Le traité New Start sur les armes nucléaires stratégiques toujours dans l’ornière
Par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 6 octobre 2020
http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/
L’avenir du traité New Start (« Strategic Arms Reduction Treaty« ) qui porte sur la réduction des armes nucléaires stratégiques a été évoqué hier lundi, en Finlande. Et cet avenir reste toujours aussi incertain, Russes et Américains n’étant pas parvenus, une fois de plus, à s’entendre. C’est « l’impasse », comme l’écrivaient Kingston Reif and Shannon Bugos sur le site de l’Arms Control Association.
Ce traité, signé le 8 avril 2010 à Prague, est entré en vigueur le 5 février 2011 pour une durée de dix ans. Dans quatre mois, il sera caduc.
C’était tout l’enjeu de la réunion d’hier. On lira ici la déclaration, sans illusions, du président finlandais Niinistö sur ces discussions que le MAE russe a sobrement (platement) qualifiées « d’échanges sur la question du contrôle des armements ». Côté US, on parle de « progrès » sur la forme mais pas sur le fond, avec une possible prolongation du traité actuel. Sans citer la partie russe dont le drapeau ne figure sur le tweet de Marshall S. Billingslea, l’ambassadeur US chargé des négociations.
« NEW START: prolongation et extension de mise pour éviter le début de la fin », écrivais-je dans un post du 17 mai dernier. Effectivement, une option a minima serait de prolonger l’actuel traité, de façon à prolonger les discussions qui achoppent. Moscou serait prêt à une extension de 5 ans.
Washington a d’autres exigences:
– les nouvelles armes stratégiques russes doivent être incluses dans le traité. Pour le secrétaire américain à la Défense, Mark Esper, s’il « devait y avoir une extension du New START, nous devons nous assurer d’inclure toutes ces nouvelles armes que […] la Russie poursuit ».
– la Chine doit être incluse dans ce traité. Ce que Pékin refuse, arguant que son arsenal nucléaire est bien inférieur à celui des principaux pays détenteurs d’armes nucléaires (il représenterait 3% des arsenaux mondiaux).
Une éventuelle défaite de Donald Trump rebattrait les cartes assurément. Mais, comme l’écrivait Alexander Chourreau sur le site de l’IDN, « si Trump n’était pas réélu, le nouveau président n’aurait cependant que quinze jours pour finaliser une nouvelle extension du traité, le jour de l’investiture présidentielle étant le 20 janvier« .
En attendant une nouvelle rencontre entre envoyés russes et américains, un peu de lecture… Sur les arsenaux actuels des deux super-puissances, on lira une étude très récente de la Federation of American Scientists: « At 11th Hour, New START Data Reaffirms Importance of Extending Treaty » qui veut démontrer l’utilité de ce traité sur la réduction des arsenaux dont voici la composition au 1er septembre selon les chiffres officiels: