Le MILAN n’a pas fini de servir !
Tir MILAN depuis un Panhard VBL (Photo : 1er REC)
L’armée française a reçu ses 20 premiers postes de tir MMP et ses 50 premiers missiles entre le 15 et le 23 novembre 2017. Le système d’arme remplace progressivement les missiles Milan, ainsi que le VAB Mephisto et en partie l’Eryx. Il commence à équiper les unités d’infanterie et de cavalerie de l’armée de Terre (dont les EBRC Jaguar), ainsi que les forces spéciales des trois armées. Les premiers matériels livrés avec leurs moyens de simulation servent à la formation des futurs utilisateurs. L’armée de Terre peut à présent utiliser le MMP en opérations. Mais cela signifie-t-il que le bon vieux MILAN est mis au rencart ? Que nenni !
Prenons un exemple. Deux semaines de formation en reconnaissance et intervention pour le 5ème Escadron du 1er Régiment étranger de Cavalerie ont encore été menées à bien. Du 1er au 19 octobre 2018, les légionnaires du 5 se sont formés dans leur cœur de métier sur les camps de Carpiagne et Caylus. L’objectif était de valider la formation d’une nouvelle génération de légionnaires dans leurs futurs postes de tireur MILAN, tireur de précision et d’adjoint chef de patrouille. Le MMP, ce sera pour plus tard. En attendant, il s’agit de garder intact le savoir-faire des unités dotées de ce missile légendaire qu’est le MILAN.
Cette arme est un « vétéran » de beaucoup, beaucoup de combats au fil desquels il a accumulé un remarquable palmarès international. Quel parcours ! Après des essais opérationnels à partir de 1971, le missile Milan avait commencé à être mis en œuvre par l’armée française à partir de 1973 en remplacement du missile ENTAC et SS11. Les premiers stages pour les tireurs de missiles antichars dans l’armée de terre française avaient commencé en 1974, chaque tireur ayant une allocation de deux tirs de missiles par an. Et la success story continue. Le MMP de MBDA, bien plus polyvalent et plus performant (heureusement !), entame une carrière opérationnelle que l’on peut aisément prédire aussi brillante que celle de son prédécesseur.
Tiens, puisque nous citons en exemple une récente campagne de formation sur MILAN au 1er REC, profitons-en pour rappeler en quelques lignes ce qu’est cette prestigieuse unité de la Légion étrangère.
Ce régiment a été créé en 1921, à Sousse (Tunisie), à partir d’éléments des compagnies montées du 2ème REI. A cette époque, la Légion étrangère n’est constituée que de régiments d’infanterie. Ce sont les légionnaires russes qui, forts de leur expérience de cavaliers avertis, permirent à la Légion de s’illustrer dans une nouvelle discipline. Combattants à cheval en Syrie et au Maroc, les légionnaires du 1er REC ont, dès 1930, été dotés d’automitrailleuses sur lesquelles ils se sont distingués pendant les campagnes de France et de Tunisie, en 1940 et 1943. A la libération, ceux-ci ont été équipés d’autos blindées Ford M8.
Lors de la guerre d’Indochine, les légionnaires ont converti leur régiment en unités amphibies afin de combattre le Vietminh à bord de chenillettes amphibies Studebaker M29C « Crabe » et d’engins chenillés amphibies LVT-4 « Alligator » (LVT : Landing Vehicle Tracked) provenant des stocks américains. Le parc des véhicules de combat a ensuite été adapté pour la guerre en Algérie. L’unité a retrouvé un emploi de reconnaissance et a été équipée d’engins blindés adaptés. Le 1er REC est le plus ancien régiment à l’ordre de bataille de l’Armée française.
Composé d’unités blindées polyvalentes totalisant 878 hommes, le 1er REC est spécialisé dans le domaine du combat des blindés, avec une expertise orientée vers la reconnaissance offensive, le combat de rencontre et la prise de contact. Equipés de chars AMX 10 RC-R, trois de ses escadrons sont spécialisés dans les missions de reconnaissance offensive. Deux autres, équipés de véhicules blindés légers, sont spécialisés dans les missions de reconnaissance et d’intervention, sur l’acquisition de renseignement tactique et l’action anti-char.
Le 9 juillet 2017, au désespoir du maire de la ville, le 1er Rec a entamé son déménagement d’Orange à Carpiagne. Le dernier acte s’est joué le 13 novembre dernier avec le déplacement de son char Type 59 (fabrication chinoise du T-55) pris à l’ennemi, en Iraq, par le 4ème Escadron lors de l’Opération Daguet en 1991. Pour pouvoir déplacer ce char de 36,7 tonnes, les logisticiens du régiment ont reçu l’appui des spécialistes du 4 RMAT et du 1er Régiment Etranger de Génie.