La France reste le 3e exportateur mondial d’armement
Les bons résultats français reposent en partie sur le succès du NH90, objet de récentes commandes de la part de l’Espagne et du Qatar (Crédit photo: Airbus Helicopters)
Les exportations d’armement françaises ont augmenté de 43% au cours des cinq dernières années, révèle un rapport annuel du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) publié hier. La BITDS française aura réalisé 6,8% du total des ventes mondiales d’armement enregistrées entre 2014 et 2018, une part de marché en progression qui permet à la France de conserver sa place sur le podium des grands pays exportateurs.
Seulement supplantée par les États-Unis et la Russie, dont les exportations ont diminué de 17%, la France conserve sa troisième place. Elle est suivie par l’Allemagne, la Chine et le Royaume-Uni, tous deux en léger recul en comparaison à l’exercice précédent. « La France a livré des armements majeurs vers 78 pays en 2014-2018. L’Égypte est de loin le principal récipiendaire d’armements français durant cette période, suivi de l’Inde. Aucun de ces deux pays n’était un importateur majeur d’armes françaises en 2009-2013 », précise le SIPRI. Les succès engrangés en Égypte sont significatifs d’une hausse de 87% des flux mondiaux relevés en direction du Moyen-Orient sur les cinq dernières années, quand tous les autres marchés accusent une baisse de régime. La France est en d’ailleurs l’un des principaux bénéficiaires, ses exportations dirigées vers cette région ayant pratiquement triplés (+261%) par rapport au quinquennat précédent pour désormais représenter 44% du total des exportations. Un résultat dopé par les succès engrangés par la filière aéronautique, portée notamment par la vente de Rafale au Qatar et à l’Égypte.
Ces chiffres sont par ailleurs révélateurs d’une très forte dépendance de l’industrie française envers un marché régional fragilisé par une conjecture économique défavorable. Le « Made in France » devra en effet s’attacher à diversifier sa clientèle pour compenser la volatilité du marché des hydrocarbures, principal apport en capitaux pour les grands clients de la région. Miné par les tensions politiques, les États du Golfe actifs dans le domaine énergétique font principalement les frais de l’accroissement continu de la production issue des États-Unis. Après être devenu le premier exportateur de pétrole brut en 2018, le secteur pétrolier américain devrait poursuivre sa croissance en 2019 et 2020, contribuant à une surabondance d’offre synonyme de diminution des prix. Pour se maintenir à flot, les pays de l’OPEP et leurs alliés tentent aujourd’hui de se restructurer en réduisant les dépenses d’investissement et en fermant graduellement le robinet. Sans réel succès jusqu’à présent.
Enfin, tout en ayant diminué de moitié, les importations d’armement américaines restent majoritairement dépendantes de l’écosystème industriel européen. À eux seuls, la France, les Pays-Bas et l’Allemagne captent à nouveau près de 46% d’un marché hautement symbolique, donc âprement disputé. Pas si mal, au fond, pour un Vieux Continent constamment critiqué pour sa dépendance envers les systèmes d’armes américains.