Faute d’avions de transport disponibles, la préparation opérationnelle des troupes aéroportées reste insuffisante

Faute d’avions de transport disponibles, la préparation opérationnelle des troupes aéroportées reste insuffisante

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Quant il était encore CEMAT avant d’être remplacé par le général Pierre Schill et de prendre la succession du général Lecointre, le général Thierry Burkhard s’était en effet inquiété, à plusieurs reprises, de l’insuffisance de la préparation opérationnelle des unités de la 11e Brigade Parachutiste [BP], faute de disposer d’avions de transport tactique disponibles. « Nous sommes descendus au seuil limite de six sauts par an lequel, selon moi, est à peine suffisant pour maintenir les qualifications », avait-il ainsi expliqué en octobre 2019.

Et il fit le même constat l’année suivante. « La capacité à entraîner nos troupes aéroportées est insuffisante » et « nous devons impérativement inverser cette tendance », avait-il dit, cette fois lors d’une audition au Sénat.

Cependant, avant de passer le témoin au général Burkhard, le général Lecointre avait soutenu que la situation allait s’améliorer.

« Concernant l’entraînement au saut des parachutistes, si nous étudions la voie de l’externalisation, je relève surtout que nous sommes en train de résoudre les problèmes que nous avons pu rencontrer en raison de l’amélioration des capacités et de la disponibilité technique de l’A400M. Celui-ci dispose enfin des capacités de faire sauter les parachutistes en files [stick], et nous ressentons les premiers effets de la réforme du maintien en condition opérationnelle aéronautique engagée par la ministre [Florence Parly] », avait-il expliqué aux députés.

Seulement, deux ans plus tard, le compte n’y est toujours pas. C’est en effet ce qu’il ressort de la dernière audition parlementaire du général Stéphane Mille, l’actuel CEMAAE. Au cours de celle-ci, reprenant des propos tenus par le général Schill [le compte rendu de son intervention n’est toujours pas disponible, ndlr], le sénateur Philippe Folliot a en effet évoqué l’insuffisance de l’entraînement des unités de la 11e BP.

Le CEMAT « nous a indiqué que les capacités de préparation opérationnelle des régiments parachutistes étaient fortement perturbées par le manque de disponibilité d’aéronefs, en citant un chiffre de 70 %. Ceci pose des problèmes de capacité opérationnelle de projection, mais aussi de sécurité pour les parachutistes, qui ne peuvent pas réaliser le nombre de sauts requis », a rapporté M. Folliot. Et d’ajouter que le général Schill avait fait savoir que « même s’il faisait appel, pour atteindre ce seuil de 70 %, à des prestataires extérieurs, cette solution n’était pas satisfaisante et n’allait pas dans le sens d’une bonne préparation des forces ». Aussi a-t-il demandé au CEMAAE si cette situation allait enfin s’améliorer.

La réponse de ce dernier n’a pas été rassurante… « Au-delà des sujets de disponibilité d’appareil, on trouve également des sujets d’annulation au regard du contexte », a-t-il dit, avant de prendre l’exemple de l’exercice interarmées Orion, lequel « prévoyait d’effectuer de grosses opérations de largage de parachutistes »… qui ont finalement été « toutes été annulées en raison de difficultés météorologiques ou de réflexions pour une éventuelle projection sur l’opération Sagittaire [évacuation des ressortissants français du Soudan, ndlr].

Quoi qu’il en soit, a poursuivi le général Mille, il « est difficile de garantir que nous ayons la capacité à faire sauter 100 % des parachutistes de l’armée de Terre ». En outre, a-t-il continué, il s’avère que « l’A400M n’est pas le meilleur vecteur, car il est trop lourd ». Or, justement, il était question de s’appuyer sur cet appareil pour remédier à l’insuffisance de la préparation opérationnelle de la 11e BP…

« Je réfléchis à un cargo médian à l’horizon 2030 pour remplacer les CASA [CN-235] et qui pourrait être utile pour la préparation opérationnelle de l’armée de Terre. Cette période est d’autant plus difficile que les sollicitations pour l’Ukraine sont importantes. Nous devons rendre des arbitrages et à défaut, trouver d’autres solutions passant par la location », a conclu le général Mille.