La nouvelle vie de la BA 125 d’Istres
TTU – 2 juillet 2018
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Alors que le célèbre Escadron de Chasse 2/4 «La Fayette» d’Istres s’apprête à perdre dans un mois ses derniers chasseurs-bombardiers Mirage 2000N et à faire mouvement durant l’été vers la BA 113 de Saint-Dizier, afin d’y entamer la dernière étape de sa transformation complète sur Rafale, il est intéressant de revenir sur les changements majeurs qui affectent cette année la BA 125 d’Istres-Le Tubé (Bouches-du-Rhône) et, en particulier, le pôle aéronautique «Jean-Sarrail».
Dans le cadre de la «Nouvelle France Industrielle» mise en place en 2016, ce pôle accueille, aux portes de Marseille, les premiers éléments de la filière «dirigeables» dans l’ancien hall de fabrication des biréacteurs de ligne Mercure, un avion oublié, certes, et par trop en avance sur les besoins du marché lors de sa sortie en 1974 — un premier programme européen de coopération aéronautique civile qui préfigurait les futures grandes opérations de coopération comme celle d’Airbus avec son A320 une décennie plus tard… Inexploité depuis quarante ans, ce grand bâtiment a été racheté à Dassault Aviation pour quelque 14 millions d’euros, un terrain de 33 hectares et 45 000 m2 de bâti. C’est là qu’est actuellement mis en forme l’original projet Stratobus de Thales, à côté d’un parc de 100 000 m2 de locaux disponibles qui compte accueillir des «start-up» (ingénierie, conception et informatique) dédiées principalement au monde des nouveaux dirigeables et du développement durable.
A l’horizon 2025, la BA 125 abritera sur son emprise militaire désormais abandonnée – par les Mirage 2000N et les ravitailleurs Boeing C-135FR — une flotte totale de quinze Airbus A330 MRTT Phénix. Car la prochaine LPM prévoit l’accélération des livraisons à l’armée de l’Air et l’augmentation de la cible de 25% pour passer de 12 à 15 appareils. Ainsi que le tout nouveau centre de maintenance MRTT — logé dans l’imposant bâtiment n° 31 à l’heure actuelle en cours de construction au nord-est de la base aérienne. Dans le même temps, quelque 1 200 emplois civils directs spécialisés auront alors été créés sur le pôle qui abrite déjà plusieurs entreprises dédiées au secteur du soutien de la filiale nucléaire civile et à l’aéronautique.
Dès la rentrée de septembre 2018, le pôle formation UIMM PACA d’Istres disposera sur le site de la ZAC de Trigance d’un bâtiment flambant neuf de 3 000 m² dédié à la filière aéronautique pour une pluralité d’activités : avions, drones, hélicoptères, dirigeables, plateformes stratosphériques, en lien notamment avec les projets innovants en développement au Pôle aéronautique Jean-Sarrail. Ce nouveau hall «high tech» viendra compléter les 10 000 m² de bâtiments déjà existants sur le site de Trigance dédiés aux formations professionnelles des principales filières industrielles : aéronautique, sidérurgie, microélectronique, naval, énergie et pétrochimie.
Déjà importante par la présence sur son sol d’unités des Forces aériennes stratégiques (FAS), dont les quatorze Boeing C-135FR et KC-135R Stratotanker de la 31e Escadre aérienne de ravitaillement et de transport stratégiques (EARTS), de la DGA (centre d’essais en vol) et de Dassault Aviation, la BA 125 va conserver et même redorer son statut quand bien même elle aura perdu ses Mirage 2000N cet été et, par petits lots d’ici 2024, ses derniers ravitailleurs vétérans Boeing au terme de soixante ans d’utilisation intensive. En effet, c’est entre le 5 février et le 28 septembre 1964 que sont arrivés sur la BA 125 les douze premiers ravitailleurs Boeing C-135F qui ont assuré, dès octobre suivant, la toute première permanence nucléaire en soutien des bombardiers Mirage IV A des Forces aériennes stratégiques (FAS). L’histoire de la dissuasion française faisait alors ses premiers pas opérationnels.