Depuis janvier près de 700 incursions d’avion de guerre chinois dans l’ADIZ de Taïwan
par Philippe Chapleau – Lignes de défense – Publié le 26 octobre 2021
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L’année dernière, Taïwan a déclaré avoir enregistré quelque 380 incursions dans le secteur sud-ouest de sa zone d’identification de défense aérienne (Adiz), un chiffre déjà largement dépassé depuis le début de l’année 2021, avec 692 incursions entre le 1er janvier et le 22 octobre. L’incursion la plus spectaculaire s’est produite au début du mois d’octobre, lorsqu’un nombre record de 149 vols ont traversé la zone d’identification de défense aérienne du sud-ouest de Taïwan en quatre jours (photo ci-dessous AFP).
Cette zone d’identification (et non pas d’exclusion) de défense aérienne date des années 1950. L’Adiz ne correspond pas à l’espace aérien territorial de Taïwan, mais englobe une zone plus vaste qui recoupe une partie de la zone d’identification de la défense aérienne de la Chine et même une partie du continent chinois.
Cette Adiz taïwanaise est en partie comprise dans une Adiz chinoise créée en novembre 2013 (23 000 km2 sont communs aux deux zones), comme le montre cette carte de Reuters. Pour ne savoir plus sur cette Adiz chinoise, on lira le rapport de la Federation of American Scientists: « Over the Line: The Implications of China’s ADIZ Intrusions in Northeast Asia« , d’août 2020
Les vols chinois sont légaux puisqu’ils n’ont aucunement lieu dans l’espace aérien de Taïwan. Mais si les incursions dans l’Adiz sont loin d’être une déclaration de guerre, beaucoup craignent que l’augmentation du nombre de sorties n’accroisse le risque d’un crash, d’une collision ou d’une erreur qui pourrait déclencher un conflit plus large.
Selon l’amiral Lee Hsi-min, qui a quitté la tête des forces armées taïwanaises en 2019, les incursions dans l’Adiz, y compris les sorties nocturnes occasionnelles, permettent à la Chine « d’améliorer la formation de ses pilotes ». Ces incursions constituent aussi une façon de tester les défenses de Taïwan. Elles mettent également à l’épreuve la flotte taïwanaise aux chasseurs déjà vieillissant (voir la photo du haut de ce post). De nombreux accidents mortels ont été imputés à des défaillances mécaniques.
Outre l’accélération du nombre des survols de l’Adiz, l’agrandissement de trois bases aériennes chinoises situées à moins de 200 miles nautiques de la capitale de Taïwan est aussi un motif d’inquiétude. Elles sont situées à Longtian, Huian, Zhangzhou, comme l’a récemment expliqué le site The Drive: