L’armée américaine dévoile un plan de modernisation plus ambitieux que prévu pour le char M1A2 Abrams
Actuellement, celle-ci aligne 6612 chars de combat de ce type, dont 500 portés au standard SEPv3, qui est le dernier à avoir été développé par General Dynamics Land Systems [GDLS]. C’est d’ailleurs cette version qui est proposée à l’exportation par Washington [la Pologne en attend 250 exemplaires et la Roumanie envisage d’en commander 54].
Cependant, l’US Army avait jusqu’alors le projet d’un nouveau standard, appelé SEPv4, dans ses cartons. Finalement, elle a décidé de l’annuler, au profit d’un chantier de modernisation de l’Abrams encore plus ambitieux.
Il sera mis un terme « à l’effort concernant la version SEPv4 du M1A2 afin de développer le M1E3 Abrams, qui visera à améliorer les capacités nécessaires pour contrer les menaces futures sur le champ de bataille de 2040 et au-delà », a en effet annoncé l’US Army, via un communiqué publié le 6 septembre.
« Nous comprenons que les futurs champs de bataille poseront de nouveaux défis au char alors que nous étudions les conflits récents et en cours », a commenté le général Geoffrey Norman, directeur des projets de véhicule de combat de nouvelle génération au sein de l’armée américaine. « Nous devons optimiser la mobilité et la capacité de survie de l’Abrams afin de lui permettre de se rapprocher de l’ennemi et de le détruire et d’en faire le ‘roi’ des futurs champs de bataille », a-t-il ajouté.
Le communiqué de l’US Army ne livre que très peu de détails sur cette modernisation de l’Abrams… Si ce n’est qu’elle reprendra certaines fonctionnalités qui étaient prévues pour la version SEPv4 afin de les associer « avec les dernières normes d’architecture de systèmes ouverts modulaires », ce qui permettra de « concevoir un char plus léger et plus résistant, plus efficace sur le champ de bataille lors de sa mise en service initiale [attendue d’ici 2030, ndlr et plus facile à mettre à niveau à l’avenir. »
Le général Glenn Dean, responsable des systèmes de combat terrestres, a sans doute donné quelques indices supplémentaires. « Le char Abrams ne peut plus accroître ses capacités sans prendre de poids » alors que « nous devons réduire son empreinte logistique », a-t-il dit. « La guerre en Ukraine a mis en évidence un besoin critique pour des protections intégrées », c’est à dire installées à l’intérieur du char « au lieu d’être ajoutées ».
Selon l’US Army, des « années de tests, d’analyses, de commentaires des soldats et de technologies en phase de maturation ont abouti à cette décision stratégique ». Et d’ajouter que cette nouvelle approche permettra d’équilibrer les « coûts avec les besoins » et d’investir dans la base industrielle de défense américaine.
Probablement que ce M1E3 Abrams s’appuiera sur les travaux menés par GDLS pour l’Abrams X, un démonstrateur de char de combat de nouvelle génération dévoilé en octobre 2022. À l’époque, l’industriel avait assuré que ce dernier aurait une masse réduite [et donc une meilleure mobilité] et qu’il serait équipé d’un groupe motopropulseur [GMP] hybride, reposant probablement sur l’Advanced Combat Engine [ACE] fourni par Cummins.
L’appellation M1E3 Abrams est un « retour à la nomenclature type pour notre flotte de véhicules de combat », a souligné le général Dean. Le « E » signifie que la modification devant être apportée à une plate-forme existante sera « plus importante qu’une modification mineure ». Et il sert « à désigner un prototype et la configuration de développement jusqu’à ce que le véhicule soit officiellement classé par type et reçoive une désignation ‘A’ », a-t-il expliqué.
Photo : Démonstrateur Abrams X