50% des Français seraient prêts à mettre un militaire au pouvoir en cas de nouveaux attentats
Journaliste au quotidien Le Parisien, Henri Vernet a eu le nez creux en écrivant son « thriller » politique « Article 36 « . L’histoire? Un jeune président est confronté à un vaste mouvement de protestation animé par les « cocus de la République »? C’est alors qu’une vague d’attentats s’abat sur la France. Les forces de sécurité étant au bord de la rupture, l’opération « Mistral » est lancée, dans le cadre de l’article 36 de la Constitution, lequel prévoit le transfert du pouvoir aux militaires pendant 12 jours afin de restaurer la sécurité sur l’ensemble du territoire national. Et le général qui va la conduire deviendra un rival du chef de l’État.
Cette fiction est le « fruit d’une enquête patiente et rigoureuse, nourrie de témoignages et d’entretiens avec des responsables clés des armées, des services de renseignement, de la police et de la gendarmerie », explique l’éditeur d’Article 36, à savoir les Éditions Jean-Claude Lattès.
Justement, ces dernières ont commandé un sondage auprès de l’institut Odoxa. Et les résultats vont dans le sens de la conclusion de leur présentation du livre de Henri Vernet : « Ce qui est raconté et décrit dans l’ouvrage est imaginaire, mais tout pourrait parfaitement arriver, et nous montrons comment. »
Tout d’abord, pour 60% des personnes interrogées, la France est toujours en guerre contre le terrorisme. Et « ce sentiment […] est partagé par tous les Français, quelle que soit leur orientation politique, à l’exception [relative] des ‘Insoumis’ qui sont les seuls à être partages [50/50] sur la question. Pour les aitres, la question ne se pose même pas : 57% des sympathisants RN [Rassemblement national, ex-FN, ndlr], 65% de ceux du PS, 68% de ceux de LR et 75% des sympathisants de LaREM [La République en Marche, ndlr] perçoivent leur pays comme étant actuellement en guerre », souligne Odoxa.
Et être en guerre suppose des mesures d’exception. Et là encore, une nette majorité de Français y est favorable. Ils sont en effet 55% à s’y dire prêts et à consentir une réduction de leurs libertés au profit de leur sécurité. Cela étant, les réponses ne sont pas les mêmes en fonction des sympathies politiques. Les électeurs de La France insoumise [LFI] et du Parti socialiste sont les plus hostiles à cette idée [respectivement à 67% et à 57%]. En revanche, les sympathisants de LaREM y adhèrent à 67%. Et cela monte jusqu’à 74% pour ceux de LR.
Autre enseignement de cette enquête, l’armée est l’institution à laquelle les Français font le plus confiance pour lutter contre le terrorisme, quel que soit le biais politique. C’est le cas pour 54% des personnes interrogées. Arrivent ensuite la police [20%], la justice [9%], le gouvernement [7%] et la classe politique [1%].
« Les instances classiques de nos régimes démocratiques [justice et pouvoir politique], normalement en charge de répondre à ce type de dangers,sont donc totalement dépassées par le pouvoir militaire [voire policier] » commente Odoxa.
Aussi, l’idée de placer « temporairement » un militaire à la tête du pays en cas de nouveaux attentats est majoritaire, 50% des sondés ayant répondu y être favorables [contre 49%]. Une telle hypothèse est surtout plébiscitée à la droite de l’échiquier politique, les sympathisants du RN y étant faborables à 71% et ceux des Républicains à 58%. Même à gauche, une telle éventualité est loin d’effayer les personnes proches de LFI : elles y seraient même favorables à 49%. Mais elle n’est pas populaire chez les sympathisants socalistes [ils sont 66% à y être hostiles], et encore moins pour ceux de LaReM, 75% d’entre-eux repoussant une telle issue.
Photo : EMA