Hommage national : « Le nom d’Arnaud Beltrame est devenu celui de l’héroïsme français »
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Le Monde | 28.03.2018
Le président Emmanuel Macron a prononcé en fin de matinée l’éloge funèbre du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, assassiné vendredi à Trèbes, dans l’Aude.
Passage devant le Panthéon, éloge funèbre aux Invalides et élévation au grade de commandeur de la Légion d’honneur : la France a rendu un hommage national, mercredi 28 mars, au gendarme Arnaud Beltrame, « héros » des attentats dans l’Aude. Le président Emmanuel Macron a salué « l’esprit français de résistance » du lieutenant-colonel, tué dans l’attaque djihadiste de vendredi.
Ce qu’il faut retenir du discours d’Emmanuel Macron
Le président a d’abord loué le courage d’Arnaud Beltrame, mort des suites de ses blessures après s’être substitué à une otage dans un supermarché à Trèbes, le 23 mars :
« Le lieutenant-colonel avait démontré par son parcours exceptionnel que cette grandeur parcourait ses veines. […] A cet instant toutefois, d’autres, même parmi les braves, auraient peut-être transigé. Mais le lieutenant-colonel Beltrame a pris une décision qui n’était pas seulement celle du sacrifice, mais celle, d’abord, de la fidélité à soi-même, à ses valeurs, à tout ce qu’il avait toujours été et voulu être.
Dès que nous avons appris son geste, nous tous avons tremblé d’un frisson singulier. L’un d’entre nous venait de se dresser, droit, lucide et brave. Il faisait face à la folie meurtrière, à la haine. Et avec lui surgissait l’esprit de résistance des Français.
Ce geste convoqua dans nos mémoires les figures de Jean Moulin […] des héros anonymes de Verdun […], de toutes ces femmes et de tous ces hommes qui, un jour, avaient décidé que la France, la liberté France, la fraternité France ne survivraient qu’au prix de leur vie et que cela en valait la peine. »
Emmanuel Macron a salué le travail des forces armées françaises, avant d’appeler « chaque citoyen » à « un regain de vigilance et de civisme » pour combattre « l’islamisme souterrain, un ennemi insidieux ». L’organisation djihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué les attentats de Trèbes et Carcassonne perpétrés par Radouane Lakdim.
Le président français a également associé la figure de l’octogénaire juive Mireille Knoll, assassinée à Paris, à l’hommage à Arnaud Beltrame, estimant qu’elle avait été victime du même « obscurantisme barbare » :
« L’obscurantisme barbare (…) nie la valeur que nous donnons à la vie, valeur niée par le terroriste de Trèbes, valeur niée par le meurtrier de Mireille Knoll, qui a assassiné une femme innocente et vulnérable parce qu’elle était juive et qui ainsi a profané nos valeurs sacrées et notre mémoire. »
Si ces attentats constituent « une nouvelle épreuve » pour le peuple français, celui-ci la surmontera, comme il en a déjà surmonté beaucoup d’autres, a-t-il assuré.
« Nous l’emporterons grâce au calme et à la résilience des Français, peuple rompu aux morsures de l’histoire, comme si souvent, l’a montré notre longue et belle histoire. […] Nous l’emporterons par la cohésion d’une nation rassemblée. »
Du Panthéon aux Invalides
L’hommage national, auquel ont été conviées les familles des trois autres victimes de l’assaillant Radouane Lakdim, a débuté vers 10 heures au Panthéon, à Paris, d’où est parti le cortège funéraire.
Escorté par huit motards de la garde républicaine, celui-ci a rejoint l’Hôtel des Invalides où s’est tenue la cérémonie, en présence notamment de 200 « frères d’armes » d’Arnaud Beltrame, de l’ensemble du gouvernement et des maires de Trèbes et Carcassonne. Fait rare, le grand bourdon – la plus grosse cloche – de la cathédrale Notre-Dame a sonné pendant le parcours.
Une minute de silence a également été observée à 10 heures dans toutes les gendarmeries, commissariats et préfectures du pays, et les drapeaux ont été mis en berne sur les bâtiments et édifices publics. Dans les établissements scolaires, le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, a demandé « un moment de recueillement », accompagné d’un temps d’échange entre professeurs et élèves.
A l’issue de l’éloge funèbre, Emmanuel Macron a procédé à l’élévation directe du colonel Beltrame au rang de commandeur de la Légion d’honneur, alors que la garde républicaine interprétait Aux morts.