« De la Grande Guerre à la guerre actuelle » La lettre d’information de l’ASAF du 19/11/2019
Les leçons de la Grande Guerre
Le 11 novembre 1918 marque la fin de la Grande Guerre. Cette guerre mondiale fut gagnée par tous les Français qui firent preuve d’une exceptionnelle cohésion. Ceux du front où tombèrent 1 450 000 soldats et où y furent blessés plus de 4 millions, mais aussi ceux de « l’arrière » qui ont assuré la logistique des combats, l’éducation des enfants, les soins aux blessés et supporté les souffrances de l’attente et des deuils. La Grande Guerre nous rappelle une fois de plus que « la France unie est invincible ». C’est une leçon essentielle que nous devons tirer pour vaincre aujourd’hui et relever avec succès les redoutables défis qui conditionnent notre liberté de demain.
Le traité de Versailles, qui conclut la paix avec l’Allemagne, sera signé le 28 juin 1919, mais il ne sera pas ratifié par les États-Unis, pourtant notre allié de la Grande Guerre et alors qu’il reposait sur la proposition de Woodrow Wilson, leur président ! C’est aussi une leçon pour aujourd’hui, d’autant que ce pays n’entrera pas en guerre en septembre 1939 lors de l’invasion de la Pologne comme le firent la Grande-Bretagne et la France, mais seulement le 11 décembre 1941, après que l’Allemagne lui ait déclaré la guerre.
En fait, et comme le rappelait le général de Gaulle en créant la « force de frappe », la Défense de la France doit reposer d’abord sur elle-même. Les alliés ne le sont que pour des objectifs bien identifiés et souvent limités dans le temps et dans l’espace. L’anniversaire de la fin de la Guerre froide nous rappelle que Roosevelt, Truman et Churchill, qui furent les alliés de Staline contre Hitler, furent ses adversaires farouches à peine la guerre terminée.
C’est à juste titre que la date du 11 novembre a été retenue pour honorer tous les morts pour la Patrie. Aussi, l’inauguration, en ce jour anniversaire, du monument aux morts pour la France au cours des opérations extérieures (OPEX) depuis la fin de la guerre d’Algérie est-elle très symbolique. Elle signifie que les guerres, toutes différentes et qui ne font plus l’objet d’une déclaration depuis 1945, concernent l’ensemble des Français : les soldats qui portent les armes, mais aussi tous les citoyens, qui, au quotidien, par leur travail, la solidarité dont ils témoignent, contribuent à la cohésion de la France pour faire en sorte qu’elle soit vainqueur dans le combat permanent qu’il nous faut mener pour défendre notre liberté et notre indépendance.
Dévoiement et diversion
Dans ce contexte, les incessantes manifestations, les dégradations, les agressions et les outrages dont nos monuments aux morts sont la cible constituent des actes qu’il est urgent de sanctionner avec la plus grande fermeté. Il ne s’agit plus de pousser des cris d’orfraie mais d’agir avec détermination. Ces actes sont inacceptables aux yeux de nos soldats qui se battent pour un pays qu’ils voient livré aux nihilistes et autres anarchistes, véritables barbares des temps modernes. Ces images de violence, révélant l’impuissance de l’État, servent nos ennemis et nos adversaires. Dès lors, les « casseurs », qui sont leurs collaborateurs du temps de guerre, doivent être traités comme tels.
À cet égard, l’accord donné par le président de la République à l’artiste américain Christo pour empaqueter l’Arc de Triomphe en octobre 2020 est inacceptable. Il contribue à banaliser ce sanctuaire et à diviser les Français au lieu de les rassembler autour de ce lieu de mémoire et de gloire nationale. Pour la plupart d’entre eux, empaqueter l’Arc est incongru, scandaleux et indécent ; c’est défigurer, au sens propre, ce sanctuaire où repose depuis un siècle le Soldat inconnu et sur les murs duquel sont gravés les noms de soldats morts pour la France.
Faut-il rappeler que l’Arc a déjà été profané le 1er décembre 2018 par des voyous dont certains étaient affublés d’un gilet jaune ?
Le précédent du Pont-Neuf avancé par le Président ne peut être un argument car l’Arc de Triomphe est un sanctuaire et non un simple bâtiment. Aurait-il donné son accord pour faire empaqueter le monument aux morts en OPEX qu’il vient d’inaugurer et qui porte comme l’Arc le nom de soldats morts pour la Patrie ? N’aurait-il pas été plus pertinent de mieux mettre en valeur, par des éclairages laser par exemple, les superbes hauts et bas reliefs de l’Arc, ainsi que les noms qui y sont gravés sur les piliers ?
Et la guerre que nous menons aujourd’hui ?
Le monument aux morts en OPEX est le seul monument sur lequel seront gravés les noms de nos soldats qui vont tomber dans les mois et les années à venir à l’extérieur du territoire national. Mais le nom d’Arnaud Beltrame qui a affronté le même ennemi sur le territoire national, ne devrait-il pas y figurer aussi ? Et si demain des opérations de guerre sont déclenchées sur notre sol pour détruire des groupes islamistes armés, les noms de nos soldats tués figureront-ils sur ce monument aux morts ? Leurs corps reposeront-ils dans nos carrés militaires comme tous les corps de ceux morts pour la France devraient y reposer ?
Car le corps d’un soldat mort pour la France est une parcelle de la France que notre pays et nos concitoyens doivent conserver et honorer afin d’entretenir le souvenir du sacrifice consenti.
« Mon âme à Dieu, mon corps à ma Patrie et mon cœur à ma famille »[1]
LA RÉDACTION
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[1] Lieutenant de vaisseau Pierre Guillaume, qui inspira le fameux « Crabe Tambour ».