Près de 20 000 militaires de l’armée de Terre potentiellement concernés par les JOP 2024

Près de 20 000 militaires de l’armée de Terre potentiellement concernés par les JOP 2024


« Le travail est en cours », mais l’armée de Terre pourrait mobiliser jusqu’à 20 000 de ses militaires pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, indiquait la semaine dernière son chef d’état-major, le général Pierre Schill.

De 10 000 toutes armées confondues en début d’année, le contingent de militaires potentiellement mis à disposition pour garantir le bon déroulement des JOP 2024 a depuis doublé. « Probablement » près de 20 000 soldats sont concernés « d’une façon ou d’une autre » pour la seule armée de Terre, relève le général Schill. 

Le rendez-vous sportif sera « un temps majeur pour notre pays et il est clair que l’armée de Terre sera là », annonce le CEMAT. Elle sera dans les stades avec l’armée des champions. « Un tiers des médailles des jeux paralympiques précédents avaient été gagnées par des membres des armées », rappelle-t-il. Elle participera également aux événements préparatoires comme le parcours de la flamme olympique et organisera « un certain nombre de manifestations sportives ». 

Mais l’essentiel de sa contribution relève bien de la protection des sites et des foules. Selon son chef d’état-major, l’armée de Terre sera surtout présente dans les deux centres névralgiques que sont Paris et Marseille, mais aussi en Polynésie française. Elle sera par ailleurs particulièrement mise à profit pour les moments clefs, telle que « la sécurité du port de départ de la parade fluviale lors de la cérémonie d’ouverture », indiquait le CEMAT dès le mois de mai. 

Si la formule « n’est pas complètement arrêtée », l’implication sera en tout cas « très importante en volume ». Un engagement calibré pour pallier aux carences du secteur privé, supposé déployer de 17 000 à 22 000 agents par jour sur toute la durée de la compétition. Une équation jugée « intenable » ou « impossible » depuis plusieurs mois au vu des déficits de main d’oeuvre vécus par la filière.

L’heure est donc à l’anticipation informelle pour éviter l’embarras vécu à plusieurs reprises en outre-Manche. Quelque 4700 militaires britanniques avaient été appelés en urgence lors des JO de 2012 à Londres pour compenser l’incapacité de la société G4S à fournir les effectifs suffisants. « D’autre part, et même dans l’hypothèse où tous les personnels nécessaires seraient effectivement recrutés et fidélisés, le risque d’absentéisme le jour J est réel, ainsi que l’a montré l’exemple des Jeux du Commonwealth qui se sont tenus à Birmingham à l’été 2022 et lors duquel le taux d’absentéisme (no-show) a été, selon le COJOP, de 20% », rappelait la Cour des comptes dans un rapport publié cet été. 

« Des décisions devront être prises au plus tard en octobre 2023 pour en assurer une planification rigoureuse, articulée avec le calendrier de passation des marchés de sécurité du COJOP, dont les premiers résultats ont confirmé les difficultés de la filière », relevait la Cour de comptes. Si un conseil interministériel consacré à la sécurité de l’événement est programmé pour le 20 octobre, l’officialisation d’un recours aux armées devra néanmoins attendre, déclarait le ministère de l’Intérieur jeudi dernier au Monde

Entre cet appui occasionnel, la poursuite de l’activité opérationnelle et les missions ponctuelles et mémorielles tels que l’opération de lutte contre les feux de forêt Héphaïstos ou les 80 ans du débarquement de Provence, l’engagement de l’armée de Terre sur le territoire national sera alors « extrêmement important ». « Il y aura 35 000 à 40 000 soldats de l’armée de Terre déployés à ce moment-là » en France et ailleurs, estime son commandant. 

Pour affronter ce pic d’activité dans une période traditionnellement dévolue au repos et aux mutations, l’armée de Terre pourra entre autres compter sur son vivier de 24 000 réservistes. Entre ceux-ci et l’active, « c’est un équilibre qu’il faudra que l’on établisse unité par unité en fonction des unités déployées ». Une chose est certaine : tous sont appelés à se rendre disponible l’été prochain, demande le général Schill.

Crédits image : armée de Terre

ENQUÊTE Qu’est-ce qu’une « mission souveraineté » ? Un para de Carcassonne témoigne de son expérience en Nouvelle-Calédonie

ENQUÊTE Qu’est-ce qu’une « mission souveraineté » ? Un para de Carcassonne témoigne de son expérience en Nouvelle-Calédonie

par Corine Sabouraud – L’Indépendant – Publié le

http://honneuretpatrie.over-blog.com/2023/10/enquete-qu-est-ce-qu-une-mission-souverainete-un-para-de-carcassonne-temoigne-de-son-experience-en-nouvelle-caledonie.html


Les missions spéciales de l’Armée française, OPEX pour opération extérieure et OPINT pour opération intérieure n’ont pas toutes pour objectif d’engager le combat, évacuer des ressortissants français et alliés, ou stabiliser des zones dangereuses. Chef de section d’une compagnie de combat du 3e RPIMa de Carcassonne, le lieutenant Kévin, 31 ans, est déjà parti à la Réunion, en Guyane et en Nouvelle-Calédonie en « mission de souveraineté ». Récit.

Ses sept ans de service fêtés ce 4 octobre 2023, le lieutenant Kévin, dont nous ne dévoilons pas le patronyme pour des raisons évidentes de sécurité, ne les a pas vus passer. Natif de Sète, dans l’Hérault, où il a grandi et étudié, l’officier a intégré l’armée « par le bas de l’échelle », comme il dit. Militaire de rang, il s’est formé au sein du 3e RPIMa jusqu’à obtenir deux galons et diriger aujourd’hui la première section de la 4e compagnie de combat du régiment de parachutistes d’infanterie de marine stationné à Carcassonne.

Une trentaine de soldats sous ses ordres, Kévin n’est pas encore parti en zone de conflit. Par contre, il enchaîne les « missions de courte durée ». La Réunion, la Guyane, puis récemment la Nouvelle-Calédonie. « Cette année, on y est resté en poste quatre mois », précise-t-il. Une vingtaine d’hommes sous son commandement, Kévin, a mené sur site une « mission de souveraineté ». La tâche consiste « essentiellement à la garde de prises et d’installations militaires et à des tournées en province ». Puis, vient le temps de l’immersion dans les tribus kanakes. « Il y a tout un rituel à suivre pour se faire accueillir dans une de ces communautés avec qui on va ensuite tout partager. »

Au soutien des Kanaks fortement préoccupés par la montée des eaux

Ensemble, ses troupes en uniforme et les Kanaks mangent, dorment et travaillent à la rénovation des bâtiments, à la construction d’écoles… « Là-bas, ils sont fortement préoccupés par la montée des eaux due au changement climatique, nous avons donc collaboré à la destruction de structures en danger et à leur réédification sur des terres moins à risques. On les a aidés au mieux », s’enthousiasme le chef, heureux d’avoir voyagé à 17 000 kilomètres de l’Hexagone.

« Avec mes gars âgés de 20 à 22 ans qui ne sont jamais sortis de chez eux, cette rencontre avec des Français du Pacifique a été extraordinairement enrichissante. En même temps, elle a été l’occasion pour le peuple calédonien de voir que la métropole ne les oublie pas. Elle les soutient », appuie le jeune gradé dont le rôle ne s’arrête pas là. Sa section porte également assistance aux populations en cas d’inondation, cyclone, tremblement de terre, éruption volcanique et autres catastrophes naturelles. « On assiste l’État et les secours, on procède à des évacuations, on apporte de la nourriture… » , détaille-t-il, abordant aussi les exercices communs réalisés avec des pays de l’Otan, les États-Unis, le Japon, l’Australie, Fidji et les Tonga.

« En quatre mois, on a le temps de s’entraîner, faire du terrain, du tir, de l’approche tactique », complète le père de famille. Comblé, il attend son deuxième enfant pour la fin de l’année. « Mon épouse vit bien ma passion pour l’armée, elle n’est pas jalouse des liens tissés au sein de ma section, on adore nos retrouvailles », sourit Kévin emballé par sa nouvelle opération intérieure prévue pour le semestre prochain. Encadrer une quarantaine « de bleus » prêts à faire leurs classes au sein du « 3 ».