Malgré la saison des pluies, Barkhane maintient un rythme opérationnel soutenu dans le Gourma malien
Au Sahel, alors que le général Pascal Facon s’apprêtait à céder la direction des opérations au général Marc Conruyt, la force Barkhane a repris le rythme soutenu qui était le sien, après avoir terminé la relève des unités qui étaient à l’œuvre depuis février.
Dès la mi-juillet, ayant succédé au Groupement tactique désert [GTD] « Centurion », le GTD Bercheny, armé notamment par le 1er Régiment de Hussards Parachutistes [RHP], a commencé ses patrouilles et ses reconnaissance dans les secteurs de Menaka et de Labbézanga. Ce qui a donné lieu à des contacts avec des groupes armés terroristes [GAT]. Au cours de l’un deux, le brigadier Razafintsalama a malheureusement perdu la vie, après son Véhicule blindé léger [VBL] a été frappé par une voiture suicide chargée d’explosifs, entre Gao et Gossi.
De son côté, ayant pris la relève des légionnaires du 2e Régiment Étranger d’Infanterie [REI], dont le quotidien Le Monde a raconté les missons menées au cours de ces derniers mois, et, surtout, évoqué les résultats obtenus sur le terrain, le GTD « Bruno », armé par le 3e Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine [RPIMa] a conduit une importante opération héliportée dans le gourma malien, le 29 juillet.
Opération qui a été facilitée par les hélicoptères lourds de transport [HTL] CH-47 « Chinook » et EH101 « Merlin », mis à la disposition de Barkhane par le Royaume-Uni et le Danemark. L’objectif était de harceler les GAT dans leurs retranchements. Ces appareils ont ainsi déposé une centaine de parachutistes « sous court préavis » dans le secteur visé. Selon le compte-rendu de l’État-major des armées [EMA], avec l’appui d’une patrouille de Mirage 2000D, les marsouins ont « mis hors de combat plusieurs » terroristes et saisi de « nombreuses ressources logistiques ».
Cette opération avait été précédée par une mission de harcèlement conduite quelques jours plus tôt dans le Gourma malien par une unité du GTD Bruno. Peu de détails ont été donnés à cette occasion, si ce n’est que les parachutistes ont bénéficié de l’appui de deux patrouilles de Mirage 2000D dans le secteur d’Adiora, le 22 juillet.
La saison des pluies complique les opérations de Barkhane, les terrains étant encore moins praticables que d’habitude. D’où le recours à des Véhicules à Haute Mobilité [VHM], de nouveau acheminés au Sahel. En outre, il faut aussi tenir compte du contexte sanitaire lié à la pandémie de covid-19.
Cela étant, pendant que le GTD Bruno intervenait dans le Gourma malien, le sous-groupement commando parachutiste [SGCP] et les hélicoptères du Groupement tactique désert Aérocombat [GTD-A], appuyés par un drone MQ-9 Reaper de l’armée de l’Air, étaient à pied d’oeuvre depuis une semaine, dans un secteur situé plus à l’est. Au cours de cette opération, plusieurs accrochages avec des jihadistes, appartenant vraisemblablement à l’État islamique au grand Sahara [EIGS] ont eu lieu. Et cela dès le premier jour.
En effet, le 20 juillet, lors de la reconnaissance d’une zone d’intérêt, les commandos parachutistes ont surpris un GAT d’une quinzaine de combattants. Appuyés par des hélicoptères d’attaque [Tigre et/ou Gazelle], ils ont engagé le combat à « très courte distance ».
« Les commandos parachutistes ont immédiatement pris l’ascendant, neutralisant plusieurs terroristes, provoquant la fuite des autres et saisissant de nombreuses ressources logistiques, notamment des armes, des motos et du matériel électronique », rapporte l’EMA dans son dernier compte-rendu.
Deux jours plus tard, ce sont les jihadistes qui, apparemment, sont passés à l’attaque. Mais « face à la réaction instantanée des commandos », ils ont rapidement abandonné le terrain, laissant armes et motos derrière eux. L’opération du SGCP a pris fin le 1er août.
Plus tôt, c’est un drone MQ-9 Reaper qui est intervenu contre un GAT, repéré grâce à ses capteurs dans le sud-est du Gourma malien, alors qu’il effectuait un vol de surveillance de zone. Après la phase d’idenfication et de confirmation de la cible, une frappe a été décidée, alors qu’il était nécessaire « d’agir au plus vite », selon l’EMA. Le bilan de cette action a ensuite été établi par les commandos de montagne du GTD-A, appuyés par deux hélicoptères Tigre. Ainsi, il a été confirmé la « neutralisation » des jihadistes « sur leur campement » ainsi que la « destruction d’une moto et de diverses ressources logistiques. »
Étant donné que le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA] estime que « l’indicateur de réussite n’est pas le nombre de jihadistes tués » et que les forces françaises ne font pas la « chasse au scalp » car « cela n’a pas de sens » [dixit le porte-parole de l’EMA, le colonel Fréderic Barbry], il est difficile d’avoir une idée précise de l’ampleur des pertes infligées aux groupes armés terroriste. Cependant, il est estimé que, depuis le début de cette année, 600 jihadistes ont été « neutralisés ». Lors d’une audition au Sénat avant de quitter le commandement de Barkhane, le général Facon a par ailleurs parlé d’une « réduction sensible des capacités humaines de l’EIGS », ce qui conduit l’organisation à recruter des « combattants de plus en plus jeunes. »
Photo : État-major des armées