Améliorer la résilience psychologique des combattants et de leurs familles

Améliorer la résilience psychologique des combattants et de leurs familles 

Par le Lieutenant-colonel Arnaud Planiol – CESAT – Pensées mil-terre – le 22 novembre 2018

https://www.penseemiliterre.fr/ameliorer-la-resilience-psychologique_652_1013077.html

 

Les forces armées françaises opèrent dans un contexte de plus en plus exigeant psychologiquement, ce qui est source de traumatismes potentiels. Il apparaît d’autant plus nécessaire de réfléchir à la manière dont les armées pourraient améliorer la résilience psychologique des combattants et de leurs familles.

Cette étude a pour objectif de faire à la fois un point sur les actions de prévention mises en œuvre dans les armées françaises mais aussi de connaître le contenu et, si possible, « l’efficacité des actions et programmes d’amélioration de la résilience individuelle qui existent aux États-Unis », afin de pouvoir éventuellement s’en inspirer.
Dans un premier temps, l’étude revient sur la définition des notions centrales de résilience, traumatisme et prévention. La résilience peut ainsi décrire un trait de caractère, mais aussi un état face à un stress ou encore un processus.
L’étude de la résilience psychologique concerne l’individu mais aussi les groupes avec lesquels il interagit, dont la famille. On peut d’ailleurs distinguer la résilience dans la famille, la résilience familiale et encore la résilience des familles. La résilience assistée, pour sa part, est fondée sur l’accompagnement des personnes en situation de risque. La notion de traumatisme s’entend soit dans un sens très large, incluant les situations ne comportant pas de danger vital immédiat, soit dans une acception plus réduite, circonscrite aux seules épreuves impliquant une « menace de mort directe » pour le sujet.
Quel que soit le traumatisme, il doit être analysé à trois niveaux : individuel, interpersonnel et groupal. Trois niveaux de prévention, primaire, secondaire et tertiaire sont définis par l’organisation mondiale de la santé (OMS). Cette étude se focalise plus particulièrement sur les actions menées dans les armées au niveau des deux premiers. Par la suite, l’étude fait un état des lieux des actions menées par les armées françaises et contribuant au renforcement de la résilience des soldats et de leurs familles.
Les armées ont mis en place des procédés ou des politiques qui, sans que cela en soit toujours le but initial, concourent à diminuer les facteurs de risque de développement d’un état de stress post-traumatique (ESPT) en constituant de véritables facteurs de protection, tant sur le plan collectif qu’individuel. La sélection, les formations collectives et individuelles, la mise en place d’un suivi psychologique régulier, ou encore l’accompagnement des soldats et de leurs familles, participent au renforcement des ressources individuelles et relationnelles des combattants et de leurs familles.
Enfin, dans une troisième et dernière partie, cette étude présente les dispositifs que l’US Army a mis en place afin d’aider ses soldats et leurs familles à gagner en résilience, plus particulièrement le Global Assessment Tool et le Comprehensive Soldier and Family Fitness (CSF2). On ne dispose toujours pas, neuf ans après la mise en place de ces programmes, d’une étude scientifique permettant de vérifier leur impact sur le niveau de résilience des soldats et de leurs familles. Cela étant dit, l’augmentation du rythme opérationnel constaté ces dernières années et l’évolution des mentalités et des attentes des nouvelles générations, ont rendu ces dispositifs indispensables.
Enfin, cette étude se conclut sur neuf recommandations qui pourraient être mises en œuvre à plus ou moins brève échéance :

1) Maintenir et renforcer les dispositifs actuels qui contribuent au développement de la résilience des combattants et de leurs familles.

2) Utiliser les forces spéciales comme un laboratoire de bonnes pratiques.
3) Maintenir la plénitude du commandement, avec ses prérogatives et ses leviers de commandement.
4) S’appuyer sur les nouvelles technologies, afin de toucher plus largement les personnels partant en isolé et les familles.
5) Mener une réflexion sur l’apport possible des nouvelles technologies (big data et intelligence artificielle) dans le domaine de la sélection.
6) Développer et mettre à disposition des combattants et de leurs familles un test de connaissance des ressources individuelles, complété par des modules pédagogiques en ligne.
7) Fédérer la communauté des multiples acteurs s’occupant directement ou indirectement de ces questions autour d’un événement annuel.
8) Maintenir l’effort de pédagogie au sein de l’institution militaire sur ces questions, tant en interne qu’en externe.
9) Mettre en place des actions de coopération à l’international, avec par exemple les États-Unis qui sont confrontés aux mêmes questions.