«Pour un service national obligatoire qui ne soit pas seulement militaire»

«Pour un service national obligatoire qui ne soit pas seulement militaire»


«Pour cela, une grande politique de réarmement moral, militaire et civique doit être entreprise.»

«Pour cela, une grande politique de réarmement moral, militaire et civique doit être entreprise.» Dragoș Asaftei / stock.adobe.com

FIGAROVOX/TRIBUNE – Face aux bouleversements géostratégiques en cours, le général de La Chesnais, ancien major général de l’armée de terre, plaide pour relancer un service national opérationnel obligatoire, différent de l’ancien service militaire, et refonder la défense opérationnelle du territoire.

Ancien numéro deux de l’armée de terre, le général (2S) Bertrand de la Chesnais a été directeur de la campagne présidentielle d’Éric Zemmour.


Après la chute du Mur de Berlin, les budgets de défense de la France sont tombés à 1,7% du PIB. Il a fallu attendre 2015 pour que la tendance s’inverse sous la pression des attentats terroristes. Et depuis le printemps 2022, nous vivons un véritable retournement stratégique. Mais cette prise de conscience est encore bien timide : le budget de la défense atteint péniblement 1,9% du PIB et la prochaine LPM 2024-2030 poursuit une trop lente remontée.

L’armée française dispose certes d’une «armée complète», mais constituée d’échantillons de capacités, sans masse ni réserve. Or, les conflits d’aujourd’hui nous démontrent que, pour tenir dans la durée, il nous faut du nombre et de la Réserve.

Il y a aujourd’hui urgence ! Alors que notre stratégie a été durant des années d’aller chercher nos ennemis au plus loin, à la racine (Afghanistan, Moyen Orient, Sahel), nous sommes aujourd’hui contraints de les combattre sur le continent européen comme sur notre sol, (Sentinelle, Ukraine). Demain, devrons-nous combattre y compris dans nos villes ? Face à un ennemi diffus qui se manifeste à travers des attaques terroristes et des émeutes, les forces de l’ordre seraient-elles suffisantes ?

Puisque nous sommes contraints d’abandonner l’ère de l’armée de projection, l’heure est venue de réfléchir à l’armée dont a besoin notre nation pour faire face aux dangers d’aujourd’hui. Ce changement de paradigme nécessiterait, à l’évidence, un nouveau livre blanc et un plan aussi ambitieux que celui qui a été mis en place après-guerre pour nous doter de l’armement nucléaire autonome.

Mais le temps long ne nous exonère pas de prendre des mesures immédiates, justement pour être au rendez-vous de l’histoire. Il est certes urgent de rééquiper nos armées pour mener une guerre de haute intensité à laquelle elles ne sont absolument pas prêtes, mais il est impératif de faire tomber deux tabous que n’ose affronter l’intelligentsia, tant militaire que politique :

– remettre en place un véritable service national opérationnel obligatoire pour l’ensemble d’une classe d’âge ;

– et renouveler de fond en comble la défense opérationnelle du territoire, pour préparer l’armée à combattre un ennemi sur notre territoire, aux côtés des forces de l’ordre.

Et pourtant, un service national opérationnel, obligatoire pour tous au sein d’une classe d’âge, aurait de multiples avantages qui dépassent largement toutes les difficultés soulevées.

L’ancien premier ministre Édouard Philippe a lancé un pavé dans la mare il y a peu en indiquant que l’idée d’un service militaire était une possibilité à étudier à condition qu’il ait un intérêt sur le plan militaire. D’autres soulèvent les questions de coûts pour répondre aux besoins d’infrastructure, d’encadrement et d’équipement que nécessiterait la remise en route d’un tel service. D’autres des questions de faisabilité pratique face à l’ampleur d’une classe d’âge : près de 800.000 jeunes, garçons et filles, à encadrer. Les derniers, enfin, craignent qu’on arme ceux-là mêmes que l’on pourrait avoir à combattre demain. Il est certain que si on commence par additionner les difficultés, il vaut mieux ne rien faire.

Et pourtant, un service national opérationnel, obligatoire pour tous au sein d’une classe d’âge, aurait de multiples avantages qui dépassent largement toutes les difficultés soulevées. Ici, tous les mots ont leur importance : service pour gratuité et sens ; national pour action collective répartie dans les services régaliens de l’État ; opérationnel pour efficacité immédiate et dans la durée, au minimum 6 mois ; obligatoire pour garçons et filles.

Le bon sens populaire appelle de ses vœux le « retour du service militaire », même s’il n’en voit pas forcément l’intérêt opérationnel. À l’inverse, l’institution militaire, et la plupart des décideurs politiques ou chercheurs et analystes, y sont généralement opposés pour les raisons évoquées plus haut. Pour éviter de penser autrement, ils rappellent avec force comme unique argument que la vocation d’un service militaire n’est pas de faire de la cohésion sociale. Il convient pourtant d’admettre que cela reste une vertu secondaire importante qui participe de la résilience de la nation ; les exemples d’Ukraine et d’Israël nous le montrent.

Il reste à imaginer comment utiliser cette force humaine que constituerait un contingent de près de 400.000 jeunes de 18 à 25 ans, dont la composante militaire ne serait qu’une branche. Ma suggestion est de commencer par une sélection précise et approfondie sur tous les plans, physique, scolaire, sécuritaire, social, afin de déterminer les aptitudes et restrictions, notamment au service des armes, pour définir l’affectation qui sera proposée au jeune.

La répartition de cette demi-classe d’âge doit correspondre à des besoins opérationnels au regard des menaces à venir ou potentielles et des missions régaliennes ou d’urgence de l’État. Il est donc proposé de répartir le contingent dans les armées (100.000) pour répondre à leurs besoins, notamment pour la défense opérationnelle du territoire ; dans les forces de sécurité, police, gendarmerie et douanes (100.000), pour renforcer leur présence au quotidien ; dans les corps non armés (100.000) tels que les Pompiers, les Eaux et Forêts, gardes côtes et gardes de Parcs naturels, pour reprendre pied sur l’ensemble du territoire ; dans les services de proximité, enfin, en mairie, dans les services dédiés aux personnes âgées et dans les services sociaux publics ou musées, afin de combler les déficits que nous connaissons et de tenir compte des inaptitudes, tout en permettant à chacun de se mettre au service d’une cause nationale.

À l’issue de son service, le contingent serait automatiquement affecté dans la Garde nationale pour une durée active de 5 ans, afin de servir comme réserviste rappelable 2 semaines par an quel que soit son emploi. Ainsi, outre la mission opérationnelle immédiate remplie par le service national obligatoire, celui-ci nourrira la réserve opérationnelle nécessaire à la mobilisation de la nation en cas d’attaque et fournira ainsi le réservoir indispensable pour tenir dans la durée en cas de conflit et d’assurer la continuité des services de l’État.

Ni la Gendarmerie, ni l’armée n’ont le volume suffisant pour assurer cette mission. Il faut donc créer à nouveau des unités dédiées, afin de laisser à l’armée d’active sa capacité d’action en cas de conflit de haute intensité.

La défense opérationnelle du territoire (DOT) vise à tenir notre pays, préventivement ou en réaction à un ennemi dévoilé, en disposant de forces militaires connaissant le terrain. En le sillonnant régulièrement, elles sont susceptibles d’agir de manière décentralisée en cas de morcellement de notre pays ou de dysfonctionnement de l’État.

Or, ni la Gendarmerie, ni l’armée n’ont le volume suffisant pour assurer cette mission. Il faut donc créer à nouveau des unités dédiées, afin de laisser à l’armée d’active sa capacité d’action en cas de conflit de haute intensité. C’est là que prend toute la valeur opérationnelle du service militaire, au sein d’un service national obligatoire.

Un régiment par département serait placé sous le commandement opérationnel des zones de défense dont la DOT est une des missions principales. Les unités élémentaires doivent disposer de casernements répartis sur le département avec une autonomie d’action leur permettant d’agir de façon autonome et isolée, tout en étant coordonnées par leur colonel au niveau du département. Ce quadrillage de l’ensemble du territoire sera la force préventive qui débusquera l’adversaire quel qu’il soit, trafics, réseaux, zones refuge, qui pourront être traités par les forces de l’ordre dont cela reste la mission ou des forces d’intervention d’active en cas d’agression caractérisée. Cela permettra, en cas de déclenchement d’un conflit sur notre sol, de maintenir la résilience de la nation et des services déconcentrés de l’État.

Revenir sur les idées reçues, préparer sans tabou la guerre de demain qui sera sur notre sol en faisant en sorte que l’ensemble des forces de résilience de la nation soient non pas armées par un petit nombre mais par la nation entière. Nous aurons ainsi les moyens de tenir dans la durée et en autonomie, tout en renforçant la cohésion de notre nation par la participation de tous.

Pour cela, une grande politique de réarmement moral, militaire et civique doit être entreprise. Nos anciens ont su le faire pour relever notre pays au lendemain de la Seconde guerre mondiale, nous pouvons le faire, c’est une question de choix politique. C’est surtout une urgence !

Le RAID UNOR Anjou, 24 heures d’immersion d’étudiants aux côtés de la Garde Nationale

Le RAID UNOR Anjou, 24 heures d’immersion d’étudiants aux côtés de la Garde Nationale

 

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 2 novembre 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


J’ai eu l’occasion de signaler le raid UNOR ANJOU, des 28 et 29 octobre, raid ouvert aux étudiants des grandes écoles et universités (lire mon post ici).  Malgré la météo adverse, des étudiants des établissements d’enseignements supérieurs, des réservistes de l’Ecole du Génie, du CDEC, de l’UNOR Anjou, de l’AOR 85 et quelques participants individuels, se sont rencontrés pour le 10e RAID UNOR Anjou (photos Igor Flaud).

Cette activité était organisée dans le cadre des Journées Nationales des Réserves. 

Le lieutenant-colonel (R) Ludovic, directeur de l’exercice, s’est félicité du succès de ce raid qui en est à sa 10e édition : “Lorsque j’ai créé le 1er RAID en 2013, qui partait aussi d’Angers, il s’agissait surtout de maintenir en condition opérationnelle des réservistes peu employés et de conserver leur motivation et savoir-faire. Depuis les attentats de 2015, nous avons vu de plus en plus de jeunes participer à cette activité de découverte. Cette année est inversement proportionnelle, à la première édition, nous comptons 10% de réservistes et 90% de civils principalement étudiants.” 

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Le RAID en chiffre :
– 11 écoles du supérieur et universités.
– 40% de filles.
– 500 h de préparation
– 24h d’épreuves.
– 17 km parcouru entre Angers et Brain-sur-l’Authion, de jour et de nuit.
– 10 épreuves : tir de précision, parcours d’obstacles naturels, parcours de confiance, parcours de combat survie et secourisme, lancé de grenades inertes, orientation d’artillerie, renseignement, camouflage, tactique militaire et communication.
– Durant 24h sous la pluie. 1 nuit dehors pour les commandos. 1 nuit en intérieur pour la catégorie Découverte.
– 16 000 euros de budget

Général Gaspari : “la Garde nationale doit relever l’objectif du doublement de la réserve”

Général Gaspari : “la Garde nationale doit relever l’objectif du doublement de la réserve”


Le général Louis-Mathieu Gaspari a ouvert ces rencontres (Photo GN)

 

À la tête de la Garde nationale depuis le mois d’août et du conseil supérieur de la réserve militaire (CSRM), le général de division Louis Mathieu Gaspari livre sa première interview depuis sa prise de fonctions. L’officier de Gendarmerie qui a succédé à une générale de l’Armée de l’air et de l’espace, fait le point sur les enjeux de ce grand service du ministère des Armées et du ministère de l’Intérieur, chargé des rayonnement et de la montée en puissance des réserves militaires des armées, de la Gendarmerie et de la Police nationale. À terme, la Garde nationale devrait rassembler 180000 hommes.

 

LVDG : la Garde nationale a été créée en 2016 à la suite des attentats. Où en est-elle aujourd’hui? A-t-elle atteint ses objectifs ? À combien estimez-vous le nombre de réservistes opérationnels actuellement dans les Armées et la Gendarmerie?

Général Louis-Mathieu Gaspari : vous avez raison de rappeler que la Garde nationale a été créée en 2016 pour répondre au désir d’engagement de la jeunesse qui souhaitait se rendre utile pour son pays après la vague d’attentats terroristes de 2015 et 2016.

6 ans après sa création, la Garde nationale compte 77 000 réservistes appartenant au ministère des Armées et au ministère de l’Intérieur. 7 000 d’entre eux sont employés quotidiennement sur le territoire national, en métropole ou en outremer, pour renforcer la sécurité de nos concitoyens et assurer la protection de notre territoire. 

Par ailleurs, près de 30% des réservistes de la Garde nationale sont des jeunes de moins de 30 ans. 1 sur 2 est un actif et le taux de féminisation dépasse les 20%.

Il me semble important d’indiquer à vos lecteurs que près de 40% de ces réservistes sont des Gendarmes. 

Un constat d’évidence s’impose : la Garde nationale est en constante évolution.

D’une part, sa visibilité et sa notoriété augmentent chaque jour, sous l’effet de la politique partenariale conduite auprès des entreprises, mais aussi des établissements d’enseignement supérieur ainsi que des collectivités territoriales. Elle se traduit très concrètement par la signature de conventions de partenariat qui facilitent l’employabilité des réservistes au service des forces armées, de la Gendarmerie nationale et de la Police nationale. 

J’observe d’autre part, avec beaucoup de satisfaction, que la Garde nationale est régulièrement engagée pour faire face à l’enchaînement ininterrompu de crises que notre pays traverse depuis 2015. J’évoquais tout à l’heure les attentats terroristes. Je fais également référence à la tempête Irma qui a dévasté Saint-Martin en 2017, mais aussi à la crise sociale des Gilets Jaunes en 2018, à la crise sanitaire de la COVID – 19 en 2020 et plus récemment aux crises climatiques et environnementales (épisodes caniculaires et feux de forêt). A chaque fois, la réserve opérationnelle a pris toute sa part dans la gestion de ces crises.

Compte tenu de ces éléments, la Garde nationale est aujourd’hui indispensable pour faire face à toutes ces crises qui présentent la caractéristique de ne plus seulement s’enchaîner mais de superposer les unes aux autres. La Garde nationale s’affirme donc comme un outil de résilience qui renforce indéniablement, par ses actions, la cohésion nationale et contribue au rehaussement des forces morales de la Nation.

Votre première question me permet enfin de saluer et de remercier les 77 000 réservistes qui composent la Garde nationale, de leur engagement que je sais total et résolu au service de notre pays.

LVDG : vous êtes secrétaire général de la Garde nationale depuis le 1er août, quels sont les enjeux pour la Garde nationale ?

Général Louis-Mathieu Gaspari : l’enjeu principal pour la Garde nationale est de relever le défi du doublement de la réserve, fixé par le président de la République dans son discours aux armées le 13 juillet.

Cette montée en puissance concerne aussi la Gendarmerie nationale et la Police nationale. En effet, les réserves opérationnelles des deux forces de sécurité intérieure doivent passer respectivement à 50 000 et à 30 000 réservistes comme Emmanuel Macron l’a annoncé lors de la clôture du Beauvau de la sécurité à Roubaix le 14 septembre 2021. 

A terme, la Garde nationale devrait donc compter près de 180 000 réservistes opérationnels. Cet objectif ne pourra être atteint que si l’on transforme la Garde nationale, qui arrive déjà en 2022 à la fin d’un premier cycle. Il s’agit en quelque sorte de construire une “Garde nationale 2.0” pour être au rendez-vous de l’objectif assigné par le président de la République.

Telle est mon ambition pour la Garde nationale. J’y consacre toute mon énergie avec l’ensemble du secrétariat général que j’ai la chance et l’honneur de diriger depuis le 1er août 2022.

LVDG : vous êtes également secrétaire général du Conseil supérieur de la réserve militaire, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette entité ?

Général Louis-Mathieu Gaspari : le code de la défense dispose que le Conseil supérieur de la réserve militaire (CSRM) est le lieu de consultation et d’échange sur toute question d’ordre général relative à la réserve militaire et au statut des réservistes. Plus précisément, le CSRM, présidé par le ministre des Armées, participe à la réflexion sur le rôle des réserves militaires au service de la défense et de la sécurité nationales et contribue à la promotion de l’esprit de défense et au développement du lien entre la nation et ses forces armées.

Comme vous l’avez rappelé, le secrétaire général de la Garde nationale est également secrétaire général du CSRM.

Le CSRM se réunit au moins une fois par an et émet des avis ou des recommandations sur toutes les questions inscrites à l’ordre du jour de ses réunions. 

Pour prendre une image que vos lecteurs comprendront aisément, le CSRM est un peu le Conseil de la fonction militaire de la Gendarmerie (CFMG) des réservistes.

LVDG : quel est le but des Journées nationales du réserviste ?

Général Louis-Mathieu Gaspari : les Journées nationales du réserviste (JNR) ont pour but de valoriser et de mieux faire connaître l’engagement au sein de la réserve. Les JNR sont en quelque sorte la fête des réservistes qui sont mis à l’honneur partout en France pendant un mois ! Les réservistes sont des citoyens qui ont décidé de donner de leur temps pour servir leur pays en complément de leurs études ou de leur vie professionnelle. Un tel engagement mérite toute notre reconnaissance !

Cette année, le thème des JNR était “Réservistes au cœur des territoires”.

L’édition 2022 des JNR a été lancée par les Rencontres de la Garde nationale qui se sont déroulées à la Cité internationale universitaire de Paris (CIUP) le 14 octobre dernier.

Sur le même sujet : Le thème “réservistes au cœur des territoires”au cœur des Rencontres de la Garde nationale

Entre le 15 octobre et le 15 novembre 2022, ce sont près de 200 événements qui ont été organisés sur tout le territoire métropolitain et ultramarin, en liaison avec l’Éducation nationale, les entreprises, les collectivités territoriales qui emploient des réservistes, ainsi que les associations de réservistes. Ils ont pris la forme, par exemple, de conférences, de stands de présentation de la Garde nationale, de rallyes citoyens, de démonstrations de savoir-faire et de compétences détenus par des réservistes ! Souvent, des entreprises du secteur privé demandent à leurs salariés-réservistes de présenter leur démarche d’engagement et leurs missions à leurs collègues. Ces activités remportent, à chaque fois, un grand succès et suscitent de plus en plus de vocations.

Les JNR ont été clôturées, le 15 novembre, par une cérémonie de ravivage de la Flamme sous l’Arc de Triomphe.

À l’occasion de plusieurs déplacements dans les territoires, j’ai pu mesurer que l’engagement au sein de la réserve suscitait toujours beaucoup d’engouement et d’admiration. J’ai pu constater que la Jeunesse manifestait toujours sa volonté de donner de son temps et d’être utile à son pays. Elle sait que la Garde nationale est une réponse à son désir d’engagement ! 

LVDG : les entreprises favorisent-elles davantage les activités de leurs réservistes? Où y a-t-il encore du travail de sensibilisation à effectuer ?

Général Louis-Mathieu Gaspari : il est encore parfois difficile pour les réservistes de s’absenter de leur emploi civil au profit de leur emploi militaire, et ce avec le regard bienveillant de leur employeur. Faciliter cette démarche nécessite un travail de terrain constant destiné à faciliter l’employabilité des réservistes. Le Secrétariat général de la Garde nationale (SGGN) s’y emploie chaque jour, c’est même l’une de ses missions principales.

Aujourd’hui, plus de 900 conventions de partenariat ont été signées. Elles définissent le nombre de jours accordés par l’employeur civil pour du temps de réserve, décident du maintien de tout ou partie du salaire du réserviste pendant ses périodes de réserve et fixent le délai de préavis. Certains employeurs accordent, chaque année, jusqu’à 30 jours, voire plus, à leurs salariés-réservistes pour rejoindre leurs unités, bases ou régiments du ministère des Armées ou les forces de sécurité intérieure. En contrepartie, ils bénéficient du label “Partenaire de la défense” et d’exonération fiscale.

L’objectif est de créer un cercle vertueux “armées-employeurs-réservistes” dans lequel chacun se retrouve gagnant tout en contribuant significativement à l’esprit de défense du pays, socle indispensable à une cohésion nationale renforcée. 

PARIS : Journées nationales des réservistes 2022, 14 et 15 octobre

PARIS : Journées nationales des réservistes 2022, 14 et 15 octobre

 


Placées sous le thème « Réservistes au cœur des territoires », l’édition 2022 des journées nationales des réservistes (JNR) se tiendra du 14 octobre au 15 novembre 2022 et se déploiera autour de trois étapes.

Les Rencontres de la Garde nationale

Les JNR seront lancées par les Rencontres de la Garde nationale (RGN) qui se dérouleront, le 14 octobre (9h15 – 16h), à la Cité internationale universitaire de Paris (CIUP – 17, boulevard Jourdan dans le 14e arrondissement), lieu symbolique permettant à la garde nationale d’aller notamment à la rencontre de la jeunesse qui constitue sa cible prioritaire en terme d’engagement.
Au moment où le président de la République a affiché une nouvelle ambition pour la réserve et la jeunesse dans son discours aux Armées le 13 juillet dernier, les RGN seront une journée de synthèse et de réflexion qui prendra la forme d’un colloque interactif construit en partenariat avec les Jeunes IHEDN. Comprenant 3 tables rondes, cet événement portera un regard, à la fois concret et prospectif, sur l’engagement des réservistes au sein des territoires. Il permettra notamment d’expliquer en quoi les réservistes sont des acteurs de la résilience et de la cohésion nationale et en quoi ils contribuent à accroître les forces morales de la Nation.
Des hautes personnalités (élus, chercheurs, professeurs des universités, chefs d’entreprise et leurs réservistes, experts militaires français et étrangers) viendront définir la notion de territoire et partager leurs expériences tout en contribuant aux réflexions relatives à la résilience et à la cohésion nationale. Environ 300 personnes prendront place dans l’Espace Adenauer de la CIUP. Les RGN seront animées par M. Frédéric de Lanouvelle.

Programme :

8h45 : Accueil des invités
9h15 : Ouverture des Rencontres de la garde nationale
9h40 : Table ronde n° 1 « Approche plurielle des territoires »
Pourquoi les territoires sont-ils devenus un objet de préoccupation pour les pouvoirs publics ? A travers une approche historique, géographique, démographique, sociologique et politique, les intervenants présenteront la réalité des territoires, au sein desquels les réservistes de la Garde nationale inscrivent aujourd’hui leur action.
11h : Table ronde n° 2 « Réservistes, acteurs de la résilience et de la cohésion nationale »
Des réservistes de la Garde nationale témoigneront de leur engagement concret lors de crises récentes. En quoi ces réservistes sont-ils des acteurs de la résilience et de la cohésion nationale ? En quoi permettent-ils d’accroître les forces morales de notre pays ?
12h15 : Cocktail déjeunatoire.
13h45 : Keynote « Menaces et enjeux pour les territoires »
Cette intervention analysera les risques potentiels auxquels les territoires seront exposés demain.
14h : Table ronde n°3 « Regards croisés sur des modèles étrangers de réserves » Des experts français et internationaux présenteront plusieurs modèles de réserves existant à l’étranger.
15h – 16h : Clôture des Rencontres de la garde nationale

Les territoires mobilisés à l’occasion des JNR

De très nombreux événements seront organisés, entre le 15 octobre et le 15 novembre, partout en France par les 10 composantes de la garde nationale (les armées, directions et services du ministère des armées et les forces de sécurité intérieure relevant du ministère de l’intérieur) afin de valoriser et de mieux faire connaître l’engagement au sein de la réserve. Ces activités seront organisées en liaison avec l’éducation nationale, les entreprises et les collectivités territoriales qui emploient des réservistes, ainsi que les associations de réservistes.

Retrouvez tous les événements planifiés sur https://garde-nationale.gouv.fr/les-evenements-jnr2022-sur-le-territoire-national

Le ravivage de la Flamme du Soldat inconnu

Les JNR seront clôturées par une cérémonie de ravivage de la Flamme sous l’Arc de Triomphe le 15 novembre à 18H30.

La Garde nationale

Créée en 2016 pour répondre au désir d’engagement de la Jeunesse à la suite des attentats terroristes de 2016 et placée sous la double tutelle du ministre des Armées et du ministre de l’Intérieur, la Garde nationale rassemble près de 77 000 réservistes opérationnels des Armées, directions et services, de la Gendarmerie nationale et de la Police nationale. 7 000 femmes et hommes sont employés au quotidien sur le terrain et participent activement à la sécurité de la population et de la protection des territoires.

La Garde nationale répond à trois objectifs :

Renforcer l’efficacité de l’action des forces armées ;
Faciliter l’élan d’engagement volontaire des citoyens, celui de la jeunesse en particulier ;
Développer l’esprit de résilience et renforcer la cohésion nationale.

Expérimentation – Vers une réserve de l’armée de Terre plus active ? (+ MAJ)

Expérimentation – Vers une réserve de l’armée de Terre plus active ? (+ MAJ)

Mars attaque – paru le 12 févrieer 2021

http://mars-attaque.blogspot.com/2021/02/reserves-armee-de-terre-vision-strategique-defense-operationelle-territoire-reservistes-territoire-national.html

Faut-il des batteries d’artillerie, des escadrons de transport logistiques, des escadrons de reconnaissance et d’investigation armés par des réservistes ?“, s’interrogeait le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), le général Thierry Burkhard, lors d’une audition parlementaire en juin 2020. “Il faut prendre le temps de la réflexion avec le ministère et avec vous“, ajoutait-il ensuite. Si une réponse définitive ne semble pas avoir encore été apportée à la question, des expérimentations sont menées pour éclairer les choix.

Amener la réserve “à maturité“, pour disposer d’ “une masse de réserve”

Dans la Vision stratégique “Supériorité opérationnelle 2030” de l’armée de Terre dévoilée fin 2020, il est indiqué que : “L’armée de Terre doit disposer d’une réserve opérationnelle massive et engagée, sur laquelle repose davantage la contribution terrestre aux missions de protection du territoire national“. Un peu plus loin, parmi les 12 projets principaux dévoilés dans le document d’orientation, le n°2 (dans la catégorie “Des hommes à la hauteur des chocs futurs“), précise les axes de l’ambition opérationnelle pour la réserve (“qui nécessite une rénovation profonde“) :
  • Une masse de manœuvre plus nombreuse, plus autonome, mieux territorialisée ;
  • Une offre d’engagement mieux adaptée à la variété des modes de vie (urbains/ruraux, étudiants/vie active, mobilité géographique) ;
  • Une ambition haute : être apte à couvrir si nécessaire le contrat opérationnel “territoire national” et à s’engager à terme au-delà de la fonction protection“.

Dans des auditions parlementaires qui suivirent la publication (notamment en juin 2020), le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Thierry Burkhard, a précisé l’état de la réflexion sur le sujet du rôle envisageable pour les réserves : “soit la maintenir dans des missions de sécurisation du territoire, soit lui demander de faire quelque chose du type de la défense opérationnelle du territoire – ce qui nécessiterait de la former à d’autres missions, comme se battre contre un ennemi infiltré, des parachutistes, par exemple, ou défendre des points sensibles – soit être intégrée pour partie dans la relève des unités engagées dans un combat de haute intensité. […] Mais si des unités de réservistes devaient être engagées en opération en haute intensité, il faudrait les former et les équiper comme des soldats d’active, ce qui devrait être pris en compte dans la Loi de Programmation Militaire (LPM) suivante. Pour l’heure, la LPM actuelle ne le prévoit pas“. Ayant rappelé en préambule que : “Faute de moyens suffisants, il convient d’agir successivement. L’objectif à court terme est la remontée en puissance de l’armée d’active et c’est là-dessus que je fais porter mon effort. Dans cet intervalle, le meilleur appui que puisse m’apporter la réserve, c’est de continuer à fonctionner durant deux à trois ans en remplissant avec l’armée d’active les mêmes missions qu’aujourd’hui. Ce délai permettra de réfléchir au rôle qu’elle sera amenée à jouer dans un conflit de haute intensité“.

 

Il précisait ensuite dans une autre enceinte : “Nous ferons des propositions. Nous pouvons ne rien changer, avec une réserve maintenue dans un rôle de protection, et une formation militaire assez basique. Au contraire, nous pouvons souhaiter qu’elle s’engage plus avant. Nous reviendrions alors à des missions comparables à celles de la Défense opérationnelle du territoire (DOT), avec des régiments plus équipés et mieux entrainés. Enfin, nous pouvons envisager que dans la haute intensité, la réserve, au moins en partie, soit un complément à l’armée d’active. Cela impliquerait un effort budgétaire particulier dans la future LPM. La création d’une éventuelle batterie d’artillerie de réservistes exigerait par exemple des canons, des obus pour s’entraîner, et des formations spécifiques“. Une réflexion qui s’appuiera sur des expérimentations actuellement menées, qui permettent de tirer des enseignements, peser les avantages, les opportunités, les contraintes et les coûts.

 

Parallèlement, le document conceptuel Action terrestre future (ATF) retenait “la masse” parmi les 8 facteurs de supériorité opérationnelle (FSO) du combat aéroterrestre : “Au-delà du seul rapport de force, la masse se comprend comme la capacité à générer et entretenir les volumes de forces suffisants pour produire des effets de décision stratégique dans la durée, prenant en compte les impératifs dictés par le cadre espace/temps spécifique à chaque opération“. 

Explorer la voie de blinder la réserve

L’expérimentation actuelle menée par le 6ème escadron du 501ème régiment de chars de combat (RCC) de Mourmelon-le-Grand (rattaché à la 2ème brigade blindé (BB) d’Illkirch), avec la mise sur pied depuis l’année dernière d’une patrouille sur blindés légers de type VBL, est à ce titre particulièrement illustratif. Unité d’intervention de réserve (UIR) des “As de Champagne“, l’escadron (ex 5ème escadron depuis sa recréation en 1997 et jusqu’à la réorganisation des régiments dotés de chars Leclerc et l’ajout d’un escadron supplémentaire de reconnaissance) poursuit en 2021 l’expérimentation : après la patrouille aujourd’hui formée, il devrait être formé un peloton de recherche et d’investigation (PRI) pour fin 2021, avant la bascule en 2022 en escadron de recherche et d’investigation de réserve.

 

 

L’escadron de réserve du 501ème RCC reprend les traditions du 21ème bataillon de chars de combat (BCC). Son insigne intègre la Croix de Lorraine argentée rappelant les origines de son régiment de base (le 507e régiment de chars de combat, ayant tenu garnison à Montigny-lès-Metz), couvrant le heaume et les canons croisés de l’arme de la Cavalerie, et surmontant la devise de ce bataillon “Je passe”, avec un écu de 3 chiffres 7 (anagramme pour 21).

L’escadron est constitué à ce jour de trois pelotons de combat (la patrouille formée étant au sein du 1er peloton), d’un peloton d’instruction et d’un peloton de commandement et de logistique, avec environ 180 réservistes sous contrat (avec une forte montée en puissance (puisque comptant environ 130 réservistes fin 2019). Depuis 2020, au sein de son 1er peloton, est donc lancée une expérimentation de patrouille sur VBL. Pour cela, plusieurs formations collectives et individuelles ont eu lieu, comme des formations d’adaptation complémentaire qualifiante (FACQ) pour les adjoints de patrouille (brigadiers ou brigadiers chefs), avec des camarades d’active en juillet 2020. Ainsi que des exercices en terrain libre ou des exercices lors de rotations d’unités d’active au Centre d’entrainement au combat (CENTAC) à Mailly-le-Camp. Suite à cette première étape, jugée concluante, la décision a été prise de transformer progressivement cet escadron blindé de réserve (EBR) en escadron porté pour constituer un escadron de recherche et d’investigation de réserve, apte à mettre en œuvre des modes d’action et employer des matériels jusque-là réservés à des unités d’active.

Les défis à relever et les points à explorer sont nombreux en termes de formations et de qualifications individuelles ou collectives (pilote, tireur, maintenancier…), de rétention des réservistes et évitement d’une trop forte déperdition, intégration de militaires d’active (ayant l’avantage d’être déjà en partie formés) en fin de contrat (et donc l’éventuel lien avec la réserve opérationnelle de second niveau (RO2), composée des ex-militaires d’active, soumis à l’obligation de disponibilité pendant les 5 années suivant leur départ de l’armée de Terre), poursuite des autres activités (renforts de service au régiment, opérations Sentinelle ou Cuirasse, etc.) en parallèle de la montée en compétences, disponibilité des véhicules et équipements en nombre suffisant, gestion des priorités active/réserve, gestion des délai, alertes et réactivité, etc. Une bascule pour le moment relativement inédite au sein de l’armée de Terre, allant de pair avec une montée en compétences des ressources internes de l’escadron (moniteurs / instructeurs qualifiés) pour gagner en autonomie. Mais une bascule qui, si elle se révélait pertinente, pourrait en amener d’autres, par exemple, au niveau des batteries de réserve des régiments d’artillerie pour le service de pièces de mortiers, des compagnies de réserve des régiments d’infanterie pour du combat embarqué sous blindage, etc.

 

 

Combinaison de tankiste et béret noir à larges bords de tradition pour les chefs de corps montant et descendant du 501ème RCC. Porté depuis 1917, le béret noir n’est officiellement reconnu qu’en août 1919. Le général Estienne, premier directeur de “l’artillerie spéciale” (puis de “l’artillerie d’assaut” et enfin de “la cavalerie blindée”), voulait reconnaitre l’artilleur spécial ou le tankiste au premier coup d’œil, et dota ses équipages de bérets noirs brochés de la bombarde (“la puissance de l’artillerie avec la rapidité de la cavalerie”). 

MAJ : Du côté du 3ème régiment d’artillerie de Marine (RAMa) de Canjuers, la 5ème batterie de réserve monte également en gamme depuis l’année dernière, avec des périodes de service des pièces de mortiers de 120 mm Rayé Tracté.

 

 

Vers une DOT 2dot0 ?

Le cadre d’emploi possible et probable est un champ encore largement ouvert. Il sera, par exemple, apte à participer, notamment, à la Défense Opérationnelle du Territoire (DOT), conception datant de 1962. Selon le code de la défense (version du 16 novembre 2020), “La DOT, en liaison avec les autres formes de la défense militaire et avec la défense civile, concourt au maintien de la liberté et de la continuité d’action du Gouvernement, ainsi qu’à la sauvegarde des organes essentiels à la défense de la nation. Les autorités militaires auxquelles incombe son exécution ont pour mission :

  1. En tout temps, de participer à la protection des installations militaires et, en priorité, de celles de la force nucléaire stratégique ;
  2. En présence d’une menace extérieure reconnue par le conseil de défense et de sécurité nationale ou d’une agression […], d’assurer au sol la couverture générale du territoire national et de s’opposer aux actions ennemies à l’intérieur de ce territoire ;
  3. En cas d’invasion, de mener les opérations de résistance militaire qui, avec les autres formes de lutte, marquent la volonté nationale de refuser la loi de l’ennemi et de l’éliminer“.

Il s’agira de juger de la pertinence de faire de la réserve opérationnelle un apport d’Ultima ratio de la Nation en assurant la défense militaire du territoire, contribution différente en ambition du niveau d’emploi moyen actuel de 1.000 réservistes par jour participant aux opérations Sentinelle (protection du territoire), Cuirasse (protection des emprises militaires) et Résilience (crise sanitaire du Covid-19). Un emploi aujourd’hui en défense civile, c’est-à-dire un engagement sur la base d’une réquisition émise par l’autorité civile pour intervenir en appui des forces de sécurité intérieure ou des forces de sécurité civile. Une contribution majoritairement à des missions de protection, notamment dans la posture interarmées dite de posture de protection terrestre (PPT) qui recouvre l’ensemble des dispositions permanentes ou conjoncturelles prises par les armées dans le cadre de la fonction stratégique “protection” pour le milieu terrestre, et qui permet notamment de réagir en cas de crise majeure sur le territoire national (TN), en métropole et outre-mer. La participation des réservistes opérationnels représente à ce jour en moyenne 10% de l’engagement TN de l’armée de Terre (jusqu’à 20% en période estivale), engagement s’inscrivant dans la durée, avec des exigences fortes en termes de préparation opérationnelle. Les réflexions menées à ce jour consisteraient à dépasser la recherche d’une simple hausse des effectifs, en bâtissant une force de réserve plus agile, pouvant aller jusqu’à être capable d’un engagement opérationnel massif sur court préavis. A ce titre, le volet “réserves” de l’exercice Orion de niveau division prévu en 2023 (cf. article précédent à ce sujet) sera également un révélateur du niveau d’ambition.

 

Un axe majeur pour le commandement Terre pour le Territoire National (COMTN), créé officiellement en octobre 2017, l’un des 12 commandements divisionnaires du modèle d’armée de Terre “Au contact“. Ce récent état-major a pour ambition d’incarner “le rééquilibrage stratégique de l’armée de Terre” au profit de la protection du territoire national décidé notamment par les précédents chef d’état-major des armées et chef d’état-major de l’armée de Terre, notamment au travers de la posture de protection terrestre (PPT) : “de la défense de l’avant à la protection des Français sur le territoire national“. Le COMTN œuvrant à ce que l’armée de Terre soit “organisée, acculturée et préparée à un engagement sur le TN“, en se dotant d’une capacité d’anticipation et de transformation pour répondre au mieux aux exigences d’une crise majeure affectant la métropole comme les Outre-mer. Le COMTN est ainsi le réfèrent pour la réserve opérationnelle de l’armée de Terre (le Délégué aux réserves de l’armée de Terre, étant l’adjoint du COMTN), et participe à l’évolution de la réserve. Et pas uniquement en volume, même si des résultats ont été obtenus au cours des dernières années. Au 31 décembre 2019, 41.047 personnes avaient intégré la réserve opérationnelle de premier niveau, contre environ 26.000 en 2016, dont 24.885 pour l’armée de Terre (avec environ 41,6 jours/hommes réalisés). Ils étaient, fin 2018, 22.728 réservistes au sein de l’armée de Terre (et 38.529 au total), selon les Chiffres clés de la Défense. En parallèle, le budget des réserves (interarmées et interservices) est passé de 70 millions d’€ en 2016 à 170 millions d’€ en 2020.

Équilibre intervention / spécialisation

Dans le cadre du projet Réserve 2019 qui, en 2017, rénovait l’emploi des réservistes pour répondre aux besoins des armées face aux enjeux sécuritaires (et qui pourrait mériter d’être mis à jour avec les réflexions en cours), un des axes d’efforts portait sur les Unités Spécialisées de Réserve (USR), réparties notamment dans les régiments de Génie, du Train ou dans d’autres unités aux compétences particulières (par exemple : lutte nucléaire, radiologique, biologique ou chimique (NRBC), transit maritime, ou maintenance). A leur niveau, ces USR partagent des missions similaires à celles des unités d’active au sein de leur régiment d’appartenance, par exemple : travaux de chantier ou franchissement pour les USR des régiments du Génie, circulation ou transport routier pour les USR des régiments du Train, etc. A ce jour, l’armée de Terre en compte 16.

 

Ainsi, la 25ème compagnie de franchissement de réserve (CFR) du 6ème régiment du génie (RG) d’Angers, constitué d’une centaine de personnels, maitrise la mise en œuvre du pont flottant motorisé (PFM). Elle doit aussi être capable d’intervenir au profit de la population (dispositif Orsec) en cas de catastrophe naturelle ou d’inondation majeure (plan Neptune). Pour monter en compétences, elle renforcera la 23ème compagnie d’appui amphibie et de franchissement (CAAF) du 6ème RG pour des exercices interalliés en Belgique ou en Italie. Au sein du 19ème régiment du génie (RG) de Besançon, régiment d’appui de la 1ère division pour l’appui Génie au combat et l’appui au déploiement, la 53ème compagnie spécialisée de réserve, forte de 150 réservistes, est l’une des deux compagnies de réserve du régiment (en plus d’une UIR plus classique). En plus de l’entraînement et du développement des compétences militaires de base, elle est l’unique compagnie de réserve spécialisée dans les travaux de création/rénovation de routes civiles et militaires, création/rénovation de bâtiments, d’ouvrages et d’infrastructures (postes de combat, FOBs…), création/rénovation de voies ferrées, etc. Pour cela, elle est composée de 5 sections ayant chacune leurs spécificités : 1 section commandement, 1 section Route, 1 section ADL (Aide au Déploiement Lourd), 1 section VF (Voie Ferrée), 1 section Ouvrage, et 1 section Instruction (notamment pour les qualifications sur les engins bien particuliers). Les questions logistiques s’étant relevées prégnantes dans l’opération Résilience, l’apport de escadrons de circulation et d’escorte de réserve (ECE-Rés) de régiments du Train, comme au 503ème régiment du Train (RT) de Nimes ou 511ème RT d’Auxonne, sont également des sujets d’intérêts dès lors qu’ils sont convenablement dotés en véhicules (camions / moyens de chargement-déchargement, notamment).

Comme les autres unités de réserve, ces unités au format ProTerre ont pour vocation d’intervenir en cas de crise ou de catastrophe naturelle survenant sur le territoire national. Elles sont en mesure de remplir des missions d’aide à la population, d’appui à la sécurité générale et de protection de points d’intérêts vitaux. Pour les 86 autres unités élémentaires d’intervention (dont 4 appartenant au 24ème régiment d’Infanterie, unique régiment de réserve de l’armée de Terre) de type Proterre, pour “PROjection pour accomplir des missions principalement de PROtection, de PROfessionnels de l’armée de TERRE“, capables de renforcer toute unité pour des missions de sécurisation d’emprise ou du territoire national, les réflexions sont donc aussi ouvertes. En les rapprochant des spécificités de leur régiment d’appartenance, ou dans le cadre d’une plus forte spécialisation (logistique, maintenance, renseignement…). Sans forcément révolutionner les procédés génériques (escorte, patrouiller…) maitrisés dans le cadre des Missions Communes à l’Armée de Terre (MICAT) misent en œuvre : Surveiller, Soutenir, Boucler une zone, Tenir et Interdire. Un avenir à écrire pour la réserve opérationnelle de l’armée de Terre, 2nde composante, en termes d’effectifs, de la Garde nationale.

En mission à Metz, un réserviste du 40e RA a été mortellement blessé par un tir accidentel

En mission à Metz, un réserviste du 40e RA a été mortellement blessé par un tir accidentel

http://www.opex360.com/2020/06/25/en-mission-a-metz-un-reserviste-du-40e-ra-a-ete-mortellement-blesse-par-un-tir-accidentel/

Décès accidentel d’un réserviste du 40 régiment d’artillerie, à Metz

Décès accidentel d’un réserviste du 40 régiment d’artillerie, à Metz

Par Philippe Chapleau – Lignes de défense – Publié le 25 juin 2020

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


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Un réserviste du 40e RA, Alexis Battu, est mort après avoir reçu une balle d’un autre militaire qui gardait comme lui le palais du gouverneur de Metz.

La piste accidentelle est privilégiée. “La piste d’un accident dû vraisemblablement à une erreur de manipulation d’une arme est privilégiée” a précisé une source policière.

L’auteur du tir, également âgé d’une vingtaine d’année, a été placé en garde à vue et la police judiciaire saisie.

Vers “l’égalité” entre réservistes et militaires d’active

Vers “l’égalité” entre réservistes et militaires d’active

Reuters

PARIS (Reuters) – La ministre des Armées s’est engagée samedi, à l’occasion du 2e anniversaire de la Garde nationale, à favoriser un régime d’égalité entre les militaires d’active et les réservistes qui, au nombre de quelque 75.000 aujourd’hui, apportent un appui de taille aux forces de sécurité en France.

Créée le 13 octobre 2016 pour renforcer la sécurité du territoire à la suite des attentats de 2015, la Garde nationale compte plus de 37.000 membres sous la houlette du ministère des Armées et un nombre équivalent dépendant du ministère de l’Intérieur.

Anciens militaires, salariés, fonctionnaires, étudiants… ils sont 7.000 engagés quotidiennement. L’objectif est de porter leur nombre à 85.000 fin 2018, dont 40.000 relevant du ministère des Armées avec la mobilisation de 9.250 volontaires par jour.

La loi de programmation militaire 2019-2025 prévoit un budget annuel en hausse pour la réserve, avec 200 millions d’euros par an (dont 153 millions d’euros pour la masse salariale hors cotisations sociales).

Elle introduit des mesures pour renforcer l’attractivité de cet “engagement au service de la Nation” (amélioration de la couverture sociale, augmentation du seuil de la durée d’activité de 30 à 60 jours, etc.) qui s’ajoutent aux primes décidées en 2017, comme l’allocation d’étude mensuelle de 100 euros par mois et la participation au financement du permis de conduire à hauteur de 1.000 euros pour les étudiants.

Nous devons aider la réserve, la pousser aussi loin que possible, la rendre toujours plus attractive, et chercher aussi à aider nos réservistes“, a déclaré Florence Parly lors des Assises de la Garde nationale, à Paris.

Un rouage du SNU ?

Le principe est simple: entre les réservistes et les militaires d’active, il faut aller vers l’égalité”, a souligné la ministre des Armées. “L’égalité dans le traitement, l’égalité dans les équipements, l’égalité dans la considération.

Non seulement nous devons vous donner les moyens de servir mais nous devons vous donner aussi les moyens et l’envie de rester“, a-t-elle dit.

La ministre a de nouveau lancé un appel aux entreprises, qui sont plus de 500 à avoir signé une convention avec le ministère des Armées, en les qualifiant d'”alliés précieux” pour la montée en puissance et la pérennité de la réserve opérationnelle.

Depuis février 2017, les entreprises qui mettent à disposition des salariés réservistes bénéficient d’une réduction d’impôts au titre du mécénat ou des dons en faveur d’œuvres et organismes.

Florence Parly et le secrétaire d’Etat aux Armées, Geneviève Darrieussecq, ont déclaré samedi que la Garde nationale serait un rouage de la mise en oeuvre du Service national universel (SNU) qui, selon certains médias, bénéficiera d’un secrétariat d’Etat dédié dans le prochain gouvernement d’Edouard Philippe.

La Garde nationale pourra être amenée à jouer un rôle dans ce dispositif d’envergure“, a précisé Geneviève Darrieussecq en clôturant les Assises.

Les ponts sont en effet évidents, et nous définirons ensemble comment la richesse des femmes et des hommes de la Garde nationale pourra se mettre au service de ce projet de société“, a dit Florence Parly.

Les réserves militaires, compléments indispensables à l’activité opérationnelle des armées

Les réserves militaires, compléments indispensables à l’activité opérationnelle des armées

Il nous apparaît utile suite à la parution en juillet 2018 du Bilan social du Ministères des Armées, de vous donner les derniers chiffres sur les réserves militaires.

La réserve militaire au sens large c’est un complément indispensable à l’activité opérationnelle des unités et un instrument privilégié d’échange et de dialogue entre la Nation et sa Défense.

La réserve comprend différents niveaux :
– la composante militaire de la garde nationale, anciennement appelée réserve opérationnelle de premier niveau, qui regroupe des personnes ayant souscrit un engagement à servir dans la réserve (ESR);
-la réserve de disponibilité, anciennement appelée réserve opérationnelle de deuxième niveau), qui comprend les anciens militaires soumis à l’obligation de disponibilité pendant 5 ans;

– la réserve citoyenne de défense et de sécurité (RCDS), qui rassemble tous les citoyens souhaitant agir bénévolement au profit du ministère des armées sans souscrire un ESR.

Créée en 2016, la garde nationale regroupe la réserve opérationnelle des armées et des formations rattachées (AFR) relevant du ministère des armées, la réserve opérationnelle de la Gendarmerie ainsi que la réserve civile de la Police, relevant du ministère de l’intérieur.

En 2017, le nombre de réservistes sous ESR poursuit la progression entamée en 2016 pour
s’établir à 66159 (+6,9 % par rapport à 2016).
Ils ont en moyenne servi 33,9 jours au cours de l’année, dont 1,8 % ont été consacrés à des opérations extérieures (OPEX).

Par ailleurs, 90560 anciens militaires sont soumis à l’obligation de disponibilité. Cette année, l’armée de terre et la marine ont mené chacune des exercices de rappels pour vérifier leur aptitude et estimer leur potentiel opérationnel.Composée quasi exclusivement d’officiers, la RCDS compte 5 064 réservistes citoyens, dont 40 % relèvent de l’armée de terre.

La composante militaire de la Garde nationale

La réserve de disponibilité

La réserve de disponibilité (ou réserve opérationnelle de deuxième niveau – RO2) est composée de tous les anciens militaires d’active soumis à une obligation de disponibilité durant les 5 années suivant leur départ des forces armées.

En cas de menace, l’appel de tout ou partie des réservistes soumis à l’obligation de disponibilité peut être décidé par décret en conseil des ministres. Ce contingent de réservistes peut être rappelé partiellement ou en totalité, pour une durée d’un mois, renouvelable, en complément des effectifs militaires de la garde nationale, dans des situations exceptionnelles, en cas de mise en œuvre du dispositif de sécurité nationale prévu par la loi du 28 juillet 2011. À ce jour, elle n’a jamais été engagée.

La réserve citoyenne de défense et de sécurité

Constituée de volontaires agréés par une autorité militaire en raison de leurs compétences, de leur expérience et de leur intérêt pour les questions de défense et de sécurité nationale, la réserve citoyenne de défense et de sécurité (RCDS) a pour mission d’entretenir l’esprit de défense et de renforcer le lien armées-Nation.

Ces réservistes sont des volontaires qui agissent en qualité de collaborateurs bénévoles du service public. Ils se voient attribuer un grade à titre honorifique, qui ne leur permet pas d’exercer un commandement. Ils ne portent pas l’uniforme, à l’exception des réservistes citoyens de la marine et de la direction générale de l’armement qui, dans des circonstances particulières fixées par arrêté, peuvent y être autorisés.

La RCDS constitue un relais capital auprès de la société civile et offre un potentiel important de rayonnement vers la population. Ces réservistes sont des ambassadeurs de la Défense et de la Gendarmerie. Ils ont choisi de servir en faisant bénéficier les forces armées de leur connaissance du tissu socio-économique. Ils peuvent être sollicités pour :

– mener des actions de communication, de relations publiques, de recrutement;
– contribuer au devoir de mémoire;
– fournir une expertise professionnelle de haut niveau, notamment dans le cadre de la cyberdéfense ;
– participer à des actions de sensibilisation et d’information sur l’intelligence économique et les questions de défense;
– aider à la reconversion des militaires, ou s’impliquer au profit des jeunes de quartiers sensibles afin de les accompagner dans une démarche de citoyenneté (réservistes locaux à la jeunesse et à la citoyenneté).

En fonction des besoins des forces armées et des formations rattachées, l’autorité militaire peut faire appel aux volontaires de la RCDS pour les affecter, avec leur accord, dans la réserve opérationnelle. Les intéressés souscrivent alors un engagement à servir dans la réserve.

Source : Bilan Social du Ministère des Armées 2017