Grenades à fusil, viseurs et autres évolutions à l’étude pour le HK 416F
Le fusil d’assaut HK 416F en service dans les armées françaises pourrait bientôt tirer des grenades à fusil, un coup de punch supplémentaire pour le combattant et une évolution parmi d’autres issues de la veille technologique et des évaluations conduites par la Section technique de l’armée de Terre (STAT).
Retrouver une capacité perdue
Sept ans après son adoption par les armées françaises, le HK 416F récupère aujourd’hui une capacité perdue depuis le retrait du FAMAS : le tir de grenades à fusil. Si celles du FAMAS sont compatibles avec la version standard (S) du HK 416F, manquait le système de visée indispensable pour puiser dans les stocks disponibles. Un hiatus en passe d’être corrigé grâce au travail d’un expert en petits armements de la STAT.
Conçue à partir d’une feuille blanche et en misant sur l’impression 3D, cette visée adaptée au HK 416F reprend les deux hausses correspondantes à chaque modèle de grenade en service. La plus petite autorise un tir à 75 et 100 m pour l’AC 58 antichar à charge creuse. L’autre, pour l’APAV (anti-personnel, anti-véhicule), permet de tirer de 50 à 150 m. La STAT a prôné la simplicité pour faciliter l’usage par le plus grand nombre : il suffit grosso-modo d’aligner de petites pointes sur l’objectif.
Si les derniers tirs de validation datent de septembre 2024, l’idée n’est en réalité par toute neuve. Ce projet d’adaptation a démarré en 2019 avant de tomber dans l’oubli. Les réflexions avaient alors abouti à un premier modèle attaché au guidon, une configuration qui fonctionnait très bien selon la STAT. Le sujet est réapparu il y a quelques mois avec cette nouvelle contrainte qu’est la généralisation des viseurs et autres systèmes optiques.
Le système de visée sera donc intégré sur le côté tout en réduisant au maximum le déport sur le rail Picatinny. La configuration a néanmoins un avantage, car elle « permet d’avoir un découvert complet sur l’objectif au lieu d’être ‘enfermé’ dans un tube ». Elle reste par ailleurs adaptée aux ambidextres, le fichier d’origine pouvant être modifié par simple symétrie. En résulte une solution intérimaire simple et robuste permettant de maintenir un savoir-faire en attendant le lancement d’un éventuel marché pour de nouvelles grenades accompagnées d’un moyen de visée ad-hoc.
Restent quelques inconnues, dont celle de la production. À supposer que l’impression 3D soit privilégiée, l’armée de Terre pourra s’appuyer sur les imprimantes déployées en régiment et sur l’expérience acquise, par exemple, via la ferme I3D ou par la 13e base de soutien du matériel pour produire et déployer rapidement l’outil. L’option de la fabrication additive amène cependant la question de la durabilité, une problématique à laquelle l’utilisation d’un métal comme l’aluminium répondrait mieux d’après notre interlocuteur de la STAT.
Viseur, chargeur et réducteur
« Nous sommes obligés de nous adapter. La chance du HK 416F, c’est qu’il repose sur une plateforme de type AR-15 et reste donc une sorte de ‘Lego’. Tous les fabricants de la planète utilisent ses standards », observe un armurier de la STAT. Du garde-main à la crosse, la modularité de cette arme parmi les plus répandues au monde lui permet d’accueillir régulièrement de nouvelles briques. « On a pas mal de veille technologique », complète-t-il. Il s’agit non seulement de détecter la bonne idée au bon moment, mais aussi de mieux encadrer les modifications « maison » apportées sans logique d’ensemble et sans l’aval technique de la DGA.
L’aide à la visée, premièrement, fait dorénavant l’objet d’un effort d’acquisition. Un second essai après celui, avorté, réalisé à l’été dernier sur les viseurs de nouvelle génération proposés par Thales et Safran. Les chargeurs, ensuite, autre équipement souvent acquis à titre personnel, à l’échelon de la compagnie ou du régiment. La STAT évalue aujourd’hui des solutions en polymère synonymes de réduction de la masse et d’une « bien meilleure résistance ». Le chargeur métallique devient en effet inutilisable une fois cabossé tandis que son équivalent en polymère continuera de fonctionner même de manière dégradée. Des essais de casse se sont révélés « concluants », un chargeur fendu de bas en haut permettant toujours l’emport et le tir d’une majorité de cartouches.
La STAT évalue enfin l’ajout de silencieux. Ou plutôt de « réducteurs de signature » (RDS) car l’atténuation n’est pas seulement sonore mais aussi thermique et visuelle. Ici aussi, certains ont pris les devants en s’équipant sur leurs propres deniers de matériels non testés et non validés par la DGA. Côté STAT, l’effort porte sur des RDS à double flux car le HK 416F n’est pas doté d’une buse permettant de réguler les gaz créés par la détonation de la cartouche. L’accumulation de gaz dans le canon doté d’un RDS accélère donc le cycle et l’usure des pièces, risque d’enrayement à la clef.
Les RDS à double flux permettent justement de pallier à ce souci par l’évacuation d’une partie du gaz par la bouche. Leur conception « devient quelque chose de commun », note une section technique dont la recherche porte notamment sur des modèles proposées par les fabricants suisse BT et finlandais Ase Utra. Autrefois réduit aux forces spéciales, l’usage de RDS s’étendrait progressivement aux équipes spécialisées de l’armée de Terre, que sont les groupements commandos montagne et parachutistes, sections d’aide à l’engagement débarqué et autres équipes cynotechniques.
Un nouveau lot de 8000 fusils HK 416F est attendu en 2025, l’un des derniers pour parvenir à la cible de 117 000 exemplaire définie par le programme « Arme individuelle future » (AIF). Les livraisons ne sont pas encore achevées que, déjà, l’armée de Terre entrevoit d’engager la réflexion sur l’évolution de son fusil d’assaut. Avec, d’après le dernier numéro du magazine institutionnel Fantassins, l’étude d’un éventuel changement de calibre et d’un retour vers le système « Bullpup » adopté pour le FAMAS.