Le 2e régiment de hussards renoue avec le franchissement par VB2L
C’est un exercice qui n’avait plus été mené depuis un moment par l’armée de Terre. Le véhicule blindé léger franchit à nouveau des coupures humides grâce à la réactivation d’un savoir-faire longtemps mis de côté et que le 2e régiment de hussards est en train de se réapproprier.
Une première depuis 15 ans
Exploité en plongée, à la palme ou avec ses kayaks par les spécialistes de la recherche humaine profonde du 2e RH, le milieu aquatique est aussi un obstacle à traverser pour leurs VB2L « patrouille de recherche blindée ». Escadron après escadron, l’objectif est d’amener l’ensemble du régiment à se réapproprier une capacité de franchissement de coupure humide sous blindage d’ici à 2025.
Le 4e escadron a ouvert le bal il y a peu. Sa formation a démarré en piscine pour, entre autres, s’habituer au matériel spécifique et s’assurer d’avoir les bons réflexes en cas d’incident. Elle s’est poursuivie sur l’étang d’Haspelschiedt (Moselle), où chaque équipage a réalisé plusieurs traversées de jour comme de nuit. Ce module d’instruction, réparti sur une semaine, a permis de former 30 équipiers, l’équivalent de cinq patrouilles.
« Nous avons de la chance, nous disposions encore d’une partie du matériel et du personnel qui maîtrisaient ce savoir-faire, ce qui nous a permis de reprendre pied assez rapidement », souligne un officier du 2e RH. Des techniques de sécurité à la préparation des véhicules, voici plusieurs mois que les plus anciens transmettent leur expérience aux jeunes générations. Les premiers essais à petite échelle datent du mois de novembre dernier. Le parc régimentaire de VB2L nécessitait quant à lui une brève révision technique.
Ce type d’exercice, l’armée de Terre n’en avait plus réalisé depuis 15 ans. Au cours des deux dernières décennies, la préparation opérationnelle s’était en effet concentrée sur le combat face à un ennemi asymétrique et dans des environnements bien différents de ceux rencontrés en Europe.
Premier test durant l’exercice ORION
Aujourd’hui, le contexte sécuritaire a bien évolué. « Il ne vous pas échappé qu’au niveau stratégique, les concepts d’engagement de l’armée de Terre sont en train de changer », nous rappelle-t-on. La perspective d’un engagement majeur face à un ennemi à parité redevient la priorité, avec le durcissement de l’entraînement à la clef. Les environnements opérationnels changent, nécessitant de réapprendre certains savoir-faire.
« Nous constatons qu’en Europe, nous rencontrons une coupure humide majeure qui nécessite un franchissement tous les 10 ou 20 km. Il faut que l’on se réapproprie ce savoir-faire parce que les patrouilles du 2e hussards doivent pouvoir agir de façon autonome et derrière les lignes ennemies », nous explique-t-on.
Un franchissement, c’est « un moment de vulnérabilité dans toute opération» qui nécessite de conduire « une opération dans l’opération ». Pendant les quelques minutes que dure la traversée, le véhicule est bruyant, exposé et lent, aux antipodes de la recherche de discrétion caractéristique des patrouilles du 2e RH. La manoeuvre demande donc d’engager une réflexion tactique sur l’ennemi, le terrain, le milieu aquatique, la force du courant, la nature des berges. Un cadre contraignant face auquel le régiment bénéficie d’un atout : son peloton de recherche nautique (PRN). Spécialiste de l’infiltration en milieu aquatique et subaquatique, ce peloton détient aussi les compétences techniques nécessaires à la mise en place d’un point de franchissement en soutien des patrouilles en VB2L.
Le savoir-faire technique maintenant acquis par un premier escadron, il s’agira de le mettre en oeuvre dans un cadre tactique en avril lors de la dernière phase de l’exercice ORION, phase durant laquelle les armées françaises et leurs alliés « joueront » un engagement de haute intensité face à un ennemi à parité.