Le porte-avions «Charles-de-Gaulle» retrouve la mer
Le porte-avions «Charles-de-Gaulle» vient de subir sa rénovation à mi-vie. Il devrait être en service jusqu’en 2040 au plus tard. IP3 PRESS/Clément Mahoudeau
Par Nicolas Berrod (avec Diane Andrésy à Toulon)| Le Parisien – 15 septembre 2018
L’unique porte-avions français était en maintenance depuis décembre 2016. Entièrement rénové, il va multiplier les essais avant de repartir en mission début 2019.
Et revoilà le «Charles-de-Gaulle» ! Le seul porte-avions français, en cale sèche depuis décembre 2016, est ressorti une première fois en mer vendredi au large de Toulon (Var) après avoir subi une rénovation complète à mi-vie. « On attend ce moment depuis presque deux ans ! On se languissait que ça finisse pour pouvoir repartir en mission », se réjouit un marin de 32 ans, en poste sur le seul porte-avions français.
Le «Charles-de-Gaulle», lancé en 2001, va désormais se plier pendant quatre mois en mer à une batterie d’essais du système de propulsion nucléaire ou des nouveaux équipements, comme le radar nouvelle génération. Objectif : vérifier comment la plateforme, entièrement modernisée, réagit en situation réelle. « On fera aussi des entraînements avec les avions, de façon à ce qu’en 2019 le Charles-de-Gaulle soit de nouveau opérationnel », détaille le capitaine de vaisseau et porte-parole de la Marine nationale Bertrand Dumoulin.
Il était temps car pendant deux ans, l’armée française ne pouvait pas compter sur d’autre porte-avions en service. « Ça n’a empêché en rien les avions français de continuer leur lutte contre Daech au Levant ni l’opération Hamilton pour détruire l’arsenal chimique de Bachar el-Assad » en avril dernier, assure l’entourage de la ministre des Armées Florence Parly. Sauf qu’un tel navire est forcément un enjeu diplomatique. « Quand on fait venir un porte-avions, tout le monde le voit et ça envoie un signal à l’adversaire », appuie l’ancien colonel de Marine Michel Goya. Surtout dans les zones trop éloignées pour envoyer des Rafale depuis Paris, ou dans lesquelles la France ne dispose pas de base militaire.
Un ou deux porte-avions pour lui succéder ?
Après une nouvelle série de travaux dans dix ans, le «Charles-de-Gaulle» sera ensuite débranché. Au plus tard en 2040. Des études viennent d’ailleurs d’être lancées pour « connaître le coût et la durée de construction à prévoir » pour son successeur, explique Bertrand Dumoulin. Voire ses successeurs, comme ne l’a pas exclu Florence Parly dimanche dernier.
Outre l’aspect stratégique, le coût financier va aussi entrer en jeu. Car le prix d’acquisition d’un porte-avions est compris entre trois et quatre milliards d’euros, sans compter son coût d’emploi et d’entretien qui fait au moins doubler l’addition. Rien que la « refonte à mi-vie » (NDLR : le grand carénage) du «Charles-de-Gaulle» a coûté 1,3 Mds € pour quatre millions d’heures de travail cumulées dans le bassin Vauban. « Il y a un arbitrage à faire entre la construction d’un deuxième ou le renforcement des autres équipements », s’interroge Michel Goya.
Au moins un des deux chantiers devra en tout cas être lancé au plus tard en 2025, pour que la France ne se retrouve pas en rade lorsque le «Charles-de-Gaulle» – il avait fallu 14 ans pour le concevoir ! – sera hors service.