Comme attendu, le budget des armées augmentera de 1,7 milliard d’euros en 2021
Avec le vertigineux plongeon qu’a connu l’économie française à cause des mesures prises pour contenir l’épidémie de covid-19, la trajectoire budgétaire définie par la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 aurait pu être menacée. Mais il n’en sera rien. Du moins pour ce qui concerne l’année prochaine.
En effet, étant donné que la crise actuelle n’est pas boursière ou financière, le gouvernement s’attend à un net rebond de l’activité en 2021 [+8%].
« Nous sommes convaincus que la France peut se redresser rapidement », a même affirmé Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, à l’issue de la présentation du projet de loi de finances initiale [PLF] pour 2021 lors du Conseil des ministres de ce 28 septembre. Et l’objectid est « de retrouver le niveau de développement économique de 2019 dès 2022 », a-t-il ajouté.
Cependant, et si le PLF intégre les mesures prévues par le plan de relance de l’économie doté de 100 milliards d’euros [sous réserve des fonds européens, ndlr], la dette publique restera au-delà des 115% du PIB l’an prochain. « Nous nous endettons pour investir, et nous nous donnerons les moyens de rembourser cette dette », a justifié M. Le Maire. « Notre objectif n’est pas de laisser filer la dette […] La dette sera remboursée. C’est irresponsable de laisser croire que la dette pourrait ne pas être remboursée », a-t-il insisté, précisant que son remboursement se fera par « la croissance » ainsi que par « un principe de responsabilité sur les finances publiques », qui seront « bien tenues », et des « réformes de structures ».
Quoi qu’il en soit, la mission « Défense » verra donc ses ressources être à nouveau augmentées de 1,7 milliards d’euros, pour s’établir à 39,21 milliards en 2021 [en euros constants]. « Cet effort, à nouveau très significatif, poursuit la montée en puissance des forces militaires pour faire face à leurs missions, dans un contexte international dégradé et incertain », est-il indiqué dans le PLF 2021.
Ces « crédits contribueront au financement des priorités du ministère [des Armées] : renouvellement des équipements, amélioration des conditions d’entraînement, soutien des soldats et de leurs familles, modernisation des composantes de la dissuasion nucléaire, amélioration des actions opérationnelles des armées », poursuit le document, lequel précise que les effectifs seront par ailleurs renforcés de « 300 nouveaux emplois pour répondre aux enjeux de transformation des armées, notamment dans les domaines du renseignement et de la cyberdéfense. »
En outre, Bercy confirme que la « première étape de la nouvelle politique de rémunération des militaires [NPRM] sera lancée en 2021 ». Cette dernière consiste notamment à faire le tri parmi les 174 primes différentes qui existent actuellement selon huit critères devant permettre « de rendre compte des sujétions militaires singulières – vie en garnison, mobilité géographique imposée, etc ».
Par ailleurs, le PLF souligne que le niveau d’investissement moyen dans les infrastructures sera maintenu à 1,7 milliard d’euros [contre 1,3 milliard lors de la précédente LPM]. Enfin, les crédits dédiés à l’équipement des forces [programme 146] augmenteront de 1,1 milliard par rapport à 2020. « Cette hausse concerne particulièrement les programmes à effet majeur et la dissuasion », précise-t-il.
Cela étant, les difficultés risquent d’apparaître par la suite… Surtout si les objectifs financiers du gouvernement ne sont pas atteints. Si le Haut conseil des finances publiques [HCFP] a donné un avis favorable à ce PLF 2021, il n’en reste pas moins qu’il fait appel à la « plus grande vigilance », en particulier sur la « soutenabilité à moyen terme de la dette publique », qui « constitue un enjeu central de la stratégie financière de la France. »
En outre, la LPM 2019-25 prévoit une clause de revoyure à la fin de 2021… avec en ligne de mire un effort encore plus important à accomplir puisque le budget de la mission Défense devra passer de 41 à 44 milliards d’euros entre 2022 et 2023.
Quant à la mission « Anciens combattants, mémoire et liens avec la Nation », ses crédits vont très légèrement diminuer l’an prochain, passant de 2,16 à 2,09 milliards d’euros. « Le nombre d’ayants-droit et d’ayants-cause diminuant naturellement, les crédits de cette mission se réduisent tendanciellement tout en permettant, dans certains cas, l’augmentation des droits ou l’extension du champ des bénéficiaires », explique Bercy. Et la subvention de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre [ONAV-VG] sera revalorisée, « notamment pour gérer sur son budget propre les dépenses d’entretien des sépultures de guerre et hauts lieux de la mémoire nationale et mener à bien les chantiers nécessaires à préparer l’avenir. »