3,5+1,5= 5: les pays de l’Otan condamnés à augmenter leurs dépenses militaires

Mark Rutte, le secrétaire général de l’Otan, était à Dayton (USA), lundi, pour la réunion de printemps de l’assemblée parlementaire de l’Otan. « Nous finalisons un plan pour augmenter dramatiquement les dépenses de défense de l’Alliance », a-t-il confirmé, précisant qu’au prochain sommet de l’Otan, en juin, à La Hague, les responsables politiques devront « prendre des décisions pour rendre l’Alliance atlantique plus forte, plus équilibrée et plus létale. « Nous devons agir maintenant et renforcer nos défenses. Reporter ces décisions serait dangereux ».
Les dirigeants de l’Otan doivent effectivement se réunir les 24 et 25 juin. Il s’agira de fixer de nouveaux objectifs en matière de capacités militaires et surtout de répondre à la question du montant que les membres doivent consacrer à la défense. Washington exige que les Etats membres consacrent au moins 5% de leur Produit intérieur brut (PIB) à leur défense d’ici 2032 et menace ses alliés d’un possible désengagement, une menace brandie régulièrement comme une épée de Damoclès. L’ambassadeur américain auprès de l’Otan, Matthew Whitaker, a récemment laissé entendre qu’après le sommet de juin (auquel Trump n’a pas confirmé sa présence), des discussions pourraient s’ouvrir sur le maintien ou l’adaptation du dispositif US en Europe.

Mais atteindre la cible des 5% n’est pas à la hauteur de tous les pays européens membres de l’Alliance. Seule la Pologne est proche de l’objectif de 5% exigé par Washington avec 4,7%, et elle a promis de l’atteindre dès l’an prochain, à l’instar des pays baltes. Encore faut-il que le résultat du 2e tour de la présidentielle polonaise du 1er juin soit favorable au maire pro-européen de Varsovie.
Un pour cent de PIB en plus représente 200 milliards d’euros pour l’ensemble des pays de l’UE, dont 23 sont membres de l’Otan, selon le commissaire européen à la Défense Andrius Kubilius.
D’où le plan hybride concocté à Bruxelles.
3,5% ou 5%?
Le secrétaire général de l’Otan propose en effet que les pays membres acceptent de porter la part de leur PIB consacrée à la défense à 5%.
Mais ce niveau de 5% serait atteint en faisant l’addition de deux types de dépenses:
– d’abord des dépenses militaires stricto sensu à 3,5% du PIB d’ici 2032,
– ensuite, au-delà de cet objectif – déjà ambitieux – de 3,5%, Mark Rutte souhaite que les pays de l’Otan portent à 1,5% de leur PIB leurs dépenses liées à la sécurité au sens large, comme la protection des frontières, la mobilité militaire, la sécurité maritime ou encore la cybersécurité.
Quid de la France?
Avec un PIB à 2 600 milliards d’euros en 2024, un budget militaire à 5 % représenterait au bas mot quelque 130 milliards d’euros, soit un budget des Armées en hausse de 80 milliards d’euros.
Actuellement, le président Macron s’en tient donc aux 3,5% de dépenses militaires stricto sensu et au 1,5% financé par des dépenses annexes (cyber, infrastructures, etc.). Avec ses 2,1 % actuels, la France devrait quand même faire passer le budget de ses armées de 50,5 milliards (pour 2025) à 100 milliards d’euros pour être à 3% et à 122 milliards pour être à 3,5% du PIB.
« Nous continuons d’augmenter, nous allons augmenter, et j’annoncerai dans les semaines à venir, des décisions pour l’année en cours et l’année prochaine », a indiqué Emmanuel Macron, le 17 mai.