Belfort : le 35e RI expérimente un nouveau dispositif de recrutement
par Thibault Quartier – Le trois Info – publié le 26 mai 2024
« Écoutez bien les règles. Écoutez bien les consignes et tout se passera bien. » Ce vendredi matin, l’adjudant-chef Franck, adjoint au chef du centre d’information et de recrutement des forces armées (Cirfa) de Belfort s’adresse à trois volontaires, qui viennent de signer leur contrat d’engagement dans la salle d’honneur du 35e régiment d’infanterie de Belfort.
Louna, Thomas et Valentin font partie des 120 incorporés qui débutent ce lundi 27 mai le nouveau programme « volontaires découverte de l’armée de terre (VDAT) ». Un programme de quatre mois, où ils seront formés au métier de militaire et aux missions qui les attendent. « Vous ferez de l’opérationnel », replace à cet effet le sous-officier en charge du recrutement. À la fin de leur cursus, ils participeront à la sécurisation des sites des « Jeux paralympiques », indique le colonel Philippe Le Duc, chef de corps du 35e RI. Les volontaires mèneront aussi des missions de l’opération Sentinelle. Ils défileront aussi à Paris, à l’occasion des défilés du 14-Juillet, derrière le chef de corps ; le régiment belfortain sera l’un des quatre régiments de l’armée de terre à défiler le 14 juillet, dans un format non mécanisé, sur l’avenue Foch et non pas sur les Champs-Élysées, compte tenu de Paris 2024.
Les volontaires sont intégrés à une compagnie d’active, dirigée par le capitaine Steve. La compagnie conserve intégralement son encadrement alors que les autres membres de l’unité sont ventilés dans d’autres compagnies du régiment.
« Adapter à la vie moderne »
« Ce dispositif vise à faire découvrir l’armée de terre, explique le chef de corps, ses missions et son monde fonctionnement à notre jeunesse. » En France, le service militaire est suspendu depuis 2002. « L’armée de terre est confrontée à un problème de connaissance de la population, ajoute-t-il. En dehors de la journée d’appel à la défense, les jeunes n’ont parfois aucun contact avec la défense. » Et pour une partie de la nouvelle génération, leur père n’a pas non plus fait son service militaire. Le dispositif facilite les immersions et doit limiter l’attrition observée chez les jeunes recrues, tout en facilitant les recrutements, qui sont à la peine dans l’armée de terre, un phénomène aussi observé en Allemagne ou aux États-Unis.
De fait, aujourd’hui, les seuls qui découvrent l’armée, « ce sont ceux qui s’engagent », convient l’officier supérieur. L’armée de terre, qui n’a pas encore trop communiqué sur ce nouveau dispositif, cherche donc à élargir les offres de découverte. « C’est beaucoup plus adapté à la vie moderne », observe le colonel Philippe Le Duc. La présente période s’insère, par exemple, parfaitement dans le calendrier universitaire. L’officier de rassurer : « Ce n’est pas du réchauffé du service militaire. »
Près de 30% de femmes
35 femmes composeront ce contingent, de 120 personnes, soit près de 30 % des effectifs. Une nouveauté pour le régiment. « On se confronte à la réalité française », apprécie le colonel Philippe Le Duc, qui estime que ce format de recrutement permettra de diversifier les profils.
Autre avantage de ce premier engagement, il peut aussi conduire vers la réserve opérationnelle. Après son immersion, le volontaire optera pour une vie active dans le civil, tout en la compétant d’une activité de réserviste. Une réserve que cherche aussi à densifier l’armée française (lire notre article).
L’expérimentation propose donc une immersion profonde. Louna a 19 ans et est originaire de L’Isle-sur-le-Doubs. Elle était esthéticienne. Elle avait envie de s’engager. Elle passe le pas avec ce contrat. « Mon idée c’est de conforter mon envie de m’engager », confie, pour sa part, Thomas, 19 ans. Enfant, il voulait être miliaire. Ado, cela s’est estompé, avant de revenir dernièrement. Ces quatre mois devraient lui donner sa réponse définitive.
Le dispositif est une expérimentation. Il a vocation à évoluer, en fonction des retours de cette première mise en place. Il pourrait être généralisé à d’autres régiments, mais aussi diversifié en termes de format en fonction des unités. « Nous partons d’une page blanche », résume le colonel Philippe Le Duc. Les 120 volontaires viennent de toute la France. Les 120 volontaires viennent de toute la France.
Le 35e RI s’est porté volontaire
« Nous nous sommes portés volontaires », assure le colonel Philippe Le Duc. Ensuite, le régiment a construit son projet, l’a soumis. Un projet rédigé alors que le 35e RI a connu, lors des 12 derniers mois, une activité opérationnelle extrêmement dense, avec des déploiements notamment en Roumanie, Grèce ou encore en Pologne. Il a été retenu pour tenter l’expérimentation, qui demandera sûrement « des réglages à la fin », acquiesce le chef de corps. Le régiment disposait de plusieurs atouts pour répondre à ce large recrutement : il a des capacités d’accueil, il a des infrastructures d’entraînements à proximité et de qualité. Ce nouveau programme n’est reste pas moins « un défi en termes de soutien et de logistique », indique le colonel Le Duc. Habituellement, les contingents de recrues avoisine plutôt la cinquantaine de personnes. Ce sera plus du double. On en revient presque à des volumes observées lorsque la France avait une armée de conscription.