Programme Scorpion : vers d’autres opportunités pour FN Herstal ?
Après le Leclerc XLR, verra-t-on les tourelleaux téléopérés (TTOP) du Belge FN Herstal sur d’autres futures plateformes du programme Scorpion ? Ce scénario, de moins en moins hypothétique, est évoqué pour la première fois en France par le député LREM Jean-Charles Larsonneur dans un rapport concernant le budget 2020 des Armées.
« Nexter, en discussion avec le ministère belge de l’Économie autour du contrat dit CaMo ‒ pour « capacité motorisée » ‒ d’acquisition de matériels Scorpion par la Belgique, est convenu que FN Herstal développerait un TTOP compatible avec les matériels Scorpion ainsi qu’avec le char Leclerc rénové, » rappelle le rapporteur. Comme nous le dévoilions en septembre, FN Herstal et Nexter se sont effectivement accordés sur l’intégration d’un TTOP belge dans le cadre du futur standard rénové du char Leclerc, dont une première tranche pour 50 unités se matérialisera l’an prochain. Arquus, concepteur des tourelleaux T1 et T2, a quant à lui reçu des commandes pour équiper « 75 % du parc de Griffon ». En revanche, souligne le député, « rien n’interdit à la DGA de choisir un TTOP fourni par FN Herstal pour d’autres programmes, y compris le futur véhicule blindé d’aide à l’engagement (VBAE) ». Le rapporteur n’ayant logiquement pas auditionné d’industriels ou de militaires belges pour ce rapport, il est clair que cette perspective n’a pu être évoquée que par un intervenant français.
Si l’usage du conditionnel reste de rigueur, cette sortie rejoint néanmoins celle évoquée récemment sur FOB par le commandant de la Direction générale des ressources matérielles (DGMR) de la Défense belge, le lieutenant-général Debaene. Selon ce dernier, la DGMR étudie de près la possibilité de rejoindre la DGA sur le sujet du VBAE, un besoin sensiblement équivalent à celui de l’armée de Terre étant clairement exprimé en outre-Quiévrain. Ce type de rapprochement est désormais grandement facilité par les mécanismes mis en place au travers de CaMo et pourrait tout à fait impliquer de négocier un développement commun profitable à l’industrie belge.
Pour l’heure, on en sait toujours très peu sur ce mystérieux VBAE, hormis quelques visuels à usage purement illustratif diffusés par les Armées et le fait qu’il devrait remplacer la flotte de VBL à compter de 2025, voire avant ? « Nous avons bon espoir de lancer ce programme pendant la LPM et peut-être – soyons fous ! – de voir les premières livraisons avant son terme. En tout cas, nous n’attendrons pas 2025 pour penser et dérisquer ce véhicule, » ambitionnait le général Beaudoin, sous-chef d’état-major Plans et Programmes à l’EMAT, en mai 2018 devant la Commission défense de l’Assemblée nationale. Ce dernier est revenu durant l’été sur les principaux enjeux du programme, à l’occasion d’une présentation réalisée aux États-Unis. L’apparition de nouvelles menaces impliquant de nouvelles missions, le VBAE devra rechercher l’équilibre entre un haut niveau de mobilité, une meilleure furtivité grâce à l’hybridation de la motorisation, une capacité C2 au niveau compagnie, une neutralisation des menaces proches et hors de la vue directe, ainsi qu’une protection accrue de l’équipage (3+1).
Du côté des industriels, on tâte le terrain, on développe des briques sur fonds propres et on continue d’affiner le modèle en attendant une spécification du besoin par les autorités militaires. C’est premièrement le cas d’Arquus dont le démonstrateur Scarabee, s’il n’est pas officiellement mentionné comme tel, se veut être la vitrine de l’industriel versaillais pour le programme VBAE. Le Hawkei de Thales sera aussi probablement attendu dans les starting blocks. Un véhicule que le groupe français a d’ailleurs présenté en avril au salon SOFINS équipé… d’un tourelleau deFNder Medium de FN Herstal.