L’arrivée d’un porte-avions américain au Moyen-Orient annoncée d’une façon tonitruante par Washington
De décembre 2018 et la mi-avril, le Carrier Strike Group 3 de l’US Navy, c’est à dire le groupe aéronaval constitué autour du porte-avions USS John C. Stennis, a navigué dans les eaux du Golfe arabo-persique [GAP] sans que cela ait donné lieu au moindre commentaire de la part de Washington. Après tout, un tel déploiement relevait de la routine, même s’il est arrivé à la marine américaine de ne pas disposer de navire de ce calibre dans la région pendant plusieurs semaines.
En revanche, le ton utilisé par John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale du président Trump, pour annoncer l’arrivée au Moyen-Orient du Carrier Strike Group 12, constitué autour du porte-avions USS Abraham Lincoln, est plutôt inhabituel…
« En réponse à des indications inquiétantes d’escalade et de mises en garde, les États-Unis déploient le porte-avions et groupe aéronaval USS Abraham Lincoln et une force de bombardiers auprès du Commandement central américain [US CENTCOM, ndlr] de la région », a en effet affirmé M. Bolton, via un communiqué diffusé le 6 mai. Il s’agit d’envoyer un « message clair et indubitable au régime iranien », à savoir que « toute attaque contre les intérêts des Etats-Unis ou contre ceux de nos alliés rencontrera une force implacable », a-t-il ajouté.
Et M. Bolton d’insister : « Les États-Unis ne cherchent pas la guerre avec le régime iranien, mais nous sommes totalement préparés à répondre à toute attaque, qu’elle soit menée par procuration, par le corps des Gardiens de la Révolution islamique ou par les forces régulières iraniennes. »
Finalement, l’annonce à retenir serait plus l’envoi de cette « force de bombardiers » au Moyen-Orient que l’arrivée de l’USS Abraham Lincoln dans la zone de responsabilité de l’US CENTCOM. Or, M. Bolton n’a donné aucune précision à ce sujet.
Fin mars, les bombardiers B-1 « Lancer » qui avaient été envoyés au Qatar depuis avril 2018 sont rentrés aux États-Unis. Et, selon l’Air Force Magazine, aucun plan n’était alors prévu pour les remplacer. Dans le même temps, les F-22A Raptor déployés aux Émirats arabes unis ont été relevés par des F-35A.
Par ailleurs, lors des périodes de fortes tensions avec l’Iran, les États-Unis ont déployé jusqu’à deux porte-avions dans le Golfe arabo-persique. Ce fut par exemple le cas au printemps 2012, avec l’envoi dans cette zone des USS Enterprise et USS Abraham Lincoln.
Actuellement, les relations entre Washington et Téhéran sont de nouveau tendues. En avril, l’administration Trump a fait savoir que les dérogations aux sanctions américaines ayant permis à huit pays d’importer du pétrole iranien ne seraient pas renouvelées le 1er mai. Et elle a également classé le corps des Gardiens de la révolution [IRCG] parmi les organisations terroristes. En retour, le gouvernement iranien a dit qu’il réserverait le même traitement aux forces américaines déployées au Moyen-Orient.
Le ton de M. Bolton peut s’expliquer, selon les confidences d’un responsable américain faites à l’Associated Press, par des « indices clairs » selon lesquels les forces iraniennes et leurs obligés [milices chiites, ndlr] se « prépareraient à attaquer les forces américaines dans la région. »
Un autre raison pourrait aussi être l’escalade de ces derniers jours entre Israël et le Hamas, une organisation soutenue par l’Iran, les forces israéliennes ripostant aux tirs de roquettes depuis la bande de Gaza. En tout cas, la déclaration de M. Bolton a été faite peu de temps après que M. Trump a indiqué, via Twitter, que les États-Unis « soutiennent à 100% Israël dans la défense de ses citoyens. » Et d’ajouter : « Pour le peuple de Gaza, ces actes terroristes contre Israël ne vous apporteront rien de plus que de la misère. METTRE FIN à la violence et œuvrer pour la paix – cela peut arriver! »