Il fallait être vraiment sioux pour comprendre… que l’armée allait être délestée de 100 millions d’euros supplémentaires dans le budget 2019. La provision pour financer le surcoût des opérations extérieures (OPEX) et intérieures (MISSINT) n’est pas de 850 millions d’euros comme prévu, mais de 950 millions finalement. Ce qui réduira d’autant la contribution interministérielle qui intervient en complément de la provision du ministère des Armées en vue de financer le surcoût des OPEX, décidées par le Chef de l’Etat. La « sincérisation » (jargon du ministère des Armées) du budget de la défense a donc un coût. Un coût supporté par les militaires, qui ont néanmoins obtenu un budget en croissance en 2019 (+ 1,7 milliard d’euros).
« C’est un budget sincère parce que les opérations extérieures (OPEX) et les missions intérieures (MISSINT) sont également couvertes à un niveau bien plus réaliste encore que l’année précédente, a expliqué début octobre la ministre des Armées, Florence parly. Nous disposons ainsi de 850 millions d’euros pour la provision OPEX et MISSINT, soit 200 millions supplémentaires par rapport à 2018, auxquels s’ajoute une provision spécifique de 100 millions d’euros pour la masse salariale des MISSINT. Ce sont donc 950 millions d’euros qui sont programmés cette année pour couvrir à la fois les opérations extérieures et les missions intérieures, notamment l’opération Sentinelle ».
Une tour de passe-passe budgétaire
Le député Républicain de l’Ain Charles de la Verpillière s’est fait berner comme pas mal d’observateurs par le tour de passe-passe budgétaire du ministère des Armées. « Dans la loi de programmation militaire (LPM), il est indiqué que la somme de 850 millions d’euros englobe à la fois les OPEX et les OPINT », a-t-il interpellé le secrétaire général pour l’administration, Jean-Paul Bodin lors de son audition le 10 octobre. Mais, comme dans les contrats avec les assurances, il faut absolument tout lire jusqu’au bout. Et ne pas s’arrêter au tableau trompeur publié dans les annexes de la LPM (850 millions).« C’est d’ailleurs pourquoi l’article 4 précise la dotation annuelle prévue pour faire face aux opérations extérieures et aux missions intérieures. Cette dotation, qui s’établissait dans la loi de programmation précédente à 450 millions d’euros au titre des opérations extérieures atteindra 850 millions d’euros en 2019 puis 1,1 milliard d’euros par an à partir de 2020. Elle est destinée à couvrir les surcoûts au titre des opérations extérieures comme des missions intérieures et s’entend au-delà des 100 millions de crédits de masse salariale prévus pour couvrir les missions intérieures ».
Effectivement, cette dernière phrase indique bel et bien que les armées paieront 100 millions d’euros de plus pour financer le surcoût du titre deux (dépenses de personnel) lors des opérations intérieures. Cette provision s’élevait seulement à 41 millions d’euros dans le budget 2018. « Pour la partie missions intérieures, l’enveloppe de titre 2 prévue est de 100 millions d’euros et l’on estime que la dépense s’élèvera cette année à 99,1 millions d’euros. Si tout se déroule comme prévu, le budget correspondra ainsi très exactement à la dépense », a expliqué le secrétaire général pour l’administration. Enfin, la provision au titre des OPEX s’élèvera donc à 850 millions d’euros en 2019, dont 600 millions hors titre 2 (usure et remplacement des matériels…).
En 2018, le surcoût devrait atteindre 1,5 milliard d’euros environ, soit 1,3 milliard d’euros pour les OPEX et 200 millions pour les MISSINT, a estimé le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Jean-Pierre Bosser. La provision pour financer le surcoût des OPEX et MISSINT s’élève à 650 millions d’euros cette année. La solidarité interministérielle va-t-elle jouer ?