L’État commande des prestations à longs délais d’approvisionnements pour le futur PA-NG

L’État commande des prestations à longs délais d’approvisionnements pour le futur PA-NG

lecornu.jpg

 

par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 30 avril 2024

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


Comme l’avait annoncé le ministre des Armées dans un récent post sur X (voir ci-dessus), Naval Group et TechnicAtome ont été notifiés, le 26 avril par la Direction générale de l’armement (DGA) et le CEA, du premier marché dit “pré-DLR” du porte-avions de nouvelle génération (PA-NG).

Ce marché permet d’engager les premiers travaux de réalisation des chaufferies nucléaires, qui se dérouleront de 2024 à 2029. Le marché dit de “pré-DLR” (DLR : décision de lancement en réalisation) démarre en parallèle des études d’avant-projet en cours, et concerne les développements et les fabrications à long délais des chaufferies nucléaires, en amont de la décision de lancement en réalisation du PA-NG.

Deux sites de Naval Group seront particulièrement concernés par ces activités :
Cherbourg pour la réalisation des enceintes de confinement, 
Nantes-Indret pour la réalisation des capacités principales des chaufferies.

En parallèle, TechnicAtome accueillera sur le site de Cadarache les premiers prototypes d’équipements des deux chaufferies nucléaires K22. Les infrastructures industrielles et les moyens de production seront modernisés pour répondre aux enjeux industriels de ce programme.

Par ailleurs, les Chantiers de l’Atlantique (Saint-Nazaire) ont aussi été notifiés d’une commande pour les prestations à longs délais d’approvisionnements du PA-Ng. Cette commande permettra l’adaptation de l’outil industriel nazairien en vue de la phase de construction. 

Selon le ministère des Armées, “cette commande de 600 millions d’euros mobilisera largement l’industrie nationale et irriguera un vaste tissu industriel de sous-traitants de la filière nucléaire. Les travaux d’Avant-projet détaillé (APD), lancés en avril 2023, se poursuivent et conduiront au lancement de la construction du porte-avions de nouvelle génération prévu entre fin 2025 et début 2026.

Le troisième porte-avions chinois est sur le point de commencer ses essais en mer

Le troisième porte-avions chinois est sur le point de commencer ses essais en mer

https://www.opex360.com/2024/04/30/le-troisieme-porte-avions-chinois-est-sur-le-point-de-commencer-ses-essais-en-mer/


Aussi, tout laisse à penser que la première campagne d’essais de ce nouveau navire est sur le point de commencer. Certainement que plusieurs seront nécessaires avant son admission au service actif, d’autant plus qu’il présente plusieurs nouveautés par rapport aux deux autres qui l’ont précédé, à savoir le CNS Liaoning [ex-Varyag] et le CNS Shandong.

Affichant un déplacement d’au moins 80’000 tonnes pour une longueur de 320 mètres, le CNS Fujian a été construit selon une configuration dite CATOBAR [Catapult Assisted Take-Off But Arrested Recovery], c’est à dire qu’il est doté de catapultes et de brins d’arrêt, comme les porte-avions français et américains. Pour l’aéronavale chinoise, ce changement est de taille puisque le pont d’envol des CNS Liaoning et CNS Shandong est muni d’un tremplin en lieu et place des catapultes.

La configuration CATOBAR permet plus de flexibilité et de souplesse dans les opérations aériennes. Le CNS Fujian pourra ainsi mettre en œuvre l’avion de guet aérien KJ-600 ainsi que le chasseur-bombardier J-35, dérivé du FC-31 « Gyrfalcon ». Des maquettes de ces deux types d’appareils ont d’ailleurs été récemment photographiées sur le pont du navire.

En outre, comme les porte-avions américains de la classe Gerald Ford, le CNS Fujian est doté d’au moins trois catapultes électromagnétiques [EMALS], comme l’ont confirmé les images des récents tests dont elles ont fait l’objet. Par rapport aux catapultes à vapeur, un tel dispositif présente plusieurs avantages, dont des contraintes mécaniques moindres sur les aéronefs, une maintenance plus facile et une fréquence plus élevée des lancements.

 

Pour rappel, le principe de l’EMALS, dont le développement a donné du fil à retordre à l’US Navy, repose sur un moteur linéaire à induction électromagnétique [LIM]… lequel consomme une importante quantité d’énergie en quelques secondes. D’où la nécessité de recourir à des volants d’inertie, pouvant emmagasiner jusqu’à 100 mégajoules et être rechargés en moins d’une minute. Sur le porte-avions Gerald Ford, l’énergie nécessaire est fournie par ses deux puissantes chaufferies nucléaires… Or, le CNS Fujian dispose d’une propulsion classique…

Premier porte-avions de construction entièrement chinoise, le CNS Shandong avait démarré ses essais à la mer en 2018. Mais ceux-ci donnèrent lieu à des « ajustements » et son admission au service actif fut officialisée en décembre 2019, avec quelques mois de retard [et trente-deux mois après son lancement]. Aussi, l’objectif d’engager le CNS Fujian en opération en 2025 paraît bien ambitieux.

Quoi qu’il en soit, en mars, le commissaire politique de la marine chinoise, l’amiral Yuan Huazhi, a confirmé qu’un quatrième porte-avions serait construit, sans préciser s’il disposera d’une propulsion nucléaire.

Sur les réseaux sociaux, des posts s’alarment d’une perte de souveraineté pour la France en matière de défense : le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle passerait d’ici peu sous le contrôle de l’Alliance. C’est pourtant faux.

Sur les réseaux sociaux, des posts s’alarment d’une perte de souveraineté pour la France en matière de défense : le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle passerait d’ici peu sous le contrôle de l’Alliance. C’est pourtant faux.

par Lili Pillot, journaliste – Les Surligneurs – publié le 17 avril 2024

Relecteur : Etienne Merle, journaliste

https://www.lessurligneurs.eu/vu-sur-facebook-le-porte-avions-charles-de-gaulle-bientot-controle-par-lotan/


Source : Compte Facebook, 12 avril 2024

La France va-t-elle perdre le Charles-de-Gaulle, son mythique porte-avions ? Dès l’annonce le 11 avril 2024 d’une nouvelle mission sous commandement de l’OTAN par le ministère des Armées, les réactions de certaines oppositions ont fusé : “Incroyable : soumission historique sous #Macron de la France à l’#OTAN et donc aux Américains !” s’est révolté l’ancien député européen Florian Philippot sur le réseau social X. Le président de l’Union populaire républicaine (UPR), le souverainiste François Asselineau y est également allé de son commentaire : “Macron pousse la soumission de la France jusqu’à l’humiliation.” À gauche, l’ancien candidat à l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, a tweeté le lendemain matin, peiné :“Tristesse. Vassalisation affichée.”

Des réactions alarmistes qui ont également interrogé certains internautes : “Le porte-avions Charles-De-Gaulle va passer sous le contrôle de l’OTAN. Ne pourrait-on pas le débaptiser avant, par respect pour la mémoire du grand homme…“, s’inquiète l’un d’entre eux.

Oui, la France va bien participer à une mission de l’Alliance atlantique en mer Méditerranée, aux côtés d’autres nations alliées (Grèce, Espagne, Portugal, Etats-Unis, Italie). La mission, pilotée par l’état-major tactique de l’OTAN “StrikforNato” situé à Lisbonne, aura notamment pour objectif de “renforcer la posture défensive et dissuasive de l’Otan“, selon un tweet du ministère des Armées. Sauf que cette opération est temporaire et n’implique pas la perte du commandement du Charles-de-Gaulle…

Mission temporaire et réversible

En effet, dans le cadre de cette mission baptisée “Akila“, qui doit durer deux mois, le Groupe aéronoval (GAN) de l’armée française, qui comprend le mythique porte-avions, sera placé sous le commandement de l’OTAN. Mais seulement pour une “petite quinzaine de jours a expliqué le contre-amiral Jacques Mallard, commandant du GAN, en conférence de presse le 11 avril 2024. C’est-à-dire du 26 avril au 10 mai précise l’Agence France Presse (AFP), citée par plusieurs médias.

Sur cette courte période, “le Chef d’État-Major des armées renonce temporairement aux contrôles opérationels du bateau, indique aux Surligneurs Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l’OTAN. Mais ce transfert de compétences relève uniquement “d’ordres opérationels militaires. Toutes les forces sont reliées à la force nationale“, abonde Michel Goya, ancien colonel des troupes marines et enseignant spécialisé dans l’histoire militaire et l’analyse des conflits. “Au final, c’est toujours la chaîne nationale qui a le dernier mot.”

En plus d’être strictement limité à une mission en particulier, “ce transfert de compétence est toujours réversible”, précise Camille Grand. “Il n’existe aucun cas où l’OTAN puisse exiger le contraire.”

Le vice-amiral français Didier Maleterre, numéro deux du commandement maritime de l’Otan, l’avait d’ailleurs déjà précisé auprès de l’AFP : “à tout moment on peut récupérer le mandat, et en un claquement de doigts récupérer le commandement national en cours d’opérations.”

Contexte de tensions

Reste que si ce type de transfert est courant, “c’est la première fois que le GAN est placé sous le commandement [de l’OTAN] dans son intégralité“, indique Camille Grand. Un moyen de montrer que la France “est un allié” mais aussi d’observer et “de comprendre comment la chaîne de commandement de l’OTAN fonctionne“, précisait le contre-amiral Jacques Mallard lors de la conférence de presse, dans un contexte de tensions galopantes avec la Russie.

Une erreur dans ce contenu ? Vous souhaitez soumettre une information à vérifier ? Faites-le nous savoir en utilisant notre formulaire en ligne. Retrouvez notre politique de correction et de soumission d’informations sur la page Notre méthode.

M. Breton : « Peut-être faudrait-il convenir au niveau européen de construire un deuxième porte-avions ? »

M. Breton : « Peut-être faudrait-il convenir au niveau européen de construire un deuxième porte-avions ? »

https://www.opex360.com/2024/03/09/m-breton-peut-etre-faudrait-il-convenir-au-niveau-europeen-de-construire-un-deuxieme-porte-avions/


Dans le détail, le PEID propose des mesures organisationnelles, juridiques et financières censées encourager les États membres à « augmenter régulièrement leurs achats d’équipements de défense au sein de l’Union pour qu’au moins 50 % du budget qui y est consacré soit dépensé dans l’Union à l’horizon 2030 et 60 % à l’horizon 2035 ».

« Avec la résurgence d’un conflit de forte intensité sur notre continent, l’Europe ne peut plus attendre pour renforcer la capacité de la base industrielle et technologique de défense européenne à produire plus et plus rapidement », a résumé Thierry Breton, qui, en sa qualité de commissaire européen au Marché intérieur chargé de l’industrie de défense, a été l’architecte de ce PEID.

Or, en janvier, lors d’une audition au Sénat [le compte-rendu vient d’être publié], M. Breton a soutenu que les industriels européens de la défense doivent « changer de modèle économique » afin de produire plus vite et davantage. Seulement, parce qu’ils ont leur logique propre, tous les secteurs d’activités ne peuvent pas se plier à une telle injonction. C’est notamment le cas de la construction navale, où les programmes se conduisent sur le temps long.

« L’Europe fournit à l’Ukraine 75 milliards d’euros. C’est plus que les États-Unis. Pour autant, nous devons nous préparer à renforcer notre base industrielle de défense. En Europe, nous savons tout faire : missiles hypersoniques, porte-avions nucléaires, sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, etc. Nous produisons les meilleurs avions du monde, les chars les plus sophistiqués, mais nous le faisons à notre rythme », a observé M. Breton.

Dans la liste qu’il a donnée, on peut s’interroger sur la présence des « sous-marins nucléaires lanceurs d’engins » [SNLE] dans la mesure où ceux-ci relèvent de la dissuasion nucléaire française… Cela vaut aussi pour les « porte-avions nucléaires » que seule la France est en mesure de construire parmi les vingt-sept.

Quant aux armes hypersoniques [si l’on excepte le missile balistique M51] aucun pays de l’UE n’en a mis en service à ce jour. Encore une fois, seule la France conduit des programmes pour s’en doter [V-MAX et ASN4G]. Bref, les exemples cités par M. Breton ne sont certainement pas les plus pertinents.

« Nous sommes encore dans des logiques d’arsenal. Les industriels de la défense – cela ne concerne pas seulement la France -, qui ont comme principal interlocuteur les directions générales de l’armement des États membres, leur disent : ‘Certes, c’est plus cher, et cela prend plus de temps. Mais c’est stratégique.’ Or l’enjeu est maintenant d’augmenter notre BITD [Base industrielle et technologique de défense], afin que les cadences suivent. Il faut inciter les industries de la défense à changer de modèle économique, pour passer d’une logique d’arsenal à une logique de marché plus normale », a ensuite développé le commissaire européen au Marché intérieur.

Plus tard, M. Breton a défendu l’idée de mutualiser les capacités des États membres pour assurer leur sécurité dans les « espaces contestés » [espace cyber, espace, espace aérien et espace maritime]. « Nous le savons : aucun pays ne peut, à lui seul, assurer sa sécurité dans ces espaces », a-t-il fait valoir, avant de s’interroger, à nouveau, sur la nécessité d’un « second porte-avions » [européen ?] ».

« Quelle marine peut prétendre protéger la zone maritime exclusive européenne, qui est la plus vaste au monde ? [grâce, en grande partie, aux 11 millions de km² de la ZEE française, ndlr] Je rappelle que tous les dix-huit mois, l’unique porte-avions français doit être au carénage. En période de guerre, mieux vaut qu’il soit utilisable ! », s’est exclamé M. Breton. Aussi, a-t-il continué, « peut-être faudrait-il convenir au niveau européen d’en construire un deuxième ».

Ce propos aurait mérité des précisions que le commissaire européen n’a pas fournies [du moins, selon le compte-rendu]. S’agirait-il de solliciter un financement européen pour doter la Marine nationale d’un second porte-avions? Ou bien est-il question de construire un tel navire qui battrait pavillon de l’UE?

Dans un cas comme dans l’autre, l’idée lancée par M. Breton est irréalisable en l’état. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il la propose. En octobre, il avait en effet estimé que, « à moyen-long terme », il allait être « inévitable de se poser la question d’un porte-avions européen ».

Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a déjà rejeté une telle idée. « Le porte-avions est un instrument de souveraineté absolue, ce qui n’exclut pas sa participation à des missions multinationales ainsi que la présence de navires européens au sein de son groupe aéronaval », avait-il répondu à M. Breton, à l’occasion d’une audition parlementaire.

De son côté, le Délégué général pour l’armement [DGA], Emmanuel Chiva, en avait détaillé les obstacles techniques. « Il faudrait d’abord avoir un besoin commun qui soit exprimé pour un tel outil. Et je rappelle que la France est un pays un peu particulier dans la mesure où elle est une puissance dotée [de l’arme nucléaire, ndlr]. Et donc elle a besoin de capacités de dissuasion qui ne seraient pas forcément les mêmes à l’échelon européen. Nous, on pousse à l’interopérabilité entre les différents systèmes plutôt que s’interroger [sur cette idée de porte-avions européen, ndlr] », avait-il expliqué.

Visiblement, malgré de tels arguments [sans compter les obstacles « opérationnels », sachant que seulement trois pays membres de l’UE ont des capacités aéronavales, à savoir la France, l’Italie et l’Espagne], M. Breton a de la suite dans les idées…

« Beaucoup de pays européens expriment ce besoin. […] Donc, il y a des réflexions. C’est objectivement un serpent de mer. Donc, Thierry Breton essaie aussi de satisfaire des demandes de pays ayant une marine et ne pouvant évidemment pas se payer un groupe aéronaval », avait jugé M. Lecornu, en octobre dernier.

Photo : Naval Group

Conférence navale de Paris 2024 : Quelle évolution pour le groupe aéronaval au XXIe siècle ? Revue Défense Nationale, mars 2024, n°868

Conférence navale de Paris 2024 : Quelle évolution pour le groupe aéronaval au XXIe siècle ? Revue Défense Nationale, mars 2024, n°868

par Jérémy Bachelier, Héloïse Fayet – IFRI – publié le 8 mars 2024

https://www.ifri.org/fr/publications/publications-ifri/articles-ifri/conference-navale-de-paris-2024-evolution-groupe


Selon le général Thierry Burkhard, Chef d’état-major des Armées (Céma), qui a prononcé le discours inaugural de la CNP 2024, l’actuelle situation stratégique met en lumière le retour du rapport de force comme moyen de régler les différends, avec un usage accru de la force et une remise en cause profonde de l’ordre international. La compétition règne désormais dans tous les espaces communs, en haute-mer tout particulièrement. Le combat naval – sujet de la première Conférence navale de Paris en 2023 – ne peut dès lors plus être considéré comme une simple hypothèse.

COUV - RDN - 2024

Dans pareil contexte, la question de la Conférence navale de Paris n’était finalement plus de débattre de la pertinence du Groupe aéronaval (GAN), selon les termes du Céma, mais plutôt de son utilisation dans un contexte où l’anticipation et la prise de risques deviennent des impératifs stratégiques. La compétition permanente est devenue l’état naturel des relations internationales, et tous les domaines et milieux sont désormais contestés. Dans ce paysage complexe, le GAN émerge comme l’outil de puissance par excellence, capable de déployer une bulle d’hyper-supériorité dans un temps et un espace donnés pour délivrer ses effets et créer des accès, quand il n’y en a plus ou en soutien d’une opération amphibie.

La nécessité de faire face à plusieurs crises simultanées souligne par ailleurs l’importance de la coopération et du combat collectif, en particulier entre les marines de premier rang représentées à la Conférence navale (France, États-Unis, Royaume-Uni, Italie et Inde). Le GAN joue ainsi un rôle essentiel dans le renforcement des alliances et la dissuasion des adversaires potentiels, et se présente comme un remarquable système intégrateur, permettant de mener une diversité d’opérations dans le haut du spectre.

Cependant, pour que ces atouts demeurent, les GAN doivent continuellement s’adapter aux évolutions de la menace et de l’emploi, tout en faisant preuve de réalisme et en anticipant les ruptures technologiques telles que l’intelligence artificielle (IA), l’informatique quantique et les opérations multi-milieux et multi-champs (M2MC), afin de garantir pertinence et efficacité de notre action dans les prochaines décennies.

Lire l’article en intégralité dans la Revue Défense Nationale. H_Fayet – J_Bachelier-_CNP_2024_-_Quelle_evolution_pour_le_Groupe_aeronaval_au_XXIe_siecle

Le contrat relatif au troisième arrêt technique majeur du porte-avions Charles de Gaulle a été notifié

Le contrat relatif au troisième arrêt technique majeur du porte-avions Charles de Gaulle a été notifié

 

https://www.opex360.com/2024/02/02/le-contrat-relatif-au-troisieme-arret-technique-majeur-du-porte-avions-charles-de-gaulle-a-ete-notifie/


Pour rappel, cette opération, qui a nécessité de mettre le porte-avions en cale sèche durant cinq mois, s’est concentrée sur l’entretien de la coque [l’accumulation de balanes peut faire perdre jusqu’à trois nœuds de vitesse au navire] ainsi que sur la révision des lignes d’arbre et des catapultes. En outre, les installations médicales du bord et les zones de vie de l’équipage ont été rénovées, de même que son système de combat, avec l’intégration d’une station de télécommunications par satellite Syracuse 4, plus puissante et mieux sécurisées.

Le 28 décembre, alors que cet ATI n’était pas encore terminé, la Direction générale de l’armement [DGA] a notifié à Naval Group le contrat relatif au troisième [et dernier] arrêt technique majeur [ATM] du porte-avions. Celui-ci avait été brièvement évoqué la semaine passée, dans un communiqué résumant toutes les commandes qu’elle venait de passer au titre de la loi de finances 2023.

Via un autre communiqué, diffusé le 1er février, la DGA a donné quelques détails sur le contenu de ce futur ATM du « Charles de Gaulle ». Ainsi, comme prévu, cette opération débutera en 2027 et portera en particulier sur la « rénovation du système de combat et du systèmes anti-missiles avec le nouveau radar à quatre panneaux fixes Sea Fire de Thales, le dernier système de direction de combat SETIS 3.0 de Naval Group et la nouvelle installation de tir reconfigurable de MBDA mettant en œuvre les missiles ASTER ».

Pour rappel, le système SETIS 3.0 et le radar Sea Fire vont aussi équiper les cinq futures Frégates de défense et d’intervention [FDI] de la Marine nationale.

Qualifié en octobre 2021 par la DGA, le Sea Fire est un radar qui fonctionne en bande S [partie du spectre électromagnétique allant de 2 à 4 GHz, ndlr]. Doté de quatre antennes actives [AESA] entièrement numériques et à panneaux fixes, il est en mesure de suivre plus de 800 pistes et de repérer des aéronefs et des missiles évoluant à plus de 500 km de distance. Il peut également détecter des navires de surface à plus de 80 km. Qui plus est, il peut être utilisé comme radar de conduite de tir pour les missiles surface-air Aster.

Cela étant, cet ATM 3 se penchera également sur la propulsion du navire. L’un des enjeux sera de voir s’il sera possible, en fonction de l’état des cuves de ses deux réacteurs nucléaires K15, de le prolonger au-delà de 2038, ce qui permettrait à la Marine nationale de disposer de deux porte-avions, avec le PA NG [porte-avions de nouvelle génération].

Lors de l’examen de la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, un amendement avait en effet été adopté pour demander au gouvernement de remettre au Parlement un rapport sur le « coût et la viabilité du maintien en service après 2040 » du « Charles de Gaulle ».

Quant au coût de cet ATM 3, la DGA n’a donné aucun chiffre. Cependant, selon les projets annuels de performances publiés par le ministère de l’Économie et des Finances pour la Loi de Finances 2023, il est question d’un investissement de 579,31 millions d’euros en autorisations d’engagement.

« Dans le cadre du prochain arrêt technique pour entretien majeur du porte-avions [ATM3], cette opération vise à pérenniser les capacités actuelles du porte-avions en remplaçant des équipements ne pouvant être conservés en condition opérationnelle jusqu’à [son retrait du service], à intégrer des systèmes transverses arrivant à maturité à l’échéance de l’arrêt technique majeur et à prendre en compte des recommandations issues du réexamen de sûreté nucléaire », explique ce document.

Quand les marines occidentales s’interrogent sur le rôle de leurs porte-avions

Quand les marines occidentales s’interrogent sur le rôle de leurs porte-avions

https://www.lefigaro.fr/international/quand-les-marines-occidentales-s-interrogent-sur-le-role-de-leurs-porte-avions-20240125


Le porte-avions français Charles de Gaulle.

Le porte-avions français Charles de Gaulle. SAJJAD HUSSAIN / AFP

 

À l’heure où les crises internationales débordent en mer et les menaces évoluent, les alliés réfléchissent à un réarmement et à un autre type d’emploi des capacités de leurs porte-avions.

Le porte-avions Charles de Gaulle a commencé ses essais en mer avant de bientôt repartir en mission. Le principal bâtiment de la marine nationale était retenu à quai depuis plusieurs mois pour un arrêt technique. «La crise au Proche-Orient a reposé la question d’un deuxième porte-avions», soupire un député, fin connaisseur des questions militaires.

Pour afficher une présence en Méditerranée orientale, la France n’a pu envoyer que des porte-hélicoptères amphibies en vue d’éventuelles opérations d’évacuation ou de missions humanitaires. «La dissuasion a été assurée par les États-Unis», poursuit l’élu. Le porte-avions français n’aurait pas fait cesser la crise, dit-on au sein de la marine… Mais pour dissuader l’Iran ou d’autres de chercher à exploiter la situation, la marine américaine a envoyé deux porte-avions. «Tout le monde a compris qu’il ne fallait pas chercher l’escalade», a commenté le chef d’état-major des armées, le général Burkhard, à l’ouverture jeudi de la deuxième conférence navale organisée par l’Institut français des relations internationales (Ifri).

«Un outil de puissance»

À l’heure où les crises internationales débordent en mer, le rôle des groupes aéronavals (GAN) -c’est-à-dire le porte-avions et son escorte – revient au premier plan des préoccupations capacitaires ou doctrinales des armées. L’Ifri a ouvert le débat. «Le GAN est un outil de puissance par excellence», a poursuivi le général Burkhard en soulignant la puissance de feu, l’allonge et même le poids diplomatique d’un porte-avions. Outre le «signalement stratégique», un groupe aéronaval est capable «d’agréger» une coalition en permettant à des marines qui ne disposent pas de porte-avions de fournir d’autres capacités. «Un porte-avions exprime le rang d’une nation», a souligné l’amiral Enrico Credentino, qui commande la marine italienne et dont le navire principal, le Cavour, est un porte-aéronefs. Il intervenait aux côtés de l’amiral Vaujour, à la tête de la marine française, de l’amiral Luisa Franchetti, pour les États-Unis, de l’amiral Sir Ben Key, pour le Royaume-Uni, et du vice-amiral Rajesh Pendharkar, pour représenter l’Inde. Les porte-avions sont «une capacité structurante», a insisté l’amiral Vaujour en invitant cependant à repenser le combat naval «des fonds marins à l’espace».

La menace chinoise

Faute d’investissements massifs après la fin de la Guerre froide et parce que le coût d’un porte-avions est démesuré, les marines européennes ont restreint leur nombre au minimum. Deux pour le Royaume-Uni, un pour la France… Elles pèsent donc peu par rapport aux onze porte-avions américains. Un porte-avions «offre des options» aux responsables politiques, a estimé l’amiral Luisa Franchetti, qui commande l’US navy en insistant sur les atouts «d’adaptabilité» et de «flexibilité» des porte-avions : «100.000 tonnes de diplomatie américaine» chacun. Mais la masse américaine ne suffit plus : en nombre de bateaux, la marine chinoise l’a rattrapée. «Par sa taille et ses opérations, la marine chinoise va déterminer ce que les Occidentaux feront de leurs groupes aéronavals», prévient le spécialiste des questions militaires à la Heritage Fondation Brent Sadler. La puissance chinoise constitue la principale menace à la liberté de navigation en Indopacifique. La Russie ou l’Iran disposent aussi de moyens maritimes.

Les marines doivent se réarmer

Depuis la deuxième guerre mondiale les porte-avions ne se sont plus trouvés en première ligne des conflits. Depuis plusieurs décennies, l’espace maritime n’était plus contesté aux puissances occidentales. Ces temps ont changé. Missiles hypervéloces, drones, cyber, déni d’accès… De nouvelles menaces rendent les groupes aéronavals plus vulnérables dans un contexte de transparence plus grande du champ de bataille.

En Chine, l’armée populaire de libération s’entraîne dans le désert contre une maquette grandeur réelle d’un porte-avions américain. Pékin a développé un arsenal de missiles de longue portée pour détruire les bâtiments adverses. Les marines doivent se préparer. Les chefs d’état-major des marines française, américaine, britannique, italienne ou indienne, invités par l’Ifri, sont tous persuadés de l’avenir des porte-avions. Les moyens aéroportés offrent toujours un accès à des théâtres fermés tout en garantissant permanence et mobilité. «Cibler un porte-avions» qui se déplace en mer «est difficile», assure l’amiral Franchetti. Mais l’éventualité d’un engagement n’est plus à exclure. Pire, le combat naval est une guerre d’attrition où la destruction des bâtiments adverses constitue un objectif. Instrument de prestige et symbole politique, les armées européennes seront-elles prêtes à perdre un porte-avions dans un combat naval ? Pour dégager des marges financières pour d’autres capacités, certains remettent en cause la pertinence des porte-avions. «C’est un débat franco-français», a balayé en clôture du colloque l’ancien ministre de la défense Jean-Yves Le Drian. «L’évolution des théâtres et leur diversification pose la question de l’efficacité des déploiements et celle du format de nos marines», a-t-il ajouté.

Les marines doivent se réarmer. Elles devront aussi réfléchir à un autre type d’emploi de leurs capacités. «La fin du confort opérationnel signifie qu’il ne sera plus possible d’acquérir une supériorité (maritime) totale», a insisté le général Burkhard. Cet objectif «est devenu hors de portée». Mais face à leurs adversaires, les groupes aéronavals devront être capables d’acquérir «une bulle de supériorité temporaire», demande le chef d’état-major. Les armements devront aussi évoluer. «Dans une guerre imposée, il y a un défi de soutenabilité», a relevé le général. «Nous devons être capables de concevoir des armes d’usure, moins chères, et ne pas chercher systématiquement à résoudre un problème tactique par la haute technologie», a-t-il souligné. En clair, pour défendre un bâtiment visé par des drones valant quelques dizaines de milliers d’euros, il faudra trouver autre chose qu’un missile à plus d’un million d’euros. Même si le navire coûte des milliards.

La France laisse entendre qu’elle n’est pas intéressée par l’idée d’un « porte-avions européen »

La France laisse entendre qu’elle n’est pas intéressée par l’idée d’un « porte-avions européen »

https://www.opex360.com/2023/10/19/la-france-laisse-entendre-quelle-nest-pas-interessee-par-lidee-dun-porte-avions-europeen/


 

« À moyen-long terme, il sera inévitable de se poser la question d’un porte-avions européen », a-t-il en effet déclaré, reprenant ainsi une proposition qui avait été faite en 2019 par Annegret Kramp-Karrenbauer, alors ministre allemande de la Défense.

À l’époque, et au-delà des défis industriels, technologiques et militaires, cette idée avait été écartée par le gouvernement français. « Construire un porte-avions à plusieurs est une chose, le mettre sous un commandement européen en est une autre. Là, c’est beaucoup plus compliqué », avait-il résumé, par la voix de la ministre des Armées, Florence Parly.

Est-ce parce que le nom de Thierry Breton fait partie de ceux cités pour conduire la liste de majorité présidentielle aux prochaines élections européennes? Toujours est-il que, interrogé sur cette proposition de porte-avions européen lors d’une nouvelle audition à l’Assemblée nationale, ce 19 octobre, Sébastien Lecornu, l’actuel ministre des Armées, a fait preuve de « diplomatie ».

« Parler de porte-avions sans parler de groupe aéronaval n’a aucun sens. Ce qui est intéressant tactiquement, c’est le groupe aéronaval dans son ensemble », a commencé par dire M. Lecornu.

Cependant, il a ensuite réfuté l’idée que M. Breton était « hors sol » quand il a avancé cette proposition de « porte-avions européen ».

« Beaucoup de pays européens expriment ce besoin. […] Donc, il y a des réflexions. C’est objectivement un serpent de mer. Donc, Thierry Breton essaie aussi de satisfaire des demandes de pays ayant une marine et ne pouvant évidemment pas se payer un groupe aéronaval », a développé M. Lecornu.

Une précision sur ces pays européens ayant l’ambition de disposer un porte-avions aurait été bienvenue. Parmi les 27, on peut d’ores et déjà rayer de la liste les États membres n’ayant pas de façade maritime [Autriche, Hongrie, Slovaquie, République tchèque]. Quant aux autres, certains ont déjà des difficultés pour se procurer des corvettes ou des frégates… Et peu peuvent se targuer d’avoir une marine de premier rang, notamment pour des raisons géographiques [comme les pays baltes, voire la Bulgarie et la Roumanie].

Il ne resterait donc qu’une poignée de pays européens susceptibles de vouloir un porte-avions européens… sachant que l’Italie dispose déjà de porte-aéronefs [Cavour et Trieste], de même que l’Espagne [Juan Carlos Ier]. Aussi, on peut supposer que l’Allemagne, les Pays-Bas [qui a abandonné ses capacités aéronavales en 1968], voire la Belgique et le Danemark [qui a une forte tradition maritime] seraient sans doute séduits par la proposition de M. Breton.

En tout cas, celle-ci n’intéresse pas la France. Du moins, c’est ce que M. Lecornu a laissé entendre. « Cette déclaration [de M. Breton] n’a aucune incidence sur ce que nous avons lancé, c’est à dire l’entretien du Charles de Gaulle, la modernisation et la soutenabilité de la flotte d’avions embarqués, les travaux du PA NG [porte-avions de nouvelle génération] dont la Loi de programmation militaire consacre son caractère irréversible », a-t-il expliqué.

« Le porte-avions est un instrument de souveraineté absolue », ce qui n’exclut pas sa participation à des missions multinationales ainsi que la présence de navires européens au sein de son groupe aéronaval, a poursuivi le ministre.

« Si on regarde objectivement les choses, en Méditerranée, vous avez un groupe aéronaval américain et vous avez le groupe aéronaval du Charles de Gaulle. Et au fond, ce sont quand même les deux groupes aéronavals qui structurent la sécurité », a-t-il fait valoir. Aussi, « il n’y a pas de sujet sur ce point », d’autant que le porte-avions participe aussi à la dissuasion [via la Force aéronavale nucléaire, FANu], a conclu le ministre.

La veille, également interrogé sur cette proposition de porte-avions européen lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le Délégué général pour l’armement, Emmanuel Chiva, a été plus « expéditif » dans sa réponse, en se plaçant du seul point de vue opérationnel [son « couloir de nage », a-t-il dit].

« Je ne vais pas m’exprimer à la place de ceux qui définissent la stratégie politique et les besoins opérationnels. Ce n’est pas à la DGA [Direction générale de l’armement] de le faire. Néanmoins, il faudrait d’abord avoir un besoin commun qui soit exprimé pour un tel outil. Et je rappelle que la France est un pays un peu particulier dans la mesure où elle est une puissance dotée [de l’arme nucléaire, ndlr]. Et donc elle a besoin de capacités de dissuasion qui ne seraient pas forcément les mêmes à l’échelon européen. Nous, on pousse à l’interopérabilité entre les différents systèmes plutôt que s’interroger [sur cette idée de porte-avions européen, ndlr] », a résumé M. Chiva.

New Delhi veut accroitre le format de la Marine indienne de 30 % d’ici à 2030 pour faire face à la Chine

New Delhi veut accroitre le format de la Marine indienne de 30 % d’ici à 2030 pour faire face à la Chine


Indian Navy INS Nilgiri News Photo Video Constructions Navales militaires | Contrats et Appels d'offre Défense | Coopération internationale technologique Défense

New Delhi veut accroitre le format de la Marine indienne de 30 % d’ici à 2030 pour faire face à la Chine


La Marine indienne a entrepris, depuis une vingtaine d’années, un vaste effort pour se moderniser et étendre son format. Plusieurs programmes emblématiques ont ainsi été lancés durant cette période, comme P75 pour 6 sous-marins conventionnels de la classe Kalvari dérivés du Scorpène de Naval Group, le porte-avions de 45.000 tonnes INS Vikrant ou encore les destroyers du projet 15A de la classe Kolkata.

Si les efforts et les budgets ont été incontestablement croissants, l’Indian Navy souffre toutefois de deux handicaps importants. Le premier est lié à la difficulté dans le pays pour faire avancer rapidement des programmes majeurs, mobilisant d’importants crédits.

Les obstacles qui freinent la progression de la Marine indienne

De nombreux obstacles, qu’ils soient politiques ou industriels, viennent, en effet, souvent retarder, voire faire dérailler, des programmes de défense pourtant critiques. C’est ainsi que le programme P-75i, censé permettre la construction de six nouveaux sous-marins à propulsion anaérobie, n’a toujours pas sélectionné son prestataire principal, alors qu’il a été lancé il y a quatre ans.

Le second des handicaps n’est autre que la croissance fulgurante, et pour le coup maitrisé, de la flotte chinoise, bien plus rapidement qu’elle ne peut, elle-même, progresser. Cela crée un évident effet de loupe sur ses propres difficultés, et tend à accroitre les tensions politiques qui entourent ces enjeux de sécurité.

INS Kalvari sent to the dock for setting afloat to Naval Dockyard Mumbai e1634215958315 Constructions Navales militaires | Contrats et Appels d'offre Défense | Coopération internationale technologique Défense
Lancement de l’INS Kalvari, premier sous-marin de la classe éponyme construit par les chantiers navals Mazagon en coopération avec Naval Group.

En effet, bien que fréquemment présentée comme alignée sur la Chine au sein des BRICS, New Delhi est surtout directement menacée par la montée en puissance de l’Armée Populaire de Libération, que ce soit sur les haut-plateaux Himalayens, lieux de tensions récurrentes entre les deux pays, qu’au sujet du soutien militaire intensif de Pékin à Islamabad, l’ennemie juré de l’Inde depuis sa création.

Le défi des marines chinoises et pakistanaises

La Marine indienne, elle, se voit directement menacé par une Marine chinoise dont le format évolue aussi rapidement que sa modernisation, et qui par ailleurs fait activement profiter son allié pakistanais de ses propres avancées.

C’est ainsi que, ces dernières années, la Marine Pakistanaise a commandé, outre les quatre corvettes de la classe Barbur dérivées des Ada Turques, huit sous-marins AIP Type 039A formant la classe Hangor, ainsi que quatre frégates anti-sous-marines Type 054 AP formant la classe Tughril.

De fait, les navires de combat formant aujourd’hui la Marine indienne, sont bien insuffisants pour répondre aux enjeux sécuritaires dans le golfe du Bengale face à la Chine et en Mer d’Oman face au Pakistan.

Porte-avions Liaoning et son escorte
La Marine chinoise est passée en deux décennies d’une flotte de défense côtière à la rivale directe de l’US Navy sur les océans de la planète.

C’est ainsi que le format actuel de 127 navires, doit être porté d’ici à 2030 à 160 navires, soit une augmentation du 25 % planifiée pour les sept années à venir, et d’atteindre 175 unités navales, voire 200, en 2035.

68 navires militaires en commande à ce jour

Pour y parvenir, les chantiers navals indiens peuvent aujourd’hui s’appuyer sur un carnet de commande particulièrement bien rempli, avec 68 unités navales officiellement en commande à ce jour.

Il va du destroyer de 7.400 tonnes de la classe Visakhapatnam (2 unités livrées, 2 en construction) aux corvettes anti-sous-marines du programme AntiSubmarine Warfare Shallow Water Craft (ASW-SWC) de 700 tonnes (16 unités), en passant par les 7 frégates furtives de 6.500 tonnes de la classe Nilgiri, et les 5 grands navires de soutien de 44.000 tonnes pour l’heure désignés sous le nom de classe HSL.

Pour autant, la plupart de ces navires ne permettront que de remplacer les unités déjà en service et ayant atteint leurs limites, comme les destroyers de la classe Raiput ou les 7 corvettes lance-missiles de la classe Veer, entrés en service dans les années 80.

destroyer INS Visakhapatnam
Construction du premier destroyer de la classe Visakhapatnam – 2 navires ont déjà été livrés, deux autres le seront dans les années à venir.

Il est donc aujourd’hui indispensable, pour l’Indian Navy, de lancer rapidement certains programmes critiques, comme le programme de sous-marins AIP P75i, mais aussi les programmes de destroyers, frégates, corvettes et OPV devant prendre la suite des classes actuellement commandées.

 

Sous-marins classe Kalvari et porte-avions classe Vikrant supplémentaires

Cet écart entre nécessité opérationnelle et réalité programmatique, est à ce titre au cœur de la future commande 3 sous-marins Scorpene supplémentaires annoncée par Narendra Modi à l’occasion de sa visite officielle en France pour les célébrations du 14 juillet.C’est cette pression qui, en partie, pèse aujourd’hui sur l’avenir du nouveau porte-avions indien, l’amirauté préférant construire un nouveau navire de la classe de l’INS Vikrant de 45.000 tonnes, plutôt qu’un nouveau, donc long et onéreux, porte-avions de 65.000 tonnes équipés de catapultes, comme précédemment évoqué.C’est aussi la raison qui pousse l’Indian Navy à privilégier, parmi l’ensemble des programmes à venir, la construction d’une flotte de sous-marins nucléaires d’attaque, domaine dans lequel l’aide de la France a été sollicité semble-t-il, ceci ayant pesé dans la commande des 3 Scorpene supplémentaires à venir.

 

Marine indienne INS Vikrant
La Marine indienne privilégie la construction d’un second porte-avions de la classe Vikrant de 45.000 tonnes, à celle d’un nouveau porte-avions de 65.000 tonnes équipés de catapultes.

Quoi qu’il en soit, si la Marine Indienne veut effectivement relever le défi chinois, et sa flotte de plus de 360 navires aujourd’hui, de plus de 500 en 2035, elle devra trouver les moyens de lever toutes les difficultés, notamment politique et industrielle, qui entravent considérablement son développement.

On notera, à ce titre, que ces mêmes difficultés touchent aussi les forces aériennes et terrestres indiennes, l’ensemble des armées étant engagées dans une course contre-la-montre pour ne pas se laisser distancer face à Pékin et Islamabad qui, eux, avancent à marche forcée.

Pour le Délégué général pour l’armement, le coût de possession est le principal obstacle à un second porte-avions

Pour le Délégué général pour l’armement, le coût de possession est le principal obstacle à un second porte-avions

https://www.opex360.com/2023/08/31/pour-le-delegue-general-pour-larmement-le-cout-de-possession-est-le-principal-obstacle-a-un-second-porte-avions/


À l’époque, le coût du porte-avions de nouvelle génération [PANG], appelé à succéder au Charles de Gaulle, avait été estimé à environ 4,5 milliards d’euros. Aussi, pour le chercheur, en acquérir un second ne pourrait qu’avoir un impact limité sur le budget du ministère des Armées [ainsi que sur les finances publiques] puisqu’une telle dépense représenterait 450 millions d’euros par an sur une décennie, soit 0,2% du PIB…

Quoi qu’il en soit, depuis le retrait du Foch et du Clemenceau, le débat sur « le » second porte-avions est devenu une sorte de « marronnier », qui permet par ailleurs de donner – ou pas – un peu de consistance aux programmes politiques en période électorale. Toujours est-il qu’un PANG donnerait à la Marine nationale un peu de flexibilité pour répondre aux sollicitations de l’exécutif en cas de crise.

Cela étant, lors de l’examen de la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 au Parlement, un amendement a été adopté pour demander au ministère des Armées de réaliser des « études de coûts qui permettront au gouvernement de présenter au Parlement, en 2028, une estimation des crédits nécessaires à la conception, à la réalisation, à l’activité et à l’entretien d’un second porte-avions de nouvelle génération ainsi qu’aux infrastructures et aux dépenses de personnel liées à son fonctionnement ».

À l’antenne de BFMTV, le 28 août, le Délégué général pour l’armement [DGA], Emmanuel Chiva a laissé entendre que l’étude demandée par les parlementaires avait d’ores et déjà commencé, alors que la LPM 2024-30 n’a été promulguée que le 1er août. Mais s’il a estimé que ce « serait très bien » de faire un deuxième porte-avions, il a tempéré les espoirs…

« Un deuxième porte-avions, ce sont des infrastructures, c’est un deuxiéme équipage, et ce n’est pas une chose simple, ce sont de nouveaux avions » sans oublier les « capacités d’entraînement » et le « soutien », a détaillé M. Chiva. « Donc, ce n’est pas juste un bateau c’est tout l’ensemble qu’il faut repenser », a-t-il insisté. En clair, le coût de possession constitue un obstacle…

Le principal souci concerne l’équipage, la Marine nationale ayant perdu la moitié de ses effectifs entre 1990 et aujoud’hui. Et ce qu’il était possible de faire il y a encore vingt ans ne l’est plus de nos jours.

« Nous n’avons plus les ressources humaines en propre permettant d’avoir des marins pour armer le noyau d’équipage du porte-avions en 2032 et atteindre 900 personnes en 2035 pour débuter les essais », avait déploré l’amiral Pierre Vandier, le chef d’état-major de la Marine nationale, en 2021. Aussi, avait-il ajouté, au sujet de la mise en oeuvre du porte-avions de nouvelle génération, « soit on désarme un sous-marin nucléaire d’attaque tout neuf pour que ses atomiciens démarrent la chaufferie nucléaire en 2034, soit on recrute et on forme le noyau d’équipage – ce qui prend environ dix ans ».

Par ailleurs, commandant de la Force d’action navale [ALFAN] en 2019, l’amiral Jean-Philippe Rolland avait livré une estimation du coût de possession du porte-avions Charles de Gaulle, lors d’une audition parlementaire.

« En termes de coûts de possession, je suis mieux en mesure de vous donner des chiffres, qui sont ceux de l’état-major de la marine. Le coût de possession du porte-avions Charles de Gaulle s’élève à environ 200 millions d’euros par an, ce qui inclut aussi bien les rémunérations et les charges sociales [RCS] que l’entretien », avait confié l’amiral Rolland.

Et de préciser qu’il fallait compter « 120 millions d’euros pour l’entretien, 60 millions d’euros de RCS, 20 millions d’euros d’entretien des infrastructures associées ». Voilà qui donne une idée de ce qui coûterait un second porte-avions.