Service national universel : ce qui attend les jeunes de 16 ans
Le secrétaire d’Etat en charge de la jeunesse, Gabriel Attal, nous dévoile ce que va être le service national universel. Dès l’an prochain, les volontaires pourront le faire dans des départements tests.
Le secrétaire d’Etat chargé du dossier, Gabriel Attal, parle de la « réforme de société la plus puissante depuis de nombreuses années ». Promesse de campagne du candidat Emmanuel Macron, le service national universel prend un peu plus forme ce lundi avec la remise au président de la République du rapport préparé par le groupe de travail dédié au sujet. Une nouvelle étape pour lever un peu plus les nombreuses interrogations qui entourent encore le service national universel (SNU), dont les premières expérimentations, comme nous le dévoilons, sont attendues pour le mois de juin.
Ce qui est sûr ? Chaque année, les quelque 800 000 jeunes de 16 ans, garçons et filles, d’une même classe d’âge seront convoqués pendant un mois, dont quinze jours en hébergement collectif. Une partie obligatoire, suivie d’un nouvel engagement de minimum trois mois, facultatif cette fois, pour ceux qui souhaiteraient prolonger l’expérience. Objectif : fédérer la jeunesse autour de valeurs communes et créer un « sentiment d’unité nationale ».
« Avoir quelque chose de contraignant autour de valeurs comme la solidarité et l’engagement, ça me paraît contradictoire, juge le sociologue de la jeunesse et directeur de recherche au CNRS, Olivier Galland. Cette mesure, c’est aussi un aveu d’échec pour l’école, qui serait censé tenir ce rôle si on lui laissait vraiment l’occasion. »
Faire oublier le service militaire
Autre chantier des défenseurs du SNU : couper les liens avec le service militaire, aboli par Jacques Chirac en 1996, et crispant pour une bonne partie des futurs concernés. Un numéro d’équilibriste puisqu’une partie des jeunes seront accueillis dans des casernes et que des militaires feront partie de l’encadrement. Sans oublier une communication gouvernementale axée sur la nécessité de rétablir ce « moment de brassage social » qui aurait été enterré avec la fin de la conscription.
« C’est un peu une image d’Epinal, juge l’historienne et auteure du Soldat méconnu : les Français et leurs armées, état des lieux (Armand Colin), Bénédicte Chéron. Avec la disparition de la nécessité de se défendre contre un ennemi aux frontières, l’Etat a réformé le système pour faire son service dans d’autres corps que dans l’armée. Le mélange social s’est peu à peu estompé et en 1997, un garçon sur deux fait un vrai service militaire. »
Pour faire simple, le gouvernement va devoir jouer très serré pour contenter les jeunes tout en faisant de son SNU un symbole de leur reprise en main. « Il reste des points à trancher dans ce dossier et ça va être délicat », souligne un membre du groupe de travail. Les arbitrages d’Emmanuel Macron sont attendus d’ici janvier notamment sur le calendrier du stage pratique ou les départements tests. Le point le plus crucial ? Le budget. Pour l’instant, le gouvernement s’est refusé à chiffrer son service national universel même si une estimation l’évalue à 1,6 milliard d’euros par an une fois son rythme de croisière trouvé. Mais d’ici là, le chemin est encore long.