Défense spatiale : les grandes lignes du rapport

Défense spatiale : les grandes lignes du rapport

Quand Loutch-Olympe butinait. © Alain Figer


Les députés Olivier Becht et Stéphane Trompille viennent de remettre leur rapport sur la stratégie de défense spatiale dont la France doit se doter pour annihiler les menaces actuelles et futures.

La France a décidé de se doter d’une stratégie de défense spatiale et la première étape est ce rapport que les députés Olivier Becht et Stéphane Trompille viennent de rendre devant la Commission de la Défense et des forces armées. L’incident du satellite espion russe en a été l’élément le plus médiatiquement visible et a servi d’accélérateur à une volonté qui était d’ores et déjà en gestation. Après la militarisation de l’espace, Olivier Becht et Stéphane Trompille soulignent dans leur rapport « l’arsenalisation de l’espace avec envoi et présence d’armes qui auront vocation à être utilisées dans le cadre d’un conflit ».

Le tout dans un contexte qui a changé : apparition de nouvelles puissances spatiales, l’arrivée de firmes privées sur le marché du spatial et la révolution « nano », soit la capacité de produire des satellites de plus en plus petits « pratiquement indétectables, qui peuvent être équipés d’une capacité de brouillage, d’écoute, de prise de contrôle cyber ou de charges explosives« . Par conséquent : « défendre nos satellites civils comme militaires dans l’espace, être capable de voir, d’éviter, d’agir et de neutraliser un menace devient dès lors un enjeu de souveraineté nationale et européenne« , soulignent Olivier Becht et Stéphane Trompille.

Pour les auteurs du rapport, cette stratégie de défense spatiale devrait s’orienter autour de plusieurs axes. D’abord en renforçant les moyens de surveillance. Les systèmes de radars GRAVES et SATAM doivent « être complétés par de nouveaux développements » capables de suivre des engins « non-kepleriens » ou « très manoeuvrants et suivant des orbites non habituelles ». Solution préconisée : deux nouveaux systèmes de radars de veille en orbite basse installés, l’un en métropole, l’autre en Guyane. Les rapporteurs préconisent aussi la mise en place « d’un système de surveillance des orbites géostationnaires«  avec l’achat de trois télescopes supplémentaires (Polynésie, Nouvelle Calédonie) en plus du système TAROT du Cnes. « La surveillance de l’espace devra aussi pouvoir s’effectuer depuis l’espace : emport de capteurs d’approche sur nos satellites, mise en orbite de satellites patrouilleurs, surveillance de nos satellites par un petit satellite de type « chien de garde« .

Deuxième axe : la capacité de neutraliser une menace dans l’espace. Les deux parlementaires préconisent, plutôt que l’usage de missiles anti-satellites, de développer de nouvelles technologies : laser ionique « affectant les capteurs qui équipent les voies haute résolution visibles du satellite en le rendant momentanément inopérant, laser classique permettant de détruire chirurgicalement un équipement donné d’un satellite; moyens cyber pour brouiller ou détourner un satellite, bras articulés montés sur un satellite ou une mini-navette permettant d’arrimer un satellite hostile, de le dévier de son orbite et de l’envoyer vers les confins du système solaire.

Enfin, pour être en capacité de poursuivre les missions « en cas de neutralisation de nos propres satellites », les auteurs proposent les dispositions suivantes : développement de constellations de satellites, « développement de moyens de lancement très rapides de fusées emportant un satellite à partir de drones spéciaux de type ALTAIR développé par l’Onera ou de type Pegasus de Dassault », développement « de pseudo-satellites de haute altitude capables de rendre des services équivalents à un satellite de basse altitude », de type Stratobus de Thales Alenia Space ou Zephyr d’Airbus Defense & Space.

Pour mettre en place cette stratégie, le rapport propose la création d’une « Force spatiale«  sous l’autorité directe du Chef d’état-major des Armées ainsi que d’une « Haute Autorité de Défense Spatiale » placée directement sous l’autorité du Premier Ministre en lien direct avec le ministre des Armées.