L’emploi des troupes royales face à la révolte des Camisards (1702-1710)
Leçons à tirer pour l’emploi de l’armée de Terre sur le territoire national
La révolte des Camisards a connu un regain d’intérêt dû à la réapparition des conflits asymétriques et des opérations de contre-insurrection. L’engagement de l’armée royale contre un adversaire non conventionnel promettait de livrer de profitables enseignements pour les guerres actuelles.
Souvent présentée comme un exemple incontestable de la supériorité de la «voye de la douceur» sur l’emploi de la force, le Chef d’escadron Xavier COMBET, le Chef d’escadron Etienne THEBAULT et le Chef de bataillon Jean-Maël VUITTON montrent que la guerre des Camisards illustre au contraire parfaitement le fait que, face à une insurrection armée, seule la domination militaire permet de déployer avec efficacité l’ensemble des composantes de l’approche globale.
Longtemps cantonné aux cercles des historiens et de quelques régionalistes passionnés, le souvenir de la révolte des Camisards a connu ces dernières années un regain d’intérêt certain, provoqué par la réapparition des conflits asymétriques et la nécessité conséquente, pour les armées occidentales, de renouer avec les opérations de contre-insurrection. L’engagement d’une armée régulière contre un groupe de révoltés utilisant des procédés non conventionnels promettait de livrer de nombreux et profitables enseignements pour les guerres actuelles.
Si de nombreuses et pertinentes leçons, sur lesquelles nous reviendrons, peuvent être tirées de cette comparaison, il convient néanmoins de rester prudent, et de se garder de certains parallèles pour le moins hasardeux. Ainsi, l’on ne saurait faire du Camisards le prototype du taliban et chercher à travers l’un les moyens de combattre l’autre.
Il importe donc de garder à l’esprit les limites, bien réelles, de la comparaison entre une révolte populaire dans la France de Louis XIV et la menace à laquelle l’armée de Terre est susceptible de se retrouver confrontée aujourd’hui. Fondée sur l’unique sujet religieux, la révolte des Camisards est apparue dans un État culturellement profondément homogène. Revendiquant exclusivement la «liberté de conscience», les Camisards se considéraient par ailleurs comme de loyaux sujets du roi de France, acceptaient les lois du royaume et ne songeaient en rien à se détacher du reste de la nation. Le gouffre culturel, idéologique et sociétal qui sépare les deux époques, et les deux menaces, est évident. Nous nous sommes par conséquent efforcés de ne comparer que ce qui était comparable, en essayant de dégager les constantes qui ne sont soumises ni au contexte ni à l’environnement.
Par ailleurs, l’essentiel des réflexions menées jusqu’à présent sur l’emploi des troupes royales face à la révolte des Camisards l’était à travers le prisme de l’engagement en opération extérieure. L’étude des enseignements à en tirer dans le cadre d’un engagement sur le territoire national, question ô combien prégnante aujourd’hui, restait à faire. C’est cette étude que nous nous proposons d’initier dans les pages qui suivent.
Au terme cette analyse, il apparaît que le principal enseignement de la guerre des Camisards est que la prise d’ascendant militaire est la condition indispensable et décisive du succès de l’approche globale dans le cadre d’une contre-insurrection.
La «voye de la douceur», tant vantée par Villars, ne peut en réalité se montrer efficace qu’une fois l’appareil militaire ennemi mis hors de combat, le cercle vertueux de la contre-insurrection consistant à parfaitement comprendre la menace avant de briser ses moyens militaires pour, enfin, parvenir à une issue politique. La victoire royale sur la révolte des Camisards est à ce titre un exemple particulièrement parlant, aussi bien en termes de bonnes pratiques que d’erreurs à ne pas commettre. Elle montre toute la valeur du triptyque «comprendre, combattre, compromettre».
Ainsi, nous verrons dans un premier temps pourquoi une compréhension précise de la menace et de ses racines est indispensable à l’élaboration de modes d’action adaptés et efficaces, avant d’étudier en quoi l’emploi de la force, dans le combat de contre-insurrection, est soumis à des contraintes spécifiques qui ne doivent pas, pour autant, faire oublier son caractère inévitablement décisif. Enfin, nous étudierons «l’approche globale» appliquée à ces évènements, et en quoi elle ne s’est révélée véritablement efficace qu’une fois la victoire militaire acquise.
L’indispensable compréhension de la menace
L’ampleur et la profondeur de la révolte des Camisards n’ont pas été immédiatement perçues par le pouvoir royal. La sous-estimation initiale de la menace, conjuguée à l’intransigeance idéologique du plus haut sommet de l’État, ont conduit à la mise en œuvre précipitée d’une répression inadaptée et mal dirigée, dont les effets contre-productifs ont transformé une révolte initialement maîtrisable en une insurrection violente.
- Comprendre les sources de l’insurrection
La révolte des Camisards trouve ses sources dans la révocation de l’Édit de Nantes. De nombreux protestants des Cévennes, refusant de se convertir au catholicisme, continuèrent à observer leur culte malgré l’interdiction qui leur en était faite.
Guidés par leurs pasteurs, dont la persécution, nous le verrons, sera une des causes premières de l’embrasement de la région, leur seule revendication était donc la «liberté de conscience», c’est-à-dire la liberté de conserver la religion réformée et de ne pas se rendre à la messe catholique. Ce petit peuple protestant se considérait comme parfaitement fidèle au roi Louis XIV, qu’il estimait mal conseillé. Les futurs Camisards se surnommaient eux-mêmes «Lous Raious» (les royaux en occitan), montrant ainsi de manière évidente que leurs revendications n’avaient en rien pour ambition une partition du royaume, ni même une contestation du pouvoir en place.
Les autorités royales pêchèrent doublement dans leur analyse de la menace. Tout d’abord, ce mouvement fut longtemps considéré comme une révolte sous-tendue par des motivations fiscales, ce qui n’était absolument pas le cas. Puis, une fois identifié le fondement religieux de la contestation, le pouvoir réagit de la même manière qu’il l’aurait fait face à un mouvement séditieux ou révolutionnaire, et donc avec une brutalité disproportionnée et mal dirigée.
- Un mouvement de contestation ou d’insurrection doit être traité dès ses prémices, avant qu’il ne gagne en ampleur et ne devienne irrémédiable. Une intervention au plus tôt facilite non seulement la résolution de la crise, mais permet également de maintenir le niveau de violence au plus bas.
- Il est essentiel de parfaitement comprendre les revendications des révoltés ainsi que leur origine. Une mauvaise analyse de ces facteurs, en conduisant à répondre de manière inadaptée au problème, peut avoir des conséquences dramatiques.
- C’est bien au pouvoir politique de désigner l’adversaire ou l’ennemi: l’action du militaire ne peut s’inscrire que dans un objectif qui lui est donné par les autorités politiques.
- Se garder d’actions inappropriées et de ciblage (targeting) malavisé
Ainsi, comprenant mal la genèse et la nature des troubles, les autorités ont immédiatement basculé dans une politique de répression violente, inadaptée aussi bien par sa brutalité que par son point d’application.
La première mesure du pouvoir royal fut de persécuter les pasteurs, considérés comme les inspirateurs de la contestation et comme les meneurs de la révolte, alors qu’ils jouaient en réalité un rôle de modérateurs. Spoliés de leurs biens, emprisonnés, exécutés sous des prétextes divers, voire tout simplement assassinés, les pasteurs traditionnels disparurent peu à peu du paysage des Cévennes, les survivants prenant la fuite vers d’autres régions ou pays.
Le peuple protestant, privé de ses guides et soutiens traditionnels, vit alors émerger un nouveau type de meneurs, désignés sous le nom «d’inspirés». Il s’agissait de prophètes fanatiques, généralement sans éducation ni formation religieuse et qui, grâce à leur charisme et à de prétendus miracles, poussèrent les fidèles à la révolte violente et totale. Parmi ces «inspirés», l’on trouve les futurs grands chefs camisards: Abraham Mazel, premier et dernier des Camisards, Pierre Laporte dit Rolland, et surtout Jean Cavalier, apprenti boulanger qui deviendra l’âme et le glaive de la révolte.
Ainsi, c’est bien la disparition des pasteurs causée par le pouvoir royal, qui va permettre l’avènement de ces chefs autoproclamés, guidés par des visions mystiques, qui vont transformer une grogne populaire limitée en une guerre totale conduite par des combattants fanatisés.
- Si le targeting et la destruction de «cibles à haute valeur» demeurent des procédés très valables, ils peuvent néanmoins se retourner contre celui qui les emploie. Le risque étant toujours de provoquer l’émergence de nouveaux chefs plus radicaux et plus difficilement contrôlables. L’exemple récent du remplacement d’Al Zarkaoui par Al Bagdadi en est une excellente illustration
Mesurer la pression à exercer sur la population: la répression de masse
Dans un contexte comme celui de la guerre des Camisards, il est souvent difficile d’attribuer à un camp en particulier l’origine des exactions et cruautés qui ne manquent jamais de se produire en grand nombre. Le fanatisme des Camisards, la volonté de revanche des milices catholiques ne sont sans doute pas pour rien dans l’entretien de ce climat de violence et de dévastation dont la population civile est toujours la première victime.
Néanmoins, la brutalité de la politique de répression appliquée par le Maréchal de Montrevel à partir de 1703, de manière très officielle et parfaitement réfléchie, a également eu des effets totalement contre-productifs.
En 1703, c’est le «brûlement des Cévennes»: 466 villages sont détruits entre octobre et décembre. En avril, vingt femmes et enfants sont brûlés vifs au moulin de l’Agau. Pour la même année, 13.000 personnes sont déportées, leurs habitations détruites ainsi que les moulins et les stocks de blé pour éviter qu’ils ne servent aux Camisards. L’année suivante, cette politique se poursuit, et 150 paysans sont massacrés à Branoux. À cela s’ajoutent de nombreuses exactions commises par les milices et troupes irrégulières, protestantes ou catholiques.
Le but de cette répression, outre la dissuasion, était de couper les Camisards de la population et de supprimer les sources d’approvisionnement de la révolte. Les résultats obtenus seront strictement inverses: la population, initialement indifférente voire hostile aux insurgés, va, à force d’exactions et de victimes directes ou indirectes, peu à peu se rapprocher des Camisards, qui ont de surcroît la possibilité de maintenir une pression constante sur elle. Les révoltés vont ainsi bénéficier, dans toute la région, d’un réseau d’informateurs, de sources d’approvisionnements et de soutien logistique, de caches et, bien entendu, de nouvelles recrues.
- La stratégie de dépeuplement et de terreur n’est plus concevable sur le territoire national aujourd’hui. Néanmoins, sans pour autant atteindre cette intensité dans la répression, il faut garder à l’esprit que toute action pénalisant la population risque de la radicaliser et de la pousser de la neutralité à l’insurrection.
L’élimination de leurs pasteurs avait fait entrer les Camisards dans une guerre totale. L’embrasement des Cévennes, le niveau de violence atteint, ainsi que certaines défaites militaires des troupes royales, conduiront les autorités à reconsidérer la menace posée et à mettre en place un dispositif robuste, initialement mis en difficulté par la guerre non-conventionnelle menée par les «mécontents», mais qui finira par porter un coup fatal à l’organisation militaire des Camisards.
L’emploi de la force
La guerre des Camisards fut une guerre non-conventionnelle, opposant des bandes irrégulières locales à une armée régulière, organisée, qui éprouva initialement de grandes difficultés à s’adapter à un mode de combat pour lequel elle n’était pas conçue. Dans un premier temps, il conviendra de décrire les modes d’actions particuliers des deux partis, plus ou moins adaptés à ce type de combat, avant d’observer en quoi la masse, même dans une guerre asymétrique, reste un critère majeur de succès. Enfin, il apparaîtra que, d’une manière finalement très classique, c’est bien la destruction militaire de leur centre de gravité qui sonnera le glas de la révolte des Camisards.
- Principes du combat insurrectionnel et contre-insurrectionnel
Les techniques et tactiques des Camisards, qui se sont montrées particulièrement efficaces dans les premiers temps du conflit, présentent sans surprise les grandes caractéristiques du combat de guérilla.
Organisés en bandes très mobiles, connaissant parfaitement le terrain, les troupes des révoltés privilégièrent les actions de type «coup de main», frappant un point bien déterminé avant de se dissimuler et de se disperser dans leurs refuges ou au sein de la population. Se déplaçant de nuit, bivouaquant de jour sur des terrains propices à la défense ou à la rupture de contact sur plusieurs axes, les Camisards se révélèrent généralement insaisissables pour des troupes royales moins mobiles et contraintes à
n’agir qu’en réaction. Ainsi, depuis l’attaque de la maison de l’abbé du Chayla[1] jusqu’aux raids de terreur contre les villages «papistes», en passant par les nombreuses embuscades contre les troupes royales ou les assassinats ciblés, les Camisards privilégièrent toujours la discrétion, la ruse[2] et la mobilité à l’affrontement direct.
Contraints à la bataille frontale, les Camisards éprouvaient généralement des difficultés à faire face à des troupes mieux armées, mieux entraînées, et disposant d’une capacité de choc qu’eux-mêmes ne possédaient pas. Néanmoins, ils ne refusaient pour autant pas la bataille en elle-même, pour peu qu’ils puissent choisir le moment et le lieu, Cavalier se montrant particulièrement doué pour placer ses troupes aux endroits favorables puis les coordonner habilement. Les «mécontents» remportèrent ainsi quelques victoires écrasantes, qui eurent un retentissement important sur le moral adverse.
Comme toutes les guérillas, les bandes de Camisards faisaient un excellent usage du terrain, se déplaçant par des voies invisibles, choisissant un terrain reconnu et favorable pour les confrontations, et disposant de nombreuses bases de repli et de regroupement. Les «mécontents» avaient de surcroît mis en place une organisation logistique particulièrement efficace, avec un véritable réseau de caches disséminées à travers toute la région. Utilisant les grottes pour constituer des réserves de vivres, de munitions ou de vêtements, les Camisards disposaient même de véritables hôpitaux de campagne où opéraient deux chirurgiens permanents, ainsi que d’usines clandestines pour produire poudre et balles. Les Camisards se ravitaillaient par de multiples moyens: évidemment en dépouillant les cadavres des soldats ennemis ou en pillant les dépôts, mais également tout simplement en allant acheter des denrées en ville, voire en achetant de la poudre à des soldats royaux peu regardants…
La principale source de ravitaillement des Camisards restait cependant la population elle-même. De plus ou moins bonne grâce, cette dernière fournissait aux rebelles nourriture, vin et eau, et se voyait contrainte à loger les bandes de rebelles selon le principe du «billet», identique à celui des troupes royales. Elle était également parfois soumise à une sorte «d’impôt révolutionnaire». La population constituait de surcroît une source inépuisable de renseignement, permettant aux Camisards d’être alertés au moindre mouvement des troupes royales. Néanmoins, Cavalier lui-même reconnaît que ce soutien de la population reposait davantage sur l’intimidation que sur l’affection ou l’adhésion; ce procédé trouvera ses limites lorsque l’armée Camisards aura été saignée à blanc, et que l’intensification de la répression amènera la population à craindre davantage les autorités que les Camisards.
- S’il existe une part irréductible de la population liée à une insurrection pour des raisons familiales, affectives ou idéologiques, le soutien de la population aux rebelles repose toujours essentiellement sur la pression et la crainte de représailles. Deux options non exclusives s’offrent alors pour couper le lien entre la population et les insurgés: détruire les moyens de pression dont disposent les rebelles, et faire en sorte que la population ait davantage à perdre à les soutenir qu’à les
Les troupes royales, quant à elles, eurent initialement le plus grand mal à s’adapter à un combat pour lequel elles n’étaient ni organisées, ni entraînées. L’initiative était presque systématiquement du côté des Camisards, grâce à leur connaissance parfaite du terrain, à leur mobilité et à leur réseau de renseignement particulièrement efficace. D’autre part, il apparaît clairement que la force morale et la résilience des insurgés étaient supérieures à celles de troupes royales, souvent médiocrement motivées.
Le Maréchal de Montrevel identifia très clairement les avantages de ses ennemis, et tenta de mettre en œuvre des procédures destinées à les contrebalancer.
Il s’agissait tout d’abord d’enclaver la zone d’opération. Une des plus grandes craintes du pouvoir royal était l’extension de la révolte aux provinces environnantes, particulièrement vers un Vivarais prompt à s’enflammer. Les voies de communication vers cette province furent donc placées sous une surveillance attentive, ainsi que les routes reliant les Cévennes à la Savoie et à la Suisse, qui représentaient de potentielles voies d’approvisionnement et de repli pour les Camisards.
Une fois la région isolée, Montrevel s’efforça d’en contrôler l’intérieur en aménageant le terrain pour favoriser la mobilité des troupes régulières[3], et en contrôlant les axes principaux pour interdire l’accès aux montagnes et aux forêts, refuges favoris des insurgés. Furent alors menées des opérations de «quadrillage» destinées à ratisser les zones où les Camisards avaient été signalés, afin de les débusquer, puis les isoler et les détruire. En parallèle étaient menées des opérations de renseignement ayant pour but d’être avisé des mouvements des troupes Camisardes afin d’envoyer rapidement une force d’intervention à leur rencontre. Néanmoins, ces colonnes d’intervention envoyées sur les bandes ennemies repérées arrivaient souvent trop tard et frappaient dans le vide, voire tombaient elles-mêmes dans des embuscades. Mais lorsque ces colonnes parvenaient à fondre sur l’ennemi, leur impact était généralement redoutable.
L’efficacité de ces opérations de «coordon and search», puis de «search and destroy», resta au début limitée en raison d’effectifs royaux insuffisants pour contrôler une zone d’opération aussi étendue. Puis, à mesure de l’arrivée des renforts, ces modes d’actions, fondés sur le maillage et la réactivité, finirent par porter leurs fruits et permirent aux troupes royales d’infliger de sérieux revers aux Camisards[4] jusqu’à la bataille de Nages et Navacelles où, le 19 avril 1704, la colonne du Brigadier La Lande anéantit la bande de Cavalier et détruisit ses bases logistiques, portant un coup fatal à la puissance militaire des Camisards.
- Dans une opération de contre-insurrection, il importe de contrer les avantages de l’ennemi en:
- contrôlant la zone d’opération et ses accès;
- contrôlant les axes majeurs et les accès aux refuges;
- tissant un réseau de renseignement dense et susceptible de produire du renseignement à fin d’action;
- conservant une forte capacité de réaction afin d’intervenir sur très court préavis dans la zone afin de contraindre un ennemi fuyant à un combat dans lequel il est désavantagé.
Si la stratégie adoptée par Montrevel finit par avoir raison de l’outil militaire Camisard, il faut cependant garder à l’esprit que le volume de forces à sa disposition ne lui permettait pas pour autant de contrôler l’ensemble de la zone d’opération, et qu’une large part du territoire était quasiment terrain ouvert pour les insurgés. Seule l’augmentation des effectifs royaux finit par donner au chef militaire la capacité d’exercer une réelle pression sur l’ennemi, puis de parvenir à l’acculer et à le détruire.
- L’indispensable masse de troupes adaptées
Nous l’avons vu, l’effectif des troupes royales fut longtemps insuffisant, aussi bien en quantité qu’en qualité, pour mailler le terrain avec un minimum d’efficacité. Il fallut attendre que les hommes de Broglie puis de Montrevel subissent de rudes revers pour que le pouvoir prenne conscience de la menace et accepte d’envoyer des troupes supplémentaires dans les Cévennes.
Ainsi, jusqu’au printemps 1703, l’effectif des troupes royales s’élevait à seulement huit compagnies de fusiliers, soit 240 hommes! Une telle quantité de soldats ne permettait aucunement de contrôler efficacement le terrain, ni même d’assurer la sécurité des axes, des villages ou des administrations.
Ce fut un travail constant de Montrevel, relayé par l’intendant Basville, que de réclamer à la Cour des effectifs supplémentaires. L’extension des troubles, ainsi que quelques graves défaites subies par les troupes royales, finirent par convaincre Versailles de renforcer le dispositif dans les Cévennes; ainsi, à partir de mars 1703, ce furent environ 20.000 hommes[5] que Montrevel eut à sa disposition. Parmi ces hommes, on comptait 3.000 «Miquelets», que le maréchal avait fait venir de Catalogne. Troupes irrégulières de sinistre réputation, autant pillards que combattants, ces mercenaires étaient pourtant un atout d’importance pour les troupes royales. En effet, il s’agissait de montagnards, rompus au combat dans un milieu contraignant et donc capable de faire jeu égal avec la mobilité des Camisards; de plus, leurs exactions maintenaient un climat de terreur parmi la population protestante, contraignant les Camisards à intervenir et obérant donc leur liberté d’action.
À ces 20.000 hommes s’ajoutaient également environ 3.000 miliciens, essentiellement catholiques, levés dans la région ou dans les régions environnantes. «Cadets de la Croix», «Camisards blancs» ou autres compagnies franches, toutes ces milices se distinguèrent davantage par leurs exactions que par leurs capacités militaires. Montrevel lui-même était indisposé par leurs déprédations, et fut contraint de nombreuses fois à faire exécuter un certain nombre de ces miliciens, qui entretenaient le problème davantage qu’ils ne le résolvaient. Pour autant, par leur seule présence, ces milices maintenaient une certaine insécurité sur les Camisards, contraignaient leurs mouvements et les distrayaient des troupes royales.
Ainsi, il apparaît que pour être efficaces, les opérations de contre-insurrection réclament l’engagement d’un nombre élevé de combattants, indispensables à un maillage efficace du terrain. En-dessous d’un effectif seuil, la liberté de mouvement de l’ennemi, qui est sa principale force, n’est pas compromise.
- Il convient de mettre en regard les 20.000 hommes déployés dans les seules Cévennes et les 10.000 hommes déployés sur l’ensemble du territoire pour l’opération Sentinelle… La contre-insurrection ne peut faire l’économie d’une densité très importante de troupes[6].
- Les unités engagées doivent être adaptées au milieu dans lequel elles évoluent (exemple des Miquelets). Or, il apparaît qu’il n’y a actuellement pas de forces spécialement dédiées au combat sur le territoire national. Une telle spécialisation ne manquerait pas de créer d’autres difficultés; néanmoins, il conviendrait aujourd’hui d’intensifier l’entraînement au combat en localité pour toutes les unités, et selon des contraintes TN.
- La destruction du centre de gravité
S’agissant d’une insurrection, on serait porté à croire, comme cela est si souvent énoncé dans ce domaine, que le centre de gravité des Camisards était la population. Or, il apparaît qu’en l’occurrence, c’est bien la puissance militaire des révoltés qui constituait leur centre de gravité.
Cette puissance militaire était avérée: le brillant sens tactique de Cavalier, le total dévouement de combattants profondément motivés faisaient des bandes de Camisards des ennemis redoutables. Le 14 mars 1704, l’armée royale est écrasée à Martignargues par les 1.100 Camisards de Cavalier. Les soldats d’élite des compagnies franches de la Marine et les dragons sont mis en déroute, perdant plus de trois cents hommes. Cette débâcle aura un impact stratégique, puisqu’elle conduira au remplacement de Montrevel par le Maréchal de Villars.
Désavoué, le Maréchal de Montrevel poursuivra néanmoins le combat et, deux jours avant son départ, c’est lui qui remportera la bataille décisive qui préparera le terrain pour Villars. Le 19 avril 1704, la bande de Cavalier, surprise, est anéantie à Nages par une colonne commandée par Montrevel et La Lande. Les Camisards perdent près de 600 hommes, leur quartier général est démantelé et, surtout, leurs dépôts logistiques, hôpitaux et ateliers de campagne sont découverts et détruits. C’en est fait de la révolte armée et, le 30 avril, Cavalier entame des négociations.
- Une bataille organisée et provoquée par les troupes régulières est généralement défavorable aux insurgés. Il est particulièrement profitable d’engager l’ennemi au moment où il se regroupe.
- Il est essentiel de frapper la logistique de l’ennemi et de le priver de ses moyens d’approvisionnement.
- La destruction de l’outil militaire prive l’ennemi de son principal moyen d’action et de pression sur la population. Elle provoque de surcroît un choc moral et une perte de crédit du chef adverse.
Source de la crédibilité de la révolte, source d’exaltation et donc vecteur de recrutement, la capacité à remporter des victoires sur les troupes royales et à «punir» les persécuteurs de protestants était donc en réalité la principale force des Camisards. Si la population représentait certes un enjeu majeur de ce conflit, c’est essentiellement la crainte et la menace qui l’amenaient à soutenir l’insurrection. Une fois l’outil de pression anéanti, la population bascula peu à peu vers la neutralité, voire dans l’hostilité aux révoltés. Par ailleurs, la défaite de Nages ne manqua pas de provoquer tensions et dissensions parmi les chefs Camisards. Privée de puissance militaire, et par conséquent de soutien populaire, l’insurrection était à la fois saignée et asphyxiée. Ainsi, c’est bien la destruction de l’outil militaire et de sa base arrière qui initie la phase de règlement politique.
L’approche globale
Capitalisant sur le revers militaire décisif subi à Nages par les Camisards, le Maréchal de Villars pourra poursuivre en position de force l’action globale initiée par Montrevel, en combinant influence, manipulation et répression.
- Judiciarisation et cohérence administrative
Dès le début de l’insurrection, le pouvoir a pris soin de criminaliser les insurgés, les désignant avant tout comme des «hors-la-loi». Cette catégorisation permettait non seulement à l’ensemble des corps de l’État, et pas uniquement à l’armée, de participer à la répression, mais participait également à saper la légitimité des Camisards, l’affection populaire étant moins susceptible de se porter sur de vulgaires bandits que sur d’héroïques révoltés.
De surcroît, on peut observer tout au long de la révolte des Camisards une grande cohérence judiciaire et administrative, tous les corps de l’État étant en mesure de prendre part à la lutte contre les insurgés. Les Camisards capturés vivants par les troupes royales étaient livrés à la justice, qui prononçait les condamnations (généralement la mort ou les galères). La fluidité du processus était renforcée par la capacité des officiers à constater et à caractériser les crimes et délits. Par ordonnance royale du 25 février 1703, Basville et Montrevel recevaient tous les pouvoirs, notamment en termes judiciaire, pour écraser la révolte. Cette ordonnance allait encore faciliter la coordination des différents services en raccourcissant la chaîne de décision et en unifiant les procédures dans un continuum parfaitement cohérent.
Ainsi, cette cohérence et cette interpénétration entre les domaines administratifs, militaires et judicaires permit de fluidifier la mise en œuvre de la politique de répression, qui put, grâce à cette organisation, se montrer extrêmement réactive et souple.
- La décrédibilisation de l’adversaire, en lui contestant toute légitimité ou en le ridiculisant, peut se montrer particulièrement efficace pour diminuer le soutien de la population aux insurgés. Une telle politique peut également avoir un impact fort sur le
- La cohérence et la coordination entre les différents services de l’État est indispensable à l’efficacité de l’action dans le cadre d’une contre-insurrection. Accorder des pouvoirs administratifs ? voire judiciaires ? aux militaires semble ainsi être impératif pour garantir l’efficacité du système. Se pose donc la question de la pertinence de «l’état de siège» aujourd’hui.
- La prise en compte de la population
S’il n’a pas été le bourreau sanguinaire souvent décrit par l’histoire protestante, Montrevel a néanmoins principalement utilisé la violence et la répression pour tenter de couper la population des insurgés. Cette politique fut d’autant plus sévèrement jugée qu’elle fut globalement inefficace, le peuple craignant davantage les Camisards que les troupes royales, voire contre-productive, certaines exactions particulièrement brutales créant un fort ressentiment à l’endroit du pouvoir central.
Lorsque le Maréchal de Villars arrive dans les Cévennes en 1704, la population aspire ardemment au retour de l’ordre et de la paix. Lassée par la guerre et les destructions, elle se sent également plus libre à présent que l’outil militaire des Camisards a été détruit et que les révoltés sont donc moins susceptibles d’exercer des représailles.
C’est dans ce contexte favorable que Villars va pouvoir emprunter la «voye de la douceur» en mettant la population au cœur de son action. Il promet une répression impitoyable en cas de soutien aux insurgés, mais une amnistie totale en cas de repentance ou de soumission. En parallèle, il prend une série de mesures concrètes et visibles pour mettre un terme aux violences, en mettant fermement au pas les milices et en donnant au clergé l’ordre d’assouplir son comportement.
Peu à peu, le changement de posture des autorités va, sinon rapprocher la population du pouvoir central, au moins l’éloigner des insurgés, les coupant ainsi de leur principale source d’approvisionnement et de renseignement.
- La population finit toujours par se lasser des violences et à aspirer à la paix. Il faut être celui qui peut la lui apporter.
- La prise en compte de la population consiste à faire en sorte qu’elle ait davantage à perdre en étant contre nous qu’avec nous; ce qui passe parfois par un relâchement de la répression et la limitation du recours à la
- La neutralisation des chefs
Vaincu à Nages, son armée défaite et sa logistique détruite, Jean Cavalier fut contraint à la négociation avec Villars. Le maréchal, diplomate habile et retors, manipula cet excellent chef militaire comme il l’eût fait d’un enfant. Après l’avoir flatté en lui promettant grade et titre, il insinua qu’il était envisageable que les protestants des Cévennes se voient attribuer la «liberté de conscience» tant espérée, pour peu qu’ils fassent leur soumission. Ce faisant, Villars outrepassait largement les prérogatives qui lui étaient accordées par le roi, mais cette manœuvre avait vraisemblablement pour but de finir de briser la cohésion des Camisards, ce qui arriva. Un immense espoir s’empara des protestants; Cavalier fut acclamé par ses hommes, convaincus qu’ils avaient enfin obtenu ce pour quoi tous se battaient depuis le début de la révolte. Mais les entrevues suivantes, notamment avec le roi Louis XIV, furent moins enthousiasmantes. Les clauses du premier accord tardaient à être appliquées, voire étaient violées par les autorités royales, probablement afin de souffler le chaud et le froid sur la population protestante et pour décrédibiliser Cavalier. Il fut finalement affirmé qu’il n’avait jamais été question de liberté de conscience, et que Cavalier devait déjà s’estimer heureux de pouvoir bénéficier d’un sauf-conduit pour quitter les Cévennes avec quelques hommes. Le roi lui accorda même une pension de 1.500 livres et s’appliqua à le faire savoir… De retour à son camp, Cavalier fut vertement tancé par ses troupes, profondément déçues et persuadées d’avoir été trompées voire trahies par leur chef, et il s’en fallut de peu qu’il ne fût écharpé.
Rejeté par les siens, Cavalier finit par quitter les Cévennes avec quelques hommes. Pendant ce temps, Villars poursuivait l’action de Montrevel, et Rolland, chef Camisards irréconciliable, brouillé avec Cavalier à qui il reprochait sa tiédeur dans les négociations, fut assassiné au château de Castelnau-Valence en août 1704. Sa mort finit de désorganiser l’insurrection, aboutissant à la soumission des derniers chefs à l’automne 1704.
Démoralisées, sans chefs, les troupes insurgées finirent par se disperser. C’en était fini de la révolte des Camisards.
- Sans chefs charismatiques et compétents, une insurrection n’a guère d’efficacité. Leur neutralisation doit donc être une des priorités, en gardant à l’esprit les limites déjà évoquées.
- Il est souvent plus productif de décrédibiliser un chef ennemi que de le tuer. Le chef militaire ne doit rien s’interdire en la matière. Il doit idéalement disposer de pouvoirs politiques et d’une marge de manœuvre certaine.
Conclusion
Souvent présentée comme un exemple incontestable de la supériorité de la «voye de la douceur» sur l’emploi de la force, la guerre des Camisards illustre au contraire parfaitement le fait que, face à une insurrection armée, seule la domination militaire permet de déployer avec efficacité l’ensemble des composantes de l’approche globale. En bon opportuniste et en manœuvrier brillant, Villars a ainsi su tirer tout le profit – et toute la gloire – d’un rapport de force préparé par son prédécesseur.
Cela peut surprendre, tant est ancrée l’idée que seule la méthode réputée «douce» du Maréchal de Villars a finalement permis d’éteindre la révolte, érigeant ainsi «le gain des cœurs et des esprits» en panacée de la guerre de contre-insurrection. C’est tout d’abord oublier un peu vite que la coercition et l’application de la force font partie intégrante de l’approche globale. C’est également oublier que, même au cours des négociations entre Villars et Cavalier, les opérations militaires n’ont jamais cessé. Villars peut bien prétendre avoir triomphé par la diplomatie et l’intelligence, conformément à l’image qu’il voulait donner de son action dans les Cévennes; la réalité est que c’est bien la défaite cuisante infligée aux Camisards à Nages en 1704 par l’armée de Montrevel qui a définitivement fait basculer la victoire du côté royal, et que c’est cette seule victoire militaire qui a permis à Villars de négocier en position de force et de mettre un terme à la révolte des Camisards.
Au final, 2.000 Camisards auront été tués au combat, un millier d’entre eux exécutés sommairement, 200 jugés et exécutés, 2.000 emprisonnés, 200 envoyés aux galères. En 1704, environ 1.200 se rendirent et eurent l’autorisation de s’exiler en Suisse.
Cette guerre, nous l’avons vu, est riche d’enseignements pour l’emploi de l’armée sur le territoire national, pour peu que l’on garde à l’esprit les limites et réserves rappelées au début de notre propos. Plus que jamais, il importe aujourd’hui de parfaitement analyser la menace, d’y apporter une réponse militaire ferme et définitive, intégrée dans une approche globale tournée vers le contrôle de la population.
Il est intéressant de noter que la stratégie d’ensemble adoptée par les troupes royales face à la révolte des Camisards correspond presque parfaitement à la doctrine française actuelle de contre- insurrection (COIN):
- rallier les «réconciliables»;
- isoler les insurgés;
- diviser;
- détruire les irréconciliables.
L’armée française paraît donc, en apparence, posséder un outil et une doctrine adaptés à la lutte contre une insurrection. Cela n’est en réalité pas exactement le cas, car il faut considérer une restriction d’importance: la doctrine de la COIN n’a pas vocation à s’appliquer sur le territoire national, mais uniquement dans le cadre d’une gestion de crise extérieure. D’autre part, cette doctrine ne vise en rien au retour à l’état ante, ce qui devrait pourtant être l’objectif sur le territoire national, mais à la mise en place d’un projet rénové de contrat social. Dans ce contexte, le législateur ne pourra faire l’économie d’une réflexion nouvelle, pragmatique et désinhibée, sur le contenu et les modalités de mise en œuvre de l’état d’urgence et de l’état de siège.
Outre, comme nous l’avons vu, le facteur décisif qu’a été la destruction du centre de gravité ennemi, les capacités qui ont, in fine, permis aux troupes royales d’avoir raison de la révolte des Camisards sont donc la masse, des prérogatives administratives et judiciaires renforcées, ainsi que la capacité à prendre des décisions majeures en toute autonomie.
Toutes capacités aujourd’hui cruellement absentes de l’arsenal des armées.
[1] Le meurtre de l’abbé du Chayla, assassiné par une bande menée par Abraham Mazel qui venait exiger la libération de détenus protestants, est généralement considéré comme le point de départ de la révolte des Camisards.
[2] Les Camisards firent notamment grand usage du déguisement, utilisant les uniformes pris sur les cadavres de troupes royales pour pénétrer sans être inquiétés dans des places fortifiées et s’en emparer de l’intérieur.
[3] Par exemple le terrassement de la « corniche des Cévennes », reliant Florac à Saint-Jean-du-Gard.
[4] 1703: défaite de Rolland à Pompignan, première dispersion de la bande de Cavalier, échec de Cavalier à la Tour du Billot…
[5] Fusiliers, grenadiers, dragons appartenant à de nombreux régiments réguliers
[6] En opération de sécurisation, FT-02 préconise un ration d’un soldat pour cinquante habitants.
Le Chef d’escadron Xavier COMBET est officier de recrutement semi-direct. Il a servi en tant que sous-officier au 503ème RT, puis en tant qu’officier dans la livraison par air, au 1er RTP. Il a été projeté à plusieurs reprises, dans les Balkans, en Afrique ainsi qu’au Moyen-Orient. Après une affectation à l’état-major de la 1re BL, il a rejoint le Cours supérieur interarmes en 2016.
«Saint-Cyrien de la promotion «Général Vanbremeersch» (2001-2004), le Chef d’Escadron Etienne THÉBAULT a servi dans l’arme du Train, plus particulièrement dans les domaines de l’appui-mobilité et de l’appui-mouvement. Ayant notamment été engagé au Liban, en Guyane et plusieurs fois en Afghanistan, il est actuellement stagiaire à l’École de Guerre. »
Diplômé de l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr, le Chef de bataillon VUITTON a essentiellement servi au Centre d’entraînement au combat à Mailly-le-Camp et au Commandement des Forces Terrestres à Lille. Il est actuellement en scolarité à l’École de Guerre.
Sources :
- Philippe Joutard, «Les Camisards», 1973
- Jean Cavalier, Mémoires sur la guerre des Camisards, ed. F. Puaux, 1973
- Marianne Carbonnier-Burkard, Comprendre la révolte des Camisards, 2008
PIA 3.3.2 Directive interarmées sur l’emploi de la force dans le cadre des missions intérieures, hors états d’exception (milieu terrestre) N°D-10- 00-
002077/DEF/EMA/EMP.1/NP du 23 novembre 20 10
- Engagements terrestres sur le territoire national N°143/DEF/CICDE/ DR du 31 août 2011
- Emploi des armées sur le TN : Doctrine interarmées DIA-3.60 EATN (2016) N°130/DEF/CICDE/NP du 28 juin 2016
- Instruction ministérielle relative à l’engagement des armées sur le territoire national en cas de crise majeure N° 10100/SGDSN/PSE/PPS/CD du 3 mai 2010
- Conditions d’emploi des armées lorsqu’elles interviennent sur le territoire national pour protéger la population Rapport au parlement Mars 2016
- Contre-insurrection : Doctrine interarmées DIA-3.4.4(A) COIN (2013) N° 064/DEF/CICDE/NP du 15 avril 2013
- Organisation territoriale interarmées de défense : Publication interarmées PIA-3.35(A) OTIAD (2012) N° D-12-002694/DEF/EMA/EMP.3/NP du 20 avril 2012, amendée le 15 novembre 2012