Afghanistan : un pilote militaire tchèque raconte les conditions difficiles des liaisons avec Kaboul

Afghanistan : un pilote militaire tchèque raconte les conditions difficiles des liaisons avec Kaboul


Un avion militaire, à Kaboul le 19 août.
Un avion militaire, à Kaboul le 19 août. GIUSEPPE CACACE / AFP

Ce pilote, qui a ramené 62 personnes de Kaboul à Prague, décrit des rotations aériennes sans véritable contrôle aérien, sans approvisionnement en kérosène sur place, et avec des décollages périlleux.

Un pilote militaire tchèque de retour de Kaboul a décrit mardi 17 août les conditions difficiles des rotations aériennes avec l’Afghanistan, sans véritable contrôle aérien, sans approvisionnement possible en kérosène sur place et avec des décollages périlleux.

Ce pilote, identifié seulement comme le «Commandant MM» sur le site du ministère tchèque de la Défense qui publie son récit, a ramené mercredi 62 personnes de Kaboul à Prague. «J’ai effectué quelques vols non conventionnels, mais celui-là était exigeant et sacrément long», a raconté ce pilote qui a 20 ans d’ancienneté dans l’armée. Son Airbus a ramené des soldats tchèques, des interprètes afghans et leurs familles, ainsi que quatre Afghans embarqués à la demande de la Slovaquie, voisine de la République tchèque.

«À vos risques et périls»

Faute de contrôle aérien digne de ce nom dans l’espace aérien afghan, au milieu d’un fort trafic au-dessus de Kaboul, «nous devions garder nos distances en l’air et atterrir l’un derrière l’autre. Nous cherchions des fréquences pour communiquer les uns avec les autres», a expliqué le «commandant MM». Le système provisoire de contrôle aérien à Kaboul était à peine audible et les décisions laissées à la responsabilité de l’équipage, les contrôleurs se contentant de donner des informations, chacune ponctuée d’un «à vos risques et périls».

L’Airbus et son équipage ont passé quatre heures et demie à l’aéroport de Kaboul. «On ne peut pas compter sur du kérosène à Kaboul, donc nous avions rempli les réservoirs à Bakou», en Azerbaïdjan, poursuit le pilote. Malgré des conditions hasardeuses, dans un aéroport en proie au chaos, les décollages étaient plutôt bien organisés. «Nous formions des files pour le roulage et le décollage. Je suivais le TCAS, (système d’alerte anticollision embarqué), tout comme les autres», a-t-il ajouté.

«On pouvait voir la distance entre nous sur le moniteur du TCAS et c’était, outre les communications directes entre équipages, la principale façon de se coordonner». «On ne se sentait pas en danger, mais la situation était vraiment compliquée, en raison des conditions à Kaboul. C’était une expérience», a estimé le «Commandant MM». Au total, l‘armée tchèque a transporté 195 personnes de Kaboul vers Prague, au cours de trois vols entre lundi et mercredi. Le 3e vol, mercredi était le dernier, a indiqué jeudi le premier ministre tchèque Andrej Babis à la presse.