Pour le moment, le coût d’entretien des blindés Griffon est 2,4 fois plus élevé que celui des VAB
« S’agissant des seules dépenses d’investissement, l’écart de prix entre le VBMR Griffon et la régénération VAB visant à l’intégrer à la bulle SCORPION s’établit à 100’000 euros environ, soit 6,7 % seulement. Mais en tenant compte des coûts d’entretien et des durées d’amortissement de chacun de ces matériels, la possession d’un Griffon est plus économique que celle d’un VAB modernisé », avait ainsi souligné le député Thomas Gassiloud, dans un avis budgétaire publié en 2017. Et d’ajouter : « Aussi, en tenant compte de l’amortissement du véhicule, le coût d’un griffon s’établit-il à 156’600 euros par an, tandis que celui d’un VAB modernisé s’élève à 183’200 euros par an ».
D’autres arguments plaidèrent en faveur d’une accélération des livraisons de VBMR Griffon et Serval : d’abord, cela allait permettre d’améliorer la protection et l’efficacité des troupes. Ensuite, la régénération des VAB s’annonçait compliquée en raison du nombre de versions en service… Et il n’était pas certains qu’elle fût possible, compte tenu des modifications à leur apporter, tant en termes de masse que de mobilité et d’ergonomie.
Cependant, l’entretien de nouveaux équipements coûte cher au moment de leur mise en service. En général, l’évolution de ces coûts suit une courbe en forme de U : importante durant les premières années d’utilisation, elle se stabilise à la baisse pendant quelques temps, avant de repartir à la hausse à mesure que des obsolescences apparaissent au fil du temps. Qu’en sera-t-il pour les blindés de la gamme SCORPION?
Dans son avis sur les crédits alloués à l’armée de Terre pour 2023, le député François Cormier-Bouligeon a avoir constaté que « le soutien soutien des matériels Scorpion livrés est globalement satisfaisant, malgré une hausse importante des coûts de maintenance qui devrait se poursuivre en raison du niveau technologique et de la complexité technique des matériels de nouvelle génération comme le Griffon, ainsi que par la part plus importante de tâches confiées à l’industriel pour son soutien ».
Notant que la disponibilité des 35 Griffon déployés au Sahel dans le cadre de l’opération Barkhane a été « satisfaisante », le parlementaire note cependant qu’il « devra être tenu compte de ce ‘pic du MCO’ [Maintien en condition opérationnelle] à venir dans la programmation ». Ainsi, les chiffres qu’il a donnés dans son rapport, le Griffon « présente un coût d’entretien programmé des matériels [EPM] 2,4 fois plus élevé que le VAB » soit 1,2 million d’euros pour le premier contre 500’000 euros pour le second, en version infanterie.
Aussi, estime M. Cormier-Bouligeon, « l’enjeu principal des parcs Scorpion sera donc la fiabilisation de la programmation budgétaire pluriannuelle des besoins en EPM, ce qui exige au préalable une consolidation de leur coût de maintenance ». Cela étant, a-t-il continué, « si le coût du Griffon, premier parc livré, n’est pas encore stabilisé car une partie des pannes n’est pas couverte pas le forfait contractuel, le coût de maintenance du Serval sera, en principe, plus faible […], en cohérence avec sa dimension moindre ».
Quoi qu’il en soit, a-t-il souligné, il sera « nécessaire de veiller à la prise en compte du coût de soutien et des stocks de rechange, nécessaires à un engagement de haute intensité ».
Par ailleurs, la cohabitation d’équipements très modernes et vieillissants [VAB, AMX-10RC] donne lieu à des coûts de MCO importants. Cela « explique que les crédits investis dans l’entretien programmé du matériel ne produisent pas nécessairement une hausse homothétique de l’activité », fait observer le rapporteur.
Cela étant, par rapport au VAB, le Griffon apporte une plus-value opérationnelle significative, comme en témoigne le retour d’expérience [RETEX] de son engagement au Sahel.
Le Griffon se « distingue par son ergonomie permettant une utilisation simplifiée. Il intègre une première capacité de géolocalisation amie [GLA] et d’échange d’informations, apportant une véritable plus-value opérationnelle. Fonctionnant avec le poste radio de 4e génération [PR4G], les développements en cours portent sur l’intégration du SIC-S sur la nouvelle radio CONTACT », rapporte M. Cormier-Bouligeon. Aussi, il permet une « accélération des cycles de décision », tout en offrant une meilleure protection ainsi qu’une plus grande mobilité.