Les réservistes opérationnels vont troquer leurs fusils FAMAS contre des HK416F

Les réservistes opérationnels vont troquer leurs fusils FAMAS contre des HK416F

https://www.opex360.com/2024/10/20/les-reservistes-operationnels-vont-troquer-leurs-fusils-famas-contre-des-hk416f/


En septembre 2016, la Direction générale de l’armement [DGA] fit savoir qu’elle allait commander plus de 100 000 fusils d’assaut HK416F auprès de l’armurier allemand Heckler & Koch dans le cadre du programme « Arme individuelle du futur » [AIF]. Soit de quoi couvrir les besoins des trois armées, et en particulier ceux de la Force opérationnelle terrestre [FOT]. Pour autant, cette annonce ne signait pas la fin de l’emblématique FAMAS. Du moins pas dans un avenir proche.

En décembre 2022, la DGA indiqua qu’elle avait déjà livré 69 340 HK416F aux armées, sur les 117 000 devant être reçus d’ici 2028. D’où la commande annoncée de 8 000 fusils supplémentaires dans le projet de loi de finances 2025.

Le HK416F « a été conçu comme un véritable système d’armes, compatible avec les équipements FELIN, évolutif et capable d’intégrer les nouvelles technologies à venir, en particulier dans le domaine des optiques de jour et de nuit et des aides à la visée », rappelle la DGA.

Cela étant, les livraisons de ces nouveaux fusils d’assaut se faisant progressivement, il reste encore beaucoup de FAMAS en dotation.

« En ce qui concerne le FAMAS, il en reste encore puisque, cette année, on va recevoir 8 000 HK et on va encore en commander 8 000 », a ainsi relevé le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA], lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 15 octobre.

Cela étant, les 117 000 HK416F devant être commandés seront insuffisants pour armer les réservistes opérationnels de l’armée de Terre, dont le nombre va doubler d’ici 2030, passant ainsi de 24 000 à 50 000. Pour le moment, il est prévu de leur confier des FAMAS. Mais il ne s’agit que d’une solution temporaire.

« Je pense, qu’un jour, il faudra passer sur un système d’arme unique pour ne pas avoir des réservistes avec un type d’arme et les gens de l’active avec un autre », a en effet déclaré le général Burkhard. Un telle mesure permettrait de rationaliser l’entretien des armes individuelles, celui des FAMAS étant coûteux. « On sous-traite le percuteur, qui représente 380 euros pour 3 000 coups de fusil. Avec 3 percuteurs, on peut acheter un HK-416 », avait en effet expliqué le général Bosser, alors chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], en 2016.

Pour rappel, l’ambition du ministère des Armées est de compter un réserviste opérationnel pour deux militaires d’active. Ce qui permettra à l’armée de Terre de développer une « réserve de compétences », une « réserve territoriale » et une « réserve de combat ».

Pour cela, l’actuel CEMAT, le général Pierre Schill, a dit vouloir expérimenter « l’implication beaucoup plus étroite des réservistes » dans les régiments, l’idée étant de les insérer « dans les escadrons ou les compagnies de ces unités d’active ». Aussi, il ne serait pas compréhensible que les uns soient armés de FAMAS et les autres de HK416.

Photo : armée de Terre

Tir d’essai du futur missile antiaérien de l’armée française qui devrait entrer en service en 2026

AASSDN* – publié le 13/10/2024

https://aassdn.org/amicale/tir-dessai-du-futur-missile-antiaerien-de-larmee-francaise-qui-devrait-entrer-en-service-en-2026/

*L’AASSDN rassemblela communauté du renseignement et renforce ses liens avec l’ensemble des citoyens


Le missile jaillit de son tube et bondit vers le ciel. Une dizaine de secondes plus tard, la cible volante est désintégrée: l’armée française a testé mardi avec succès la future version de son missile anti-aérien, qui doit pouvoir intercepter certains missiles balistiques ou hypersoniques.

Baptisé « opération Mercure », l’essai mené au centre d’essais de la Direction générale de l’armement (DGA) à Biscarosse (Landes, sud-ouest) est le “premier tir de développement de ce que sera le futur missile Aster”, explique la directrice du centre, l’ingénieure de l’armement Corinne Lopez.

Le missile Aster 30 B1NT (nouvelle technologie), qui doit entrer en service en 2026, aura la capacité d’atteindre une cible volant à 25 000 mètres d’altitude à 150 kilomètres à la ronde, selon son concepteur, le fabricant de missiles européen MBDA.

Outre les avions, il aura la capacité d’intercepter des missiles balistiques de moyenne portée, du type de ceux tirés la semaine passée par l’Iran contre Israël, ainsi que les missiles dits hypersoniques, volant à plus de Mach 5 (6 000 km/h).

Pour l’heure, l’exercice se joue avec deux cibles orange volant à près de 900 km/h au-dessus de l’océan Atlantique à 6 000 mètres d’altitude, à une vingtaine de kilomètres de la côte.

Il en faudra plusieurs autres avant que le missile et son système de défense sol-air de moyenne portée (SAMP/T NG, sol-air moyenne portée terrestre de nouvelle génération) entrent en service.

“5, 4, 3, 2, 1… Tir autorisé”, énonce l’officier de conduite d’essai dans la salle d’opérations bardée d’écrans d’où sont surveillées et recueillies les données radar, optique ou de télémesures.

En bord de mer, une batterie de défense sol-air, tubes de lancement pointés à la verticale, déclenche le tir. “A tous, la cible a été touchée”, annonce peu après l’officier sous les applaudissements du ministre des Armées Sébastien Lecornu et de plusieurs parlementaires.

« C’était la première épreuve d’un programme qui est absolument clé (…) un beau succès sur la discrimination de cibles », salue M. Lecornu. Doté d’un nouvel autodirecteur, sorte de petit radar situé dans sa tête, le missile a en effet su faire la différence entre ce qui lui était présenté comme l’aéronef ami et l’autre ennemi.

Espoirs commerciaux

La France est engagée dans un renforcement de sa défense sol-air, domaine délaissé depuis la fin de la Guerre froide. Elle prévoit d’y consacrer 5 milliards d’euros d’ici 2030 et a déjà commandé 8 systèmes SAMP/T de nouvelle génération, qui avec les nouveaux Aster comprendra un nouveau radar et un nouveau système de conduite de tir. Elle doit en commander quatre autres dans les années à venir.

L’Italie, avec qui le programme a été lancé en 2021, doit de son côté se doter de 10 de ces systèmes. Les missiles Aster 30 B1NT équiperont également les frégates françaises et italiennes, ainsi que les pays qui achètent ces navires auprès des deux pays, tout comme certains bâtiments britanniques.

« Les frappes iraniennes sur Israël montrent bien à quel point les menaces balistiques à longue portée sont malheureusement devant nous. La France doit être prête », juge le ministre.

Alors que le système SAMP/T n’a jamais trouvé preneur à l’export, hormis une batterie donnée à l’Ukraine pour l’aider à défendre son ciel face aux bombardements russes, le ministre espère de futurs succès commerciaux, alors que de nombreux pays européens ont opté pour le Patriot américain.

Il s’agit pour Paris et Rome d’offrir une alternative au projet de « bouclier du ciel européen » (ESSI) lancé par l’Allemagne et auquel se sont joints une vingtaine de pays. Celui-ci entend s’appuyer sur les systèmes anti-aériens Iris-T allemand pour la défense sol-air courte portée, Patriot américain pour la moyenne portée et américano-israélien Arrow-3 pour la longue portée.

Avec le futur missile Aster, espère Sébastien Lecornu, « on est en train d’avoir un saut technologique suffisamment fort pour permettre à une partie de l’Europe d’acheter franco-italien et d’avoir une solution complètement souveraine », à 100% européenne.

Dépêche AFP  – 08/10/2024 à 14:18


Légende de la photo : Photo d’illustration
Source de la photo : Pixabay

La DGA a réalisé avec succès le premier tir de qualification du système de défense aérienne SAMP/T NG

La DGA a réalisé avec succès le premier tir de qualification du système de défense aérienne SAMP/T NG

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Lors d’une conférence sur la défense aérienne et antimissile de l’Europe, tenue à Rome, les 16 et 17 septembre, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, confirma la commande de huit systèmes SAMP/T NG [Sol-Air Moyenne Portée de Nouvelle Génération ou Mamba NG] avant de préciser que les premiers exemplaires entreraient en service au sein de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] à partir de 2026. Soit avec un an d’avance par rapport au calendrier initialement prévu. Autant dire qu’il n’y a guère de temps à perdre…

Pour rappel, développé dans le cadre d’une coopération franco-italienne par le consortium Eurosam [MBDA et Thales] par l’entremise de l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement [OCCAr], le SAMP/T repose sur le nouveau missile intercepteur Aster 30 Block 1 NT [pour Nouvelles Technologies] qui, doté d’un autodirecteur en bande Ka, est associé, pour la version française, au radar Ground Fire 300 fourni par Thales.

Le 8 octobre, à Biscarrosse, ce programme a franchi une étape significative avec le premier tir réussi d’un Aster 30 B 1NT depuis le site de la Direction générale de l’armement – Essais de Missiles [DGA-EM].

« Il s’agit du premier tir de développement du missile ASTER 30 B1 de Nouvelle Technologie, qui équipera le futur système de défense sol­-air franco­-italien SAMP/T NG et les plateformes navales des deux nations équipées de systèmes de défense anti­aérienne », a expliqué la DGA.

 

Le scénario de cet essai aura été relativement complexe dans la mesure où il a consisté à abattre une « cible représentative d’un chasseur ennemi » afin de protéger un « avion ami ».

« DGA Essais de missiles a assuré la conduite d’ensemble de l’opération, la mise en œuvre des cibles ainsi que la sécurité des biens et des personnes sur la zone d’exercice », a précisé le ministère des Armées, via un communiqué.

Selon les précisions apportées par Eurosam, une batterie SAMP/T se compose de 48 missiles Aster 30 B 1NT prêts à être lancés, d’un radar multifonctions [le Ground Fire 300 pour la France, le Kronos GM HP pour l’Italie], d’un module d’engagement et de 6 lanceurs.

Le SAMP/T NG « représentera une rupture technologique vis-à-vis du Patriot américain. Ce sera l’un des seuls systèmes au monde capable d’arrêter un missile hypervéloce », avait indiqué Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement [DGA], dans un entretien donné au quotidien Le Figaro, en mai dernier.

Plus précisément, offrant une protection à 360 degrés, le SAMP/T NG sera capable de détecter et d’intercepter des missiles balistiques manœuvrant d’une portée supérieure à 600 km ainsi que des « cibles aérobies » à plus de 150 km de distance.

Photo : Capture d’écran – via DGA

Dissuasion : L’ONERA va mener le projet MIHYSYS, étape vers la mise au point du futur missile ASN4G

Dissuasion : L’ONERA va mener le projet MIHYSYS, étape vers la mise au point du futur missile ASN4G

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C’est en 2014 que l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], via son chef d’état-major, qui était alors le général Denis Mercier, leva le voile sur un projet visant à développer un successeur au missile ASMP-A rénové, sur lequel repose la composante aéroportée de la dissuasion nucléaire française [Forces aériennes stratégiques et Force aéronavale nucléaire]. Deux projets étaient en balance : l’un privilégiant la furtivité, l’autre mettant l’accent sur le l’hypervélocité.

Dans un cas comme dans l’autre, le développement de ce nouveau missile, appelé ASN4G [Air-Sol Nucléaire de 4e génération] allait poser plusieurs défis, comme le souligna l’Office national d’études et de recherches aérospatiales [ONERA] dans son plan stratégique pour la période 2015-25.

Ainsi, la furtivité exigeait de mener à bien des travaux sur des matériaux aux « caractéristiques pérennes et compatibles avec la sévérité des environnements subis » ainsi que sur des « systèmes de préparation de mission optimisés pour la réactivité et la pénétration maximisée des défenses ». Même chose pour l’hypervélocité, qui supposait de faire appel à un « très grand nombre de disciplines », comme la propulsion, l’aérodynamique, les matériaux, etc.

En 2021, aucun choix n’était encore arrêté définitivement. Dans un avis budgétaire, l’ex-député Christophe Lejeune avait expliqué que deux Plans d’études amont [PEA] avaient été lancés. Ainsi, le PEA « Camosis » s’intéressait à la furtivité tandis que le PEA Prométhée se concentrait sur l’hypervélocité, avec des études sur un statoréacteur mixte [c’est-à-dire un moteur effectuant successivement une combustion subsonique et supersonique].

Même s’il n’y a pas eu de confirmation officielle, tout laisse à penser que le futur ASN4G sera un missile hypersonique. En tout cas, conseiller « défense » du PDG de MBDA, l’amiral [2S] Hervé de Bonnaventure l’avait suggéré lors d’une audition parlementaire en 2023. « Il apparaît que la très haute performance en vitesse et en manœuvre est la meilleure méthode pour parvenir à être détecté le plus tardivement possible, et compliquer la tâche de suivi d’un radar, voire, d’accrochage, et, enfin, à désorganiser une attaque d’un missile antimissile », avait-il en effet expliqué.

Le marché « MIHYSYS » que vient de notifier la Direction générale de l’armement [DGA] à l’ONERA et à MBDA le confirme.

« Le programme MIHYSYS permet de poursuivre l’amélioration continue des connaissances, des moyens de prévision et de briques technologiques, y compris alternatives, pour les chambres de combustion des propulseurs aérobies supersoniques et hypersoniques », explique en effet l’ONERA, via un communiqué publié le 30 septembre. En clair, ces travaux porteront sur un statoréacteur mixte, pour lequel une expérimentation visant à « recaler des modèles de simulation » a été récemment menée dans le cadre du projet ASTREE.

Il s’agit d’une « contribution majeure […] à la composante nucléaire aéroportée sur le long terme », précise l’ONERA.

Et d’ajouter : Ce « programme prévoit notamment le développement de nouvelles capacités et de nouveaux modèles pour la simulation numérique des chambres de combustion avec le code de calcul CEDRE. Des simulations confrontées à l’expérimentation grâce aux moyens dédiés de l’ONERA ».

Pour rappel, CEDRE est un logiciel de simulation multi-physique pour l’énergétique et la propulsion.

Le marché MIHYSYS aura d’autres implications. Il va permettre aussi de développer des capacités en calcul quantique, « au potentiel de rupture considérable » [dixit l’ONERA] pour la mécanique des fluides et l’énergétique.

Photo : ONERA

La Direction générale de l’armement lance l’initiative « RADAR » pour encourager l’anticipation stratégique

La Direction générale de l’armement lance l’initiative « RADAR » pour encourager l’anticipation stratégique

https://www.opex360.com/2024/09/25/la-direction-generale-de-larmement-lance-linitiative-radar-pour-encourager-lanticipation-strategique/


Dans l’édition 2019 de son « Document de référence d’orientation de l’innovation de Défense » [DROID], l’Agence de l’innovation de défense [AID], alors nouvellement créée sous l’égide de la Direction générale de l’armement [DGA], avait annoncé qu’elle allait avoir recours à des auteurs de science-fiction ainsi qu’à des futurologues pour imaginer « des capacités militaires disruptives ». Et cela au sein d’une structure appelée « Red Team ».

L’objectif était alors d’alimenter les réflexions sur les « conséquences stratégiques de l’arrivée de technologies disruptives » et de définir ainsi les « usages asymétriques possibles des technologies par des éléments malveillants étatiques ou non étatiques ».

Depuis, plusieurs travaux de cette « Red Team » ont été rendus publics [d’autres sont restés confidentiels] et ils ont même donné lieu à la parution trois volumes de la série « Ces guerres qui nous attendent ». Le dernier, publié en février dernier, s’intéresse à la militarisation de la société civile et à la « ruée vers l’espace ».

Cet exercice a-t-il atteint ses limites ? Probablement pas, sauf si l’on considère, comme Descartes, qu’imaginer consiste à associer des éléments connus selon sa fantaisie. Toujours est-il que la DGA a l’intention d’aller plus loin en organisant une « journée de prospective et d’anticipation stratégique de défense », le 7 novembre, à la Maison de la Radio.

« Ce projet s’inscrit dans l’élan donné par la Red Team Défense dont les travaux ont été largement salués. Après trois années d’expérimentation réussie au sein de l’Agence de l’Innovation de Défense, [il s’agit de] changer d’échelle avec l’initiative RADAR« , explique la DGA.

Cet évènement, qui s’adresse aux étudiants, aux dirigeants d’entreprise, aux ingénieurs, aux « acteurs du domaine de la culture » mais aussi aux militaires, consistera à réfléchir sur une « crise inédite » susceptible de survenir en 2034. « La Nation tout entière est impactée : santé, production, agriculture, média, commerce, tout semble terrassé… les équilibres géopolitiques vacillent, de nouveaux conflits appellent une mobilisation générale », résume la DGA.

L’enjeu sera donc de trouver des solutions pour surmonter cette crise, en échangeant avec des experts, en soumettant des idées ou encore en identifiant des « fragilités actuelles ».

« À la fin de la journée, on va faire venir des autorités militaires qui vont donner leur avis et qui vont réagir à ce qui aura été produit. Le mot d’ordre est : ‘qui veut la paix prépare l’avenir’ », a résumé Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement.

Le site : https://radar-defense.org/

Cour des comptes : La disponibilité des aéronefs militaires s’améliore… mais pas assez au vu des moyens engagés

Cour des comptes : La disponibilité des aéronefs militaires s’améliore… mais pas assez au vu des moyens engagés


En 2018, la disponibilité de certaines flottes d’aéronefs étant encore très insuffisante au regard des contraintes et de l’activité opérationnelle, le ministère des Armées prit le taureau par les cornes en lançant une vaste réforme du Maintien en condition opérationnelle Aéronautique [MCO Aéro], sur la base des recommandations faites par l’ingénieur général hors classe de l’armement Christian Chabbert.

L’une des mesures prises consista à remplacer la Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques du ministère de la Défense [SIMMAD] par la Direction de la Maintenance aéronautiques [DMAé]. Placé sous l’autorité directe du chef d’état-major des armées [CEMA], cet organisme est désormais chargé d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies en matière de MCO Aéro, afin d’accroître la disponibilité des aéronefs à un coût maîtrisé.

Pour cela, la DMAé a entrepris de simplifier le MCO en confiant tous les marchés relatifs à la maintenance d’un flotte d’aéronefs à un prestataire unique tout en lui assignant des objectifs de disponibilité, dans le cadre de contrats dits « verticalisés ».

Cette réforme a-t-elle produit les effets escomptés ? Les chiffres relatifs à la disponibilité technique des aéronefs étant désormais confidentiels, comme, d’ailleurs, les indicateurs sur l’activité des forces que l’on pouvait trouver dans les « bleus budgétaires » [c’est-à-dire les projets annuels de performance], il est compliqué de se faire une idée.

À moins de se contenter de quelques ordres de grandeur concernant certaines flottes. Ainsi, l’an passé, le général Stéphane Mille, alors chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [CEMAAE] avait confié, lors d’une audition parlementaire, que la disponibilité de l’aviation de chasse [Rafale et Mirage 2000] avait « globalement » augmenté de 3 % en 2023 tandis que celle des autres flottes [avions de transport, hélicoptères et drones] accusait une « légère baisse ».

Dans un référé publié ce 10 septembre, et bien que n’étant pas autorisée à rendre publics les taux de disponibilité des aéronefs, la Cour des comptes a donné un aperçu des résultats obtenus par le ministère des Armées en matière de MCO Aéro entre 2018 et 2023.

Ainsi, si elle dit avoir « observé à l’occasion de son contrôle une amélioration de la performance du MCO aéronautique, qui se traduit par une meilleure disponibilité de plusieurs flottes stratégiques d’aéronefs depuis 2018 », la Cour des comptes estime cependant que ces progrès, « réalisés au prix d’un accroissement significatif des moyens budgétaires » [4,7 milliards d’euros en 2022, ndlr], sont « insuffisants au regard des besoins opérationnels » étant donné que les volumes d’heures de vol et les indicateurs de performances des documents budgétaires » demeurent encore, « chaque année, en deçà des objectifs fixés par les armées ».

L’enquête menée par la Cour des comptes ne remet pas en cause les contrats verticalisés. En revanche, elle souligne qu’il existe des « marges de progrès importantes en matière de productivité et de compétitivité » au sein du Service industriel de l’aéronautique [SIAé].

Rattaché à l’armée de l’Air & de l’Espace, le SIAé est le « garant de l’autonomie de la France sur le MCO Aéronautique », en apportant une « logique de performance industrielle grâce à des méthodes innovantes », explique le ministère des Armées.

Certes, les Cour des comptes reconnaît que le SIAé a engagé des actions afin d’améliorer sa performance… Pour autant, poursuit-elle, « ses ateliers restent souvent engorgés par les flottes d’aéronefs les plus problématiques ». Et d’ajouter : « La production stagne depuis 2018 malgré l’augmentation des effectifs » tandis qu’il « n’existe pas d’indicateur fiable permettant de mesurer [sa] productivité. En outre, « peu de synergies ont été développées entre ses cinq ateliers [*], dont les pratiques restent hétérogènes ».

Selon le ministère des Armées, le SIAé emploie 5000 personnes [dont 83 % de personnels civils] et recrute plus de 400 opérateurs, techniciens et ingénieures tous les ans.

Parmi les mesures qu’elle préconise, la Cour des comptes soutient que la « transformation » du SIAé doit se poursuivre en prenant modèle sur « la réorganisation et les évolutions managériales menées à bien dans les centres d’essais de la DGA », lesquels « sont notamment parvenus à mutualiser leurs fonctions support et augmenter leurs heures productives ».

Par ailleurs, la Cour des comptes a également évoqué les difficultés du projet BRASIDAS. Confié en 2018 par la Direction générale de l’armement [DGA] à Sopra Steria, il doit permettre de réunir toutes les informations sur les activités de maintenance sur les différentes flottes d’aéronefs au sein d’un seul système d’informations [il en existait alors plus de 80]. Un audit de ce projet est d’ailleurs actuellement mené par le Contrôle général des armées.

« La Cour a constaté que la réalisation de la première étape de BRASIDAS accusait déjà un retard de deux ans par rapport au calendrier initial et se heurtait à des difficultés importantes, notamment liées à la reprise des données de certaines flottes et à la maturité du principal composant technique de la solution », lit-on dans le référé. Aussi recommande-t-elle de tirer toutes les conséquences sur la conduite de ce projet une fois que l’audit dont il fait l’objet sera terminé.

[*] Ateliers industriels de l’aéronautique [AIA]

Fincantieri a posé la quille du troisième Bâtiment ravitailleur de forces destiné à la Marine nationale

Fincantieri a posé la quille du troisième Bâtiment ravitailleur de forces destiné à la Marine nationale


Lancé en 2019 par la notification d’un contrat de 1,7 milliard d’euros par l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement [OCCAr] aux Chantiers de l’Altantique et à Naval Group, le programme FLOTLOG [Flotte Logistique], qui vise à remplacer les Bâtiments de commandement et de ravitaillement [BCR, classe Durance] de la Marine nationale, se poursuit à un rythme soutenu.

Pour rappel, FLOTLOG s’inscrit dans le programme franco-italien LSS [Logistic Support Ship], mené pour le compte de la Direction générale de l’armement [DGA] et la Direzione degli Armamenti Navali [NAVARM]. Il repose sur le pétrolier-ravitailleur A5335 Vulcano, conçu par Fincantieri.

Ainsi, livré en 2023 à la Marine nationale, le premier Bâtiment ravitailleur de forces [BRF], le « Jacques Chevallier », a déjà effectué plus de 100 ravitaillements à la mer. Il attend désormais d’être officiellement admis au service actif.

Quant au second, BRF « Jacques Stosskopf », il a fait l’objet d’une première cérémonie militaire en avril dernier, avec la remise de son fanion, ce qui marque la création de son équipage d’armement. Il doit être mis à l’eau d’ici la fin de cette année, soit un peu plus de deux ans après celle du premier navire de la série.

Enfin, la construction du BRF « Émile Bertin » a d’ores et déjà commencé. Après avoir découpé la première tôle, en décembre dernier, Fincantieri a annoncé, cette semaine, que la quille de la section avant de ce futur navire avait été posée lors d’une cérémonie organisée à Castellammare di Stabia [Italie].

« Le projet LSS, caractérisé par un très haut niveau d’innovation, rend les unités extrêmement flexibles dans différents profils d’utilisation, avec un haut degré d’efficacité. Grâce au programme FLOTLOG, nous embarquons des produits technologiquement avancés conçus pour assurer la défense et la sécurité de nos eaux », a fait valoir l’industriel italien, via le réseau social X.

Comme pour les deux précédents navires du programme FLOTLOG, la partie avant de l’Émile Bertin sera ensuite transférée à Saint-Nazaire, les Chantiers navals de l’Atlantique étant chargés de l’assembler à la partie arrière qu’ils auront construite. La Marine nationale devrait prendre possession de son troisième BRF en 2027. Quant à la quatrième unité prévue [le « Gustave Zédé »], elle ne sera pas livrée avant 2031.

D’une longueur de 194 mètres pour une largeur de 24 mètres et un déplacement de 31’000 tonnes en charge [16’000 tonnes à vide], le BRF a une capacité d’emport de 1500 tonnes de fret et de 13’000 m³ de carburants. Doté d’une double coque [contrairement aux BCR actuels…], il dispose d’une passerelle de navigation à 360°, de quatre mâts de ravitaillement polyvalents lui permettant le soutien simultané de deux navires et d’une plateforme aéronautique. Enfin, il est armé de deux systèmes RAPIDFire de 40 mm.

Photo : Chantiers de l’Atlantique

Les armées françaises à la recherche de 7000 nouveaux camions logistiques

Les armées françaises à la recherche de 7000 nouveaux camions logistiques

– Forces opérations Blog – publié le

Après les camions-citernes, place aux camions logistiques. L’acquisition de jusqu’à 7000 nouveaux véhicules est désormais dans le collimateur des armées françaises, lancement d’une autre compétition à la clef. 

Le ministère des Armées semble avoir mis sur les rails ce qui semble être le coeur du programme à effet majeur « flotte logistique et tactique terrestre » (FTLT). Trois mois après l’attribution d’un premier incrément à Arquus, il s’agit cette fois de renouveler le segment des porteurs de charge utile 6 tonnes (PL6T).

Selon l’appel d’offres publié hier, un maximum de 7000 véhicules tout terrain protégés ou non pourraient être livrés en plusieurs versions au travers d’un marché notifié par la Direction générale de l’armement (DGA) pour un peu plus de 12 ans. Hormis le développement des porteurs, ce dernier comprendra deux tranches relatives à la constitution du système de soutien et au soutien proprement dit du parc. Le volet financier n’est pas détaillé.

Le sujet FTLT, ce sont plus de 2080 camions potentiellement livrés d’ici à 2030 toutes versions confondues et jusqu’à 9466 à horizon 2035. Une tranche de 75 M€ est prévue cette année en autorisations d’engagement pour acter principalement la première commande du deuxième incrément, celui portant notamment sur des porteurs polyvalents de l’avant « dédiés au transport de systèmes d’armes et de ressources pondéreuses ».

Cette nouvelle étape confirme à son tour l’approche incrémentale finalement privilégiée afin de « s’adapter à l’évolution du besoin capacitaire, de la menace, du vieillissement du parc en service et l’arrivée des nouvelles technologies ». Plutôt que de miser sur un opérateur unique, chaque incrément sera donc l’objet d’une mise en concurrence dédiée.

Au vu des volumes pressentis, la DGA accorde une attention particulière à la robustesse financière et industrielle des potentiels candidats. Pour espérer être retenu, il faudra démontrer un chiffre d’affaires d’au minimum 600 M€ sur les trois dernières années et une capacité de production annuelle de 1000 camions. Pour certains comme Arquus, il s’agira donc de s’allier. Désormais intégré dans le groupe belge John Cockerill, le champion national a en effet enregistré un résultat inférieur au seuil exigé au cours des derniers exercices.

Attendu de longue date, FTLT permettra de renouveler des capacités dont l’obsolescence et les limites auront été démontrées l’an dernier lors de l’exercice majeur ORION. Densifier la flotte et renforcer sa mise sous blindage, voilà l’une des recommandations inscrites dans un récent rapport parlementaire relatif aux leçons d’ORION et auxquelles cet appel d’offres tentera justement de répondre.

Crédits image : EMA

Un commando marine a mis au point le « FUSHYB », un fusil « deux en un » destiné aux tireurs de haute précision

Un commando marine a mis au point le « FUSHYB », un fusil « deux en un » destiné aux tireurs de haute précision

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Système de tir à travers l’arc de l’hélice imaginé par le lieutenant [aviateur] Roland Garros, obusier portable pneumatique de 60 mm, « Sauterelle d’Imphy »… Lors de la Première Guerre Mondiale, nombreuses furent les inventions venues de la base, les combattants étant les mieux placés pour trouver des solutions à des problèmes pratiques.

Cette démarche a ensuite été « institutionnalisée » par le ministère des Armées vers la fin des années 1980, avec la création de la « Mission innovation participative » [MIP], récemment transformée en « Cellule d’innovation participative » [CIP] et placée sous l’égide de l’Agence de l’innovation de défense [AID].

Les projets que celle-ci soutient laissent entrevoir des gains capacitaires intéressants à moindres coûts. Certains sont d’ailleurs devenus incontournables, comme le smartphone « Auxylium », qui permet de se passer des radios tactiques en milieu urbain. Sera-ce le cas du « FUSHYB », évoqué par l’AID dans son bilan de l’année 2023 qu’elle a publié la semaine passée ?

Ainsi, il s’agit d’un « fusil hybride » imaginé par un officier marinier du commando Marine « Hubert » qui, basé à Saint-Mandrier-sur-Mer [Var], est spécialisé dans l’action sous-marine et le contre-terrorisme maritime.

Selon les explications – succinctes – données par l’AID, FUSHYB est un fusil « deux en un » destiné aux tireurs d’élite, doté de deux capacités « complémentaires », à savoir la puissance de feu et la porté d’un côté et la précision et la discrétion de l’autre. Le calibre de cette arme n’a pas été précisé.

« Les dernières opérations ont montré l’utilité de disposer d’un fusil offrant ces deux capacités primordiales dans un seul et même système », souligne l’AID. Et d’expliquer : « Concrètement l’arme permet, sans changement de configuration, l’utilisation de munitions supersoniques en mode semi-automatique [pour la puissance de feu et la portée] et de munitions subsoniques en mode réarmement manuel et culasse calée [pour la précision, la discrétion et le silence].

En 2023, l’AID a soutenu 27 nouveaux projets issus de l’innovation participative, pour un montant total – et modeste – de 1,89 million d’euros.

La nouvelle frégate antiaérienne néerlandaise, une opportunité pour la France ?

La nouvelle frégate antiaérienne néerlandaise, une opportunité pour la France ?

Voilà qui est fait ! Le Parlement néerlandais a avalisé, ce 11 juin, l’acquisition des quatre sous-marins de type Blacksword Barracuda du Français Naval Group, pour remplacer les sous-marins de la classe Walrus actuellement en service dans la Marine néerlandaise. Le dernier obstacle pour que la commande officielle, est dorénavant le recours juridique porté par TKMS devant la cour de La Haye, et qui doit être jugée le 26 juin.

Si les parlementaires bataves font majoritairement confiance à l’offre française, il n’en demeure pas moins vrai que certaines des interrogations qui ont émergé lors des débats, méritent une prise en compte proactive de la part de Paris, et de l’industriel français.

En particulier, la question du partage de l’activité industrielle avec l’industrie navale néerlandaise, et plus spécifiquement avec Damen, représente un point particulièrement sensible et clivant, qu’il conviendrait de traiter avant que le nouveau gouvernement de La Haye, prenne les manettes du pays.

À ce sujet, la Marine néerlandaise a lancé, il y a peu, l’étude préalable d’une nouvelle frégate antiaérienne lourde, inscrite sur un calendrier proche de celui qui va s’imposer à la Marine nationale pour remplacer les frégates Horizon de la classe Forbin.

Dans ce contexte, serait-il pertinent, et efficace, pour la France, comme pour Naval Group, de rejoindre le programme néerlandais confié à Damen, pour réduire les couts de developper d’une nouvelle frégate de defense aérienne française, et pour donner aux autorités néerlandaises, des garanties de coopération pertinentes pour son industrie navale, sur le moyen et long terme ?

Sommaire

Le Parlement néerlandais approuve officiellement l’acquisition des Blacksword Barracuda de Naval Group

Il y a un peu plus d’une semaine, le programme ORKA pour remplacer les sous-marins de la classe Walrus de la Koninklijke Marine, la Marine royale néerlandaise, avait franchi une étape déterminante.

Blacksword barracuda Naval Group
Le Blacksword Barracuda de Naval Group est plus proche que jamais de trouver son chemin vers la Koninklijke Marine.

Après que le gouvernement sortant avait annoncé la victoire de Naval Group, avec le modèle Blacksword Barracuda, lors de la compétition qui l’opposait à l’allemand TKMS, et au couple Saab-Damen, le programme devait, en effet, recevoir l’aval du nouveau Parlement néerlandais, à majorité nationaliste depuis les élections législatives de l’automne 2023.

Loin d’être une formalité, le ministre de la Défense sortant, Christophe Van der Maat, a, en effet, dû répondre à de nombreuses interrogations et attaques qui avaient émergé dans la presse néerlandaise dans les semaines ayant précédé l’audition parlementaire, en particulier concernant les garanties quant au prix proposé par l’industriel français, 25 % moins cher que ses autres concurrents, et au sujet des engagements d’investissements de Naval group dans l’industrie locale.

Les réponses apportées par le ministre de la Défense et ses équipes, aux questions des parlementaires, avaient semble-t-il fait mouche, puisqu’à la sortie de cette session, les parties majoritaires annoncèrent qu’ils soutenaient le programme. Il fallait toutefois atteindre qu’une série de motions déposées par le Chris Stoffer du Parti politique réformé (SPG), ne représentant que 3 des 150 sièges de la nouvelle chambre, soient votées pour poursuivre.

C’est désormais chose faite. En effet, les trois motions déposées par M Stoffer ont été rejetées, ouvrant la voie à la signature officielle de la commande, qui doit intervenir avant la fin du mois de juillet 2024. Il faudra cependant attendre que la plainte déposée par l’allemand TKMS, au sujet de l’appel d’offre lui-même, soit statuée par al justice néerlandaise, le sujet étant présenté le 26 juin devant la cour de justice de La Haye.

2 des 3 grands programmes de la Marine néerlandaise attribuée à Naval Group

Sachant que depuis le 4 juin, et les conclusions non officielles du débat parlementaire, Damen et Saab, pourtant particulièrement véhéments avant cela, ont, semble-t-il, jeté l’éponge pour se tourner vers d’autres combats plus porteurs, on peut penser que les chances que le recours engagé par TKMS, n’a que peu de chances d’aboutir, et qu’il sert surtout à faire peser un certain doute sur la validité du prix proposé par Naval group, dans les compétitions à venir.

rMCM programme guerre des mines
Les six grands batiments de guerre des mines néeralndais auront été conçu et fabriqués par Naval Group et ECA.

Quoi qu’il en soit, avec cette décision parlementaire, et en anticipant une décision de justice favorable à l’arbitrage gouvernemental néerlandais, il apparait que la Koninklijke Marine aura confié deux des trois grands programmes navals du moment, au français Naval Group, que ce soit directement, avec les sous-marins Blacksword Barracuda du programme ORKA, ou indirectement, avec les grands navires de guerre des mines du programme rMCM.

Dans ces conditions, on peut comprendre les différents avis publiés dans la presse spécialisés Batave, au sujet des contreparties que la France pourrait faire à l’industrie de défense néerlandaise. Ce d’autant que la confiance de La Haye dans les équipements français a connu une nouvelle jeunesse ces derniers mois, comme la commande de 14 hélicoptères de manœuvre H225M Caracal pour les forces spéciales en octobre 2023.

Toutefois, la chose apparait plus simple à dire qu’à faire. En effet, l’industrie de défense néerlandaise excelle particulièrement dans deux domaines. Le premier est celui des radars et senseurs navals, avec Thales Nederland.

En 1990, le spécialiste néerlandais des radars Signaal a été racheté par le Français Thomson-CSF, devenu, depuis, Thales. L’entreprise produit certains radars navals et les systèmes IR les plus efficaces et largement répandus dans les marines mondiales, comme la gamme SMART-S et le NS-100. Difficile de toucher à cette coopération déjà parfaitement huilée et mutuellement bénéfique au sein du groupe Thales.

Frégate défense aérienne Forbin
Le radar S1850 des frégates Horizon de la classe Forbin est une evolution du SMART-L de Thales Nederland.

Le second domaine d’excellence de la BITD néerlandaise, et celui de la construction navale, avec les chantiers navals du groupe Damen. Celui réalise, chaque année, un chiffre d’affaires de 2 à 2,5 Md€, et dispose de 32 chantiers navals. Il a récemment remporté d’importants succès dans le domaine militaire avec les corvettes de la famille SIGMA, acquises par les marines indonésiennes, marocaines, mexicaines et colombiennes.

Le groupe a également remporté, en janvier 2020, la conception des frégates F126 de la Bundesmarine allemande, avec les chantiers navals Blohm&Voss et Lurssen, passé de 4 à 6 navires en avril 2024, après que le ministère de la Défense a levé l’option attachée au contrat. Enfin, Damen conçoit et fabrique les unités majeures de surface de la Marine néerlandaise, et notamment les nouvelles M-fregates codéveloppées avec la Belgique.

Toutefois, Damen ayant fait le pari de l’offre conjointe avec Saab dans le cadre du programme ORKA, Naval Group n’a pas, et c’est compréhensible, intégré une coopération avancée avec ce groupe dans sa proposition et, en particulier, dans l’enveloppe budgétaire y étant attachée, celle-là même qui a été déterminante dans ce dossier.

L’opportunité de codévelopper avec Damen une frégate antiaérienne pour remplacer les frégates Horizon de la classe Forbin

Reste qu’une coopération avec Damen constituerait, certainement, l’axe le plus pertinent, pour mettre en œuvre une coopération de réciprocité avec l’industrie néerlandaise, et ce, en dépit des tensions qui ont parfois émaillé les relations entre les deux groupes.

nouvelle frégate antiaérienne marine néeralndaise
le concept de frégate antiaérienne de nouvelle génération présentée en avril au parlement néerlandais par la Koninklijke Marine. Le navire pourra emporter jusqu’à 96 silos verticaux, soit autant que les DDG(x) américains.

Justement, la Marine néerlandaise a annoncé, il y a quelques semaines, le début des travaux de conception des frégates anti-aériennes qui devront remplacer les frégates de la classe De Zeven Provincien, actuellement en service.

Les quatre frégates néerlandaises, sont entrées en service de 2002 à 2005, et devront donc être remplacées entre 2032 et 2040, selon que la durée de vie des navires s’établit à 30 ou 35 ans. Or, sur cette période, la Marine nationale, elle aussi, va devoir remplacer deux de ses frégates antiaériennes, en l’occurrence, les frégates Horizon de la classe Forbin, entrées en service en 2008 et 2009.

Pour le ministère des Armées, et la Marine nationale, l’hypothèse de codévelopper les remplaçants de ces deux navires, avec un pays européen, s’avèrerait certainement un calcul pertinent.

En effet, rapporter la conception de ces navires clés sur une flotte de seulement deux navires, entrainerait des surcouts particulièrement élevés, d’autant que les opportunités d’exportation pour ces navires lourds et très onéreux, sont évidemment faibles. D’ailleurs, ni la France ni l’Italie ne sont parvenues à exporter le modèle Horizon.

Frégate classe De zeven provincien
Le remplacement des frégates de la classe De Zeven Provincien constitue peut-être une opportunité pour la France, Naval Group et la Marine nationale.

À l’inverse, si une coopération avec les Pays-Bas, et Damen, venait à être négociée, cela ramènerait les couts de conception sur six coques, quatre pour la Koninklijke Marine, et deux pour la Marine nationale, bien plus supportables.

En outre, une coopération franco-néerlandaise, à ce sujet, permettrait peut-être d’inciter la Marine néerlandaise à se tourner vers une missilerie surface-air européenne, avec le missile Aster et son évolution du programme Hydis, auquel, justement, participent les Pays-Bas, quitte, pour cela, à accepter de faire construire les navires aux Pays-Bas, ce qui représenterait, sans le moindre doute, un geste de coopération très apprécié à La Haye.

Concevoir une classe de destroyers d’assaut outre-mer avec les Pays-Bas

Bien évidemment, l’hypothèse d’aller faire construire les deux navires de surface combattant les plus puissants de la Marine nationale, aux Pays-Bas, risque de créer une levée de bouclier auprès de Naval group et de ses sous-traitants, même s’il s’agit de promouvoir l’utilisation d’équipements français, sur l’ensemble de la classe.

Toutefois, les économies réalisées, en matière de conception et d’études, permettrait à la Marine nationale et Naval group de lancer la conception d’une autre classe de navire, plus innovante, répondant à des besoins importants non couverts, et disposant d’un potentiel export sensiblement plus important, que ne le seront les futurs frégates antiaériennes franco-néerlandaises, le cas échéant.

Il s’agirait, en l’occurrence, de developper une classe de destroyers d’assaut, comparables, dans l’esprit, au programme Multi-Role Support Ship, ou MRSS, de la Royal Navy. Pour rappel, il s’agit, ici, d’un navire hybride, disposant, à la fois, de la puissance de feu d’une frégate, que ce soit vers la terre ou pour son autodéfense, et d’un radier et d’une plateforme aérienne permettant la projection aéro-amphibie, mais de manière plus réduite que concernant les PHA Mistral.

MRSS Fearless Steller Systems Royal Navy
Le projet MRSS Fearless préfigure ler concept de destroyer d’assaut imaginé par la Royal Navy.

Comme évoqué dans un précédent article, cette configuration originale répondrait très efficacement aux besoins de la Marine nationale, et plus largement, des Armées françaises, dans la zone outre-mer, en particulier dans le Pacifique et l’Océan Indien, voire dans l’Atlantique Sud.

De fait, la conception et la construction d’une telle classe de navire permettrait largement de compenser le déficit industriel lié au codéveloppement des remplaçants des frégates Forbin, avec les Pays-Bas, que ce soit pour les Bureaux d’études comme pour le site de Lorient. En outre, rien n’empêche que d’autres partenaires européens se joignent à ce programme, bien au contraire, pour peu que le pilotage du programme reste assuré par Naval Group.

De manière intéressante, d’ailleurs, la Marine néerlandaise pourrait y trouver un intérêt, même si elle a annoncé, conjointement au lancement du développement de ses nouvelles frégates antiaériennes, celui d’une nouvelle classe de LHD compacts, pour renouveler ses capacités aéro-amphibies.

En effet, la Koninklijke Marine est l’une des rares marines européennes, avec la Royal Navy et la Marine nationale, à avoir des déploiements outre-mer, en particulier dans les Caraïbes. Et ces destroyers d’assaut apporteraient une importante plus-value opérationnelle par la polyvalence de ses capacités.

Conclusion

On le voit, bien que contre-intuitives à priori, les opportunités pour Paris, comme pour Naval group et la Marine nationale, concernant l’approfondissement des coopérations en matière de construction navale militaire avec La Haye, Damen et la Marine néerlandaise, sont nombreuses.

Naval group Lorient
la préservation des compétences indsutrielles du site de Lorient de Naval Group est un enjeu prioritaire pour le Ministère des Armées et la DGA.

C’est en particulier le programme de frégates lourdes antiaériennes, annoncée en avril par la Marine néerlandaise, qui représente le support le plus adapté pour simultanément optimiser les moyens de la Marine nationale, tout en anticipant les légitimes attentes néerlandaises pour un partage industriel direct ou induit, spécialement avec Damen, concernant le programme ORKA.

Pour autant, cette opportunité ne doit pas se faire au détriment de la préservation des compétences de conception et de fabrication de Naval group en matière de grands navires de surface combattants, et doit être associée à d’autres initiatives, destinée à faire d’un arbitrage initialement défavorable, un atout opérationnel pour la Marine nationale, et concurrentiel pour l’industriel français.

Pour autant, en liant les initiatives et les besoins, par exemple, en réinjectant les économies d’études réalisées au sujet du remplacement des Forbin, vers la conception d’une classe de destroyers d’assaut outre-mer, il est possible de trouver un équilibre mutuellement profitable pour l’ensemble des six acteurs concernés.

Reste que pour donner corps à une vision non linéaire comme ici développée, il est nécessaire d’accepter de concevoir la coopération de manière globale, et d’anticiper tant les besoins industriels et politiques à venir, que les besoins opérationnels émergents.

Article du 13 juin en version intégrale jusqu’au 28 juillet 2024