Char Leclerc : les premiers XLR à l’été et une pérennisation en attente de notification
Les premiers Leclerc revalorisés sont attendus pour cet été, apprenait-on il y a peu. Restera à concrétiser l’autre pan du programme de rénovation à mi-vie du char français : un effort de pérennisation dont la contractualisation devrait être actée cette année.
Livré en décembre 2022, le premier char XLR sert depuis lors à la poursuite des évaluations technico-opérationnelles et qualifications menées respectivement par la STAT et la DGA. Le volet mobilité s’est achevé autour d’un constat : la prise de masse résultante de l’ajout de blindages n’entraîne aucune régression sur les capacités essentielles du char. Certes, le Leclerc XLR accélère un peu moins vite, mais le niveau de performance reste supérieur au « besoin historique ».
Les travaux se concentrent aujourd’hui sur la capacité d’agression. Une partie des algorithmes a été réécrite pour accompagner l’évolution vers une électronique moderne, le tout entraînant la nécessité de valider à nouveau la conduite de tir. « Au vu des essais réalisés, nous estimons cela très satisfaisant », nous explique-t-on. À terme, cette conduite permettra d’exploiter tout le potentiel de la munition multimode M3M de Nexter Arrowtech, une fois celle-ci développée et acquise par l’armée de Terre. Cette volet se clôturera fin avril par une campagne de tirs majeure à Canjuers (Var).
Les prochaines évaluations porteront sur le comportement en ambiances NRBC et électromagnétique, ainsi que sur la conduite d’attaques cyber afin de vérifier la résistance à une prise de contrôle à distance. Pour l’ensemble des acteurs concernés, il s’agira d’être au rendez-vous de la livraison des quatre exemplaires de pré-série, programmée pour la fin du printemps.
Pourquoi une pré-série ? Parce qu’il faut pouvoir livrer rapidement tout en achevant certaines intégrations. Ainsi, ces quatre chars seront perçus sans le tourelleau téléopéré T2B conçu par le groupe belge FN Herstal à partir de sa solution deFNder medium. Ils seront remis à niveau par la suite. Un décalage sans réel impact pour l’armée de Terre, qui disposera de toute façon de 100 kits de tourelleaux pour l’ensemble du parc et s’attend donc à travailler sur des chars qui, parfois, n’en seront pas équipés. Idem pour le kit anti-IED BARAGE, lui aussi commandé à raison de 100 unités. Deux briques pour lesquelles des tranches optionnelles peuvent être activées si l’opportunité d’équiper tout le parc se présente.
Les exemplaires de série suivront à compter de la fin de l’été pour porter le parc perçu à 18 Leclerc XLR en fin d’année. Le régime ira ensuite croissant pour atteindre le volume d’une trentaine de chars produits par an pour parvenir à un parc de 200 XLR à l’horizon 2029, conformément à la loi de programmation militaire en cours. La vingtaine de chars non revalorisés, mais conservés pour éviter une perte de capacité au cours du programme, devrait être stockée.
Qui en seront les premiers bénéficiaires ? Non pas les quatre régiments de chars de l’armée de Terre, mais l’école de cavalerie de Saumur et les écoles militaires de Bourges pour la formation des futurs cavaliers et des maintenanciers. Suivront les perceptions en unité selon une priorisation qui n’est pas encore arrêtée, celle-ci dépendant essentiellement du rythme opérationnel.
Si la modernisation progresse, la pérennisation du Leclerc doit encore être notifiée. En ligne avec le marché MSS 2 notifié en 2021 et pour 10 ans, le second pilier du programme RMV Leclerc comprend trois axes d’effort : le traitement des obsolescences du groupe motopropulseur, la réindustrialisation du soutien de la turbomachine et le traitement des obsolescences des viseurs. Il s’agira notamment de réinvestir dans une chaîne de MCO au profit de la turbomachine, élément pour lequel les stocks de pièces disponibles arrivent à leur terme.