Ce qu’il faut savoir du service national universel

Ce qu’il faut savoir du service national universel

Aurélie Rossignol (avec Ava Djamshidi)| – Le Parisien – 27 juin 2018

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La secrétaire d’Etat Genevieve Darrieussecq, le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer et le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux ont confirmé ce mercredi la création d’un Service national universel. AFP / Ludovic Marin

Une première phase d’un mois sera obligatoire, dont quinze jours en internat. Mais le futur SNU, qui sera expérimenté à l’été 2019, «ne sera pas un service militaire», assure le gouvernement.

Pas de marche au pas militaire, pas d’épluchage de patates, plus « épanouissant » que contraignant, et l’occasion de rencontrer des jeunes de tous horizons. Ce mercredi, lors d’un point presse à l’Elysée, le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer et la secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq, ont un peu joué les VRP pour rassurer les jeunes générations – et leurs parents ! – sur le désormais officiel Service national universel (SNU). Alors qu’une grande consultation de la jeunesse et des professionnels est prévue cet été pour en affiner les contours, voilà ce que l’on sait de ce futur rituel qui marquera bientôt la fin de l’adolescence.

Est-ce obligatoire ?En partie, oui, car c’est une condition absolue pour que ce moment de vie soit véritablement universel et égalitaire, insiste-t-on du côté du ministère des Armées. Autrement dit, personne ne pourra s’y soustraire. Le but est de créer de l’engagement, favoriser un brassage social « plus complet que le brassage scolaire », assume Geneviève Darrieussecq. « L’idée serait de mélanger les départements pour le favoriser», précise Juliette Méadel, membre du groupe de travail et ancienne secrétaire d’Etat chargée de l’Aide aux victimes. Une première phase dite de « cohésion », d’un mois, sera donc obligatoire. La seconde, de trois, six ou douze mois, se basera sur le volontariat.

Qu’y fera-t-on ? Le premier mois est lui-même découpé en deux parties. La « phase de cohésion la plus forte », selon Jean-Michel Blanquer, est effectuée en internat à l’âge de 16 ans. Quinze jours « d’intégration » où seront enseignées les bases du secourisme et où seront dépistés les problèmes d’illettrisme. Pendant l’autre quinzaine, « plus personnalisée, par groupe de quinze animés par des tuteurs », on pourra mettre en pratique les enseignements théoriques. Mais « ce ne sera pas un service militaire », a assuré la secrétaire d’Etat, même si « l’armée jouera son rôle dans la formation, l’encadrement, peut-être aussi l’hébergement ».

Plus si affinités ? « Le but est qu’un maximum de jeunes ait envie de poursuivre », espère-t-on au ministère. Cette « phase non-obligatoire (jusqu’à un an) peut avoir lieu entre 16 et 25 ans pour ceux qui ont envie de s’engager davantage dans des domaines aussi variés que la Défense, l’environnement, l’aide à la personne, la culture… ». Cet engagement donnera aussi lieu à des « mesures d’attractivité variées et ciblées », comme des facilités d’accès ou encore des crédits universitaires. Une façon aussi d’enrichir son CV avant d’affronter le marché de l’emploi.

Quand faudra-t-il le faire ?Le seuil de 16 ans a été fixé car « les jeunes sont en général en seconde, il n’y a pas d’examen à la fin de l’année et ils sont suffisamment jeunes pour être rattrapés, repérés à temps en cas de décrochage », justifie-t-on au ministère des Armées. Ainsi, la phase obligatoire du SNU commencera probablement en juin, à la fin de l’année scolaire, quitte à l’écourter un peu. Et oui, il empiétera un peu sur les vacances !

Qui seront les premiers ? Le gouvernement ambitionne de lancer le SNU avec une expérimentation dès l’été 2019. Mais « il y aura une montée en puissance car il va falloir former l’encadrement nécessaire», explique-t-on au ministère. La mise en oeuvre du SNU nécessitera un changement de la Constitution, pris en compte dans la révision attendue d’ici la fin de l’année. Et un budget conséquent, que le gouvernement se refuse à fixer avant la grande consultation lancée cet été jusqu’à fin octobre. Mais le groupe de travail a estimé le coût annuel du mois de service à 1,6 milliard d’euros par an.