On ignore encore les modalités du programme « VBAE » [Véhicule blindé d’aide à l’engagement] devant permettre de remplacer les actuels Véhicules Blindés Légers [VBL] de l’armée de Terre. Lors d’une récente audition parlementaire, la ministre des Armées, Florence Parly, a laissé entendre que ce projet pourrait être conduit dans le cadre d’une coopération européenne et bénéficier ainsi d’un financement du Fonds européen de défense [FEDef].

De son côté, l’état-major de l’armée de Terre, qui avait dit espérer, en 2018, voir ce programme être lancé avant le terme de l’actuelle Loi de programme militaire [LPM] 2019-25, il était jusqu’alors question d’adopter une « démarche innovante » pour son développement et de « discuter d’emblée » avec la Direction générale de l’armement [DGA] et les industriels.

Quant à la fiche d’expression des besoins relative au VBAE, elle précise que ce futur blindé devra être « très mobile, furtif et protégé », doté de « capacités d’acquisition et d’agression qui contribue[ro]nt au combat collaboratif SCORPION » ainsi que de « capacités d’autodéfense » et d’un « kit de surpotection. » En outre, équipé de « capteurs performants », il devra également être évolutif et « prédisposé à la robotisation. »

Deux industriels sont déjà en mesure de proposer chacun une solution : Thales, avec le Hawkei, et Arquus, avec le Scarabee, qui sera prochainement présenté pour la première fois à l’étranger, à l’occasion du salon IDEX 2021, à Abu Dhabi.

Mais un troisième acteur entend jouer sa carte. Filiale du groupe Lohr, spécialisée dans les véhicules protégés, l’entreprise SOFRAME a dévoilé, le 5 février, son projet MOSAIC [pour Mission Observation Surveillance Acquisition Investigation Combat], qui vise à répondre « notamment aux capacités attendues du futur programme VBAE dans trois configurations principales : éclairage, agression et transport de l’équipe Missile Moyenne Portée [MMP]. »

Selon les explications de SOFRAME, ce véhicule blindé est conçu en vue du retour aux engagements symétriques de type haute intensité. » Et il sera doté de « grandes innnovations dans le domaine de la protection balistique. »

Ainsi, l’industriel précise que MOSAIC mettre en oeuvre des « carneaux de canalisation du souffle des explosions », un principe qui a fait l’objet d’un brevet. En outre, la caisse blindée fera appel à des « solutions combinant combinant des aciers à très haute dureté [THD] et des matériaux non métalliques à hautes performances », lesquels permettront de protéger les équipages et les équipements sensible au niveau que l’on peut attendre pour un « engin de combat de l’avant. »

Par ailleurs, SOFRAME met en avant de innovations au niveau de la chaîne de transmission, « dessinée pour pouvoir recevoir sans modification les composants d’une hybridation électrique complète qui donnera au véhicule la capacité de rouler en silence pour des missions de reconnaissance furtive. »

Pour cela, l’entreprise s’appuie sur le savoir-faire de sa maison-mère puisqu’il est question d’utiliser une « machine électrique » dérivée et militarisée des technologies que Lohr utilise pour les moyens de transports publics à faible émission de CO2. Cette dernière assurera « la génération électrique au profit du système d’arme et peut additionner son couple à celui du moteur pour générer une accélération instantanée, gage de survie dans certaines situations de combat. »

Toujours sur ce point, SOFRAME souligne que ce mode électrique de propulsion sera « aussi très facilement pilotable pour des applications de robotique opérationnelle dans lesquelles un engin MOSAIC peut être téléopéré sans équipage. »

Ce blindé léger sera également conçu de telle sorte qu’il disposera de « volumes » permettant d’emporer des mini-drones, des robots terrestres et d’autres systèmes « innovants des décennies à venir ». L’armement embarqué sera une combinaison de plusieurs systèmes, avec des calibres allant du 7,62 au 30 mm, téléopérés ou non.

Évidemment, le MOSAIC pourra intégrer tous le Système d’information du combat SCORPION.

« En ménageant des architectures mécanique et système très ouvertes, facilitant l’intégration d’équipements spécifiques de ses clients et partenaires, MOSAIC a d’emblée pris en compte le potentiel export du VBAE », fait encore valoir SOFRAME, qui n’a pas précisé les performances techniques et les caractéristiques générales de ce véhicule, dont l’allure fait plus penser à un mini-VAB qu’à un VBL.