Un coup à jouer au Brésil pour le CAESAR
Le Brésil entame la dernière ligne droite vers l’acquisition de nouveaux canons automoteurs pour ses forces terrestres. Parmi les candidats attendus sur la ligne de départ, un CAESAR en recherche d’un premier succès dans la zone sud-américaine.
Oubliée la déconvenue colombienne de janvier dernier, qui avait vu le CAESAR de Nexter (KNDS) s’incliner face à l’ATMOS de l’israélien Elbit Systems. Pourtant favori, le champion français pourrait maintenant prendre sa revanche chez le voisin brésilien, à quelques mois d’acter l’achat de 36 systèmes d’artillerie à roues de 155 mm.
Segment prioritaire d’un projet d’ensemble de rénovation du parc blindé brésilien, l’achat de systèmes d’artillerie répond au besoin urgent de remplacement d’obusiers M109 en fin de vie malgré les modernisations successives. Et si certains M109 sont portés au standard A5+ BR, leur portée limitée à une vingtaine de kilomètres « a rendu impossible la réalisation des actions typiques de l’artillerie divisionnaire, tel que l’appui-feu dans la profondeur des groupements organiques des brigades », souligne le commandement brésilien.
Lancée ce jeudi, la phase d’appel d’offres doit venir combler ce trou capacitaire grâce à un système de dernière génération capable, entre autres, d’étendre la portée de l’artillerie brésilienne à 40 km. Derrière cette performance, le canon recherché sera d’au moins 52 calibres et en mesure de tirer des obus répondant aux standards OTAN, y compris des munitions intelligentes susceptibles d’améliorer la portée et la précision.
Quant au porteur, il devra protéger un équipage limité à cinq membres, embarquer a minima 16 munitions complètes et garantir une autonomie sur route supérieure à 500 km. La mise en batterie ne devra pas excéder trois minutes, délai ramené à deux minutes pour la sortie de batterie.
Autant de critères auxquelles répondent les deux versions actuelles du CAESAR. Le besoin brésilien n’est pas neuf et, dès 2014, Nexter se rapprochait de l’entreprise locale AVIBRAS pour plancher conjointement sur un CAESAR « brésilien ». Depuis, le CAESAR reste le seul système d’artillerie à roues à pouvoir se targuer d’être « combat proven ». L’argument ne sera pas de trop pour se mesurer au trouble-fête israélien mais aussi à d’autres concurrents plus « exotiques », à l’image du groupe chinois NORINCO, déjà implanté dans la région. Apparemment moins « compétitif », l’Archer de la filiale suédoise de BAE Systems serait hors course.
L’acquisition proprement dite sera accompagnée d’un contrat de soutien pour trois ans et de la fourniture d’un système de simulation pour la formation et l’entraînement des équipages. Nexter travaille depuis 2018 sur un simulateur dédié au CAESAR, avec un premier succès à la clef engrangé l’an dernier avec la République tchèque.
Tous ont jusqu’à la mi-novembre pour soumettre leur offre initiale. Seule les industriels sélectionnés à l’issue d’une première analyse seront invités à négocier puis à établir une offre finale en mars 2024. Sauf décalage, l’heureux gagnant devrait être annoncé au printemps prochain. Là encore, il faudra faire preuve de patience car le contrat signé dans la foulée ne porterait initialement que sur la fourniture de deux prototypes.
Ces deux exemplaires seront rejoints par deux autres afin de conduire des expérimentations doctrinales en 2027, date à laquelle commencerait la production en série. Entre trois et cinq systèmes sortiraient ensuite d’usine chaque année pour parvenir, en 2034, à la pleine capacité opérationnelle.
Crédits image : 3e RAMa