Djibouti: L’Évolution de la Base Militaire Française au Cœur des Discussions lors de la Visite de Lecornu et Colonna
Le 14 décembre, les ministres français des Affaires étrangères et des Armées, Catherine Colonna et Sébastien Lecornu, ont effectué une visite à Djibouti dans le cadre des négociations en cours pour le renouvellement du Traité de coopération en matière de défense (TCMD). Initialement signé dans les années 1970, le TCMD a été prolongé en 2014 pour une durée de 10 ans, détaillant la configuration de la base militaire française à Djibouti. Cette base, abritant environ 1 500 soldats, revêt une importance stratégique pour Paris en tant que point de projection des forces françaises en Afrique et dans la zone Indo-Pacifique.
La visite, bien que symbolique, marque une transition des discussions d’ordre technique vers le domaine politique, cherchant à rééquilibrer les débats après la visite de ministres djiboutiens à Paris en mai dernier. Les rencontres entre Sébastien Lecornu, Catherine Colonna, leurs homologues djiboutiens, et le président Ismaël Omar Guelleh ont été décrites comme « constructives » par un participant.
L’avenir de la base militaire a été au cœur des discussions, en particulier les revendications financières et territoriales de Djibouti. Daoud Houmed, porte-parole de la majorité, souligne que le traité actuel ne correspond plus à la conjoncture actuelle ni aux besoins du pays. Djibouti demande une augmentation du loyer, soulignant également la pression foncière dans la zone du Héron, où est située la base. Il précise que le loyer actuel de 30 millions d’euros est nettement inférieur à celui payé par d’autres partenaires étrangers, créant ainsi un important manque à gagner pour Djibouti.
Le contexte géopolitique a évolué, avec la menace des rebelles houthis en mer Rouge, la concurrence russe et chinoise dans la Corne de l’Afrique, et les aspirations maritimes de l’Éthiopie voisine. Djibouti a exprimé le besoin de protection, tandis que la France voit cette base comme cruciale pour étendre son influence jusqu’à la zone Indo-Pacifique. Malgré les tensions actuelles envers Paris sur le continent africain, les relations entre Djibouti et la France sont décrites comme « privilégiées » par Daoud Houmed, confirmant des « avancées » lors des discussions.
La France, consciente des enjeux, cultive ses bonnes relations en cherchant à résoudre le conflit territorial entre Djibouti et l’Érythrée. Cette démarche s’inscrit dans la volonté de préserver le lien privilégié avec Djibouti, un partenaire crucial qui est également membre d’institutions telles que la Ligue arabe.
Un autre point de discussion concerne la clause de sécurité du traité, engageant l’armée française à contribuer à la défense du territoire djiboutien, un principe maintenu exclusivement avec Djibouti. Bien que Paris n’écarte aucun sujet, la France aspire à un nouveau texte mutuellement bénéfique. Catherine Colonna a souligné la nécessité de sortir du domaine strictement militaire et de renforcer les partenariats axés sur le développement.
Les négociations vont maintenant être reprises par des techniciens lors de prochaines réunions en janvier, avec l’espoir d’un accord d’ici au printemps, démontrant la volonté des deux parties de parvenir à un consensus équilibré pour l’avenir de la base militaire française à Djibouti.
La base militaire française à Djibouti, officiellement connue sous le nom de Base de Défense de Djibouti (BDD), est située dans la région du Golfe d’Aden, sur la côte est de l’Afrique, à proximité stratégique de la Mer Rouge et du détroit de Bab el-Mandeb. La distance entre la base de Djibouti et Israël est d’environ 2 500 kilomètres.
Elle sert de plateforme logistique et opérationnelle pour les opérations militaires françaises dans la région, avec un accent particulier sur la lutte contre le terrorisme, la piraterie maritime et la stabilisation de la zone. Bien que la base de Djibouti puisse jouer un rôle dans la stabilité de la région, il n’y a pas d’alliance formelle ou de coopération militaire directe entre cette base et Israël.
Depuis quelques années, il apparait que la plupart des armées européennes font face à une importante crise des effectifs, peinant à recruter et fidéliser leurs personnels, sujet plusieurs fois traité sur notre site depuis quelques mois. Ces difficultés sont d’autant plus intenses ces derniers temps que, suite à l’agression russe contre l’Ukraine, nombre de ces armées ont entrepris de retrouver de la masse, et donc d’augmenter leurs objectifs de recrutement, souvent sans grand succès, bien au contraire.
Il est vrai qu’au-delà d’un nombre réduit de candidats, les armées tendent désormais à vouloir recruter des profils de mieux en mieux formés, ceci étant imposé par l’augmentation rapide de la technologie à tous les échelons de l’action militaire, alors que les standards physiques et psychologiques ont, quant à eux, été maintenus, créant naturellement une plus forte tension sur le filtre initial des “admissibles”.
Si le recrutement est plus difficile, la fidélisation des militaires l’est semble-t-il tout autant. De nombreux rapports, en Europe comme aux Etats-Unis, font état d’un taux de réengagement bien plus faible aujourd’hui qu’il ne l’était précédemment, lié notamment à l’attractivité du secteur privé friand des compétences acquises par les personnels militaires, mais également à une plus faible résilience globale face aux contraintes de la vie militaire, par ailleurs bien peu valorisée, y compris au sein des armées elles-mêmes.
Ces deux difficultés se cumulant, les armées européennes voient aujourd’hui leurs pyramides des grades, des âges et des compétences, consubstantielles de l’organisation hiérarchique militaire, directement menacées à moyen terme, au point que ce phénomène pourrait venir altérer directement le potentiel militaire, et donc dissuasif, de ces pays, dans un contexte international bien peu permissif dans ce domaine.
Toutefois, outre ces aspects techniques expliquant les rapports récurrents mettant en évidence les difficultés en matière de Ressources Humaines rencontrées en Italie, en Allemagne, en Suisse ou au Royaume-Uni, un second phénomène, bien plus problématique, est à l’œuvre à moyen terme, qui viendra potentiellement altérer les capacités de recrutement, donc les formats mêmes des armées européennes dans les années et décennies à venir.
Une menace à moyen terme sur les effectifs impossible à éviter ?
En effet, la démographie européenne, avec un taux de fécondité moyen sous la barre des 1,5 enfant par femme masquant d’importants écarts entre les 1,83 français et les 1,2 italien et espagnol, mais également un âge moyen passé de 36 ans en 2000 à 42 ans en 2023, et un endettement moyen des États qui a augmenté de presque 50% passant de 62% en 2008 à 92% en 2021, constituent une conjonction de facteurs des plus inquiétants pour les politiques de recrutement des armées européennes dans les années à venir.
Le nombre relatif de candidats va ainsi diminuer, du fait d’un nombre plus réduit d’enfants, donc de jeunes éligibles aux fonctions militaires. Dans le même temps, l’action conjuguée du vieillissement de la population et de la dégradation des finances publiques, va inciter les gouvernements à privilégier les profils productifs, donc fléchés vers le privé, ne serait-ce que pour tenter de maintenir à flot les comptes sociaux.
Les entreprises, elles aussi, vont accroitre leur attractivité pour tenter de maintenir leurs propres effectifs et leur activité. De fait, il semble presque inévitable, dans les 20 années à venir, que les formats des armées que nous connaissons aujourd’hui, en particulier des armées ayant fait le choix de la professionnalisation, soient appelés à considérablement baisser partout en Europe.
De même, le recours à la conscription, qui prélève une grande partie d’une tranche d’âge pour une année du circuit productif, sera également de plus en plus difficile à maintenir dans le temps, pour des aspects plus économiques et politiques que sociétaux, rendant l’horizon particulièrement sombre pour les armées européennes d’ici à 2035 ou 2040, et encore davantage au-delà.
Il existe cependant trois alternatives qui, potentiellement, pourraient permettre, si pas d’augmenter les recrutements et de maintenir les formats, au moins d’en atténuer les effets sur l’efficacité de l’outil militaire européen, d’autant qu’elles ne s’excluent pas mutuellement : une restructuration basée sur la réserve d’une part, le recours croissant à la robotisation et aux systèmes automatisés de l’autre, et enfin, une redéfinition des potentiels militaires de chaque pays de sorte à maintenir un effet opérationnel et dissuasif global, tout en spécialisant les armées nationales elles-mêmes.
L’extension du rôle de la Réserve face à la crise des effectifs
La première alternative est de loin la plus évidente et la plus aisément applicable. Il s’agit de faire de la Réserve, ou de la Garde Nationale, le pivot central de l’organisation structurelle et opérationnelle des armées. Dit autrement, cette approche suppose de constituer des capacités presque exclusivement composées de réservistes, partout où cela est possible.
On pense naturellement à toutes les unités constituant le corps de bataille de haute intensité de l’Armée de terre qui, fondamentalement, ne devrait intervenir qu’en Europe, et face à une menace visant directement l’intégrité de l’alliance ou de l’Union européenne, ce qui est cohérent avec l’emploi de réservistes.
Il est également possible, comme c’est le cas pour la Garde Nationale US, de mettre en œuvre des unités techniques, comme des escadrons de chasse, de ravitaillement en vol, ou de drones opérés par des réservistes, ainsi que d’unités de protection côtière et des infrastructures militaires, pour ce qui concerne la Marine et les forces aériennes.
Les militaires professionnels, quant à eux, assureraient l’encadrement et le transfert de compétences à ces unités de réservistes constituées, et formeraient, de plus, le pilier des capacités militaires ne pouvant être déléguées à la réserve, comme la dissuasion ou la projection de puissance.
Cette approche a plusieurs avantages notables. D’abord, une capacité réserviste coute sensiblement moins cher qu’une capacité équivalente de militaire professionnel, tout du moins pour l’aspect ressources humaines ,qui représente toutefois presque 40% des dépenses sur le budget des armées françaises.
En effet, même en surdimensionnant la réserve pour maintenir une opérabilité constante, avec, par exemple, trois réservistes contre un professionnel, les couts en matière de solde et de défraiements seraient au moins divisés par 2, tout en augmentant potentiellement la résilience des armées dans le cas d’un conflit ou d’une crise venant à durer.
Ensuite, le prélèvement d’une réserve sur les forces vives productives d’un pays, est bien inférieur à celui d’un militaire professionnel, et même à celui d’une conscription d’un an pour une tranche d’âge donnée.
Fait intéressant, la prise de compétences d’un réserviste s’effectue simultanément dans les armées et dans le civil, par sa propre activité professionnelle. Enfin, les contraintes de la vie militaires étant sensiblement moindre pour un réserviste que pour un militaire professionnel, la fidélisation peut y être renforcée.
Reste évidemment que le recours à la réserve à ses limites. Ainsi, il n’est pas question d’y recourir, comme dit précédemment, pour certaines missions particulièrement intenses comme la posture de dissuasion ou la projection de puissance, ou du moins pas pour en constituer le pivot.
En outre, les militaires professionnels sont naturellement mieux formés, donc plus efficaces en opérations. Tout du moins est-ce un argument souvent avancé, mais mis à mal par l’efficacité des réservistes ukrainiens depuis un an.
Enfin, remplacer en France 100 000 militaires professionnels par 300 000 réservistes, serait tout sauf aisé, et nécessiterait une stratégie et une offre très efficace pour y parvenir, et ainsi compenser l’inexorable diminution des effectifs professionnels pour les raisons préalablement évoquées.
Le recours massif à l’automatisation et la robotique
La seconde alternative à cette crise RH en devenir s’appuie sur un recours massif à l’automatisation et la robotique partout ou cela est possible, pour réduire le besoin en ressources humaines à capacités opérationnelles maintenues.
C’est notamment la stratégie mise en œuvre par les Forces d’Autodéfense nippones, qui entendent s’appuyer massivement sur les drones et la robotisation pour diminuer les besoins en matière d’équipages, qu’il s’agisse d’aéronefs, de navires ou de véhicules blindés.
C’est également cette approche qui est privilégiée aujourd’hui par l’US Navy, qui entend, d’ici à 2045, se doter d’une flotte de 150 navires sans équipage pour lui redonner la masse perdue face à la Chine. Quant à la Marine Royale néerlandaise, elle a récemment annoncé son intention de construire des corvettes à équipage réduit et très automatisées, pour épauler ses propres frégates.
Fondamentalement, cette stratégie n’a rien de nouveau. Les progrès de la technologie ont depuis fort longtemps permis de remplacer l’action humaine par l’action mécanique, et donc d’en réduire la pression sur les ressources humaines, mais aussi les risques pour les équipages.
À titre d’exemple, les chars moyens de la Seconde Guerre mondiale, comme le M4 Sherman, avaient un équipage à cinq hommes, alors qu’aujourd’hui, les chars modernes, comme le Leclerc ou le K2 Black Panther, ont un équipage à trois hommes, précisément du fait de l’intégration de la robotisation et de l’automatisation ayant notamment permis de remplacer le poste de chargeur par un système de chargement automatique.
Le phénomène est encore plus sensible concernant les navires de combat, qui ont vu leurs équipages, à déplacement égal, divisés par 3 depuis les années 70. Ainsi, les destroyers de 5.500 tonnes de la classe Suffren de la Marine nationale nécessitaient un équipage de 360 hommes dans les années 70 et 80, contre 128 marins, officiers mariniers et officiers pour une frégate FREMM de la classe Alsace, à mission et tonnage équivalents, détachement aérien compris.
Le recours à l’automatisation à de nombreux avantages pour les armées, ce qui explique l’engouement de plusieurs d’entre elles vis-à-vis de cette approche. En premier lieu, elle est relativement simple à planifier. En effet, elle ne repose que sur des aspects industriels et technologiques, plus aisément maitrisables que l’efficacité supposée d’une campagne de recrutement. En second lieu, elle est plus économique dans la durée, et n’impose pas de gestion fine des complexes profils de carrière des militaires professionnels.
Pour autant, elle n’est pas dénuée de difficultés, ni de risques. Ainsi, plusieurs rapports outre atlantiques ont appelé l’US Navy à la prudence dans son basculement vers une flotte partiellement robotisée, car si les navires sont autonomes à la mer, ils nécessiteront néanmoins d’importantes phases de maintenance au port, venant potentiellement saturer les capacités industrielles américaines dans ce domaine.
Par ailleurs, les armées, comme les industriels, manquent de recul quant à l’efficacité de ces systèmes, en particulier lorsqu’il s’agit d’en totalement retirer l’homme, mais également quant à la vulnérabilité de ces moyens hautement numérisés à certaines attaques, comme dans le domaine cyber, pouvant potentiellement priver une armée d’une grande partie de ses forces, faute de s’en être efficacement prémunis.
Enfin, elle est d’autant plus pertinente qu’elle s’applique à des armées technologiques, et ne peut pas, par exemple, pleinement remplacer l’ensemble des moyens militaires d’une armée, notamment parmi les plus gourmands en ressources humaines.
Toutefois, il est intéressant de noter que par leurs natures et applicabilité différentes, les deux solutions évoquées jusqu’ici, la réserve d’une part, la robotisation de l’autre, semblent se compléter pour couvrir une grande partie des besoins de l’ensemble des armées, de sorte à, potentiellement, représenter une solution pour absorber la crise des effectifs en devenir, tout en maintenant les capacités militaires nationales dans le périmètre dans lesquelles elles évoluent aujourd’hui.
La spécialisation des armées nationales
Il existe cependant une troisième voie, qu’il convient de ne pas ignorer, qui pourrait effectivement être envisagée pour répondre à la crise des effectifs en développement. Contrairement aux deux précédentes, celle-ci ne vise pas à maintenir le périmètre capacitaire des armées nationales, et admet même qu’il peut être inévitable d’y renoncer.
Pour cela, il conviendrait d’accepter que les armées nationales européennes se spécialisent en fonction de leur emplacement, compétences, contraintes et savoir-faire respectifs, de sorte à préserver une posture dissuasive et une capacité militaire globale suffisantes pour faire face aux crises à venir, tout en optimisant les moyens RH, technologiques et budgétaires à l’échelle des états dans une vision globale d’interdépendance pour en accroitre l’efficacité.
Prosaïquement, cette approche supposerait que les pays d’Europe de l’Est comme la Pologne et la Roumanie se concentrent sur la constitution d’une force terrestre mécanisée de haute intensité, les pays d’Europe centrale et du nord comme l’Allemagne, les pays bas et la Suède, sur les capacités de soutien et de protection, notamment dans le domaine aérien et de l’artillerie à longue portée, les pays d’Europe du Sud, Italie, Espagne, Grèce et Portugal, sur des moyens navals en Méditerranée et Atlantique. Enfin, France et Grande-Bretagne feraient ce qu’elles savent le mieux faire, la dissuasion d’une part et la projection de puissance de l’autre.
Cette approche a le mérite d’être extrêmement rationnelle, et relativement facile à planifier et à piloter. En outre, elle suppose une grande interdépendance des États européens en matière de défense, ce qui, au passage, neutralise tout risque de dissension, puisque plus que jamais, la sécurité n’est envisagée que d’un point de vue collectif.
Enfin, elle permet de concentrer le moyen RH, mais également technologiques et budgétaires, par pays ou groupe de pays, ce qui réduit les concurrences fratricides sur la scène internationale.
On notera que la présentation ci-dessus est volontairement manichéenne, mais qu’il est tout à fait possible, et même souhaitable, qu’une approche plus souple, permettant aux pays de s’équiper de certaines capacités sortant de leu périmètre initial, pour peu qu’ils acceptent de respecter les standards et le commandement des pays qui pilotent le sujet, notamment en termes d’armement.
Bien qu’attractive et rationnelle, cette approche a cependant bien peu de chances d’être retenue, puisqu’elle suppose une interdépendance assumée des États européens allant bien au-delà de ce qui aujourd’hui est généralement admis.
En outre, son organisation nécessiterait l’émergence d’un commandement unifié européen, et donc d’une forme de fédéralisation de l’Union européenne x OTAN, loin d’être à l’ordre du jour aujourd’hui. Elle n’en demeure pas moins une solution qui devait apparaitre dans cette analyse.
Conclusion
On le voit au travers de ce long article, félicitations à ceux qui sont arrivés au bout, la menace qui pèse aujourd’hui sur les effectifs et formats des armées, du fait de plusieurs facteurs concomitants, n’est pas sans solution.
Reste que les trois approches évoquées nécessitent, non seulement, un changement culturel plus ou moins profond selon les armées pour les mettre en œuvre, mais également des délais suffisants pour être en mesure de palier progressivement les difficultés qui ont déjà commencé à émerger ces dernières années, et qui ne manqueront pas de s’intensifier à l’avenir.
Comme nous l’avions titré il y a quelques semaines, il est plus que probable que les Ressources Humaines représentent, désormais, la ressource la plus critique dans le dimensionnement, et donc l’efficacité opérationnelle et dissuasive, des armées européennes, et au-delà.
Si, traditionnellement, l’attention médiatique tend à se porter davantage sur l’arrivée d’un nouvel équipement, ou la signature d’un nouveau contrat, c’est incontestablement là que se joue, dès aujourd’hui, la sécurité du vieux continent, face aux bouleversements géopolitiques qui secouent la planète, et dont rien ne semble indiquer qu’ils soient appelés à s’atténuer dans les années à venir.
Article du 22 juin 2023 en version intégrale jusqu’au 12 novembre 2023
Les premiers soldats français qui ont quitté leurs bases au Niger par la route en direction du Tchad sont arrivés “sans encombre” à N’Djamena, prélude d’un processus complexe qui doit s’achever d’ici fin décembre, a annoncé Paris jeudi.
Parti de Niamey, le convoi est sorti du Niger “en sécurité et en coordination avec les forces nigériennes”, a indiqué à l’AFP le colonel Pierre Gaudillière, porte-parole de l’état-major français.
Il est “bien arrivé sans encombre particulière” à N’Djamena, capitale du Tchad voisin, après dix jours de trajet.
Les rotations aériennes du Tchad vers la France seront organisées “dans les prochains jours”, a ajouté le porte-parole.
Chassée du Niger, l’armée française doit évacuer hommes et matériels en majeure partie par voie terrestre vers le Tchad puis probablement le Cameroun, avant leur rapatriement en France. Un parcours de plus de 3.000 km dont une partie qui traverse des zones hostiles où des groupes jihadistes sont actifs par endroits.
N’Djamena abrite le commandement des opérations françaises au Sahel avec environ un millier de militaires français.
Selon le colonel Gaudillière, la moitié des sites des bases avancées à Ouallam et Ayorou (nord-ouest du Niger), dans la zone dite des “trois frontières” avec le Burkina Faso et le Mali, ont été vidés.
Après avoir rejoint Niamey, le convoi est parti en direction de la frontière tchadienne.
N’Djamena a indiqué dans un communiqué “accepter d’offrir un corridor de son territoire pour le retour des troupes françaises en France”.
“Les forces tchadiennes assureront l’escorte de ces convois depuis la frontière nigérienne jusqu’à N’Djamena pour l’aéroport (…) et à la frontière camerounaise pour le port de Douala“, a précisé dans ce texte le chef d’état-major général de l’armée tchadienne, le général Abakar Abdelkerim Daoud.
Les groupes jihadistes sont très présents dans la zone des trois frontières, mais “le niveau de menace sécuritaire est faible sur la route” de Niamey à N’Djamena, a indiqué à l’AFP une source militaire française.
Entretien Macron-Déby
La présence française au Sahel ne cesse de fondre depuis 2020. Des coups d’Etat successifs au Mali, au Burkina Faso et enfin au Niger ont mis fin à la force antijihadiste Barkhane déployée depuis 2014 au Mali, qui a compté jusqu’à 5.500 militaires déployés dans la zone.
Barkhane a cristallisé le sentiment anti-français d’une partie des opinions publiques africaines, faisant peser le risque de manifestations le long des convois. Mais les relations entre la France et le Tchad restent détendues.
Mercredi, le chef de l’Etat français Emmanuel Macron s’est entretenu à l’Elysée avec le président de la transition au Tchad, Mahamat Idriss Déby. Ils ont échangé “sur l’ensemble des dossiers régionaux (…) ainsi que sur le retour en France de nos moyens militaires“, a précisé la présidence française.
Interrogé par l’AFP sur l’arrivée des troupes françaises depuis le Niger, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement de transition tchadien n’avait pas répondu en fin de matinée.
Des journalistes l’AFP n’ont pas pu s’approcher de la base française de N’Djamena, tenus à distance par des barrages de l’armée tchadienne installés de longue date.
Les semaines à venir seront consacrées à la clôture de ce retrait de l’ensemble des forces françaises du Niger, avec nécessairement l’acheminement par voie terrestre puis maritime d’un certain nombre de matériels lourds via un pays tiers.
Chaque option entraîne son lot de discussions avec les autorités concernées. “Quand on parle d’un retrait en bon ordre, en sécurité et en coopération, tous ces mots sont importants”, a souligné le porte-parole des armées françaises.
Le port de Cotonou aurait été idéal, mais la frontière entre le Niger et le Bénin, opposé aux putschistes nigériens, est toujours fermée. Douala, au Cameroun, “fait partie des options qui peuvent être envisagées” mais n’est pas la seule, a-t-il précisé.
“Il y a très probablement du matériel lourd qui partira par bateaux. L’itinéraire pour rejoindre les ports n’a pas été arrêté“.
Projet de loi de finances 2024 Ce qu’il faut retenir
Le ministre des Armées a présenté le Projet de loi de finances (PLF) 2024, ce mercredi 11 octobre, devant la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat. Un budget en hausse de 7,5 % par rapport à 2023. Focus sur les 5 grands points à retenir.
Poursuivre la hausse des crédits
En 2024, le budget de la Défense s’élèvera à 47,2 milliards d’€ (hors pension), soit 3,3 milliards d’€ de plus que l’année précédente. Cette enveloppe représente une progression de 7,5% par rapport à l’année 2023. Pour la 7e année consécutive, le budget des armées française est en hausse mais cette marche de 3,3 milliards d’€ est la plus importante depuis 2017. Elle permettra de mettre l’accent sur les priorités définies avec le Parlement lors de la discussion sur la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 : « Au total, le budget de nos armées aura augmenté de 46 % entre 2017 et 2024. Cet effort considérable de la Nation pour sa défense nous oblige », souligne Sébastien Lecornu, ministre des Armées.
Poursuivre la réparation des armées et engager le chantier de leur transformation
Le PLF 2024 s’inscrit dans un mouvement engagé depuis 2017, qui vise à répondre à l’impérieuse nécessité d’engager la remontée en puissance de notre appareil militaire, pour faire face à la dégradation du contexte international. Il s’agit de réparer les composantes abimées par 3 décennies de désinvestissement budgétaire, désinvestissement engagé après la dissolution du pacte de Varsovie et la fin de la Guerre froide.
Le PLF 2024 est la première marche de la LPM 2024-2030 qui vise à moderniser et transformer nos armées pour leur permettre d’affronter tout le spectre des menaces actuelles et futures. À ce sujet, il fixe 6 priorités :
Le renforcement de la préparation opérationnelle ;
Le renforcement des capacités de soutien ;
La modernisation des infrastructures ;
La modernisation de notre dissuasion nucléaire ;
La remontée globale des stocks de munitions et le renforcement des systèmes de défense sol-air ;
La fidélisation des personnels.
Prioriser la cohérence à la masse pour remplir nos contrats opérationnels
Devant la commission de la Défense et des Forces armées de l’Assemblée nationale, Sébastien Lecornu a tenu à rappeler qu’« il ne servirait à rien d’avoir des centaines de canons Caesar sur étagères, si nous n’avons pas les femmes et les hommes pour les armer, le MCO et les infrastructures pour les accueillir, les munitions, les heures de formations et d’entrainement opérationnel qui vont avec et enfin les moyens logistiques pour les déployer et les soutenir en opérations. »
Paris, le 12 octobre 2023
Ainsi, le PLF 2024 vient apporter une première réponse à une ambition forte de la LPM 2024-2030. Celle qui vise à agir conjointement sur différents leviers pour trouver la cohérence optimale de notre modèle d’armée plutôt que le caractère spectaculaire des commandes de masse sur les secteurs les plus visibles. Pour l’année 2024, cette recherche de cohérence se traduit par la combinaison de 5 facteurs :
La livraison d’équipements majeurs : 13 Rafale, un sous-marin nucléaire d’attaque, une frégate de défense et d’intervention, 138 véhicules blindés Griffon et 103 véhicules blindés SERVAL ;
Le renforcement de la préparation opérationnelle : plus de matériels disponibles, plus de stocks de munitions, plus d’heures d’entrainement de « haut de spectre » ;
Une hausse nette des effectifs : 456 équivalents temps plein avec un ciblage assumé vers les secteurs prioritaires (soutien, cyber, renseignement, outre-mer…) ;
La montée en puissance de la réserve : recrutement dès 2024 de 3 800 réservistes avec des objectifs chiffrés à chaque échelon du ministère des Armées ;
La remontée en puissance des soutiens et des infrastructures. Préparer la guerre de demain
Le contexte stratégique actuel se caractérise par l’apparition de nouveaux espaces de conflictualité que nos compétiteurs tentent de militariser. C’est notamment le cas du cyber, de l’espace et des fonds marins. À ce sujet, Sébastien Lecornu rappelle l’importance pour la France de réussir les sauts technologiques : « Rien ne serait plus dangereux que de nous préparer à la guerre de demain avec les moyens d’hier. Préparer les guerres de demain ne se mesure pas uniquement à l’aune des montants investis. Il s’agit également de s’organiser pour anticiper et innover. »
Le PLF 2024 consacre donc, près de 600 millions d’€ pour renforcer notre présence dans l’espace, grâce notamment au lancement du satellite d’observation CSO ou encore 500 millions d’€ pour le renseignement.
Le conflit en Ukraine nous a confirmé l’importance des drones et des munitions téléopérés. Il s’agit, dès 2024 de commencer à financer les ruptures technologiques pour permettre à la France de devenir leader dans les prochaines années. Près de 430 millions d’€ seront mis sur la table soit une hausse de 43% par rapport à 2023 avec la livraison de 8 drones sous-marins et de 4 drones Patroller.
En 2024, anticiper et financer les sauts technologiques consistera à poursuivre une politique de recherche et de développement ambitieuse dans des domaines clés où les armées françaises ont plutôt pris de l’avance. Il s’agit de l’intelligence artificielle et de l’ordinateur quantique.
Pour l’intelligence artificielle, le PLF 2024 va déployer 100 millions d’€ pour accélérer la cartographie des fonds marins et surtout pour commencer le déploiement d’Artemis IA. Cette plateforme de traitement de données massives renforcera considérablement les capacités d’analyse de la Direction du renseignement militaire et du Service de santé des armées.
Aviver les forces morales de nos armées et de la Nation
L’importance de la réussite des sauts technologiques ne doit pas nous faire oublier une réalité permanente des enjeux de défense. La guerre était, est et sera toujours létale. A travers la longue histoire de la France, ses chefs militaires les plus prestigieux n’ont jamais manqué de souligner l’importance des forces morales et du lien entre les armées et la Nation. Dans ce domaine, le PLF 2024 vise à conforter une spécificité française : nous sommes aujourd’hui l’un des rares pays occidentaux à accepter d’avoir des morts dans nos rangs, pour remplir les missions qui nous sont confiées.
A ce sujet, le PLF 2024 fixe trois priorités :
La reconnaissance de la Nation à ses soldats en renforçant notamment l’accompagnement des blessés ;
La transmission de l’esprit de défense aux plus jeunes ;
La participation des armées aux grands évènements qui réuniront la Nation en 2024. Il s’agit notamment
du 80e anniversaire du Débarquement et de la Libération ainsi que les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
Nb : Plaquette « Projet de Loi de Finances 2024 » en annexe.
Les missions spéciales de l’Armée française, OPEX pour opération extérieure et OPINT pour opération intérieure n’ont pas toutes pour objectif d’engager le combat, évacuer des ressortissants français et alliés, ou stabiliser des zones dangereuses. Chef de section d’une compagnie de combat du 3e RPIMa de Carcassonne, le lieutenant Kévin, 31 ans, est déjà parti à la Réunion, en Guyane et en Nouvelle-Calédonie en “mission de souveraineté”. Récit.
Ses sept ans de service fêtés ce 4 octobre 2023, le lieutenant Kévin, dont nous ne dévoilons pas le patronyme pour des raisons évidentes de sécurité, ne les a pas vus passer. Natif de Sète, dans l’Hérault, où il a grandi et étudié, l’officier a intégré l’armée “par le bas de l’échelle”, comme il dit. Militaire de rang, il s’est formé au sein du 3e RPIMa jusqu’à obtenir deux galons et diriger aujourd’hui la première section de la 4e compagnie de combat du régiment de parachutistes d’infanterie de marine stationné à Carcassonne.
Une trentaine de soldats sous ses ordres, Kévin n’est pas encore parti en zone de conflit. Par contre, il enchaîne les “missions de courte durée”. La Réunion, la Guyane, puis récemment la Nouvelle-Calédonie. “Cette année, on y est resté en poste quatre mois”, précise-t-il. Une vingtaine d’hommes sous son commandement, Kévin, a mené sur site une “mission de souveraineté”. La tâche consiste “essentiellement à la garde de prises et d’installations militaires et à des tournées en province”. Puis, vient le temps de l’immersion dans les tribus kanakes. “Il y a tout un rituel à suivre pour se faire accueillir dans une de ces communautés avec qui on va ensuite tout partager.”
Au soutien des Kanaks fortement préoccupés par la montée des eaux
Ensemble, ses troupes en uniforme et les Kanaks mangent, dorment et travaillent à la rénovation des bâtiments, à la construction d’écoles… “Là-bas, ils sont fortement préoccupés par la montée des eaux due au changement climatique, nous avons donc collaboré à la destruction de structures en danger et à leur réédification sur des terres moins à risques. On les a aidés au mieux”, s’enthousiasme le chef, heureux d’avoir voyagé à 17 000 kilomètres de l’Hexagone.
“Avec mes gars âgés de 20 à 22 ans qui ne sont jamais sortis de chez eux, cette rencontre avec des Français du Pacifique a été extraordinairement enrichissante. En même temps, elle a été l’occasion pour le peuple calédonien de voir que la métropole ne les oublie pas. Elle les soutient”, appuie le jeune gradé dont le rôle ne s’arrête pas là. Sa section porte également assistance aux populations en cas d’inondation, cyclone, tremblement de terre, éruption volcanique et autres catastrophes naturelles.“On assiste l’État et les secours, on procède à des évacuations, on apporte de la nourriture…” , détaille-t-il, abordant aussi les exercices communs réalisés avec des pays de l’Otan, les États-Unis, le Japon, l’Australie, Fidji et les Tonga.
“En quatre mois, on a le temps de s’entraîner, faire du terrain, du tir, de l’approche tactique”, complète le père de famille. Comblé, il attend son deuxième enfant pour la fin de l’année. “Mon épouse vit bien ma passion pour l’armée, elle n’est pas jalouse des liens tissés au sein de ma section, on adore nos retrouvailles”, sourit Kévin emballé par sa nouvelle opération intérieure prévue pour le semestre prochain. Encadrer une quarantaine “de bleus” prêts à faire leurs classes au sein du “3”.
CARTE – Suite au coup d’État du 26 juillet, Emmanuel Macron avait annoncé que le retrait des 1400 militaires français aurait lieu «d’ici la fin de l’année».
Les troupes françaises déployées au Niger vont amorcer leur retrait du pays «dans la semaine», dans un contexte de relations toujours tendues avec le régime militaire issu du coup d’État du 26 juillet, selon l’état-major des armées. «Nous allons lancer l’opération de désengagement dans la semaine, en bon ordre, en sécurité et en coordination avec les Nigériens», a indiqué l’état-major.
«Nous ferons ce qui est planifié, cela se déroulera conformément à la planification», assure l’état-major français, alors que le régime militaire a accusé la France de ne pas être «dans une logique de quitter le Niger» et semble peu encline à laisser manœuvrer librement les militaires en partance.
Quelque 1000 soldats et aviateurs français sont déployés sur la base aérienne française de Niamey et 400 à Ouallam et Ayorou (nord-ouest), aux côtés des Nigériens, dans la zone dite des «trois frontières» entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali, sanctuaire du groupe État islamique.
Les militaires déployés sur les bases avancées devraient être les premiers à se désengager. Un schéma similaire à celui du Mali, où le retrait français avait commencé par les trois emprises les plus au nord du pays.
«Nous prenons les dispositions pour assurer la sécurité des gens engagés dans la manœuvre», a précisé l’état-major, en particulier sur la route qui relie les bases avancées à la capitale, ce qui pourrait nécessiter un appui aérien, sur fond de dégradation sécuritaire dans le pays après plusieurs attaques ayant fait des dizaines de morts.
Opération logistique complexe
L’opération s’annonce complexe : le Niger servait depuis 2013 de plateforme de transit pour les opérations antiterroristes menées au Mali, avant de devenir le cœur du dispositif français dans la région après le retrait forcé des troupes françaises du Mali et du Burkina Faso, depuis l’été 2022.
Pour les militaires, ce retrait exigé par la junte met fin à une situation incertaine depuis deux mois, avec des ravitaillements aléatoires et des manifestations antifrançaises régulièrement organisées devant leurs portes à Niamey.
À Niamey, l’enceinte française, située au sein d’une emprise nigérienne, accueille des centaines de bureaux en préfabriqués, des hangars et abris modulaires pour les aéronefs, des tentes sur la base de vie, des cabines de pilotage pour les drones, des bulldozers du génie…
Après la conclusion d’un partenariat de combat à la demande du Niger, la France avait étoffé sa présence dans la capitale avec des blindés et des hélicoptères, venus renforcer les cinq drones Reaper et au moins trois avions de chasse.
120 millions d’euros d’aide publique au Niger en 2022
Les militaires n’ont pas d’autre choix que d’utiliser la voie terrestre, soit par le Bénin – une option que refuse le régime militaire nigérien – soit vers le Tchad, ce qui impliquerait ensuite d’acheminer les containers rentrant en France vers le port de Douala, au Cameroun, selon une source proche du dossier.
L’option d’un pont aérien semble compromise pour l’heure car jusqu’à nouvel ordre, les Nigériens interdisent le survol de leur territoire par des avions français. Au Mali, le désengagement avait mobilisé 400 logisticiens envoyés en renfort. Pour le démantèlement de Gao, la plus grande emprise française du pays, 6000 containers avaient été nécessaires.
Paris, qui ne reconnaît pas les nouvelles autorités, a limité la délivrance de visa pour les Nigériens et mis fin à sa coopération dans le pays, un des plus pauvres au monde. Le Niger a bénéficié en 2022 de 120 millions d’euros d’aide publique au développement de la part de la France et fait actuellement l’objet de sanctions de la part de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) depuis fin juillet.
Malgré les évènements organisés chaque 14-Juillet, les « journées portes ouvertes » des bases et des régiments, les meetings aériens et les missions qu’ils assurent au quotidien, que ce soit sur le territoire national [Héphaistos, Sentinelle] ou sur des théâtres extérieures [avec la couverture médiatique qui en découle], les militaires manquent-ils de visibilité dans l’espace public?
Le chef d’état-major des armées [CEMA], le général Thierry Burkhard, le pense. C’est en effet ce qu’il a affirmé ce 4 octobre, lors d’une audition à l’Assemblée nationale dédiée à l’examen du projet de Loi de finances [PLF] 2024. Et pour lui, cela pourrait expliquer les difficultés en matière de recrutement, à un moment où le format de la réserve opérationnelle doit doubler tandis que les armées auront à renforcer, renouveler et fidéliser leurs effectifs.
« Pour les réservistes comme pour les gens d’active, on a aujourd’hui un vrai problème de visibilité. Il y a le sujet de fidélisation, qui est important, mais il y a aussi celui du recrutement. Et je pense que, aujourd’hui, il y a des gens qui ne viennent pas dans l’armée parce qu’ils ne savent pas qu’on peut venir dans l’armée. Je suis juste provocateur mais, en fait, ce n’est pas si faux que ça », a dit le CEMA.
« Nous, les militaires, on a toujours la sensation d’être extrêmement visibles… Mais, en fait, les militaires sont minuscules : 300’000 hommes sur un pays [de plus de 65 millions d’habitants, ndlr], avec le mode de fonctionnement de la société [que l’on sait]. Les militaires sont en réalité extrêment peu visibles. Je ne sais pas si c’est 50% ou 70% des Français qui peuvent passer la totalité de leur vie sans avoir été au contact de militaires », a poursuivi le général Burkhard. Évidemment, la fin de la conscription n’y est pas pour rien… de même que l’apparition des « déserts militaires » après les réformes conduites en 2008-2014.
En tout cas, a estimé le CEMA, « on doit augmenter notre surface de contact ». Et cela passera par un « travail encore plus étroit avec l’Éducation nationale, avec qui nous sommes déjà en contact, avec des choses qui avancent », a-t-il continué. Les élus – et notamment ceux des commissions parlementaires dédiées à la Défense – ont aussi un rôle à tenir, a-t-il soutenu. Mais il s’agit d’aller encore plus loin, en profitant des exercices en terrain libre…
« Les grands exercices, quand ils se déroulent en terrain libre montrent bien tout ce qu’il y a à exploiter dans ce domaine là. L’exercice Orion l’a montré, avec finalement une augmentation conséquente de la mise en contact de la population avec ses militaires. Et je peux dire que, pour les militaires, c’était quelque chose qui a été extrêmement apprécié et valorisant. Et on travaille pour que, même pour les exercices de moindre niveau, on consacre une partie pour le contact avec la population », a conclu le général Burkhard.
Cette préoccupation au sujet du manque de visibilité des militaires dans la société n’est pas nouvelle. Alors chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], le général Jean-Pierre Bosser l’avait évoquée en 2018, à un moment où il était question de réduire la voilure de l’opération intérieure Sentinelle, lancée après les attentats de janvier 2015. « Peut-être faudra-il revenir à des exercices en terrain libre, pour entretenir cette relation avec les Français? », s’était-il demandé.
Les effectifs actuels sont inférieurs à ceux de 2011 (932 personnes). En 2022, la représentation permanente à Bruxelles était forte de 63 personnes, représentation militaire de défense incluse, avec seulement neuf diplomates. Ces effectifs sont inférieurs à ceux de l’Allemagne (120) et des États-Unis (200).
Après le plan annuel de mutation de 2022, le ministère des Armées a affecté 763 militaires et civils à l’OTAN, incluant la représentation militaire de défense (voir ci-dessous).
Où sont-ils basés?
Du côté des budgets Le budget total de l’OTAN s’élève en 2022 à 2,6 Md€. Ce montant comprend un budget civil de 289 M€, le budget militaire de 1 562 M€ et le budget d’investissement de 790 M€.
Quelle est la cote part française au budget ? La France (10,49% du budget OTAN en 2021) se situe au quatrième rang des contributeurs derrière les États-Unis et l’Allemagne (16,34 % chacun) et le Royaume-Uni (11,28 %). Représentant 203 millions d’euros en 2022, la contribution française à l’Otan pourrait atteindre environ 833 M€ en 2030 en euros constants. Actuellement 176 M€ sont à la charge du ministère des Armées, tandis que la contribution au budget civil, à la charge du ministère de l’Europe et des affaires étrangères, se monte à 27 M€. En 2030, le montant du budget militaire sera de 770 M€ et celui du budget civil à 63 M€ en 2030.
Les dépenses de rémunérations des personnels militaires et civils affectés au commandement intégré et dans les agences de l’OTAN s’élevaient à 121,3 millions d’euros en 2022.
Lancée en septembre 2014, l’opération Chammal rassemble près de 600 militaires français en Irak et en Syrie voisine. Ces soldats y mènent toujours des actions d’appui et de formation aux forces locales.
Deux jours après la mort du sergent Baptiste Gauchot, un deuxième militaire français a perdu la vie en Irak, dimanche 20 août. L’adjudant Nicolas Latourte est décédé lors d’un «exercice opérationnel», a indiqué l’Élysée, le ministre des Armées Sébastien Lecornu précisant qu’il «participait à une mission de formation de l’armée irakienne». Le sergent Gauchot est, lui, mort le vendredi 18 août, après un «accident de la circulation». Il était également engagé dans cette mission de formation de l’armée irakienne.
La présence de soldats français en Irak et en Syrie est moins médiatisée ces dernières années, éclipsée par d’autres opérations d’envergure, comme Barkhane au Sahel. L’opération Chammal a pourtant été lancée quasiment en même temps que cette dernière, le 19 septembre 2014. Elle représente le volet français de l’opération internationale Inherent Resolve (OIR), rassemblant 80 pays et cinq organisations internationales. Son but premier : apporter un soutien militaire aux forces irakiennes engagées dans la lutte contre Daech.
Des actions d’appui
Aujourd’hui, la perte d’influence de l’État islamique sur ces territoires a limité l’action de la coalition. Plus aucune opération au sol n’est par exemple menée depuis janvier 2022. Mais quelque 600 militaires français y sont encore déployés. Car si Daech n’a plus d’emprise territoriale en Irak et en Syrie, la menace terroriste y demeure élevée. Le soutien de la coalition se concentre donc surtout sur la montée en compétences des forces irakiennes, afin d’établir les conditions d’une paix durable.
Dans cet objectif, la France et ses militaires œuvrent selon deux piliers complémentaires : l’appui et le conseil. Pour le premier, outre les 600 militaires déployés, la coalition peut compter sur 10 Rafale*, positionnés sur des bases aériennes au Levant et aux Émirats arabes unis. Ces chasseurs appuient directement les troupes au sol, mènent des missions de renseignement, de reconnaissance, et ponctuellement des frappes en cas d’urgence. Ils manœuvrent souvent en interopérabilité avec des F-16 jordaniens ou irakiens et des F-15 américains.
Un volet maritime de l’opération Chammal est également assuré par la présence quasi continue d’une frégate en Méditerranée orientale ou dans le golfe Arabo-Persique. L’action de ces chasseurs français est complétée par celle d’aéronefs qui réalisent des missions de ravitaillement et de commandement aéroporté. Depuis 2014, l’opération Chammal a ainsi donné lieu à quelque 12.700 sorties aériennes et plus de 1570 frappes qui ont détruit 2400 objectifs, selon les chiffres du ministère des Armées.
Formation et déminage
la coalition s’illustre également par une mission de conseil et d’accompagnement du commandement irakien des opérations dans sa mission de stabilisation de la région. Cette collaboration a permis aux unités irakiennes d’étoffer leurs compétences tactiques et de développer leur autonomie opérationnelle, se targue le ministère.
La France joue ici un rôle important : depuis 2020, c’est le Military Advisory Group (MAG), une entité interarmées, qui se charge de la politique de conseil au profit des états-majors irakiens. La MAG dirige le Joint Operations Advisory Team (Jocat), à la tête duquel se trouve un colonel français, et qui comprend également quatre autres officiers français, spécialisés dans les domaines des feux dans la profondeur, des opérations terrestres et des opérations aériennes.
Très concrètement, le rôle des militaires français en Irak se cantonne aujourd’hui à assurer la formation des troupes irakiennes. Le sergent Baptiste Gauchot officiait d’ailleurs auprès d’elles «dans les domaines du combat d’infanterie et du secourisme au combat», indique le ministère des Armées. Les soldats tricolores mènent aussi régulièrement des actions de déminage. L’adjudant Nicolas Latourte a ainsi été «mortellement blessé en marge d’un exercice d’entraînement au combat en zone urbaine», alors qu’il formait des soldats irakiens à la lutte contre les engins explosifs improvisés.
*le Rafale est une production du groupe Dassault, propriétaire du Figaro.
Un coup d’État de plus au Sahel. Un coup d’État de trop ? Au moment où une junte militaire renversait le président nigérien Mohamed Bazoum le 26 juillet dernier, Emmanuel Macron se trouvait à 18 000 kilomètres de là, à Nouméa, pour clamer que « la Nouvelle-Calédonie est française ». Hasard du calendrier, le symbole n’en est pas moins éloquent. Alors que le séparatisme menace l’Océanie française, l’influence française sur le continent africain se délite. Les attitudes hostiles à la France, tandis que la France essaie tant bien que mal de maintenir ce que le journaliste Jean-Claude Guillebaud appelait jadis « les confettis de l’empire »[1], vestiges mélancoliques d’une grande fête évanouie.
Ce coup d’État – le cinquième en deux ans au Sahel – est un clou de plus dans le cercueil des ambitions françaises dans la région. Celle-ci fut plongée dans une spirale infernale à partir de l’intervention militaire de la France en Libye en 2011 et la chute du régime de Kadhafi qui s’ensuivit. Quantité d’armes de l’ex-dictateur furent pillées puis se répandirent dans les pays voisins, si bien que le chaos libyen déstabilisa bientôt l’ensemble du Sahel. À partir de 2013, la France lança une deuxième guerre, pour tenter de réparer les conséquences de la première.
La contagion putschiste s’étend au Niger
Mais l’opération Barkhane, déployée au Sahel où elle traquait les groupes armés depuis neuf ans, a créé des attentes impossibles à satisfaire. La présence française, perçue comme un résidu d’ingérence coloniale, a soulevé les opinions publiques contre elle. Certes, l’opération a éliminé 3 000 combattants djihadistes au cours des neuf dernières années. Mais les groupes armés terroristes (GAT), loin de réduire leur empreinte, ont proliféré jusqu’à essaimer dans les pays du golfe de Guinée. Leurs combattants, qui n’étaient que quelques centaines en 2013, se comptent par milliers aujourd’hui. La France a gagné toutes les batailles, mais perdu la guerre.
À la racine du rejet de la France au Sahel, il y a donc la frustration générée par l’incapacité de l’une des plus grandes armées du monde à résorber le fléau djihadiste. L’incompréhension s’est muée en suspicion et la suspicion en véritable rejet. Un terreau fertile cultivé par des opérateurs politiques locaux, qui en ont fait une rente de situation, ainsi que par des acteurs extérieurs, notamment russes.
Le Niger, un État pivot
Que reste-t-il de l’aventure sahélienne de l’armée française ? Le Niger constituait le dernier bastion démocratique et l’ultime pivot du dispositif antidjihadiste de la France. Le pays, où Mohamed Bazoum avait été élu à 55% deux ans plus tôt dans le cadre d’une alternance démocratique jugée exemplaire, affichait une certaine stabilité politique. Après avoir été chassée du Mali en 2022 et du Burkina Faso en février 2023, l’armée française avait donc partiellement réinstallé ses troupes au Niger, soit 1 500 militaires, principalement positionnés sur la base aérienne projetée (BAP) dans la périphérie est de Niamey. Mais cette présence est en suspens depuis que la junte a exigé le départ de ces militaires d’ici à début septembre.
Or les solutions de repli se réduisent. Avec le Tchad, où l’armée française reste présente (1 000 hommes), les relations bilatérales ne sont plus les mêmes depuis que Mahamat Idriss Déby a succédé à son père sans égard pour la Constitution. Au Sénégal, les récentes manifestations signalent une détérioration de la situation politique, tandis qu’en Côte d’Ivoire, qui compte 900 soldats français, la succession d’Alassane Ouattara, 81 ans, est source d’inquiétude.
Pauvreté du Niger
Le Niger est l’un des pays les plus pauvres du monde, avec 41,8 % de la population vivant dans l’extrême pauvreté en 2021, selon les Nations unies. Ce pays sahélien musulman, grand comme deux fois et demie la France et peuplé de 25 millions d’habitants, connaît également l’une des plus fortes croissances démographiques de la planète, avec une moyenne de 7 enfants par femme. La population, qui comptait quatre millions d’habitants au moment de son indépendance en 1960, pourrait atteindre les 70 millions en 2050. Quant aux forces armées nigériennes, elles sont déjà durement éprouvées par le terrorisme: au nord-ouest, dans la zone dite des « trois frontières », elles affrontent des groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe État islamique (EI) qui sévissent aussi au Mali et au Burkina Faso. L’armée nigérienne doit également combattre Boko Haram qui sévit depuis des années à Diffa dans le sud.
Malgré ces fragilités endémiques, le Niger était devenu la pièce maîtresse de l’ancrage militaire français dans la région. Avec le coup d’État du général Abdourahamane Tiani, la France perd en outre son principal partenaire en matière de contrôle des flux migratoires au Sahel. Le pays est en effet la plaque tournante des migrants désireux de se rendre en Europe. Porte d’entrée du désert, carrefour des migrations et de toutes les contrebandes, Agadez est le point de départ des principales routes menant vers la Méditerranée, via la Libye ou l’Algérie. La crise actuelle, couplée à la dégradation sécuritaire et les conséquences économiques des sanctions, fait craindre un relâchement du contrôle des frontières, voire une vague migratoire d’ampleur.
À Niamey, les scènes ont des airs de déjà-vu. Le drapeau russe est brandi devant l’ambassade de France devenue une forteresse assiégée. « Notre politique africaine s’effondre sur nous » avertit l’ancien ambassadeur Gérard Araud[2]. Une fois de plus, le Quai d’Orsay se trouve confronté à l’épineuse, la lancinante et désormais brûlante équation africaine : la France a-t-elle toujours vocation à rester en Afrique ? Et, si oui, comment préserver son influence sur le continent tout en évitant l’écueil de l’impopularité ? Une équation à double inconnue qui, si elle n’est pas résolue, risque de faire boire à la France la coupe jusqu’à la lie. Car nul ne sait si demain le virus antifrançais ne se propagera pas au Tchad ou en Mauritanie, au Sénégal ou en Côte d’Ivoire.
La France à la croisée des chemins sahéliens
La crise au Niger révèle au grand jour la panne de la stratégie de la France au Sahel. Les vieilles idées demeurent, sans que se dessine une nouvelle politique. La rituelle promesse de la fin de la Françafrique, invoquée par Emmanuel Macron tout comme ses prédécesseurs, appelait d’autres lendemains. Le président de la République « avait cru en 2017 pouvoir passer l’ardoise magique sur la période postcoloniale en proposant à la jeunesse africaine de replier les rétroviseurs » explique le spécialiste de l’Afrique Antoine Glaser. Mais en vain : tout passe, sauf le passé. Les ingérences – réelles ou perçues – de la France attisent un ressentiment qui peut sembler paradoxal au vu de l’aide au développement considérable fournie (97 millions d’euros engagés au Niger en 2021, selon les chiffres disponibles sur le site internet de l’Agence française de développement). Paris subit aujourd’hui la double peine de son interventionnisme en Afrique : la perte de son influence économique et le développement du sentiment anti-français.
Désormais, la France tergiverse, tiraillée entre la nostalgie de ses rentes politiques d’antan et le changement d’époque qui se profile, entre la préservation de l’attribut de puissance que constituaient ses anciennes colonies et le farouche désir d’émancipation de celles-ci. Un atermoiement qu’elle paie au prix fort. La « réarticulation » de Barkhane annoncée en février 2022 n’a toujours pas été détaillée. Emmanuel Macron avait évoqué en février dernier le souhait de transformer les bases militaires françaises sur le continent en académies militaires, cogérées avec les pays d’accueil[3], mais sans donner de précisions. Le président de la République joue l’ambigüité. Il a compris la nécessité d’un changement de paradigme, mais s’est arrêté à mi-chemin. Trop vague pour être lisible, trop confuse pour être crédible, trop tiède pour être efficace, la politique africaine de la France continue de s’effilocher au gré d’événements subits.
Que faire ?
À présent, la France est devant l’urgence et l’histoire à la fois. L’heure est au choix. Le temps joue pour les putschistes, chaque jour passé légitimant un peu plus la junte au pouvoir. La France se trouve à un carrefour inconfortable de solutions toutes également mauvaises. Soit elle décide de tendre la main à la junte, ce qui semble a priori inacceptable. Soit elle décide de soutenir une éventuelle intervention militaire conduite par un groupe de pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), ce qui risquerait d’enflammer la région, un désastre humanitaire dont la France serait certainement tenue pour responsable. Soit elle procède à un retrait complet de ses troupes, ce qui constituerait un aveu d’impuissance. La France est, comme les héros de tragédie classique, placée devant un dilemme inextricable. Plus pragmatiques, les États-Unis ont fini par opter pour la voie du dialogue avec les putschistes. De fait, pire que la dictature, il y a l’anarchie. Et pire que l’anarchie, il y a la guerre civile.
De plus en plus de voix s’élèvent pour demander que la France baisse le pavillon en Afrique. Après tout, l’ensemble du continent africain ne représente que 5% des échanges commerciaux avec la France ; le Sahel compte pour moins du dixième de ce total. « Puisque les Africains ne veulent pas de nous, partons ! » clament ces esprits. Pourtant, cela revient à faire fi de trois siècles d’aventures communes et d’un lien profond, survivant aux déceptions, aux espoirs et aux malentendus. En outre, l’Afrique est démographiquement le continent le plus jeune de la planète. Ses immenses ressources lui donneront un rôle crucial à moyen terme dans l’économie mondiale. Culturellement, la France y détient un avantage comparatif indéniable.
La ligne est étroite entre les nostalgies possessives, le goût des résidences exotiques, les rêves de grandeur et la tentation militaire, mais elle existe. Elle exige de consacrer davantage d’efforts diplomatiques, d’encourager vigoureusement ses entreprises, et de ne privilégier les solutions militaires que pour des missions tactiques ponctuelles, discrètes et ciblées, actionnées en strict partenariat avec les forces armées locales. Il n’est pas trop tard, mais il est plus que temps.
[1] Jean-Claude Guillebaud, Les Confettis de l’empire, Paris, Le Seuil, 1976.
[2] Gérard Araud, « Niger, Mali, Burkina Faso… Notre politique africaine s’effondre sur nous », Le Point, 1er aout 2023.
[3] Toutes les implantations – Côte d’Ivoire, Sénégal, Gabon, Tchad – sont concernées, à l’exception de la plus grande, Djibouti.
Catherine Van Offelen est Consultante en sécurité internationale, spécialiste des questions de sécurité et de terrorisme au Sahel et en Afrique de l’Ouest.