Le service national universel pourrait être obligatoire et durer un mois
Par Alain Barluet – Le Figaro – Publié
La version moderne du service militaire serait notamment consacrée à des activités sportives, à l’apprentissage des gestes de premiers secours et des comportements à adopter en cas de crise.
Comme on pouvait s’y attendre, le chantier du service national universel (SNU) se révèle ardu et occasionne des délais. Cette proposition phare du candidat Macron, réaffirmée après son élection, devait être présentée fin avril, après la remise au chef de l’État du rapport d’un groupe de travail présidé par le général Daniel Menaouine. Cette présentation n’interviendra que «d’ici à quelques semaines», indiquait mercredi dernier une source gouvernementale. Manifestement, le président de la République souhaite se donner du temps. «Le groupe de travail sur le SNU a terminé sa réflexion, nous examinons ses préconisations», indiquait-on dimanche à l’Élysée.
Les grandes lignes du projet sur lesquelles le président «réfléchit» semblent néanmoins consolidées: il s’agirait d’un parcours comportant des séquences distinctes, depuis un enseignement de défense, obligatoire, au collège/lycée jusqu’à un engagement sur une base volontaire à l’âge adulte, via le service civique ou la réserve par exemple, en passant par une courte période de «brassage» des jeunes d’une même classe d’âge, elle aussi obligatoire, en internat. L’objectif est de permettre aux jeunes d’acquérir un corpus de valeurs citoyennes et de solidifier la résilience de la nation après sa mise à l’épreuve par les attentats.
Macron avait insisté à plusieurs reprises sur le caractère obligatoire du SNU. Il le sera donc, mais partiellement et pour une durée vraisemblablement inférieure aux «trois à six mois» évoquée par le chef de l’État, le 16 février dernier. La part proprement «obligatoire» de ce SNU devrait se rapprocher de la proposition initiale du candidat Macron – soit «environ un mois».
Susciter l’adhésion
Cette courte période de «tronc commun» serait notamment consacrée à des activités sportives, à l’apprentissage des gestes de premiers secours et des comportements à adopter en cas de crise.
La dimension militaire du SNU ne devrait guère aller au-delà, tout apprentissage plus poussé dans ce domaine, tel le maniement des armes, exigeant nécessairement davantage de temps et un encadrement adéquat.
C’est notamment sur ce dernier aspect, l’encadrement, que la «réflexion» présidentielle est attendue. Il en va de même concernant le coût du dispositif, évalué entre 2,4 et 3,1 milliards par an. Le chef de l’État a jugé utile de rassurer les armées, plutôt circonspectes, en indiquant que le SNU ne pèserait pas sur leurs budgets. Très sollicités dans les opérations, extérieures et intérieures, les militaires s’interrogent toujours sur le rôle – et les moyens – qui pourraient être les leurs dans ce SNU, dont il est clair pour tous qu’il ne peut avoir pour vocation d’imiter l’ex-service national «suspendu» (et non supprimé) par Jacques Chirac en 1997. Le SNU pourra toutefois s’appuyer sur des formes d’engagement qui ont fait leurs preuves depuis, tels le service civique ou la réserve.
La formule, quelle qu’elle soit, devra convaincre et susciter l’adhésion. La dimension militaire du SNU n’étant pas prédominante, son ADN devait être largement sportif. Il a même été envisagé qu’un champion puisse être son porte-étendard mais cette option, susceptible de parler à la jeunesse a, semble-t-il, été abandonnée. D’autres parties prenantes officielles, le ministère de l’Intérieur, l’Éducation nationale, ont été peu audibles, personne ne se disputant le rôle de chef de file dans un projet pouvant paraître aussi légitime dans ses intentions qu’incertain dans sa mise en œuvre.