notre capacité d’analyse et de valorisation de la donnée, une donnée acquise et non traitée est une donnée perdue. Cet effort sur l’analyse des données spatiales permettra d’accentuer notre effort vers des zones géographiques aujourd’hui moins prioritaires, comme le Pacifique, où nos intérêts sont primordiaux. Il faut encourager des sociétés de surveillance de l’espace (SSA) à y implanter des capteurs radars et optiques pour surveiller les parties d’orbites invisibles depuis la métropole. Aujourd’hui les satellites militaires et civils français et européens dépendent des données américaines pour assurer leur sécurité en orbite. Paradoxalement la France dépense énormément pour garantir sa souveraineté d’accès à l’Espace, mais peu d’argent pour assurer sa souveraineté en surveillance de l’Espace.

Augmenter nos capacités de renseignement de façon massive pour obtenir une utilisation tactique et opérationnelle des données spatiales, assurer la redondance de nos communications par la mise en orbite de constellations télécoms en orbite basse et assurer l’autonomie de la surveillance de l’Espace va nécessiter d’engager de gros budgets militaires.

Le spatial militaire français a été pendant des années une grande réussite, mais aujourd’hui, il doit se réinventer, car il risque sinon le déclassement par les autres puissances militaires spatiales.

Ces engagements devront tout d’abord être compensés par des économies sur d’autres domaines moins essentiels du spatial militaire. Les déclarations du Président Macron visant un budget de la défense jusqu’à 5% du PIB relevant encore du vœu pieux, la prudence doit donc nous pousser à proposer une stratégie pour le spatial de défense dans une enveloppe seulement légèrement supérieure à l’actuelle. Des économies sont possibles en arrêtant les développements peu pertinents ou peu prometteurs, comme ceux d’action dans l’Espace, les missions d’observation hyperspectrale ou tout simplement en utilisant davantage les talents des agents de l’État du CNES plutôt que de payer des ingénieurs de TAS ou ADS !

Le spatial militaire français a été pendant des années une grande réussite, mais aujourd’hui, il doit se réinventer, car il risque sinon le déclassement par les autres puissances militaires spatiales. À cet égard, la priorité à accorder au lancement de constellations spatiales est une nécessité tant pour le renseignement que pour les communications de nos forces déployées sur les futurs champs d’opérations.

Les missions spatiales pour 2030-2035 se décident aujourd’hui, il faut aujourd’hui des actes forts et courageux, pour reprendre la devise du Commandement de l’Espace : Res non verba !