La Marine nationale a effectué pour la première fois un double-tir simultané de missile de croisière naval 

La Marine nationale a effectué pour la première fois un double-tir simultané de missile de croisière naval 

La Frégate multi-missions (FREMM) Aquitaine, positionnée au large de Quimper, et un Sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) de classe Suffren, au large de Biscarrosse, ont conduit pour la première fois, le 18 avril 2024, un double tir simultané d’entrainement du Missile de croisière naval (MdCN). 

Ce tir a permis de traiter avec succès une cible terrestre, située sur le site des Landes de DGA Essais de missiles. Les deux missiles ont atteint leur cible en parfaite synchronisation.

Ce tir de munitions complexes a été réalisé grâce à l’expertise de la Marine nationale et de la DGA, qui a coordonné la préparation, avec le concours de MBDA. DGA Essais de missiles a assuré la conduite d’ensemble de l’opération, la mise en œuvre de la cible ainsi que la sécurité des biens et des personnes sur la zone d’exercice.

Réalisé dans des dispositions matérielles et humaines identiques à celles prévalant en opération, ce tir ambitieux a permis de renforcer le savoir-faire opérationnel des équipages de la Marine nationale, en mettant en œuvre une séquence particulièrement complexe.

Les enseignements tactiques et techniques de ce tir sont multiples et contribueront à développer les aptitudes au combat de nos marins, dans le cadre de la préparation opérationnelle à la haute intensité initiée par la Marine nationale.

Crédit : Marine nationale.

Focus sur le Missile de croisière naval : 

Dérivé et complémentaire du missile de croisière air-sol SCALP-EG mis en œuvre par les Mirage 2000D et les Rafale de l’armée de l’Air et de l’Espace et du Groupe aéronaval (GAN) de la Marine nationale, le Missile de croisière naval (MdCN) permet à la Marine nationale de conduire des opérations vers la terre en disposant d’une capacité de frappe dans la profondeur depuis les Frégates multi-missions (FREMM) et les Sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) de classe Suffren.

Marine & Océans

Marine & Océans

La revue trimestrielle “Marine & Océans” a pour objectif de sensibiliser le grand public aux grands enjeux des mers et des océans. Informer et expliquer sont les maîtres mots des contenus proposés destinés à favoriser la compréhension d’un milieu fragile. Même si plus de 90% des échanges se font par voies maritimes, les mers et les océans ne sont pas dédiés qu’aux échanges. Les ressources qu’ils recèlent sont à l’origine de nouvelles ambitions et peut-être demain de nouvelles confrontations.

Le Génie recherche un nouveau système de bréchage pour remplacer les SDPMAC

Le Génie recherche un nouveau système de bréchage pour remplacer les SDPMAC

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par Philippe Chapleau – Linges de défense – publié le 15 avril 2024

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2024/04/12/genie-brechage-24557.html


Le déminage pyrotechnique fait actuellement l’objet d’une demande d’information (RFI 143) de la part de la DGA qui anticipe le renouvellement des systèmes SDPMAC (système de déminage pyrotechnique pour mines antichars) Vulcain d’ici à 2027. 

La procédure vise à remplacer les 11 systèmes SDPMAC de l’armée de Terre (3e et 19e RG). Composé d’un lanceur CARPET d’origine israélienne et d’un châssis AMX-30B2, un SDPMAC tire jusqu’à vingt roquettes qui neutralisent les mines, permettant ainsi d’ouvrir un passage de 100 m de long sur 6 m de large. Ces systèmes, bien que revalorisés, affichent un âge moyen de 17 ans pour le lanceur et de 34 ans pour le châssis. En outre leur disponibilité était inférieure à 25% en 2020.

C’est donc cette capacité vieillissante que la DGA projette de remplacer “d’ici 2027”.

Il s’agit, selon la RFI, de “doter les unités du génie en appui des éléments de premier échelon de moyens permettant “d’ouvrir une brèche à travers un itinéraire réputé miné de mines antichar potentiellement complété par des mines anti-personnel.”

En lieu et place d’une salve de tirs de roquettes, la performance devra être obtenue par le tir unique d’un dispositif pyrotechnique permettant en une fois de traiter un itinéraire de cheminement a minima de 100 m de profondeur et permettant la traversée d’un véhicule tactique“, précise la DGA. Ce système de bréchage pyrotechnique sera acheminé sur une remorque dédiée, tractée par les véhicules tactiques de transport de troupe blindés dont la capacité à tracter est de 3 tonnes (Griffon et Serval). 

Le système devra aussi pouvoir être transporté (transport logistique) par voies ferrée, maritime et aérienne (Antonov et A400M minimum).

Le besoin porterait sur:
– 34 porteurs de type remorque ;
– 600 à 1200 dispositifs pyrotechniques actifs (dits « de guerre ») ;
– 600 à 1200 dispositifs pyrotechniques d’exercice ;
– 36 systèmes inertes de manipulation, pour l’instruction en salle de classe.

La RFI peut être consultée ici

Ces autres « faits marquants » enregistrés par Safran et Thales en 2023

Ces autres « faits marquants » enregistrés par Safran et Thales en 2023

– Forces opérations Blog – publié le

De l’optronique à CONTACT et de SCORPION à CERBERE, plusieurs « faits marquants » ont émaillé l’exercice 2023 des groupes français Thales et Safran. Focus sur ces autres victoires moins médiatisées enregistrées dans le domaine terrestre. 

Ces autres succès moins visibles

Pour qui prend le temps de s’y plonger, les documents d’enregistrement universel publiés dernièrement par Thales et Safran se révèlent être une petite mine d’or. Ces pavés de 200 à 300 pages conçus pour dresser un portrait précis de l’exercice écoulé recèlent un éventail de contrats, avenants et autres franchissements de jalons éclipsés par les quelques grandes annonces médiatiques. Tour d’horizon de ces succès moins visibles et de quelques perspectives pour 2024.

Côté Safran, les 4 Md€ de chiffre d’affaires générés en 2023 par l’activité défense s’expliquent notamment par la bonne santé du segment des optroniques portables et embarquées. En janvier 2023, l’Agence de soutien et d’acquisition de l’OTAN (NSPA) notifiait le groupe français pour la fourniture d’ « une quantité importante d’équipements optroniques portables pour les forces spéciales françaises ». Un nouveau succès après celui engrangé en 2022 auprès de sept pays de l’OTAN. 

En juillet dernier, l’entreprise indienne Bharat Electronics Defense (BEL) achetait 50 jumelles multifonctions JIM LR. Une quatrième commande pour BEL depuis 2019 et qui bénéficiera cette fois à la Marine indienne. Safran recevait en fin d’année une nouvelle commande de jumelles JIM Compact, cette fois au profit de l’Arménie. Un contrat qui s’inscrit « dans le soutien apporté par le ministère des Armées à son homologue arménien » et dont la livraison est intervenue en février dernier à l’occasion d’une visite du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, sur le sol arménien. 

Après quelques années de remous, le drone Patroller de Safran a enfin décollé. En France, tout d’abord, où la certification a été obtenue en février 2023 et où « la documentation pour l’aptitude au vol du premier appareil de série est en cours de finalisation pour autoriser les vols de réception industrielle », indique l’industriel. Opéré à terme par le 61e régiment d’artillerie, le successeur du drone Sperwer a pris son envol le 6 février pour une longue série de vols de formation. Fin mars, un diable noir du 61e RA a pour la première fois intégré un équipage, prélude au lancement, ce mois-ci, d’une phase d’évaluations techno-opérationnelles. « Intenses et variées, ces évaluations testeront le système dans toutes ses dimensions opérationnelles, ouvrant la voie à des perspectives d’emploi opérationnel prometteuses », indiquait la Section technique de l’armée de Terre (STAT). 

L’éclaircie constatée en France s’accompagne d’une première victoire à l’export. Annoncée à l’occasion du salon du Bourget, celle-ci comprend la livraison de quatre vecteurs aux forces terrestres grecques dans le cadre du renouvellement de leur capacité de renseignement, en partie basée sur le Sperwer. Conduites par la NSPA, les négociations contractuelles devraient déboucher sur la réception des premiers exemplaires courant 2025.

Attendu de longue date par l’armée de Terre, le drone Patroller a entamé une phase d’évaluation avec la Section technique de l’armée de Terre (STAT)
(Crédits image : 61e RA)

Tant Safran que Thales continuent de bénéficier du déploiement du programme SCORPION, effort de renouvellement du segment médian de l’armée de Terre engagé il y a près d’une décennie, de son « environnement » et de sa première déclinaison à l’export avec la Belgique. En 2023, Safran a signé un marché pour plus de 230 caméras multifonctions moyenne portée MINEO, capteur retenu pour équiper les tourelleaux téléopérés T1 et T2 conçus par Arquus et montés sur Griffon et Serval. 

Derrière les 500e Griffon et 50e Jaguar livrés par le GME formé avec KNDS France et Arquus, Thales aura bénéficié de la notification d’un 14e avenant soutenant le développement d’une nouvelle génération de la vétronique commune Scorpion (VCS-NG). Fin 2023, le groupe s’est également vu notifié un contrat de plus de 100 M€ dans le cadre du programme français Syracuse IV, un marché portant sur la fourniture des stations SATCOM « On-The-Move » (SOTM) qui seront intégrées sur les plateformes Griffon et Serval.

À l’export, les deux entreprises basculent dans la phase industrielle d’un partenariat franco-belge « Capacité Motorisée » notamment matérialisé par la commande de 382 Griffon et 60 Jaguar au profit de la Composante Terre belge. Safran a ainsi reçu une commande de KDNS France concernant la livraison de 60 kits de quatre optroniques pour l’équipement des futurs Jaguar belges.

La Direction générale de l’armement (DGA) aura ensuite avalisé le franchissement des jalons de fin de qualification pour le standard 1+ et le standard 2 de CERBERE, système de simulation instrumentée créé par Thales. Brique parmi d’autres du système de préparation opérationnelle (SPO) SCORPION, CERBERE doit permettre d’entraîner et de contrôler simultanément jusqu’à trois sous-groupements tactiques interarmes sur les camps de Mailly (CENTAC-1er BCP) et de Sissonne (CENZUB-94e RI) d’ici à 2026. Déjà engagés depuis plusieurs années au CENZUB, les travaux de déploiement devraient démarrer cette année au CENTAC. À terme, CERBERE se traduira par l’instrumentation de 200 bâtiments, ou plus de 4000 pièces rien qu’au CENZUB. 

Lié à SCORPION tout en restant un effort interarmées, le programme de radio logicielle CONTACT « a connu des avancées significatives en 2023 », estime Thales. Dans les rangs terrestres, des essais réalisés tout au long de l’année ont permis de qualifier « une version système prête au déploiement au sein de l’armée de Terre ». Confié en 2012 à Thales, CONTACT s’est poursuivi avec la signature, fin 2023, d’un 10ème avenant au contrat supérieur à 100 M€ et annonciatrices d’évolutions futures. Il permettra, côté terrestre, de travailler sur la version système SJO25 (Small Joint Operation) attendue pour l’an prochain en vue de conduire de futurs déploiements en coalition. Cet avenant s’étend au domaine aéronautique. Il introduit, pour les équipements radios, une « logique de développement multi-porteurs sur toutes les nouvelles plateformes », de l’hélicoptère interarmées léger (HIL) au drone MALE, ainsi que « des évolutions significatives du système de gestion au bénéfice de la connectivité aéronautique ». 

Le programme CONTACT, ce sont aussi des commandes françaises et à l’export. Au seconde trimestre, Thales décrochait un avenant supérieur à 100 M€ pour la fourniture et le soutien des radios tactiques CONTACT de l’armée française. Selon la documentation budgétaire, 1250 postes portatifs, 1350 postes véhicules, 50 postes portables et 95 postes aéronautiques auront été acquis en 2023. Après la Belgique, Thales aura par ailleurs décroché « un contrat d’envergure » en Allemagne pour plusieurs centaines de radios Fastnet HD véhiculaires et radios portatives SYNAPS-H, dénomination export de la version portative de CONTACT. 

Fort de cette dynamique, le chiffre d’affaires du secteur défense et sécurité de Thales bondissait de 7% pour atteindre 9,7 Md€. Et les perspectives pour 2024 sont encourageantes. « Les hausses annoncées des budgets militaires des grands clients du Groupe se traduisent par la poursuite d’une demande dynamique dans le secteur de la défense. Acteur de premier plan sur ses différentes activités, bénéficiant d’un positionnement géographique en phase avec les marchés les plus dynamiques, le secteur Défense & Sécurité bénéficie d’un carnet de commandes sans précédent dans l’histoire du Groupe. Ce secteur continuera à croître en 2024 tout en maintenant une marge d’EBIT parmi les plus élevées du secteur (autour de 13 %) », commente le géant français. 

Crédits image : Safran E&D

Économie de guerre: le coup de pression de Sébastien Lecornu qui n’exclut pas des réquisitions ou la priorisation

Économie de guerre: le coup de pression de Sébastien Lecornu qui n’exclut pas des réquisitions ou la priorisation

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 26 mars 2024

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2024/03/26/economie-de-guerre-le-coup-de-pression-de-sebastien-lecornu%C2%A0-24513.html


Si sur le front ukrainien, la situation est délicate, elle s’est améliorée sur celui de la production d’armement en France. Ainsi, selon des déclarations du ministre français des Armées, “nous allons pouvoir en 2024 nous offrir l’objectif de 100 000 obus de 155 mm dont 80 000 pour l’Ukraine et 20 000 pour les besoins de nos propres armées” (photo MBDA).

Toutefois, Sébastien Lecornu attend mieux des équipementiers tricolores. Il envisage même de recourir à des réquisitions de personnels, de stocks ou d’outils de production ou de forcer les industriels à accorder la priorité aux besoins militaires par rapport aux besoins civils, pour accélérer le réarmement des armées françaises et ukrainiennes.

Pour la première fois, je n’exclus pas d’utiliser ce que la loi permet au ministre et au délégué général pour l’armement (DGA) de faire, c’est-à-dire si le compte n’y était pas en matière de cadence et de délais de production, de faire des réquisitions le cas échéant ou de faire jouer le droit de priorisation“, a affirmé, mardi, le ministre lors d’une conférence de presse.

Les réquisitions, permises par la Loi de programmation militaire adoptée à l’automne, peuvent concerner des “personnels, des stocks ou des outils de production” pour les dédier à la production de matériels militaires, a-t-il rappelé, estimant que c’était “l’outil le plus dur de notre arsenal juridique”. Dans la ligne de mire du ministre figurent notamment les délais de livraisons du missile antiaérien de longue portée Aster produit entre la France et l’Italie par MBDA, qui sont trop longs au regard du ministre. 

Le ministère des Armées veut disposer de deux prototypes d’ordinateurs quantiques d’ici 2032

Le ministère des Armées veut disposer de deux prototypes d’ordinateurs quantiques d’ici 2032

https://www.opex360.com/2024/03/07/le-ministere-des-armees-veut-disposer-de-deux-prototypes-dordinateurs-quantiques-dici-2032/


Pour résumer, la physique quantique ne différencie par le corpuscule de l’onde. On parle alors d’une « onde-corpuscule » laquelle peut se trouver simultanément dans des états différents. Et les états de deux particules peuvent être corrélés sans qu’aucun signal ne soit échangé entre elles.

De telles propriétés sont de nature à ouvrir de nouvelles perspectives, notamment dans le domaine de l’informatique, l’unité de base d’une information [le bit] pouvant prendre les valeurs 0 et 1 en même temps [on parle alors de qbit]. Mais cela suppose pallier le « phénomène de décohérence », c’est à dire la perte des effets quantiques au moment de passer à l’échelle macroscopique.

Étant donné le potentiel qu’elle est susceptible d’offrir, la technologie quantique ne peut qu’intéresser le ministère des Armées. La Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 en fait d’ailleurs une priorité. Celle-ci précise que, en 2025, le gouvernement devra remettre au Parlement un rapport sur les « utilisations possibles de la technologie quantique dans les armées françaises ».

Mais des programmes ont d’ores et déjà été lancés. Ainsi, en septembre 2020, la Direction générale de l’armement [DGA] a notifié un marché de 13 millions d’euros à l’Office national d’études et de recherches aérospatiales [ONERA] pour se procurer des « Gravimètres Interférométriques de Recherche à Atomes Froids Embarquables » [GIRAFE].

Destinés au Service hydrographique et océanographique de la Marine nationale [SHOM], ces gravimètres quantiques permettront de « mesurer avec une grande précision l’accélération de la pesanteur et d’évaluer ainsi les variations de masses sous la surface du sol ». À l’époque, la DGA avait souligné qu’il s’agissait de « la première application pratique d’un système de mesure utilisant les propriétés quantiques d’atomes de Rubidium piégés et refroidis par laser ».

Par ailleurs, le Fonds innovation de défense, piloté par Bpifrance pour le compte du ministère des Armées, a effectué ses premières opérations au profit des entreprises Pasqal [processeurs quantiques] et Quandela [photonique quantique]. En outre, la DGA a apporté son soutien à d’autres PME positionnées sur ce créneau, dont Muquans et Syrlinks, et financé une vingtaine de thèses sur la théorie quantique.

Un autre application dans laquelle le ministère des Armées place beaucoup d’espoirs concerne le calcul quantique, lequel permettrait de traiter très rapidement des milliards de données, que ce soit pour la dissuasion, le renseignement, la simulation ou encore la conception de nouveaux systèmes d’armes.

D’où le programme Proqcima, lancé officiellement par la DGA à l’occasion de la Journée nationale du quantique, organisée à la Bibliothèque Nationale de France, le 6 mars. L’objectif est de « disposer de deux prototypes d’ordinateurs quantiques universels de conception française à horizon 2032 », précise le ministère des Armées, via un communiqué.

Pour cela, des accords-cadres ont été notifié par la DGA à cinq entreprises spécistes des technologies quantiques, dont Pasqal, Alice&Bob, C12, Quandela et Quobly. « Ils posent les bases d’un partenariat innovant entre l’État et de jeunes sociétés issues de la recherche française » et « doivent permettre le développement des technologies les plus prometteuses depuis des prototypes de laboratoire jusqu’à des solutions de calcul quantique à large échelle [LSQ, pour Large Scale Quantum] utilisables pour les besoins de la Défense », explique-t-il.

Lancé en partenariat avec le Secrétariat général pour l’investissement [SGPI] et piloté par l’Agence du numérique de défense [AND, rattachée à la DGA], ce projet bénéficie d’un financement maximum de 500 millions d’euros.

Les cinq entreprises retenues au titre du programme PROQCIMA ont leurs propres atouts pour relever ce défi. Mais reste à voir lesquelles parviendront à « lever les différents verrous d’ingénierie, de fabrication et d’industrialisation », avance le ministère des Armées.

Aussi, ce programme se déroulera en trois étapes : preuve de concept, maturation puis industrialisation. En 2028, seuls les trois projets les plus performants seront sélectionnés pour la suite. Puis « la compétition se limitera aux deux technologies les plus performantes qui continueront le programme pour passer de prototypes de calculateurs [objectif : 128 qubit logiques] à des produits industriels utilisables par leurs premiers clients [objectif : 2048 qubit logiques] », conclut le ministère.

Quelles avancées après 18 mois d’ « économie de guerre » ?

Quelles avancées après 18 mois d’ « économie de guerre » ?


Plus de 18 mois se sont écoulés depuis le lancement par le président de la République du chantier d’ « économie de guerre ». Le processus demande de la patience et reste semé d’embûches, mais les premières actions entreprises permettent déjà de « produire plus, plus vite et moins cher » en plusieurs endroits.  

« Ce n’est pas le tout d’avoir un objet ou un équipement qui compte, encore faut-il l’avoir dans des délais raisonnables, dans des prix raisonnables et évidemment, dans des contingences techniques qui sont aussi raisonnables », résumait le ministre des Armées Sébastien Lecornu, jeudi dernier lors d’un déplacement en région toulousaine auprès du droniste Delair. Cette équation, c’est celle que tente de résoudre la Direction générale de l’armement depuis une vingtaine de mois.

« Mes équipes et celles de mes collègues ne chôment pas », expliquait l’ingénieur général de l’armement Alexandre Lahousse, en marge du déplacement ministériel. Passé le sempiternel débat sur ce qu’est, doit être ou devrait être une économie de guerre, force est de constater le changement de cap instauré après le discours présidentiel du 13 juin 2022 au salon de défense parisien Eurosatory. 

DGA et industriels progressent de concert autour de cinq piliers : donner de la visibilité, simplifier, sécuriser les chaînes d’approvisionnement, recruter et garantir le financement, « parce qu’il faut de l’argent pour faire tourner toute cette belle mécanique », rappelle celui qui à la fois à la tête du service des affaires industrielles et de l’intelligence économique (S2IE) et chef d’orchestre du dispositif d’adaptation de la filière au sein de la DGA. 

Ce chantier « global » et « tentaculaire » nécessite de progresser simultanément sur chaque axe pour conserver l’équilibre et éviter de gripper ladite mécanique, pointe le représentant d’une DGA qui, elle aussi, se transforme et dont la réorganisation vient d’être publiée au Journal officiel. Et si certaines entreprises ont encore du mal à décoller, reconnaissait le ministre des Armées, la démarche produit de premiers résultats encourageants. Tour d’horizon tout sauf exhaustif et perspectives pour les mois à venir. 

« Faire autrement »

« La première visibilité que l’on donne à nos industries, à nos filières c’est la LPM [loi de programmation militaire] », rappelle l’IGA Lahousse. Dotée de 413,3 Md€ entre 2024 et 2030, cette LPM « de transformation et de cohérence » prévoit 16 Md€ pour consolider les stocks de munitions, 5 Md€ pour poursuivre la dronisation des armées ou encore 5 Md€ pour muscler la défense surface-air. « Cela donne une certaine vision du budget susceptible d’être capté pour les industriels, qui peut leur donner envie d’investir dans leur outil industriel ». 

L’enveloppe a permis d’anticiper quelques opérations dès l’an dernier, pour la plupart relevant du top 12 des matériels critiques établi au lancement des travaux. Ce sont les 109 CAESAR Mk II commandés auprès de Nexter, les 329 missiles MISTRAL, 1300 missiles MMP et plus de 300 missiles Aster commandés auprès de MBDA. S’y ajoutent « plusieurs dizaines de milliers de munitions commandées en deux lots courant 2023 ». L’ensemble relève de commandes globales matérialisant la visibilité demandée par les industriels et nécessaire pour muscler la production et réduire les délais. Combinée aux investissements sur fonds propres, la logique vient soutenir Nexter dans son objectif de production de huit CAESAR par mois au tournant de 2024-2025, soit le quadruplement de la cadence et la division par deux du cycle en l’espace de deux ans. 

« Le logiciel a un peu changé », constate l’IGA Lahousse. L’accélération est ainsi palpable grâce aux premiers engagements réalisés en activant un nouveau mécanisme d’acquisition réactive. Un levier activé avec Delair, bénéficiaire d’une commande de 150 drones UX11 et DT26 produits et livrés en quelques mois à l’Ukraine, mais aussi avec MBDA, chargé de fournir deux systèmes de défense sol-air VL MICA. Acquis l’an dernier sur étagère, ils permettront d’entamer le remplacement des systèmes CROTAL NG de l’armée de l’Air et de l’Espace. 

Exit certains processus chronophages, il s’agit maintenant de réagir à un besoin urgent en misant sur l’existant, à l’instar de ce drone intercepteur de drones RapidEagle que la DGA est parvenue à contractualiser en quatre mois avec Thales en vue d’une participation à la sécurisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris. Toujours dans la lutte anti-drones mais adaptée au domaine naval, la Marine nationale installe des boules optroniques de la gamme PASEO de Safran sur ses frégates multi-missions (FREMM), retour d’expérience des attaques perpétrées en Mer Rouge. « Un prototypage a été réalisé en décembre sur une des frégates présentes sur place. La DGA a placé un contrat en février pour étendre l’idée et équiper les autres frégates », explique le chef du S2IE. 

L’ingénierie des contrats évolue, bientôt illustrée par la commande annoncée de 2000 munitions téléopérées pour des livraisons réparties sur 2024 et 2025. Entre autres nouveautés, ce futur contrat comprendra autant une date ferme de livraison qu’une prime à l’avance. Livrer jusqu’à six mois avant la date butoir se traduira dès lors par l’octroi d’un bonus. « Importante », la prime le sera aussi dans l’attribution des tranches. : « au plus vous allez vite, au plus vous aurez de quantités ».

La commande de MMP actée en novembre dernier voyait aussi l’inclusion d’un nouveau mécanisme d’accélération, une clause qui autorise le donneur d’ordre à demander une hausse de la cadence de production atteignant jusqu’à 50% sans modifier le contrat. De quoi inciter à constituer des stocks d’approvisionnements longs dès l’attribution du marché « parce qu’ils ont la certitude de pouvoir les écouler vu que nous les achetons ». Idem pour le missile Aster, objet d’une « Tiger Team Aster » oeuvrant elle aussi à contracter les délais de production. Sujet sensible car relevant d’une coopération franco-italienne, l’objectif de réduction du cycle n’est pas encore pleinement défini pour ce segment. 

Les opérations intègrent par ailleurs une prise en compte croissante de l’analyse de la valeur, un compromis sur le cahier des charges qui garantit en échange une réduction des cycles et des coûts. Elle s’est avérée centrale pour un marché passé en décembre dernier pour 103 véhicules sanitaires. Plutôt que de concevoir un véhicule spécifique – méthode parfois longue et onéreuse -, l’analyse conduite avec les armées « a permis de réduire le besoin à la modification d’un véhicule existant. (…) Cela permet de réduire les délais d’acquisition de plus d’un an. Les coûts d’acquisition vont être divisés par deux, le soutien également ». Autre réussite de la force d’acquisition réactive mise sur pied par la DGA, ce marché se matérialisera par de premières livraisons dès cette année. 

Également appliqué pour l’acquisition des systèmes VL MICA, le principe sera étendu cette année à d’autres domaines, dont le futur bateau de guerre des mines de la Marine nationale, plusieurs drones et le futur Serval de lutte anti-drones.  

L’ingéniosité interne, enfin, est mise à profit. « Nous avons des ingénieurs, nous nous en servons », souligne l’IGA Lahousse. En témoigne ce projet conduit avec EURENCO et Nexter et trouvant un écho particulier au vu du contexte : le recyclage de charges propulsives utilisées sur les canons de 155 mm AUF1 et TRF1, d’anciens modèles retirés du service ou en passe de l’être. Une fois récupérée, la poudre est recyclée puis réutilisées dans les charges destinées aux canons CAESAR. « Assez important », le stock disponible a déjà permis de livrer plus de 10 000 charges modulaires – l’équivalent de plus de 1500 coups complets – à l’armée de Terre

Relocaliser, sécuriser, embaucher

La France cherche par ailleurs à réduire ses dépendances pour renforcer sa souveraineté et planche pour cela sur la réinstallation de certaines productions critiques pour les armées françaises sur son territoire. Emblématique et soutenue par le ministère, la relocalisation par EURENCO d’une ligne de production de poudre propulsive sur son site de Bergerac prendra prochainement corps avec la pose de la première pierre, jalon symbolique préfigurant une mise en route courant 2025.

Autre exemple avec Selectarc, retenu par Naval Group pour concevoir le futur sous-marin nucléaire lanceur d’engin de 3ème génération (SNLE 3G). Un projet soutenu par la DGA, qui relocalisera la production de baguettes de soudure au sein de l’entreprise de Belfort afin de supprimer une dépendance. L’unité de production sera opérationnelle pour la fin 2025. 

D’autres projets sont sur la table de la DGA, qui envisage « des annonces à court terme » sur plus d’une dizaine de relocalisations dans les domaines de l’impression 3D, de l’énergie, des matériaux. Quand les dossiers EURENCO et Selectarc ont été financés par le ministère car relevant exclusivement du domaine défense, les autres sont des projets duaux co-montés avec le ministère de l’Économie dans le cadre du dispositif d’appui « France 2030 ». 

Accélérer et sécuriser imposait de détecter et d’éliminer les fameux goulets d’étranglement, ces écueils susceptibles de grever un cycle de production. L’analyse conduite en 2023 parmi toutes les filières prioritaires liées « aux urgences du moment » aura permis de recenser 200 maillons faibles. Seuls 50 subsistent aujourd’hui. Entre réorganisation et gain de visibilité, les plus simples ont été traités en premier. Pour le reste, des moyens de remédiation plus importants sont « en train d’être mis en place » pour corriger ce qui peut relever d’une carence en machines ou en main d’oeuvre. Diagnostiquer est une chose, réparer parmi les 4000 acteurs de la BITD en est une autre et la DGA a donc mis en place plusieurs outils spécifiques. Elle a créé en 2023 un accélérateur opéré par Bpi France, chargé de mettre à disposition des capacités de conseil et d’ingénierie pour aider les PME à réorganiser leur production pour mieux accélérer.

La LPM tout juste engagée a mis en place des outils législatifs pour lesquels les décrets d’application sont en cours de révision au Conseil d’État. Ces textes participeront à leur tour à l’accélération en cadrant la priorisation des ressources, donc permettre à la production de défense de doubler celle destinée au monde civil dans la file d’attente d’un sous-traitant. Ils permettront aussi d’obliger certains industriels à monter des stocks de précaution. « Le ministre pourra prendre un arrêté qui obligera à garantir un stock de production suffisamment épais, non pas un stock mort mais un stock utilisé et recomplété pour avoir la garantie d’être en capacité d’accélérer », indique Alexandre Lahousse. 

La remontée en puissance de la filière implique, enfin, de mettre des gens derrière les machines. Or, et cela n’a rien d’une surprise, la BITD peinait déjà à recruter avant juin 2022. Fraiseurs, soudeurs et autres compétences critiques sont en pénurie, celle-ci venant handicaper la remontée en cadence. Entre autres efforts, la DGA conduira fin mars un premier salon de l’emploi virtuel centré sur la BITD. Un événement mis en place avec France Travail et qui rassemblera une petite centaine de recruteurs pour répondre aux problématiques de recrutements urgents touchant principalement les PME. Durant deux semaines, recruteurs et candidats pourront se retrouver dans des salles d’entretien virtuelles ouvertes dans toutes les régions de France. La démarche s’accompagne de la montée en puissance de la réserve industrielle, qui devrait compter plusieurs centaines de membres d’ici 2025.

Le programme des futurs remorqueurs portuaires et côtiers de la Marine nationale est à l’arrêt

Le programme des futurs remorqueurs portuaires et côtiers de la Marine nationale est à l’arrêt

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Cependant, d’autres programmes, dits de cohérence, ne bénéficient pas de la même visibilité… alors qu’ils sont tout autant essentiels aux missions assurées quotidiennement par les forces armées. Or, ces derniers mois, certains d’entre eux n’ont pas eu d’arbitrages favorables… alors que le budget de la mission « Défense » est en hausse continue depuis au moins 2017.

Tel est, par exemple, le cas des douze Vedettes de fusiliers marins [VFM] commandées au chantier naval Ufast en 2018 pour le compte de la Force maritime des fusiliers marins et commandos [FORFUSCO]. Aux dernières nouvelles, et après avoir pris du retard [deux unités ont été livrées à la Marine nationale], ce programme est suspendu, à cause d’importants surcoûts. En décembre dernier, l’hebdomadaire Le Marin avait indiqué qu’il allait faire l’objet d’une renégociation avec la Direction générale de l’armement [DGA].

Un autre programme serait en difficulté : celui relatif au renouvellement d’une partie des remorqueurs de la Marine nationale. Notifié par la DGA au chantier naval Piriou en mai 2020, il prévoit l’acquisition de vingt unités, à savoir quinze RP-30 [remorqueurs portuaires de 30 tonnes de traction] et cinq RPC-30 [remorqueurs portuaires côtiers de 30 tonnes de traction].

À l’époque, le ministère des Armées n’avait pas précisé le montant de cette commande. En revanche, il avait souligné qu’elle se traduirait par une activité d’environ 40’000 heures de travail par unité, soit une « charge annuelle d’environ 100 personnes en équivalent temps plein pour produire 4 remorqueurs par an entre 2021 et 2027 ».

Affichant un déplacement de 275 tonnes et mis en œuvre par quatre marins, le RP30 est destiné à des opérations portuaires à la journée. D’un tonnage équivalent, le RPC-30 est conçu pour naviguer en haute mer, avec une autonomie [carburant et vivres] de cinq jours. L’un et l’autre doivent remplacer les 22 remorqueurs RP12 et autres remorqueurs côtiers actuellement en service.

« Ils bénéficient ainsi d’une puissance de traction accrue à 35 tonnes pour pouvoir intervenir sur des navires militaires aujourd’hui plus grands et plus lourds » et leur « passerelle est très étroite pour permettre les manœuvres flanc contre flanc avec des navires dont la coque est en forme de ‘V’ », avait expliqué le ministère des Armées pour justifier ce programme.

Or, après la livraison de quatre unités, celui-ci est à l’arrêt. C’est en effet ce qu’a révélé le site spécialisé Mer et Marine, qui parle même d’un abandon.

« Entre l’impact de la crise sanitaire puis celui de la guerre en Ukraine sur le coût des matériaux et équipements, ainsi que l’inflation qui est venue encore accroître la hausse des prix, certains programmes d’armement notifiés avant 2021 n’entrent plus dans les enveloppes budgétaires initialement fixée », écrit-il. Aussi, poursuit-il, « certains, comme celui des 20 remorqueurs portuaires et côtiers de la Marine nationale, sont abandonnés ».

Certes, le contrat prévoyait une réévaluation des coûts de construction de ces remorqueurs, dans le cadre de discussions avec la DGA. Mais la hausse des prix a été beaucoup trop importante, au point que le chantier naval perd de l’argent sur chaque unité construites [il serait question d’un million d’euros par RP/RPC30].

Pour autant, la Marine nationale a besoin de renouveler ses actuels remorqueurs portuaires et côtiers, ceux-ci arrivant, pour certains, au bout de leur potentiel, après quarante années de service pour les plus anciens. Deux solutions pourraient être envisagées : le lancement d’un nouvel appel d’offres, avec un cahier des charges moins ambitieux, ou un achat sur étagère auprès d’un chantier naval étranger.

Le Rafale porté au standard F4.1 a désormais « acquis sa pleine capacité opérationnelle »

Le Rafale porté au standard F4.1 a désormais « acquis sa pleine capacité opérationnelle »

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Puis, à l’issue d’une campagne d’essais menés notamment dans les domaines de la guerre électronique et de l’armement ayant mobilisé les centres d’expertise DGA Essais en vol, DGA Maîtrise de l’Information, DGA Techniques aéronautiques et DGA Essais de missiles, la Direction générale de l’armement [DGA] annonça qu’elle venait de prononcer la qualification de cette nouvelle version du Rafale. Mais celle-ci ne fut adopté par l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] qu’en août.

« Document signé du sous-chef ‘plans – programmes’ de l’AAE, l’adoption est un cadre réglementaire permettant aux forces de faire voler un nouveau standard avion, qualifié au préalable par la DGA, alors que certains équipements doivent encore être expérimentés. Cette décision offre l’opportunité, pour le personnel navigant, de débuter l’entraînement sur les nouvelles fonctionnalités qu’apporte le nouveau standard tout en optimisant l’emploi des ressources », avait alors expliqué le ministère des Armées.

Plus précisément, cette décision constituait un premier jalon vers la mise en service opérationnelle [MSO] du Rafale F4.1. Cependant, il faudra encore patienter pour que celle-ci soit effective.

Pour autant, le 23 février, l’AAE a indiqué que le Rafale F4.1 venait « d’être engagé pour la première fois au profit de la permanence opérationnelle sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan ».

Et d’ajouter : « Depuis plusieurs mois, ce Rafale nouvelle génération est déjà utilisé par les forces pour les missions d’entraînement. Il a désormais acquis sa pleine capacité opérationnelle [PCO], lui permettant de mener des missions opérationnelles, telles que celle de la Police de ciel ».

Pour rappel, entre autres, le Rafale F4 dispose de « capacités accrues d’échanges » de donnée et d’une meilleure protection contre les menaces « cyber ». Elle prévoit l’intégration du viseur de casque SCORPION [fourni par Thales], d’une conduite de tir améliorée afin d’exploiter au mieux le potentiel du missile air-air Meteor [lequel pourra être « géré » par une autre avion que le tireur], d’un Système de Protection et d’Évitement des Conduites de Tir du RAfale [SPECTRA] amélioré et d’un radar à antenne active [AESA] RBE-2 encore plus performant.

Mais ces nouvelles fonctionnalités seront intégrées au Rafale d’une manière incrementale.

« Sur le plan qualitatif, le standard des livraisons sur la Loi de programmation militaire 2024-2030 sera le Rafale F4 décomposé en trois sous-standards [F4.1, F4.2 et F4.3] », avait expliqué le général Stéphane Mille, lors d’une audition parlementaire. Et de préciser que les « avancées incrémentales seront notamment les suivantes : le viseur de casque, une première brique de connectivité, l’amélioration de la survivabilité, l’intégration d’armements rénovés et l’amélioration de la disponibilité ».

Aussi, la mise en service opérationnelle ne sera prononcée que quand « tous les apports capacitaires et équipements dernier cri associés au standard seront pleinement intégrés », a expliqué l’AAE.

Photo : Prise d’alerte du Rafale F4.1, le 16/02/24, à Mont-de-Marsan – armée de l’Air & de l’Espace

La Marine nationale a évalué un nouveau type de drone aérien à bord d’un porte-hélicoptères amphibie

La Marine nationale a évalué un nouveau type de drone aérien à bord d’un porte-hélicoptères amphibie

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Cette liste ne demande qu’à être complétée. Pour cela, encore faut-il évaluer leurs performances et les capacités qu’ils sont susceptibles d’offrir. Aligner des drones aériens sur un pont d’envol ne rime à rien si on n’a aucune idée du bénéfice que l’on peut en attendre. Il s’agit de définir et d’éprouver des concepts d’emploi en fonction de scénarios représentatifs de missions opérationnelles. Tel est d’ailleurs l’objet du projet « Perseus », mis en avant lors de la dernière mise à jour du plan stratégique Mercator de la Marine nationale.

« Facteur de supériorité opérationnelle », l’innovation technologique est « au cœur du projet Perseus », qui vise à « intégrer plus vite les idées prometteuses qui deviendront les capacités déterminantes pour les combats futurs », tout en favorisant le rapprochement entre la Direction générale de l’armement [DGA], les industriels et les unités opérationnelles de la Marine, est-il expliqué dans ce plan stratégique.

C’est donc dans le cadre de ce projet Perseus que, le 19 février, la Marine nationale a évalué un nouveau type de drone à bord d’un porte-hélicoptères amphibie. Les images de cet essai ont été diffusée par Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, via X [anciennement Twitter].

Le drone en question – de type DT46 – a été mis au point par la société haut-garonnaise Delair. Cet appareil a la particularité de pouvoir être configuré soit en version VTOL [décollage et atterrissage vertical], soit en version « voilure fixe », auquel cas il a besoin d’une catapulte pour décoller.

Pouvant être rapidement déployé [moins de 15 minutes], le DT46 présente des performances différentes selon sa configuration. En mode VTOL, il est capable de rester en vol pendant 3h30 et porter une charge utile de 5 kg tandis qu’en mode « voilure fixe », il affiche une endurance de 7 heures. Le décollage et l’atterrissage se font automatiquement. D’après Delair, sa portée de communication, « entièrement chiffrée », est de 100 km. Il peut emporter différents types de capteurs, dont une boule optronique, un LIDAR et un IMSI-catcher.

Visiblement, ce DT46 a donné satisfaction. « Expérimentation réussie sur le porte-hélicoptères amphibie, pour ces nouveaux drones 100 % français, désormais capables d’atterrir sur une zone beaucoup plus restreinte. La LPM permet des résultats concrets : nos Armées recevront leurs premières livraisons dès le mois de mars », a en effet commenté M. Lecornu.

Pour le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Nicolas Vaujour, la « réussite » de cette évaluation d’un « drone léger et plus facile d’emploi » marque « une étape supplémentaire dans les démarches de Polaris [une « marine de combat », ndlr] et Perseus ».

Cependant, à en juger par les images, cet essai du DT46 a été réalisé par temps calme, dans la rade de Toulon. Probablement qu’il y en aura d’autres, afin d’éprouver ses capacités en haute mer et dans des conditions météorologiques moins clémentes.

À bord d’un PHA, on peut imaginer qu’un drone DT46 permette de reconnaître une zone avant le lancement d’une opération amphibie ou de vérifier qu’aucun navire potentiellement hostile soit en approche. En réalité, l’éventail des missions qu’il pourra effectuer dépendra de la nature de sa charge utile.

Un contrat MISTRAL peut en cacher un autre

Un contrat MISTRAL peut en cacher un autre

par – Forces opérations Blog – publié le

Plus de 300 missiles Mistral 3 pour l’armée de Terre et la Marine nationale, c’est l’une des commandes notifiées fin décembre par la Direction générale de l’armement au missilier européen MBDA. C’est aussi la concrétisation d’une intention émise six mois plus tôt par cinq armées européennes. 

Combinés au 1300 missiles Akeron MP acquis un mois plus tôt, ces MISTRAL représentent un investissement de plus de 300 M€ pour les armées françaises. De quoi mobiliser une chaîne de production construite autour de Safran, Roxel, Junghans T2M, ASB Aerospatiale Batteries, Matra électronique ou encore Nexter Munitions (KNDS), et dont le maintien a longtemps reposé sur l’export. 

Significative de l’enjeu de remontée en puissance des stocks français, cette commande semble en réalité être le premier marché subséquent d’un accord-cadre majeur conclu le 20 novembre avec MBDA France. Un marché valorisé à 1 Md€ pour l’approvisionnement de systèmes d’armes MISTRAL et qui s’inscrit en droite ligne de la lettre d’intention signée le 19 juin 2023 par cinq pays : la France, la Belgique, Chypre, la Hongrie et l’Estonie. Un projet d’acquisition groupée dont le volume pourrait dépasser 1000 missiles, annonçait alors le ministère des Armées. 

D’autres commandes sont donc attendues via cet accord-cadre, l’un des premiers à bénéficier du dispositif européen EDIRPA. Crédité de 300 M€ jusque fin 2025, cet instrument garantit une participation financière de l’Europe aux projets d’acquisition de matériels européens conduits par un minimum de trois pays, baisse du prix de revient à la clef.

Reconstituer le stock de missiles MISTRAL, c’était l’un des deux objectifs de l’incrément 0 du programme « défense surface-air basse couche » (DSABC) lancé l’an dernier par les armées françaises. Si un nouveau lot de livraison est attendu cette année, la cible est désormais confidentielle. La suite ne sera connue qu’après le lancement en réalisation de l’incrément 1, a priori courant 2024. 

Côté industriel, l’effort se poursuit pour parvenir à répondre à l’urgence et à la hausse des besoins, soutenu par la visibilité apportée par l’accord-cadre précité. La cadence de production devrait doubler dès cette année, passant de 20 à 40 missiles par mois, tandis que le délai sera terme réduit de moitié, de 30 à 15 mois.

 Crédits image : armée de Terre