Les moyens de franchissement de l’armée de Terre vont être modernisés
Les moyens de franchissement mis en oeuvre par les régiments du Génie de l’armée de Terre sont généralement peu connus. Le rapport annexé de la Loi de programmation militaire (LPM) 2019-25 ne les évoque pas. Et ils ne figurent pas non plus dans les « Chiffres clés de la Défense », un document qui, publié tous les ans, fait le point sur les équipements en dotation au sein des armées.
Pourtant, ces moyens sont très importants pour la bonne raison que, sans eux, une colonne de véhicules blindés ne serait pas en mesure de franchir ce que l’on appelle une « coupure » (rivière, fleuve, crevasse). Or, à plusieurs reprises, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], le général Jean-Pierre Bosser, a déploré le déficit capacitaire dans ce domaine.
« Nous manquons aussi de moyens de franchissement. À l’est, nous pouvons être engagés sur des portions de terrain où il y a une coupure humide tous les dix kilomètres. À ce jour, il ne doit rester que cinq cents mètres de ponts, qui doivent en outre être modernisés », avait prévenu le général Bosser lors d’une audition à l’Assemblée nationale, en octobre 2017.
Actuellement, le 13e Régiment du Génie dispose de « seulement » 10 Systèmes de Pose Rapide de Travure [SPRAT], conçus par les Constructions industrielles de la Méditerranée [CNIM] et livrés en 2011.
Constitué de deux véhicules (un porteur à cinq essieux et un porte-travures supplémentaires, ou PTS) le SPRAT permet de franchir des brèches de 24 m de largeur. Pour cela, et en fonction de la largeur de l’obstacle à passer, il peut déployer soit deux ponts courts MLC 100 de 14 m, soit un pont long MLC 80 de 26 mètres obtenus par l’assemblage de deux travures. « Cette possibilité d’adapter la longueur du pont aux dimensions de la coupure est unique au monde. Elle permet une économie significative de moyens », explique l’armée de Terre.
Bien que mis en service il y a 7 ans, les SPRAT vont être bientôt modernisés, la Direction générale de l’armement [DGA] ayant notifié un contrat en ce sens au groupe CNIM, le 13 juin.
Cette modernisation consistera à intégrer aux SPRAT un système de vision optronique de dernière génération développé par Bertin Technologies [filiale du groupe CNIM, ndlr] afin de « faciliter les opérations de roulage et pontage tout en assurant une détection optimale des menaces extérieures. »
Ce système de vision optronique permettra au pilote et au chef de bord d’avoir une vision « périmétrique totale de jour comme de nuit ».
Ensuite, le système de contrôle commande de supervision de l’ensemble des paramètres techniques du SPRAT, sera modernisé avec l’intégration d’une nouvelle architecture informatique, offrant ainsi un haut niveau de maintenabilité », explique le groupe CNIM.
Cette modernisation devrait être rapide car les premiers SPRAT modifiés seront livrés à l’armée de Terre en 2019.