Ces jalons capacitaires qui n’ont pu être franchis en 2022
Le bilan de l’exercice budgétaire 2022 est sorti, et avec lui un état des lieux des principales concrétisations ministère par ministère. Ainsi, si l’année dernière aura permis la « poursuite de l’effort de réalisation de la LPM [loi de programmation militaire 2019-2025] », certains jalons n’auront pu être franchis dans le domaine des équipements militaires.
Le ministère des Armées aura consacré 16 Md€ d’engagements et 14,6 Md€ de paiements au profit de ses équipements. De quoi progresser dans « un calendrier de commandes/livraisons qui tient ses objectifs majeurs dans un contexte de durcissement de la compétition ». De fait, « les effets de la crise sanitaire sont absorbés », estime le document, mais de nouveaux paramètres « ont motivé l’amorce de nouveaux axes d’effort » : le soutien à l’Ukraine et les perspectives d’une économie de guerre.
La progression dans la réalisation des programmes d’équipements atteignait 73,8% l’an dernier. En hausse par rapport à 2021 et 2020, le résultat reste cependant en deçà de l’objectif de 85% fixé. Idem pour les livraisons, 24 points en dessous de la cible et en forte baisse par rapport aux deux exercices précédents.
Plusieurs jalons n’ont pas été atteints en 2022, un phénomène qui n’a rien d’exceptionnel et qui, depuis lors, a peut-être déjà été partiellement résorbé. Ce sont, entre autres, les commandes de trois hélicoptères à usage gouvernemental (HUG), quatre hélicoptères de manoeuvre de nouvelle génération en remplacement des Puma de l’armée de l’Air et de l’Espace, 36 véhicules Serval, ou encore de 1250 équipements radio portatifs CONTACT. De même, la commande de 80 PLFS et est reportée à 2023 « du fait de la révision en cours du planning de livraison des véhicules commandés au lancement de la réalisation ».
Ce sont en outre les livraisons de deux hélicoptères Caïman, 10 postes de tir MMP, 10 drones Patroller ou de 65 postes portatifs CONTACT. Le dossier des fardiers accusait lui aussi un léger décalage. Seuls cinq ont été perçus sur les 60 attendus. Aucune remorque pour fardier n’a pu être livrée en raison de « besoins d’évolution mis au jour lors des essais de qualification ».
Parmi les principales causes avancées, des retards, des non-conformités ou des « négociations complexes », mais aussi des tensions parmi les chaînes d’approvisionnement. La pénurie de composants électroniques aura empêché la réception d’un lot de 100 VLTP NP en décembre dernier. Un écueil qui explique également le décalage touchant CONTACT et influe sur le programme de système d’information des armées (SIA), pour lequel la livraison de neuf modules projetables a été décalée à cette année.
Plusieurs phénomènes viennent parfois se superposer. L’opération d’intégration de la radio CONTACT (PIC) sur des véhicules non-SCORPION, entre autres, est autant affectée par la crise des composants que par « des priorités de mise à disposition des véhicules pour leur modification ». Même logique pour le VBL Ultima, dont seuls 45 ont pu être fournis sur les 120 attendus suite à « des retards de mise à disposition de véhicules à régénérer et des difficultés avérées d’Arquus à produire à la cadence prévue ». Pas de quoi contrecarrer la notification, l’an dernier, d’une nouvelle tranche pour 120 exemplaires.
Ce bilan annonce par ailleurs au moins un renoncement potentiel. Les cibles de PLFS et VLFS semblent bel bien réduites respectivement de 51 et 35 exemplaires, confirmant un scénario évoqué plus tôt.
L’éventail de reports ne doit pas complètement occulter les bonnes nouvelles. C’est le cas notamment pour la trame missiles-roquettes de l’armée de Terre. Côté MMP, la livraison du 1750e exemplaire est désormais prévue pour 2024 et non plus 2025, « conformément à la commande réalisée en 2022 ». Les opérationnels profiteront aussi de l’investissement consenti pour le développement et la qualification de l’interfaçage du système d’information du combat SCORPION (SICS) avec le poste de tir MMP. À l’autre bout de la trame, le budget 2022 aura permis d’enfin acter la commande de 4226 roquettes AT4 F2.
Crédits image : armée de Terre