Pour son président, la Pologne pourrait profiter du parapluie nucléaire de l’Otan et de la dissuasion française
Ayant rappelé que les « intérêts vitaux » de la France avaient une « dimension européenne », lors d’un discours prononcé à l’École militaire en février 2020, le président Macron avait proposé d’ouvrir un « dialogue stratégique » avec les membres de l’Union européenne [UE] sur le « rôle de la dissuasion nucléaire française » dans la sécurité du Vieux continent.
Et d’ajouter que les « partenaires européens qui souhaitaient s’engager sur cette voie pourraient être associés aux exercices » menés par les forces stratégiques françaises.
Seulement, ces propos ayant été tenus quelques mois après que M. Macron avait tendu la main à la Russie [voir la conférence des ambassadeurs d’août 2019, ndlr], cette proposition de dialogue stratégique ne suscita aucun engouement parmi les pays européens. Du moins, jusqu’au retour du président Trump à la Maison Blanche… et l’inquiétude chez certains d’un éventuel désengagement militaire des États-Unis de l’Otan.
Ainsi, début mars, alors qu’elle venait d’être remise sur la table par le locataire de l’Élysée, cette offre de dialogue stratégique autour de la dissuasion nucléaire française a été jugée « prometteuse » par Donald Tusk, le Premier ministre polonais.
Un parapluie nucléaire, « c’est ce qui peut nous donner un avantage très net sur la Russie », avait d’abord estimé M. Tusk, à Bruxelles, le 6 mars. « Comme toujours, ce sont les détails qui comptent, mais cette disponibilité de la France, c’est quelque chose de très prometteur », avait-il ajouté.
Plus tard, lors d’une séance au Parlement, M. Tusk confirma avoir « des discussions sérieuses avec les Français au sujet de leur idée d’un parapluie nucléaire au-dessus de l’Europe », avant de faire part de son souhait d’en « savoir plus, en détail, sur ce que cela signifie concernant la gestion de cette arme » car « si l’on devait s’y résoudre, cela vaudrait la peine d’avoir la certitude que c’est entre nos mains et que c’est nous qui décidons ». Et cela alors que M. Macron a soutenu que la décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République, chef des armées ».
Reste que la position de M. Tusk se démarquait alors de celle d’Andrzej Duda, le président polonais… qui est aussi son adversaire politique, ce dernier s’étant prononcé à plusieurs reprises pour le déploiement en Pologne d’armes nucléaires tactiques B-61 américaines dans le cadre de la dissuasion de l’Otan.
Cela étant, dans un entretien accordé à l’agence Bloomberg, le 18 avril, M. Duda a finalement estimé que la Pologne pourrait profiter à la fois du parapluie nucléaire de l’Otan et de la dissuasion française, les deux pouvant être complémentaires. « Je crois que nous pouvons accepter les deux solutions. Elles ne ne sont ni contradictoires ni mutuellement exclusives », a-t-il en effet affirmé.
Pour rappel, M. Duda quittera ses fonctions dans quatre mois, c’est-à-dire à l’issue des élections présidentielles qui se tiendront le 18 mai et et le 1er juin, soit avant la signature d’un traité de partenariat stratégique entre la France et la Pologne. Les questions de défense y seront largement évoquées. Reste à savoir lesquelles…
Fin mars, le quotidien « Gazeta Wyborcza » a rapporté que ce nouveau traité de coopération, qui remplacera celui de 1991, « comprendra des garanties de sécurité et renforcera l’Otan ». Plus précisément, a-t-il ajouté, il devrait contenir une « disposition clé prévoyant une assistance mutuelle, y compris armée, en cas d’attaque ». À ce titre, la « France […] offrira à la Pologne une protection sous son ‘parapluie nucléaire’, a-t-il conclu.