Les sous-traitants de Dassault, Thales et Safran attaqués : qui s’en prend à eux et pourquoi ?
Auditionné le 25 juin 2024 au Sénat, le ministre des Armées a révélé des statistiques sur les opérations d’ingérences étrangères dans l’industrie de défense française. Une cinquantaine de sociétés françaises ont été attaquées en 2022 et en 2023.
Les puissances étrangères en veulent de plus en plus à notre industrie de l’armement. Interrogé par les sénateurs le 25 juin 2024 dans le cadre de la commission d’enquête sur « les ingérences étrangères », Sébastien Lecornu a révélé qu’en 2022 et en 2023, une « cinquantaine » d’entreprises ont subi des « intrusions, cambriolages, tentatives d’approches ».
Ces agissements, qui s’ajoutent aux tentatives d’attaques cybercriminelles, sont en hausse de 25 % par rapport à 2021, rapporte BFMTV . Ces chiffres n’avaient jamais été donnés publiquement.
Des attaques russes ?
Cette pression sur l’industrie militaire française, « c’est quelque chose qui est très “guerre froide”, mais qui n’a jamais disparu et qui reprend une force particulière depuis deux ans » a affirmé Sébastien Lecornu. Et rien n’indique que les offensives des puissances étrangères vont s’estomper. Cette situation est « clairement » liée à l’Ukraine, a soutenu le ministre qui a précisé que « la France est nettement plus épargnée que ses voisins ».
Pour le ministre, il n’y a pas de doutes possibles. Les industriels de l’armement qui produisent pour les armées de Terre, la Marine, l’aérien, ou encore le spatial sont victimes d’« approches directes singulièrement évidemment russes ». Les informations confidentielles sont volées discrètement lors d’un cambriolage ou d’une visite.
Les sous-traitants, une cible plus faible
80 % de ces actions ont touché des entreprises sous-traitantes, composées de TPE, PME ou d’ETI précise BFMTV. Les géants de la BITD (base industrielle et technologique de défense), tels que Dassault, Thales et Safran, ont davantage de moyens de se défendre, contrairement au « petit sous-traitant en province ».
Pour lutter contre ces agressions et ingérences, la Direction du renseignement et de la sécurité de la Défense (DRSD) déploie 1 700 agents civils et militaires. La mission de cet organe spécialisé dans la contre-ingérence est d’identifier, éduquer et protéger les entreprises civiles ou militaires ciblées par des menaces. Son budget, qui a subi une hausse de 97 % entre 2019 et 2025, va continuer d’augmenter pendant encore six ans.