Comment le COS réduit la charge du combattant (1ere partie)
Ne jamais se fier aux apparences… tel pourrait être l’un des credo du COS, dont la taille du stand au 1er Forum Innovation Défense était inversement proportionnelle à l’excellence du portfolio présenté. De celui-ci semblait notamment émerger deux tendances marquantes : l’allègement et la maniabilité des systèmes. Chacune des technologies exposées aurait largement mérité d’être présentée en ces lignes, mais allons devoir, comme souvent, faire un choix difficile et nous concentrer sur deux exemples marquants d’innovations participatives : le kit de bréchage léger Suprakor « Croix de Lorraine » et le drone V-COAX.
Passer à travers les murs relevant toujours de la science-fiction, les forces spéciales restent tributaires de systèmes de bréchage pour assurer une entrée « fracassante » en contournant des portes et fenêtres potentiellement piégées. Mais ces systèmes doivent aujourd’hui évoluer pour correspondre « à l’actuelle stratégie très agressive de réduction des charges portées par le combattant menée par le ministère des Armées », nous explique l’un des créateurs du Suprakor, fort de 21 années de COS dont 12 de bréchage. « Le poids et la portance des systèmes disponibles sont clairement devenus handicapants pour l’opérateur », ajoute-t-il à juste titre.
Lourds et encombrants, les systèmes disponibles dans le commerce ou conçus « artisanalement » sont également trop complexes et mettent en péril le diptyque « rapidité et réactivité » inhérent aux opérations spéciales. En juin dernier, les quatre membres de la cellule « Explosifs » du 1er RPIMa, assistés de la Cellule équipements-prospective, ont dès lors pris le problème à bras le corps. Cinq mois de recherches et un essai concluant plus tard, le kit de bréchage « Croix de Lorraine » est pratiquement mature. Le tout, soutenu par un investissement de près de 100 000€ dégagé par Suprameca. Un partenaire des plus légitimes, la PME varoise étant experte dans l’ingénierie et la réalisation d’équipements utilisant une source énergique d’origine pyrotechnique.
Après cinq mois de développement, les objectifs sont déjà pratiquement déjà atteints. «La masse a été réduite à 3,2 kg hors-charges, l’encombrement est minimal grâce au principe du kit et la durée de montage de deux à trois minutes », se félicite notre interlocuteur. Fini les clous, marteaux, et autres pinces, la phase de montage ne nécessite qu’un tournevis en croix, voire une simple lame de couteau, pour assembler la vingtaine de pièces. L’ensemble est recouvert de velcro, permettant à l’artificier de fixer rapidement les charges, les amorces et le boîtier d’initiation à six voies tout en optimisant leur disposition en fonction de l’obstacle à franchir.
Non content d’améliorer l’aisance de mouvement de l’opérateur, ce kit de bréchage se veut également plus sûr. Sa composition en alliage de plastiques réduit en effet drastiquement la fragmentation du système lors de l’explosion. Le module se transporte en outre non amorcé et rend la phase d’assemblage bien moins délicate.
Reste à affiner certains détails avant d’entamer une éventuelle phase d’industrialisation menée par Supramecar, facilitée par la standardisation des différentes pièces. « La question du placement des charges peut encore être aiguisé » quand « le poids peut sans doute être réduit à 2,5 kg, voire 2 kg, sans toucher ni à la rigidité ni à la facilité d’assemblage », nous indique-t-on. Un second test est prévu en décembre afin de valider de futures améliorations.
Inutile de dire que le kit Suprakor CL risque d’intéresser plus d’une unité spéciale, tant en France qu’à l’étranger. Le Special Forces Group belge, notamment, « à la pointe en matière de bréchage », entretient des liens privilégiés avec le 1er RPIMa, nous explique-t-on. Chaque année, durant une semaine, les deux unités se retrouvent pendant une semaine pour échanger sur leurs expériences respectives. Gageons que le Suprakor CL se retrouvera bientôt au cœur des discussions et exercices communs.
Et pourquoi ne pas imaginer, in fine, une « Croix de Lorraine » fabriquée par impression 3D directement sur le théâtre d’opération en fonction du besoin ? De l’imagination au terrain, il n’y a là qu’un pas que la cellule « Explosifs » du 1er RPIMa est déjà en train de franchir.
La suite demain, avec le drone mono-rotor V-COAX.