Le ministre des Armées confirme la commande du porte-avions de nouvelle génération en 2025

Le ministre des Armées confirme la commande du porte-avions de nouvelle génération en 2025


Dévoilé le 11 octobre, le projet de loi de finances pour l’exercice 2025 prévoit de porter le montant des crédits de la mission « Défense » à 50,54 milliards d’euros [soit + 3,3 milliards], conformément à la trajectoire financière définie par la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30. Et cela dans un contexte marqué par une dégradation significative des finances publiques, doublée par une situation politique incertaine, ce qui aura des incidences sur le débat budgétaire à l’Assemblée nationale.

Quoi qu’il en soit, le ministère des Armées est l’un des rares à échapper à la cure d’austérité qui s’annonce. Ce qui peut engendrer de l’incompréhension parmi une partie de l’opinion publique… Le ministre, Sébastien Lecornu, en est d’ailleurs conscient, en affirmant qu’il avait un « devoir vis-à-vis des contribuables, citoyens et électeurs » en faisant en sorte que cet argent « soit bien employé ».

Mais, ce 14 octobre, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, M. Lecornu a soutenu que le ministère des Armées avait déjà payé son écot au redressement des finances publiques.

« On a [eu] des dividendes de la paix qui ont été emmenés un peu loin dans les années 2000 et dont on voit bien que les effets ont été durables sur nos capacités militaires. […] On avait, globalement, pendant vingt ans, une richesse nationale qui avait augmenté de plus de 50 % et des dépenses militaires mondiales qui avaient augmenté de 18 % pendant que nos dépenses militaires nationales diminuaient de 17 % », ce qui s’est traduit par la suppression de 54 000 postes, d’un régiment de l’armée de Terre sur deux et de 11 bases aériennes. Et le ministre de relever également que la Marine nationale avait « 311 000 tonnes d’acier à la mer dans les années 1980 » contre 287’000 tonnes en 2019.

Pour le moment, le ministère des Armées n’a pas publié le détail des livraisons et des commandes prévues en 2025. Mais devant les députés de la commission de la Défense, M. Lecornu en a donné les grandes lignes.

Ainsi, sans entrer dans les détails, un effort plus important que prévu sera fait sur les munitions dites complexes, avec une enveloppe de 1,9 milliard d’euros [+ 27 %, soit 400 millions d’euros de plus par rapport à l’exercice 2024] et il est question de renforcer les capacités permettant d’éviter un « contournement par le bas de la dissuasion ». L’espace bénéficiera d’un investissement de 870 millions d’euros [soit + 15 %] tandis que le renseignement et le cyber verront encore leurs crédits progresser [environ 13 % de plus]. Enfin, il s’agira d’accélérer le développement d’armes à énergie dirigée ainsi que les moyens relatifs aux grands fonds marins.

Mais le « gros » morceau reste encore le porte-avions de nouvelle génération [PA NG] puisque, a annoncé M. Lecornu, le ministère des Armées notifiera sa commande aux industriels l’an prochain.

« L’année 2025 sera celle de la passation de commande du porte-avions de nouvelle génération », a simplement lâché M. Lecornu.

Jusqu’à présent, cette échéance était incertaine. Et probablement qu’elle suscitera quelques commentaires négatifs [le ministre en a eu un avant goût en commission…], d’autant plus que l’investissement prévu devrait s’élever à « une dizaine de milliards d’euros », selon le dernier numéro de Cols Bleus, le magazine de la Marine nationale.

En réalité, le programme de PA NG a en quelque sorte déjà commencé étant donné que, en avril, la commande des « prestations à longs délais d’approvisionnement » ont été notifiées à MO-Porte-avions [la coentreprise de Naval Group et des Chantiers de l’Atlantique] ainsi qu’à TechnicAtome.

« Les prestations concernent la propulsion nucléaire du navire, à savoir : les chaufferies, les enceintes de confinement et la conversion énergie vapeur », avait alors expliqué la Direction générale de l’armement [DGA].

Pour le moment, le programme PA NG est dans sa phase d’avant-projet détaillé, celle-ci devant s’achever avant la fin de l’année 2025. Ce n’est qu’une fois que le dossier de lancement et de réalisation sera prêt que les contrats de développement et de production pourront être notifiés.

Selon Cols Bleus, le PA NG sera « le plus grand navire militaire jamais construit en Europe ». Et pour cause : il affichera finalement un déplacement de 80 000 tonnes [soit 5 000 de plus par rapport à ce qui avait initialement été envisagé] pour une longueur de 310 mètres. De telles dimensions supposent de lancer un chantier colossal à la base navale de Toulon, l’objectif étant de gagner 10 à 15 hectares sur la rade pour y construire des quais et un bassin dédié à ce futur navire.

Trois Supercarriers se rencontrent dans l’Atlantique : une opération colossale

Trois Supercarriers se rencontrent dans l’Atlantique : une opération colossale

Dans l’Atlantique, trois supercarriers américains ont mené une opération logistique majeure, transférant une énorme quantité de munitions entre les navires. Découvrez les détails de cette manœuvre technique et stratégique unique.

Par Laurène Meghe – armees.com – publié le 2 septembre 2024

Trois Supercarriers Se Rencontrent Dans Latlantique
Image du jour – Trois Supercarriers se rencontrent dans l’Atlantique : une opération colossale – © Armees.com

 

Le 22 août dernier, une rencontre exceptionnelle s’est déroulée en plein océan Atlantique. Trois supercarriers américains, l’USS Dwight D. Eisenhower, l’USS Harry S. Truman, et l’USS Gerald R. Ford, se sont rejoints pour une opération logistique de grande envergure : le transfert de 1 360 tonnes de munitions. Voici les détails techniques et stratégiques d’une manœuvre sans précédent qui a mobilisé des centaines de marins et des tonnes de matériel.

En bref :

  • Trois supercarriers américains, l’USS Dwight D. Eisenhower, l’USS Harry S. Truman et l’USS Gerald R. Ford, ont effectué une manœuvre logistique complexe en Atlantique.
  • 1 360 tonnes de munitions ont été transférées grâce à 1 764 livraisons par hélicoptères MH-60S Seahawk, avec un accent particulier sur la sécurité.
  • L’opération a impliqué une coordination minutieuse entre les navires, soulignant la capacité de l’US Navy à gérer des opérations complexes en mer.
  • L’exercice a démontré la puissance de projection de la flotte américaine, renforçant la suprématie des supercarriers sur les océans.
  • Cette rencontre stratégique a permis de tester les limites de l’équipement et des équipages, avec un accent particulier sur la sécurité et l’efficacité opérationnelle.

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Un ballet aérien précis et risqué

L’opération de transfert s’est étalée du 22 au 30 août et a nécessité l’utilisation intensive de hélicoptères MH-60S Seahawk pour effectuer pas moins de 1 764 livraisons de munitions entre les navires. Les escadrons impliqués incluaient les « Tridents » de HSC-9, les « Dragon-Slayers » de HSC-11, et les « Dusty Dogs » de HSC-7 pour le transfert des munitions du Dwight D. Eisenhower au USNS William McLean. Cette phase critique a mis l’accent sur la sécurité, avec des briefings réguliers pour garantir que chaque mouvement d’équipement lourd et d’explosifs se déroule sans accroc.

Le Maître principal aviation ordonnancier Jerome Ruffins, en charge du département des armements, a déclaré : « Nous déplaçons beaucoup de matériel lourd et d’explosifs, donc la sécurité est primordiale ». Les officiers, sous-officiers et premiers maîtres patrouillaient constamment sur le pont d’envol, dans le hangar et dans les magasins pour s’assurer que les protocoles de sécurité étaient respectés.

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Une coordination militaire de haut niveau

Commander Kent Davis, responsable du département des armements sur l’USS Dwight D. Eisenhower et surnommé « Gun Boss », a salué l’effort collectif nécessaire pour mener à bien cette mission : « C’était un énorme effort pour toute l’équipe de se rassembler et de faire en sorte que cela se produise ». Les marins ont travaillé jour et nuit pour s’assurer que chaque transfert se déroule en toute sécurité, en renforçant les protocoles de sécurité et la formation des équipages.

L’opération a comporté deux types de ravitaillements : le « Vertical Replenishment » (VERTREP) et le « Connected Replenishment » (CONREP), permettant de mener à bien ces 1 764 transferts en toute sécurité et efficacité. L’importance de l’opération a été soulignée par le Chef aviation ordonnancier Alexis Armstrong, qui a comparé ces transferts à un événement sportif majeur : « Les déchargements et chargements, c’est comme notre Super Bowl ».

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Un exercice stratégique en haute mer

Cette rencontre de supercarriers ne s’est pas limitée à une simple démonstration de force logistique ; elle a également servi de terrain d’entraînement stratégique pour l’US Navy. En pleine mer, loin des bases terrestres, les équipages ont dû faire preuve d’une excellente coordination et d’une adaptation rapide aux imprévus, démontrant ainsi leur capacité à opérer dans des environnements exigeants.
Le succès de cette opération souligne non seulement la compétence des équipages, mais aussi la puissance de projection de la flotte américaine. Ces exercices sont essentiels pour maintenir l’efficacité opérationnelle et tester les limites des équipements et du personnel.

Ce rassemblement de supercarriers, appuyé par le navire de transport sec USNS William McLean, met en lumière la puissance maritime des États-Unis et leur capacité à mener des opérations à grande échelle. Une démonstration de force qui réaffirme la suprématie américaine sur les océans du globe.

Source officielle : https://www.navy.mil/Press-Office/News-Stories/Article/3891375/bombs-away-ike-completes-tri-carrier-ammo-off-load/


Laurène Meghe

Rédactrice spécialisée en économie et défense armées. Je couvre également les domaines des enjeux industriels et politique, y compris les relations entre les entreprises et leurs partenaires financiers.

Le porte-avions demeure le plus puissant outil d’une marine de guerre moderne, selon le CEMA.

Le porte-avions demeure le plus puissant outil d’une marine de guerre moderne, selon le CEMA.

À l’occasion de la Conférence navale de Paris, qui s’est tenue il y a quelques jours, le Chef d’état-major des Armées français, le général Thierry Burkhard, a défendu la pertinence et l’efficacité du porte-avions dans la guerre navale moderne.

Soutenant la décision de remplacer le Charles de Gaulle par le porte-avions nucléaire de nouvelle génération, ou PANG, en 2038, le CEMA a ainsi fait une liste non exhaustive des différentes capacités exclusives à ce navire, son groupe aérien embarqué, et son escorte, allant de la rupture d’un déni d’accès à la communication géopolitique, en passant par la transformation de la géométrie d’un espace de crise ou de conflit.

Le fait est, si le porte-avions fait toujours l’objet de nombreuses critiques, il est aussi doté de capacités opérationnelles, technologiques et politiques, qui en font un outil sans équivalent à disposition des états-majors et des autorités politiques, qui peuvent aisément justifier son existence, mais qui, dans le même temps, interrogent sur la nécessité d’un second navire pour assurer la permanence de ces mêmes capacités jugées uniques et indispensables

Sommaire

Trop vulnérable, trop cher… La pertinence du porte-avions remise (à nouveau) en question

Ces dernières années, la pertinence du porte-avions a été fréquemment remise en cause, en France comme aux États-Unis, y compris au sein des armées. Pour ses détracteurs, le porte-avions est désormais un outil obsolète, trop vulnérable pour représenter un atout opérationnel. Cette perception a été accrue avec l’apparition des missiles balistiques antinavires, ou AShBM, comme le DF-21D et le DF-16 chinois, et surtout le missile hypersonique antinavires 3M22 Tzirkon russe.

missile AShBM DF-25 chine
Le missile balistique antinavire AShBM DF-26 chinois a une portée de plus de 4000 km. Son profil de vol le met toutefois à porté des Sm-3 et Sm-6 qui protégent les porte-avions de l’US Navy.

Présentés comme imparables par certains, ces nouveaux missiles seraient, en effet, capables d’atteindre une cible majeure, comme un porte-avions ou un grand navire amphibie, à plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de kilomètres, sans qu’il soit possible de s’en protéger.

En outre, les investissements nécessaires pour concevoir, construire et mettre en œuvre un porte-avions moderne, son groupe aérien embarqué, et son escorte de frégates, destroyers, navires logistiques et sous-marins, pourraient, toujours selon ses détracteurs, être bien mieux employé dans d’autres domaines, également sous tension.

Les questions concernant l’arbitrage budgétaire ont une évidente légitimité, le porte-avions est avant tout un outil portant une importante dimension politique, et c’est au niveau politique qu’il doit être arbitré, pour décider s’il est préférable d’avoir un GAN opérationnel, ou cinq ou six escadrons de chasse, et les escadrons de soutien qui les accompagnent. La France et la Grande-Bretagne acceptent ce sacrifice. D’autres non.

En revanche, la question de la prétendue vulnérabilité du porte-avions face aux nouvelles menaces, n’est pas un enjeu. Certes, de nouveaux missiles antinavires sont apparus. Toutefois, leurs performances ne constituent, dans les faits, qu’une évolution des performances qu’avaient certains missiles plus anciens, notamment les missiles antinavires supersoniques soviétiques, qui évoluaient au-delà de Mach 1 en transit, et Mach 3 ou 4 en attaque finale.

Tu-22M3 Backfire C
Les bombardiers à long rayon d’action Tu-22M backfire sovéitique représentaient une menace considerable pour les porte-avions de l’US navy pendant la Guerre Froide. Paradoxalement, c’est au sein du Carrier Strike Group (qui s’appelait task Force alors), que la solution a été trouvée, avec le système AEGIS armant les destroyers, d’une part, et le missile AIM-54 Phoenix du F-14 Tomcat de l’autre.

Comme ce fut le cas dans les années 70, avec la conception du système AEGIS et du couple F-14 Tomcat/ AIM-54 Phoenix, pour contrer la menace que représentaient ces nouveaux missiles soviétiques, de nouveaux missiles et systèmes défensifs sont en développement pour contrer ces missiles balistiques, hypersoniques ou non, antinavires.

À ce titre, les destroyers américains ont déjà pu employer, avec succès, le nouveau missile SM-6 pour intercepter les AShBM Houthis en mer Rouge, ce qui tend à indiquer qu’ils seront aussi capables d’intercepter les DF-21D et DF-16, les fameux Tueurs de Porte-Avions chinois, qui avait tant fait couler d’encre il y a quelques années. Il est probable qu’un missile comme l’Aster 30 soit, lui aussi, d’une telle interception. Et il en va de même de la menace hypersonique.

En d’autres termes, si, comme l’a reconnu le général Burkhard , il n’est plus possible, aujourd’hui, de revendiquer la supériorité technologique sur un espace de conflictualité, naval ou autre, le porte-avions n’est pas plus exposé ou vulnérable qu’il ne l’était auparavant, tout en conservant des capacités exceptionnelles.

La Groupe d’action naval, un outil d’une polyvalence inégalée

Ces atouts uniques sont au nombre de quatre. Le premier d’entre eux, repose sur la polyvalence sans équivalent, d’un porte-avions et de son Groupe d’Action Navale à la mer. Cette polyvalence a été démontrée, ces dernières semaines, par le déploiement de l’USS Eisenhower en Méditerranée et au Proche-Orient.

USS Eisenhower Golfe d'Aden
Le porte-avions américain USS Eisenhower dans le Golde d’Aden.

Initialement, la mission de Carrier Strike Group de l’Eisenhower, était d’effectuer une démonstration de forces au large des côtes israéliennes, suite à l’attaque du 7 octobre, pour contenir le conflit et empêcher son extension. Après quoi, il fut envoyé dans le golfe d’Aden, d’abord pour protéger les navires commerciaux des frappes Houthis, puis pour mener des frappes contre ces mêmes infrastructures Houthis desquelles les missiles étaient lancés.

De fait, au cours d’un même déploiement, le navire, son groupe aérien embarqué, et son escorte, ont effectué plusieurs missions de nature très différentes, aussi bien offensives que défensives, et même purement géopolitiques.

En effet, le groupe aérien du porte-avions, ses moyens propres et ceux de son escorte, confèrent au groupe d’action naval une polyvalence supérieure à celle de n’importe quelle unité navale, et même aérienne, susceptible non seulement de remplir un très vaste panel de missions, mais de les remplir simultanément ou successivement lors d’un même déploiement.

La capacité à durer d’un porte-avions au combat

Non seulement le porte-avions est-il d’une polyvalence inégalable, mais il dispose, en outre, d’un atout remarquable, sa capacité à durer au combat. En effet, contrairement à la plupart des navires militaires, le porte-avions a la possibilité de régénérer, voire de remplacer dynamiquement ses moyens offensifs et défensifs, au cours d’un même déploiement.

USS America CVA-66
L’USS America a maintenu une posture opérationelle pendant 292 jours face au nord vietnam entre 1972 et 1973, et participa activement à l’opération Linebaker II.

Ainsi, si l’Armée de l’Air et de l’Espace était parvenue à effectuer, avec l’ide de frégates de la Marine nationale, l’opération Hamilton contre les infrastructures chimiques syriennes, en avril 2018, celle-ci aurait été incapable de mener des frappes de même type dans la durée.

En effet, chaque mission ayant une durée de plus d’une dizaine d’heures, et mobilisant un grand nombre d’avions de soutien pour accompagner les Rafale et Mirage 2000-5 de la métropole jusqu’à la Méditerranée Orientale, l’Armée de l’Air serait rapidement arrivée à court de son potentiel au bout de quelques missions seulement.

À l’inverse, le porte-avions peut maintenir une posture opérationnelle, beaucoup plus proche des cibles visées, et donc mener des frappes quotidiennes, tout en économisant le potentiel de vol de ses aéronefs, pendant plusieurs mois. Ainsi, l’USS America, CVA-66, a été déployé en mission opérationnelle au large des côtes vietnamienne, durant 292 jours, de juin 1972 à mars 1973.

Faute de disposer d’un allié acceptant l’utilisation de ses bases, comme c’était le cas pour les frappes contre la Syrie, la base aérienne française de Jordanie ne pouvant être employée pour cette mission, le porte-avions est le seul à pouvoir maintenir une pression constante et soutenue, sur le dispositif adverse.

L’adaptabilité intrinsèque du porte-avions pour répondre aux évolutions

Système de systèmes par excellence, le porte-avions et son groupe naval, se caractérise également par une très importante évolutivité, lui conférant de nouvelles capacités qui ne s’imaginaient peut-être pas, lors de son entrée en service.

USS Nimitz Carrier Strike Group
L’USS Nimitz a rejoint l’US Navy en 1975, et quittera celui-ci en 2025, après 50 ans de service à la mer. En 2023, il avait enregisté plus de 350 000 appontages.

Ainsi, le groupe aérien de l’USS Nimitz, entré en service en 1975, se composait initialement de F-4 Phantom 2, A-6 Intruder et A-7 Corsair II, à la sortie de la guerre du Vietnam. Il se compose, dorénavant, de F/A-18 E/F Super Hornet et C Hornet, de EA-18G Growler et de E-2C Hawkeye, lui conférant des possibilités sans commune mesure avec son groupe aérien initial. Ses sisterships emportent, quant à eux, le nouveau F-35C, et certains pourraient même accueillir le futur NGAD.

Son escorte, quant à elle, est passée des croiseurs Longbeach ou California, destroyers Spruance, frégates Knox et sous-marins Los Angeles, aux destroyers Arleigh Burke et croiseurs Ticonderoga armés du système antiaérien et antibalistique AEGIS et de missiles de croisière Tomahawk, et sous-marins Virginia. En outre, par son volume et sa capacité énergétique, le porte-avions lui-même est une plate-forme nativement conçue pour être évolutive.

Ainsi, le Charles de Gaulle français s’est vu doté, au fil des années, de nombreuses capacités nouvelles, alors qu’à l’occasion de sa prochaine phase de modernisation, il recevra le nouveau radar AESA à face plane Sea Fire 500 de Thales, lui permettant de contrôler un espace aérien sur 350 km de rayon, étendues par les capacités de détection des nouvelles frégates FDI, elles aussi, équipées du même radar, et du nouvel avion radar E-2D Hawkeye.

Cette capacité à évoluer, et à intégrer de nouveaux moyens pour répondre à l’évolution de la menace sur les différents espaces de conflictualité, est, à ce titre, présentée comme l’un des enjeux clés du développement du nouveau porte-avions nucléaire PANG de la Marine nationale, par le CEMA lui-même.

La visibilité du porte-avions, un atout majeur dans la guerre de communication et la communication de guerre

Enfin, le porte-avions peut se parer d’une dernière vertu, que très peu de moyens militaires peuvent égaler, tout au moins dans le domaine conventionnel. En effet, au-delà de son potentiel offensif et défensif global, et de sa capacité à faire peser une menace constante sur l’adversaire, le porte-avions a un atout majeur dans la guerre moderne : il dispose d’une visibilité aussi importante que modulable.

CV-18 Fujian
Le Fujian, le nouveau porte-avions chinois de pr§s de 80 000 tonnes, montre incontestablement que la confiance dans le potentiel opérationnel du porte-avions, n’est pas un iais occidental.

Ainsi, l’envoi d’un porte-avions et de son escorte, à proximité d’un espace de crise, constitue aujourd’hui un message politique et diplomatique d’une immense portée, qui ne peut, objectivement, être dépassée que par le déploiement de missiles à capacités nucléaires, ou d’une force armée conventionnelle considérable.

Il s’agit, pour les pays qui disposent de cet outil, souvent du dernier avertissement précédant une frappe massive, qui d’ailleurs a fréquemment eu les effets escomptés, y compris contre des pays vindicatifs, comme l’Iran, la Syrie, la Libye, ou la Corée du Nord. Dans la même temps, par sa grande mobilité, le porte-avions sait aussi se faire discret, lorsque cela est nécessaire.

Conclusion

Bien que remis en cause par certains, le porte-avions demeure, aujourd’hui, un outil sans équivalent en matière de guerre navale, et ce, dans de nombreux domaines. Par sa polyvalence, sa capacité à durer, son évolutivité et sa visibilité, il confère aux pays qui en disposent, et à leur marine, un potentiel opérationnel et politique unique pour agir sur une crise, ou un conflit ayant une dimension navale.

PANG
Si l’avenir du Porte-avions de Nouvelle Génération, ou PANG, est dorénavant assuré, celui d’un éventuel sister-ship, ou d’un second navire d’une classe différente, semble des plus éloigné.

Reste qu’il s’agit d’un outil onéreux, que l’on peut aisément comparer, à l’autre bout du spectre naval, avec les sous-marins à propulsion nucléaire, aussi discrets, invisibles et spécialisés que le porte-avions est ostentatoire, visible et polyvalent. Il est d’ailleurs intéressant de constater que ce sont les pays qui disposent, également, de ce type de sous-marins qui, par ailleurs, alignent les porte-avions les plus importants.

Reste qu’en France, si la question du remplacement du Charles de Gaulle par le PANG, ne semble plus se poser, celle de la construction d’un second navire, de même type, ou de dimensions plus réduites, et doté d’une propulsion conventionnelle, pour en optimiser les couts et le potentiel export, ne semblent pas, non plus, sérieusement considérée, alors qu’un unique navire ne permet d’en avoir la jouissance opérationnelle que 40 à 50% du temps, dans le meilleur des cas.

Pourtant, si le porte-avions est paré effectivement de toutes les vertus énumérées par le général Burkhard, il y a quelques jours, la question d’en disposer en permanence, et donc de la construction d’un second navire, semble avoir une réponse positive évidente.

Porte-avions américains, français et britannique
Les porte-avions américains USS JOHN C. STENNIS et USS Kennedy, le Charles de Gaulle français, et le porte-hélicoptères britanniques HMS Ocean lors d’une parade navale.

En outre, en dépit des surcouts engendrés par une telle décision, des solutions existent précisément pour en réduire les effets de captation sur les autres budgets des armées, comme la coopération internationale européenne, avec des pays comme la Belgique et les Pays-Bas, dont les frégates escortent fréquemment le Charles de Gaulle ces dernières années.

Il faudra donc, dans un avenir proche, mettre en cohérence les positions et les besoins opérationnels, avec les ambitions politiques, et surtout avec les moyens conférés aux armées, en particulier dans ce domaine.

Article du 2 février en version intégrale jusqu’au 21 aout 2024

Immobilisé pendant six mois, le porte-avions HMS Queen Elizabeth est de nouveau opérationnel

Immobilisé pendant six mois, le porte-avions HMS Queen Elizabeth est de nouveau opérationnel


En août 2022, alors qu’il se préparait à mettre le cap vers l’Amérique du Nord dans le cadre de la mission Westlant 22, le porte-avions britannique HMS Prince of Wales fut victime d’une grave avarie au niveau d’un accouplement SKF de sa ligne d’arbre tribord [qui relie les machines à l’hélice]. Remplacé au pied levé par son « jumeau », le HMS Queen Elizabeth, le navire fut remorqué vers le chantier naval de Rosyth [Écosse] pour y être mis en cale sèche.

Seulement, lors des réparations, il apparut que la ligne d’arbre babord présentait également des signes de faiblesse au niveau de ses accouplements SKF. Aussi, son immobilisation fut prolongée jusqu’en juillet 2023, alors que la Royal Navy espérait le voir reprendre son cycle opérationnel en mai.

Mais celle-ci ne fut pas au bout de ses peines. Début février, alors qu’il devait participer aux manœuvres « Steadfast Defender » organisées par l’Otan, le HMS Queen Elizabeth dut à son tour déclaré forfait… car il risquait de connaître la même avarie qui avait affecté le HMS Prince of Wales.

Initialement, il était question d’immobiliser le porte-avions de 65’000 tonnes pendant « quelques semaines » au chantier naval de Rosyth, étant donné que les réparations devaient se concentrer uniquement sur la ligne d’arbre tribord. Finalement, la Royal Navy décida de remplacer aussi celle de babord, par « précaution ».

Cela étant, après la déconvenue vécue par le HMS Prince of Wales, l’amirauté britannique avait prévu de remplacer les deux lignes d’arbre du HMS Queen Elizabeth lors d’un arrêt technique majeur [ATM] programmé en 2025. Les circonstances en auront donc voulu autrement. Mais d’un mal peut sortir un bien car cela permettra de raccourcir la prochaine période d’indisponibilité technique du porte-avions.

En outre, les réparations du HMS Queen Elizabeth ont été effectuées assez rapidement dans la mesure où le navire ne sera resté que quatre mois en cale sèche. Au total, son immobilisation aura duré six mois… soit trois de moins que celle du HMS Prince of Wales pour les mêmes raisons.

En effet, la Royal Navy a annoncé que le HMS Queen Elizabeth retrouverait la base navale de Portsmouth le 30 juillet, à l’issue d’une campagne d’essais menée peu après sa sortie du chantier naval écossais.

 

« Le navire est sorti des réparations plus tôt que prévu initialement et, après avoir navigué sous les ponts du Forth, il a passé les sept derniers jours en mer à être mis à l’épreuve afin de tester ses systèmes au maximum », a en effet indiqué la marine britannique, via un communiqué diffusé le 29 juillet.

« Un travail énorme a été réalisé au cours des derniers mois pour nous amener à ce point. C’était un projet de grande envergure […]. Il a fallu un effort d’équipe vraiment efficace de la part de nos ingénieurs, du Defence Equipment and Support [DE&S] et de nos partenaires industriels pour que le porte-avions puisse reprendre la mer », a commenté le commandant Alex Davies, chef du département de génie maritime de la Royal Navy.

Photo : Royal Navy

L’État commande des prestations à longs délais d’approvisionnements pour le futur PA-NG

L’État commande des prestations à longs délais d’approvisionnements pour le futur PA-NG

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 30 avril 2024

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


Comme l’avait annoncé le ministre des Armées dans un récent post sur X (voir ci-dessus), Naval Group et TechnicAtome ont été notifiés, le 26 avril par la Direction générale de l’armement (DGA) et le CEA, du premier marché dit « pré-DLR » du porte-avions de nouvelle génération (PA-NG).

Ce marché permet d’engager les premiers travaux de réalisation des chaufferies nucléaires, qui se dérouleront de 2024 à 2029. Le marché dit de « pré-DLR » (DLR : décision de lancement en réalisation) démarre en parallèle des études d’avant-projet en cours, et concerne les développements et les fabrications à long délais des chaufferies nucléaires, en amont de la décision de lancement en réalisation du PA-NG.

Deux sites de Naval Group seront particulièrement concernés par ces activités :
Cherbourg pour la réalisation des enceintes de confinement, 
Nantes-Indret pour la réalisation des capacités principales des chaufferies.

En parallèle, TechnicAtome accueillera sur le site de Cadarache les premiers prototypes d’équipements des deux chaufferies nucléaires K22. Les infrastructures industrielles et les moyens de production seront modernisés pour répondre aux enjeux industriels de ce programme.

Par ailleurs, les Chantiers de l’Atlantique (Saint-Nazaire) ont aussi été notifiés d’une commande pour les prestations à longs délais d’approvisionnements du PA-Ng. Cette commande permettra l’adaptation de l’outil industriel nazairien en vue de la phase de construction. 

Selon le ministère des Armées, « cette commande de 600 millions d’euros mobilisera largement l’industrie nationale et irriguera un vaste tissu industriel de sous-traitants de la filière nucléaire. Les travaux d’Avant-projet détaillé (APD), lancés en avril 2023, se poursuivent et conduiront au lancement de la construction du porte-avions de nouvelle génération prévu entre fin 2025 et début 2026.« 

Le troisième porte-avions chinois est sur le point de commencer ses essais en mer

Le troisième porte-avions chinois est sur le point de commencer ses essais en mer

https://www.opex360.com/2024/04/30/le-troisieme-porte-avions-chinois-est-sur-le-point-de-commencer-ses-essais-en-mer/


Aussi, tout laisse à penser que la première campagne d’essais de ce nouveau navire est sur le point de commencer. Certainement que plusieurs seront nécessaires avant son admission au service actif, d’autant plus qu’il présente plusieurs nouveautés par rapport aux deux autres qui l’ont précédé, à savoir le CNS Liaoning [ex-Varyag] et le CNS Shandong.

Affichant un déplacement d’au moins 80’000 tonnes pour une longueur de 320 mètres, le CNS Fujian a été construit selon une configuration dite CATOBAR [Catapult Assisted Take-Off But Arrested Recovery], c’est à dire qu’il est doté de catapultes et de brins d’arrêt, comme les porte-avions français et américains. Pour l’aéronavale chinoise, ce changement est de taille puisque le pont d’envol des CNS Liaoning et CNS Shandong est muni d’un tremplin en lieu et place des catapultes.

La configuration CATOBAR permet plus de flexibilité et de souplesse dans les opérations aériennes. Le CNS Fujian pourra ainsi mettre en œuvre l’avion de guet aérien KJ-600 ainsi que le chasseur-bombardier J-35, dérivé du FC-31 « Gyrfalcon ». Des maquettes de ces deux types d’appareils ont d’ailleurs été récemment photographiées sur le pont du navire.

En outre, comme les porte-avions américains de la classe Gerald Ford, le CNS Fujian est doté d’au moins trois catapultes électromagnétiques [EMALS], comme l’ont confirmé les images des récents tests dont elles ont fait l’objet. Par rapport aux catapultes à vapeur, un tel dispositif présente plusieurs avantages, dont des contraintes mécaniques moindres sur les aéronefs, une maintenance plus facile et une fréquence plus élevée des lancements.

 

Pour rappel, le principe de l’EMALS, dont le développement a donné du fil à retordre à l’US Navy, repose sur un moteur linéaire à induction électromagnétique [LIM]… lequel consomme une importante quantité d’énergie en quelques secondes. D’où la nécessité de recourir à des volants d’inertie, pouvant emmagasiner jusqu’à 100 mégajoules et être rechargés en moins d’une minute. Sur le porte-avions Gerald Ford, l’énergie nécessaire est fournie par ses deux puissantes chaufferies nucléaires… Or, le CNS Fujian dispose d’une propulsion classique…

Premier porte-avions de construction entièrement chinoise, le CNS Shandong avait démarré ses essais à la mer en 2018. Mais ceux-ci donnèrent lieu à des « ajustements » et son admission au service actif fut officialisée en décembre 2019, avec quelques mois de retard [et trente-deux mois après son lancement]. Aussi, l’objectif d’engager le CNS Fujian en opération en 2025 paraît bien ambitieux.

Quoi qu’il en soit, en mars, le commissaire politique de la marine chinoise, l’amiral Yuan Huazhi, a confirmé qu’un quatrième porte-avions serait construit, sans préciser s’il disposera d’une propulsion nucléaire.

Sur les réseaux sociaux, des posts s’alarment d’une perte de souveraineté pour la France en matière de défense : le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle passerait d’ici peu sous le contrôle de l’Alliance. C’est pourtant faux.

Sur les réseaux sociaux, des posts s’alarment d’une perte de souveraineté pour la France en matière de défense : le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle passerait d’ici peu sous le contrôle de l’Alliance. C’est pourtant faux.

par Lili Pillot, journaliste – Les Surligneurs – publié le 17 avril 2024

Relecteur : Etienne Merle, journaliste

https://www.lessurligneurs.eu/vu-sur-facebook-le-porte-avions-charles-de-gaulle-bientot-controle-par-lotan/


Source : Compte Facebook, 12 avril 2024

La France va-t-elle perdre le Charles-de-Gaulle, son mythique porte-avions ? Dès l’annonce le 11 avril 2024 d’une nouvelle mission sous commandement de l’OTAN par le ministère des Armées, les réactions de certaines oppositions ont fusé : “Incroyable : soumission historique sous #Macron de la France à l’#OTAN et donc aux Américains !” s’est révolté l’ancien député européen Florian Philippot sur le réseau social X. Le président de l’Union populaire républicaine (UPR), le souverainiste François Asselineau y est également allé de son commentaire : “Macron pousse la soumission de la France jusqu’à l’humiliation.” À gauche, l’ancien candidat à l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, a tweeté le lendemain matin, peiné :“Tristesse. Vassalisation affichée.”

Des réactions alarmistes qui ont également interrogé certains internautes : “Le porte-avions Charles-De-Gaulle va passer sous le contrôle de l’OTAN. Ne pourrait-on pas le débaptiser avant, par respect pour la mémoire du grand homme…“, s’inquiète l’un d’entre eux.

Oui, la France va bien participer à une mission de l’Alliance atlantique en mer Méditerranée, aux côtés d’autres nations alliées (Grèce, Espagne, Portugal, Etats-Unis, Italie). La mission, pilotée par l’état-major tactique de l’OTAN “StrikforNato” situé à Lisbonne, aura notamment pour objectif de “renforcer la posture défensive et dissuasive de l’Otan“, selon un tweet du ministère des Armées. Sauf que cette opération est temporaire et n’implique pas la perte du commandement du Charles-de-Gaulle…

Mission temporaire et réversible

En effet, dans le cadre de cette mission baptisée “Akila“, qui doit durer deux mois, le Groupe aéronoval (GAN) de l’armée française, qui comprend le mythique porte-avions, sera placé sous le commandement de l’OTAN. Mais seulement pour une “petite quinzaine de jours a expliqué le contre-amiral Jacques Mallard, commandant du GAN, en conférence de presse le 11 avril 2024. C’est-à-dire du 26 avril au 10 mai précise l’Agence France Presse (AFP), citée par plusieurs médias.

Sur cette courte période, “le Chef d’État-Major des armées renonce temporairement aux contrôles opérationels du bateau, indique aux Surligneurs Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l’OTAN. Mais ce transfert de compétences relève uniquement “d’ordres opérationels militaires. Toutes les forces sont reliées à la force nationale“, abonde Michel Goya, ancien colonel des troupes marines et enseignant spécialisé dans l’histoire militaire et l’analyse des conflits. “Au final, c’est toujours la chaîne nationale qui a le dernier mot.”

En plus d’être strictement limité à une mission en particulier, “ce transfert de compétence est toujours réversible”, précise Camille Grand. “Il n’existe aucun cas où l’OTAN puisse exiger le contraire.”

Le vice-amiral français Didier Maleterre, numéro deux du commandement maritime de l’Otan, l’avait d’ailleurs déjà précisé auprès de l’AFP : “à tout moment on peut récupérer le mandat, et en un claquement de doigts récupérer le commandement national en cours d’opérations.”

Contexte de tensions

Reste que si ce type de transfert est courant, “c’est la première fois que le GAN est placé sous le commandement [de l’OTAN] dans son intégralité“, indique Camille Grand. Un moyen de montrer que la France “est un allié” mais aussi d’observer et “de comprendre comment la chaîne de commandement de l’OTAN fonctionne“, précisait le contre-amiral Jacques Mallard lors de la conférence de presse, dans un contexte de tensions galopantes avec la Russie.

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M. Breton : « Peut-être faudrait-il convenir au niveau européen de construire un deuxième porte-avions ? »

M. Breton : « Peut-être faudrait-il convenir au niveau européen de construire un deuxième porte-avions ? »

https://www.opex360.com/2024/03/09/m-breton-peut-etre-faudrait-il-convenir-au-niveau-europeen-de-construire-un-deuxieme-porte-avions/


Dans le détail, le PEID propose des mesures organisationnelles, juridiques et financières censées encourager les États membres à « augmenter régulièrement leurs achats d’équipements de défense au sein de l’Union pour qu’au moins 50 % du budget qui y est consacré soit dépensé dans l’Union à l’horizon 2030 et 60 % à l’horizon 2035 ».

« Avec la résurgence d’un conflit de forte intensité sur notre continent, l’Europe ne peut plus attendre pour renforcer la capacité de la base industrielle et technologique de défense européenne à produire plus et plus rapidement », a résumé Thierry Breton, qui, en sa qualité de commissaire européen au Marché intérieur chargé de l’industrie de défense, a été l’architecte de ce PEID.

Or, en janvier, lors d’une audition au Sénat [le compte-rendu vient d’être publié], M. Breton a soutenu que les industriels européens de la défense doivent « changer de modèle économique » afin de produire plus vite et davantage. Seulement, parce qu’ils ont leur logique propre, tous les secteurs d’activités ne peuvent pas se plier à une telle injonction. C’est notamment le cas de la construction navale, où les programmes se conduisent sur le temps long.

« L’Europe fournit à l’Ukraine 75 milliards d’euros. C’est plus que les États-Unis. Pour autant, nous devons nous préparer à renforcer notre base industrielle de défense. En Europe, nous savons tout faire : missiles hypersoniques, porte-avions nucléaires, sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, etc. Nous produisons les meilleurs avions du monde, les chars les plus sophistiqués, mais nous le faisons à notre rythme », a observé M. Breton.

Dans la liste qu’il a donnée, on peut s’interroger sur la présence des « sous-marins nucléaires lanceurs d’engins » [SNLE] dans la mesure où ceux-ci relèvent de la dissuasion nucléaire française… Cela vaut aussi pour les « porte-avions nucléaires » que seule la France est en mesure de construire parmi les vingt-sept.

Quant aux armes hypersoniques [si l’on excepte le missile balistique M51] aucun pays de l’UE n’en a mis en service à ce jour. Encore une fois, seule la France conduit des programmes pour s’en doter [V-MAX et ASN4G]. Bref, les exemples cités par M. Breton ne sont certainement pas les plus pertinents.

« Nous sommes encore dans des logiques d’arsenal. Les industriels de la défense – cela ne concerne pas seulement la France -, qui ont comme principal interlocuteur les directions générales de l’armement des États membres, leur disent : ‘Certes, c’est plus cher, et cela prend plus de temps. Mais c’est stratégique.’ Or l’enjeu est maintenant d’augmenter notre BITD [Base industrielle et technologique de défense], afin que les cadences suivent. Il faut inciter les industries de la défense à changer de modèle économique, pour passer d’une logique d’arsenal à une logique de marché plus normale », a ensuite développé le commissaire européen au Marché intérieur.

Plus tard, M. Breton a défendu l’idée de mutualiser les capacités des États membres pour assurer leur sécurité dans les « espaces contestés » [espace cyber, espace, espace aérien et espace maritime]. « Nous le savons : aucun pays ne peut, à lui seul, assurer sa sécurité dans ces espaces », a-t-il fait valoir, avant de s’interroger, à nouveau, sur la nécessité d’un « second porte-avions » [européen ?] ».

« Quelle marine peut prétendre protéger la zone maritime exclusive européenne, qui est la plus vaste au monde ? [grâce, en grande partie, aux 11 millions de km² de la ZEE française, ndlr] Je rappelle que tous les dix-huit mois, l’unique porte-avions français doit être au carénage. En période de guerre, mieux vaut qu’il soit utilisable ! », s’est exclamé M. Breton. Aussi, a-t-il continué, « peut-être faudrait-il convenir au niveau européen d’en construire un deuxième ».

Ce propos aurait mérité des précisions que le commissaire européen n’a pas fournies [du moins, selon le compte-rendu]. S’agirait-il de solliciter un financement européen pour doter la Marine nationale d’un second porte-avions? Ou bien est-il question de construire un tel navire qui battrait pavillon de l’UE?

Dans un cas comme dans l’autre, l’idée lancée par M. Breton est irréalisable en l’état. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il la propose. En octobre, il avait en effet estimé que, « à moyen-long terme », il allait être « inévitable de se poser la question d’un porte-avions européen ».

Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a déjà rejeté une telle idée. « Le porte-avions est un instrument de souveraineté absolue, ce qui n’exclut pas sa participation à des missions multinationales ainsi que la présence de navires européens au sein de son groupe aéronaval », avait-il répondu à M. Breton, à l’occasion d’une audition parlementaire.

De son côté, le Délégué général pour l’armement [DGA], Emmanuel Chiva, en avait détaillé les obstacles techniques. « Il faudrait d’abord avoir un besoin commun qui soit exprimé pour un tel outil. Et je rappelle que la France est un pays un peu particulier dans la mesure où elle est une puissance dotée [de l’arme nucléaire, ndlr]. Et donc elle a besoin de capacités de dissuasion qui ne seraient pas forcément les mêmes à l’échelon européen. Nous, on pousse à l’interopérabilité entre les différents systèmes plutôt que s’interroger [sur cette idée de porte-avions européen, ndlr] », avait-il expliqué.

Visiblement, malgré de tels arguments [sans compter les obstacles « opérationnels », sachant que seulement trois pays membres de l’UE ont des capacités aéronavales, à savoir la France, l’Italie et l’Espagne], M. Breton a de la suite dans les idées…

« Beaucoup de pays européens expriment ce besoin. […] Donc, il y a des réflexions. C’est objectivement un serpent de mer. Donc, Thierry Breton essaie aussi de satisfaire des demandes de pays ayant une marine et ne pouvant évidemment pas se payer un groupe aéronaval », avait jugé M. Lecornu, en octobre dernier.

Photo : Naval Group

Conférence navale de Paris 2024 : Quelle évolution pour le groupe aéronaval au XXIe siècle ? Revue Défense Nationale, mars 2024, n°868

Conférence navale de Paris 2024 : Quelle évolution pour le groupe aéronaval au XXIe siècle ? Revue Défense Nationale, mars 2024, n°868

par Jérémy Bachelier, Héloïse Fayet – IFRI – publié le 8 mars 2024

https://www.ifri.org/fr/publications/publications-ifri/articles-ifri/conference-navale-de-paris-2024-evolution-groupe


Selon le général Thierry Burkhard, Chef d’état-major des Armées (Céma), qui a prononcé le discours inaugural de la CNP 2024, l’actuelle situation stratégique met en lumière le retour du rapport de force comme moyen de régler les différends, avec un usage accru de la force et une remise en cause profonde de l’ordre international. La compétition règne désormais dans tous les espaces communs, en haute-mer tout particulièrement. Le combat naval – sujet de la première Conférence navale de Paris en 2023 – ne peut dès lors plus être considéré comme une simple hypothèse.

COUV - RDN - 2024

Dans pareil contexte, la question de la Conférence navale de Paris n’était finalement plus de débattre de la pertinence du Groupe aéronaval (GAN), selon les termes du Céma, mais plutôt de son utilisation dans un contexte où l’anticipation et la prise de risques deviennent des impératifs stratégiques. La compétition permanente est devenue l’état naturel des relations internationales, et tous les domaines et milieux sont désormais contestés. Dans ce paysage complexe, le GAN émerge comme l’outil de puissance par excellence, capable de déployer une bulle d’hyper-supériorité dans un temps et un espace donnés pour délivrer ses effets et créer des accès, quand il n’y en a plus ou en soutien d’une opération amphibie.

La nécessité de faire face à plusieurs crises simultanées souligne par ailleurs l’importance de la coopération et du combat collectif, en particulier entre les marines de premier rang représentées à la Conférence navale (France, États-Unis, Royaume-Uni, Italie et Inde). Le GAN joue ainsi un rôle essentiel dans le renforcement des alliances et la dissuasion des adversaires potentiels, et se présente comme un remarquable système intégrateur, permettant de mener une diversité d’opérations dans le haut du spectre.

Cependant, pour que ces atouts demeurent, les GAN doivent continuellement s’adapter aux évolutions de la menace et de l’emploi, tout en faisant preuve de réalisme et en anticipant les ruptures technologiques telles que l’intelligence artificielle (IA), l’informatique quantique et les opérations multi-milieux et multi-champs (M2MC), afin de garantir pertinence et efficacité de notre action dans les prochaines décennies.

Lire l’article en intégralité dans la Revue Défense Nationale. H_Fayet – J_Bachelier-_CNP_2024_-_Quelle_evolution_pour_le_Groupe_aeronaval_au_XXIe_siecle

Le contrat relatif au troisième arrêt technique majeur du porte-avions Charles de Gaulle a été notifié

Le contrat relatif au troisième arrêt technique majeur du porte-avions Charles de Gaulle a été notifié

 

https://www.opex360.com/2024/02/02/le-contrat-relatif-au-troisieme-arret-technique-majeur-du-porte-avions-charles-de-gaulle-a-ete-notifie/


Pour rappel, cette opération, qui a nécessité de mettre le porte-avions en cale sèche durant cinq mois, s’est concentrée sur l’entretien de la coque [l’accumulation de balanes peut faire perdre jusqu’à trois nœuds de vitesse au navire] ainsi que sur la révision des lignes d’arbre et des catapultes. En outre, les installations médicales du bord et les zones de vie de l’équipage ont été rénovées, de même que son système de combat, avec l’intégration d’une station de télécommunications par satellite Syracuse 4, plus puissante et mieux sécurisées.

Le 28 décembre, alors que cet ATI n’était pas encore terminé, la Direction générale de l’armement [DGA] a notifié à Naval Group le contrat relatif au troisième [et dernier] arrêt technique majeur [ATM] du porte-avions. Celui-ci avait été brièvement évoqué la semaine passée, dans un communiqué résumant toutes les commandes qu’elle venait de passer au titre de la loi de finances 2023.

Via un autre communiqué, diffusé le 1er février, la DGA a donné quelques détails sur le contenu de ce futur ATM du « Charles de Gaulle ». Ainsi, comme prévu, cette opération débutera en 2027 et portera en particulier sur la « rénovation du système de combat et du systèmes anti-missiles avec le nouveau radar à quatre panneaux fixes Sea Fire de Thales, le dernier système de direction de combat SETIS 3.0 de Naval Group et la nouvelle installation de tir reconfigurable de MBDA mettant en œuvre les missiles ASTER ».

Pour rappel, le système SETIS 3.0 et le radar Sea Fire vont aussi équiper les cinq futures Frégates de défense et d’intervention [FDI] de la Marine nationale.

Qualifié en octobre 2021 par la DGA, le Sea Fire est un radar qui fonctionne en bande S [partie du spectre électromagnétique allant de 2 à 4 GHz, ndlr]. Doté de quatre antennes actives [AESA] entièrement numériques et à panneaux fixes, il est en mesure de suivre plus de 800 pistes et de repérer des aéronefs et des missiles évoluant à plus de 500 km de distance. Il peut également détecter des navires de surface à plus de 80 km. Qui plus est, il peut être utilisé comme radar de conduite de tir pour les missiles surface-air Aster.

Cela étant, cet ATM 3 se penchera également sur la propulsion du navire. L’un des enjeux sera de voir s’il sera possible, en fonction de l’état des cuves de ses deux réacteurs nucléaires K15, de le prolonger au-delà de 2038, ce qui permettrait à la Marine nationale de disposer de deux porte-avions, avec le PA NG [porte-avions de nouvelle génération].

Lors de l’examen de la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, un amendement avait en effet été adopté pour demander au gouvernement de remettre au Parlement un rapport sur le « coût et la viabilité du maintien en service après 2040 » du « Charles de Gaulle ».

Quant au coût de cet ATM 3, la DGA n’a donné aucun chiffre. Cependant, selon les projets annuels de performances publiés par le ministère de l’Économie et des Finances pour la Loi de Finances 2023, il est question d’un investissement de 579,31 millions d’euros en autorisations d’engagement.

« Dans le cadre du prochain arrêt technique pour entretien majeur du porte-avions [ATM3], cette opération vise à pérenniser les capacités actuelles du porte-avions en remplaçant des équipements ne pouvant être conservés en condition opérationnelle jusqu’à [son retrait du service], à intégrer des systèmes transverses arrivant à maturité à l’échéance de l’arrêt technique majeur et à prendre en compte des recommandations issues du réexamen de sûreté nucléaire », explique ce document.