En moyenne, la rémunération nette des militaires a progressé de +2,7% en 2020
Ces dernières années, et dans l’attente de la mise en œuvre de la Nouvelle politique de rémunération des militaires [NPRM], qui a commencé en janvier dernier avec l’entrée en vigueur de l’Indemnité de Mobilité Géographique des Militaires [IMGM], deux mesures ont été prises pour les officiers généraux et faire face aux difficultés de fidélisation dans certaines spécialités.
Ainsi, en 2018, une « Indemnité spécifique de haute responsabilité » [ISHR] a été instituée pour, selon le ministère des Armées, « donner une base juridique robuste au régime de rémunération des officiers généraux occupant des postes de haute responsabilité dans l’administration centrale du ministère des armées », en le simplifiant tout en tenant compte « du niveau de responsabilité inhérent à l’emploi occupé [part fixe] et des résultats obtenus dans cet emploi [part variable] ».
Puis, en 2019, une « Prime de lien en service » [PLS] a été instaurée, avec une dotation initiale de 8,7 millions d’euros [portée à 12 millions en 2020, ndlr]. Il s’agit d’un « outil indemnitaire de pilotage souple et réversible permettant d’anticiper et de s’adapter aux évolutions d’effectifs et de métiers soumis à forte concurrence avec le secteur civil », avait précisé le ministère des Armées.
Ces deux mesures ont-elles eu un effet sur la rémunération moyenne des militaires? Probablement, si l’on en juge par les données récemment publiées [.pdf] par l’Observatoire économique de la Défense [OED], qui relève du Secrétariat général pour l’administration [SGA] du ministère.
« En 2020, le salaire [ou solde, ndlr] net moyen des personnels militaires – hors Gendarmerie – est de 2628 € par mois. Ce salaire net moyen s’obtient en ajoutant à la solde indiciaire [1961 €], les primes et indemnités [1216 €] et en retranchant les cotisations [549 €]. Pour les personnels présents en 2019 et en 2020, le salaire net moyen progresse entre ces deux années de +2,7 % en euros constants, et de +3,4 % pour les personnels féminins », indique en effet l’OED.
Dans le détail, en 2020, le salaire mensuel net moyen s’est élevé à 4967 euros pour les officiers, à 2621 euros pour les sous-officiers et à 1900 euros pour les militaires du rang.
En outre, les primes et les indemnités constituent en moyenne 37% de la rémunération des militaires. Leur proportion dans le salaire brut, écrit l’OED, est « plus élevée chez les officiers [45%] que chez les militaires du rang [29%].
Cotisations sociales déduites, l’écart entre rémunération brute et nette est de 16,1% pour les officiers, de 17,3% pour les sous-officiers et de 18,2% pour les militaires rang.
La hausse du montant des rémunérations nettes [en euros constants] dont fait état l’OED a été plus marquée pour les officiers [+3,6%] que pour les sous-officiers [+3%] et les militaires du rang [+1,3%]. »
« Cette augmentation est due à l’augmentation de la solde indiciaire et des primes et indemnités pour les personnels concernés. La hausse des primes et indemnités est plus marquée chez les officiers et les sous-officiers [+1,8 % et +1,5 %], et plus faible chez les militaires du rang [+0,4 %]. Ces évolutions reflètent les effets positifs de l’ancienneté et des progressions de carrière, selon les corps », explique l’OED, qui, par ailleurs, met en avant des disparités salariales croissantes entre les militaires appartenant à un même corps.
« La disparité la plus forte des salaires nets est observée pour le corps des officiers, avec un facteur de 2,7 entre les 10 % des officiers les mieux rémunérés et les 10 % des officiers les moins bien rémunérés. Pour ce corps, les différences salariales d’un décile à l’autre sont particulièrement marquées en début et en fin de distribution », précise l’Observatoire.
En revanche, pour les militaires du rang, il est observé un facteur de 1,8 entre les salaires nets des 10% les moins bien rémunérés et des 10% les mieux payés. « Ce corps présente donc le moins de disparités salariales entre bas et hauts salaires, en effet, chez les sous-officiers, le rapport interdécile est de 2,2 », note l’OED.
« En 2020, la moitié des personnels militaires perçoivent au plus 2201 € nets par mois. Un militaire sur dix perçoit au plus 1494 € nets par mois [1er décile], tandis qu’un sur dix gagne au
moins 4 300 € nets par mois [9ème décile]. Tous corps confondus, les 10 % des militaires les mieux rémunérés, gagnent 2,9 fois plus que les 10 % des militaires les moins rémunérés. En 2019 ce chiffre était de 2,8 », a-t-il encore constaté.
Cette hausse – moyenne – des rémunérations est-elle de nature à combler l’écart régulièrement constaté entre les fonctionnaires civils et les militaires?
« Tous les rapports du Haut comité d’évaluation de la condition militaire mettent en évidence un décalage très clair entre le niveau de vie et de revenus d’un ménage dont le référent est un militaire et le niveau de vie et de revenus d’un ménage dont le référent est un fonctionnaire civil », avait ainsi relevé le général François Lecointre, l’ex-chef d’état-major des armées [CEMA], lors d’une audition parlementaire, en octobre 2020.
La NPRM doit y répondre. Celle-ci vise à remplacer les 174 primes actuellement en vigueur au ministère des Armées par un dispositif plus simple, et donc plus lisible. Désormais, indemnités et primes relèveront de trois catégories principales et tiendront compte des obligations propres au statut militaire.