Guerre en Ukraine : face à l’offensive surprise de l’armée russe, Kharkiv évacue des habitants

Guerre en Ukraine : face à l’offensive surprise de l’armée russe, Kharkiv évacue des habitants

Le président ukrainien a rapporté vendredi soir des « combats intenses » sur toute la ligne de front de cette région frontalière à la Russie. Environ 1700 personnes ont dû être évacuées. Pour aider l’Ukraine à contrer cette nouvelle attaque féroce de l’armée russe, Washington a débloqué hier soir une nouvelle aide militaire en urgence.

« Au total, 1.775 personnes ont été évacuées », a écrit le gouverneur de la région de Kharkiv sur les réseaux sociaux.
« Au total, 1.775 personnes ont été évacuées », a écrit le gouverneur de la région de Kharkiv sur les réseaux sociaux. (Crédits : Stringer)

 

Depuis vendredi, Kharkiv, ville et région ukrainienne frontalière de la Russie, est de nouveau le théâtre d’affrontements violents. Conséquence immédiate : des centaines de personnes ont été évacuées de cette zone, a déclaré le gouverneur régional ce samedi, au lendemain du lancement par la Russie d’une offensive terrestre transfrontalière surprise.

« Au total, 1.775 personnes ont été évacuées », a écrit le gouverneur Oleg Synegubov sur les réseaux sociaux, ajoutant que la Russie avait procédé à des tirs d’artillerie et de mortier sur 30 localités de la région, dans le nord-est ukrainien, au cours des dernières 24 heures.

Pour rappel, cette zone frontalière n’avait pas été la cible de telles attaques depuis le retrait des troupes du Kremlin de la quasi-totalité de la région de Kharkiv face une contre-offensive ukrainienne à l’automne 2022. Jusqu’à aujourd’hui, la région de Kharkiv est en grande partie sous contrôle ukrainien depuis septembre 2022.

« Combats intenses »

Vendredi soir, l’Etat-major ukrainien a indiqué que la Russie avait mené dans la région de Kharkiv cinq attaques terrestres près des localités de Krasné, Morokhovets et Oliinykové, frontalières de la Russie, ainsi qu’un peu plus à l’est près de celle de Gatychtché. Selon cette source, plusieurs attaques aériennes russes ont visé des cibles dans le secteur, notamment la ville plus importante de Vovtchansk, également frontalière et peuplée de 3.000 habitants.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a rapporté vendredi soir des « combats intenses » sur toute la ligne de front. Une source militaire ukrainienne de haut rang a déclaré que les forces russes avaient avancé d’un kilomètre en Ukraine et tentaient de « créer une zone tampon » dans la région de Kharkiv et celle voisine de Sumy, pour empêcher Kiev de frapper celle de Belgorod, en Russie, très régulièrement ciblée.

Les autorités de Kiev ont prévenu depuis des semaines que Moscou pourrait tenter d’attaquer les régions frontalières du nord-est, en poussant son avantage, alors que l’Ukraine est confrontée à des retards dans l’aide occidentale et à des pénuries de combattants.

L’armée ukrainienne a déclaré avoir déployé davantage de troupes dans la région où, selon Volodymyr Zelensky, les forces ukrainiennes utilisent l’artillerie et des drones pour contrecarrer l’avancée russe. « Des unités de réserve ont été déployées pour renforcer la défense dans cette zone du front », a déclaré l’armée.

Aide militaire américaine d’urgence

Inquiet de cette nouvelle offensive, la Maison Blanche a annoncé vendredi une aide militaire à l’Ukraine de 400 millions de dollars, prélevée sur les réserves du ministère de la Défense et donc immédiatement disponible ou presque. Le chef de cabinet du président ukrainien, Andriy Yermak, a affirmé que cette enveloppe sera notamment composée de missiles antiaériens pour les systèmes Patriot et NASAMS, ainsi que de munitions pour l’artillerie et les lance-roquettes Himars.

Pour mémoire,  Washington a validé, fin avril, une enveloppe de 61 milliards de dollars d’aide, au grand soulagement de Kiev, mais il faudra attendre quelque temps pour que cette assistance se matérialise.

Gains tactiques pour la Russie

L’offensive russe va « s’intensifier » ces « prochaines semaines », a par ailleurs averti Washington, estimant toutefois qu’elle ne produirait pas « d’avancées majeures » des troupes russes. Un point de vue que partage l’Institut américain pour l’étude de la guerre (Institute for the Study of War), qui a estimé vendredi que la Russie avait réalisé des « gains tactiques significatifs ».

Mais selon l’ISW que l’objectif principal de l’opération était « d’attirer les capacités humaines et le matériel ukrainiens d’autres secteurs critiques du front ». L’ISW a déclaré qu’il ne semblait pas s’agir d’une « opération offensive de grande envergure visant à envelopper, encercler et s’emparer de Kharkiv », la deuxième ville d’Ukraine.

De manière plus générale, l’armée ukrainienne est à la peine sur le front, affaiblie par un manque de recrues et les retards de livraison d’aide occidentale, qui ont notamment vidé ses stocks de munitions. Et face à cette phase difficile pour les forces ukrainiennes, la Russie, qui bénéficie de plus d’hommes, d’armements et d’une industrie de défense plus puissante, a repris l’initiative après l’échec de l’offensive ukrainienne de l’été 2023.